« Mila Diu ! y a qué lous Gascoun per fa aco ! » (Mille Dieu ! Il n’y a que les Gascons pour faire cela)
« De voir une assemblée de Français sans reproches, mépris, envies et noises de l’un à l’autre, c’est autant difficile que de voir la mer sans ondes » Samuel de ChamplinC’est un personnage qui ne fait pas l’unanimité par son comportement comme pour le reste. Il faut le considérer comme un aventurier qui, en servant la France , s’est bien servi aussi !!! Est-il le seul…Arrivé en Acadie, autoproclamé officier avec un nouveau nom, vit dans un univers et croit lui-même en ses mensonges de méridional poussés à l’extrême. Un temps corsaire avec Guion, il épouse sa nièce et écume avec lui les côtes anglaises.Il participe, en Juillet 1687 avec le Marquis de Denonville dans l’expédition contre les Tsonnontouans (iroquois). «Revenant de ma mission d’information, je fus aussitôt enrôlé dans cette expédition punitive avec François Hertel, Maricourt et son frère Pierre Le Moyne d’Iberville, trois coureurs des bois particulièrement bien entraînés et combatifs.Après de brèves mais rudes escarmouches, nous boutâmes les Anglais hors des forts et humiliâmes à jamais une bande d’Iroquois, les surprenant une nuit dans un campement : les uns, assis sur un ployant, s’accompagnaient languissamment sur un théorbe désaccordé et chantaient des chants d’amour ou dansaient des sarabandes, les autres badinaient, batifolaient ou se lutinaient entre eux, le genou cagneux enserré dans des rotondes de rubans, vautrés çà et là, cul à l’air, dans l’avoine de leurs chevaux ! » (Robert Pico, Cadillac, l’homme qui fonda Detroit). Il se crée des inimitiés mais aussi des amitiés en la personne du gouverneur Frontenac.Il est envoyé en mission et donne satisfaction, se voit nommé capitaine et obtient le poste de commandement du fort de Michillimakinac dans l’ouest. Il participe à la défense de Québec avec le gouverneur Frontenac contre l’invasion britannique de Phips : »Des soldats à pied attaquèrent par vagues successives, tentant d’ébranler les montures des palissades ou de les escalader ; ceux qui parvenaient à passer étaient cloués à coups de flèche ou de lance, dépecés en trois coups de couteau et jetés en morceaux aux chiens indiens qui attendaient leur pitance…Le lendemain, nos assauts furent encore plus efficaces, mettant hors de combat deux navires et cinq ou six chaloupes.Phips et Walley furent contraints d’interrompre momentanément leurs tirs, et de s’aller réfugier dans les baies de l’île d’Orléans pour réparer leurs bâtiments endommagés. Puis, peut être par manque d’outillage ou de techniciens compétents, ils levèrent le siège et battirent en retraite vers le Massachusetts, perdant plusieurs navires à cause des intempéries ; l’un d’eux se fracassa contre les rochers d’Anticosti, et plus d’une cinquantaine de marins anglais périrent dans les eaux »(Robert Pico, Cadillac, l’homme qui fonda Detroit).
Il fait fortune en 3 ans, exceptionnel parcourt mais grâce aux trafics et à la malhonneteté.Il échoue dans sa mission auprès des tribus. »C’était un esprit aventureux, fort éveillé, connaissant bien les colonies anglaises, et appréciant tous les dangers de ce voisinage…et rendu de grands services par son initiative et sa connaissance des mœurs des sauvages »( La Nouvelle France.R .Guénin) Il échoue encore dans la création d’une colonie à Détroit ou existait déjà un fort. Les tribus se déchirent, il voit des complots partout. Un véritable réquisitoire est fait contre lui sur ses échecs, colonie, tribus, malhonnêteté, trafics…On le remet à l’épreuve en le nommant gouverneur de la pauvre terre de Louisiane, immensité de 21 Etats aujourd’hui. Il est étonné du vice et de la malhonnêteté qui y règne, comme quoi ?
Il est pourtant ingénieux et cherche en développant ses intérêts à faire fructifier la Louisiane en cherchant des richesses à découvrir. Avec Bienville, aventurier aussi et ancien officier des troupes de marine, ils iront à la Rivière Rouge , la rivière Ouachita, la vallée de l’Ohio et exploreront une partie du Texas.
Le Moyne de Bienville, frère de d’Iberville, était apprécié pour sa politique avec les tribus de la région de la Louisiane …Nous sommes en 1715 et les manières brutales Britanniques finissaient par nous servir directement dans nos amitiés avec eux. Un homme l’aide dans son entreprise, Louis Juchereau de Saint Denys.Ils fonderont ensemble le fort de Natchitoches sur la rivière Rouge et feront du trafic avec les indiens du Texas dont Louis connaissait toutes les langues. Comme le dira H.Servien, les Français sont différents mais il en ressort un point commun, c’est cette toile d’araignée d’alliances avec les tribus Indiennes, tissé au fil de l’histoire et des déplacements des aventuriers, explorateurs, trappeurs, colons et soldats. Partout les liens se créent et les Français marquent d’une durable amitié l’esprit des guerriers indiens.
« Car il ne faut pas oublier que de tous les étrangers qui ont abordé ou aborderont en Amérique, les Français sont les seuls à y avoir été invités par les autochtones » Jean Marc Soyez (spécial Canada, Historama, Juin 1984)
Frédéric WINKLER