Que reste-t-il, pour beaucoup, aujourd’hui, c’est du passé. C’est un grand père, un grand oncle, plusieurs frères qui dorment sur cette terre là-bas balayé par le vent de l’est, comme tous ces volontaires étrangers : Sénégalais, Marocains, mais aussi Russes, Serbes, Anglais, Canadiens, Américains et j’en oublie qu’ils me pardonnent. Mais j’en appel à nos mémoires et pensons un instant à tous ceux qui restèrent à la nouvelle du décès ou de la disparition de l’être cher, comme des êtres cher, qui continuèrent une existence avec l’absence, ce vide, ces souvenirs, dans le sacrifice. Tous ces enfants qui grandirent sans leur père, leurs frères ou leurs oncles où leurs amis. Toutes ces femmes qui subirent car les guerres touchent d’abord les jeunes et surtout les femmes et les enfants, comme les faibles et les vieillards. Si cette vidéo doit servir à quelque chose, c’est maintenir ce souvenir pour ne pas oublier car demain d’autres guerres viendront, d’autres conflits surgiront et du doigt nous pointons la responsabilité d’un Etat lâche et sanguinaire. Il n’y a pas d’Etat idéal mais des gouvernements moins mauvais. Il y a des gouvernements qui malgré l’autorité que nous avons en tant que citoyen accepté restent avare et économe du sang humain. Il suffit de se tourner vers l’histoire, comparer, apprécier les stratégies, les ordres donnés, les officiers nommés, les comportements politiques. Je rappelle que la république ne désirait pas moderniser les uniformes afin d’envoyer en première ligne notre infanterie en bleu à revers rouge, parce que c’était les couleurs de la révolution face aux mitrailleuses allemandes. Nous avons fusillés des hommes sous prétexte de désertion parce que des officiers ne respectèrent pas leurs paroles en annulant ou décalant les permissions gagnés au prix du sang. Parce qu’ : « il fallait y aller », comme à l’image des 300.000 hommes de la révolution, envoyés à l’abattoir, aux frontières alors que le Roi n’y envoyait que des armées de métier ! « La honte des républiques et des empires, le crime des crimes sera toujours d’avoir tiré un paysan de la paix doré de ses champs et de sa charrue et de l’avoir enfermé entre les murs d’une caserne pour lui apprendre à tuer un homme » disait Anatole France. La révolution comme la république saignent la France.
A toutes ces femmes et mères dont la vie fut bouleversée par l’absence, comme à ces enfants qui grandirent sans l’appui des aînés, ce n’est pas la république qui vous parle mais la France, recevez nos excuses pour ces douleurs. Ce « jamais plus jamais », qu’au moins cette expérience de ce sacrifice, ce souvenir puisse servir pour comprendre qu’aujourd’hui comme demain, nous ne pouvons vivre que débarrasser de ce système antisocial et inhumain nommé république qui détruit chaque jour tout ce qui nous est le plus cher. Alors si au détour ou d’un déplacement, vous passiez sur les terres de l’est ou du nord, ayez un instant cette pensée, oh sans aller jusqu’à déposer des fleurs et pourquoi pas, qui sait mais au moins un instant, réfléchir ou penser dans ces immenses cimetières où dorment notre jeunesse fauchée dans ce conflit où souffle ce vent qui vient des lointaines contrées. Nous regrettons les absentes descendances de ce sang qui nous manquent tant aujourd’hui. Tous ces savants, poètes, peintres, écrivains, artistes, musiciens, ouvriers, paysans qui handicapèrent par leur absence les richesses en devenir de notre pays comme ce manque de famille dans nos communautés. Dormez en paix, le temps de la libération viendra car notre jour viendra !
Frédéric Winkler