(Article paru dans l’Action Sociale Corporative n°13)
Comment une poignée de Gars décidés bravèrent la Ripoux-blique française et les autorités britanniques
Conas a chinntear dornán de na Fraince, magadh Poblacht na Fraince agus na húdaráis Bhriotanacha
Les Minquiers et les Ecrehous
Rendez nous les Iles Normandes ce 9 juillet 1994
Il faut rendre au pêcheur manchois les deux archipels des Minquiers-Ecrehous, lieux de pêches multiséculaires à 15 km de nos côtes. A marée haute les Minquiers ne représentent plus qu’une principale île nommée Maîtresse d’1km2 composée de quelques cabanes de pêcheur. Ces îles sont habitées occasionnellement et sont zone de « no man’s land ». Dans les années 50, les Anglais commencèrent à baliser sur l’intérieur des îles, car à marée haute émerge encore des rochers…A marée basse, c’est un véritable champ de mines. On ne peut y pénétrer que par des chenaux extrêmement étroits et dangereux, connus seulement des pêcheurs chevronnés. Les Français balisèrent à l’extérieur et le gouvernement de Daladier fera surveiller la zone par l’aviation…En 1953, c’est le scandale. Le gouvernement Français laisse contester ces droits sur ses îles par Jersey et Guernesey, qui d’ailleurs n’y pêchent pas. Mieux nos représentants ne défendent même pas nos possessions, est ce le syndrome de la défaite de 40 ?
L’appartenance à la France est remise en cause par le tribunal de la Haye. Les pêcheurs Français qui y pêchaient depuis bien longtemps s’appuyaient pourtant sur un texte de La grande Baie de St Michel de 1839…
Mais les pêcheurs Bretons et Normands n’intéressent pas nos ministres républicains…Jersey et Guernesey, protégés par les Anglais sont poussés par le capitalisme international, intéressé par les paradis fiscaux érigés au même niveau que les nations.
Le Comité Minquier-Ecrehous revendique cette zone économique importante.
Lâchement abandonnée en 1953…L’Intérêt géopolitique semble avoir été abandonnée !!! C’est un honneur perdu alors que cette zone nourrit quelques 600 familles entre Cherbourg et Pimpol…Nous savons que les métiers de la mer, comportent chaque jour des risques et des dangers et que des générations d’hommes continus la lutte pour vivre et nourrir leur famille…
C’est une question de souveraineté économique
Sur les côtes de France, c’est 500 km de littoral qui sont concernés économiquement puisque les ports de Carteret, Cancale, Cherbourg, St Malo, Paimpol, Granville et d’autres vivent depuis des lustres par le dragage des huîtres et le caseyage des crustacés…
C’est une grave question qui touche le « Pays réel » de l’ouest de la France.
Il n’y a jamais eu d’affirmation de souveraineté précis sur ces îlots jusqu’au tournant de ce siècle.
Le peintre de la marine Marin-Marie emmena des pêcheurs chausiais en 1938 et débarqua aux Minquiers sur la Maîtresse-île pour affirmer la souveraineté française sur l’archipel. Après cet incident diplomatique, si on prend la carte régionale et que l’on trace autour des Minquiers et des Ecrehous les 12000 marins de frontière, nos marins n’ont plus le choix que d’aller toujours plus loin pour trouver la nourriture au risque de se trouver sur leurs anciennes zones de pêche, en terre étrangère (la frontière à équidistance n’offrant plus de nourriture).
Les pêcheurs du littoral manchois voient alors les britanniques se livrer à leur sport favori, celui de l’empiètement du territoire… Il suffit d’une tête d’épingle sortant de l’eau autour des îles britanniques et la frontière des 3000 en est d’autant rallongée. Le résultat c’est l’arrestation des pêcheurs Français, obligés de jongler sur les cartes maritimes, indéfiniment redessinés par les britanniques…les systèmes métriques étant différents entre l’Europe et Jersey, les tailles des homards autorisés pour la pêche par conséquence aussi… (Pas moins de 24cm)La surveillance draconienne par la police britannique sous prétexte de contrôle d’éventuels trafiquants de drogue est telle que nos pêcheurs en font les frais…
Pour un homard hors taille, c’est l’arraisonnement du navire, confiscation du produit de la pêche, la garde à vue et l’emprisonnement du patron et cela arrive pratiquement tous les mois…D’autant que le gouvernement socialiste en la personne de Lionel Jospin, en visite à Granville dans les années 90, a généreusement donné aux britanniques la zone du Haricot, par l’entremise du ministre de la mer Josselin, en remerciement d’un service, sans rapport avec la pêche d’ailleurs…Tout cela dans la remise en cause d’une certaine forme de souveraineté…Nous remettons en cause la décision de la Haye et nous n’acceptons pas l’abandon de la moindre parcelle de France, si petite soit elle…
Que ferons nous pour les 600 familles vivants de cette pêche…
Que ferons nous pour les zones portuaires menacés économiquement…
Que ferons nous pour empêcher la destruction de la pêche Française…
En 1984, Jean Raspail et quelques autres occupèrent durant 2 jours les Minquiers et hissèrent le pavillon Patagon, celui des prises en mer, flottant à la place du pavillon britannique tête en bas, Alain Sanders voit ce que je veux dire…Une plaque de marbre avait d’ailleurs été apposé, vite retiré par les autorités britanniques et un nouveau petit incident diplomatique s’en suivit …
La Marche Bleu, organisé par Rodolphe Crevelle avec Frédéric Winkler a renouvelé l’acte de possession en partant sur des bateaux de pêche de Carteret et en débarquant sur les Ecrehous ce samedi 9 juillet 1994, après une messe et un déjeuner sur ce sol abandonné lâchement aux britanniques, des discours suivirent après que la bannière Normande fut hissé sur le plus haut rocher surplombant l’île. Pour éviter l’outrage en 93, du pavillon Anglais, l’opération était surveillée par la police des Etats de Jersey, avec attention …Nous attendirent la marée et revinrent à Carteret…
Renouvelé en 98 avec pavillon Patagon, pavillon Anglais enlevé et remis à l’ambassade britannique à Paris par le consul général de Patagonie en France, Jean Raspail. Ignoré des actualités en France, ces deux expéditions eurent en revanche un fort écho en Angleterre où elles firent la une des news…Baroud d’honneur jusqu’à notre retour…
Frédéric Winkler