« Aujourd’hui, nous savons où nous allons; nous savons ce que nous voulons ! Car, Messieurs, nous sommes certains que la République, c’est la sottise et le mal; qu’elle aboutit nécessairement, mécaniquement à la guerre civile en permanence, à l’exploitation du pays par un parti, au gouvernement des pires. Mais, d’autre part, nous sommes certains que le meilleur régime, le plus naturel, le plus raisonnable, le plus conforme à l’observation des réalités, c’est celui où l’intérêt du pouvoir se confond avec l’intérêt public et où ce pouvoir est assuré et continu, et nous sommes certains que la royauté héréditaire remplit seule ces conditions. » – (1)
A l’heure où une véritable restauration nationale se fait quotidiennement attendre, où les inepties gouvernementales poussent les consciences françaises vers l’impératif sursaut nationaliste, il est important de bien comprendre et appréhender les réelles motivations royalistes.
Magnifiquement résumées par Jules Lemaître, ces certitudes qui poussent les français au choix royal se fondent sur deux constats successifs, l’intrinsèque division républicaine et le phénomène d’inversion maurrassien, auxquels la Monarchie oppose l’hérédité, l’indisponibilité du pouvoir et la conformation à la constitution naturelle de notre Patrie.
« Même corrigé par un prince, le parlementarisme apparaîtra toujours comme le régime de la compétition des partis. Il signifiera l’oppression des minorités. Les chefs du parlementarisme ne représenteront jamais que des partis, des coteries, des rivalités personnelles, des querelles de clan» – (2)
Chaque français peut avoir en tête de multiples exemples de cette compétition des partis qui, loin de poser une saine émulation en vue du Bien Commun, ne fait qu’exalter au sein des coteries l’égocentrisme et l’arrivisme les plus avilissants. Mis en exergue par les médias français, ces querelles d’ego sont aujourd’hui exacerbées par un manichéisme partisan qui, comble pour une « démocratie », inhibe même toute possibilité de véritable débat d’idées. Exit donc l’émulation politique, adieu bon sens et Droit Naturel : seules les basses manipulations et les rivalités personnelles auront droit aux faveurs politiciennes.
Cette intrinsèque division républicaine provient de la disponibilité quinquennale du pouvoir qui donne, cinq ans durant, le pouvoir pour la majorité élue de défaire toutes les réformes entamées par le gouvernement précédent et, pire encore, d’opprimer les minorités qui n’ont voix au chapitre. Les quelques mois de présidence socialiste en donne d’ailleurs de multiples exemples tant sociaux (famille, filiation) qu’économiques (heures supplémentaires, charges fiscales sur les entreprises).
Par ailleurs, Maurras soulignait en son temps le phénomène d’inversion, constitutif du suffrage universel : alors que les citoyens sont censés exercer leur liberté en votant pour tel ou tel candidat, une fois l’élection passée c’est comme s’ils s’étaient livrés pieds et poings liés aux élus. L’exploitation du pays par un parti, légitimée par une pseudo « volonté générale », n’est que la résultante de ce phénomène d’inversion. Si la république avait gardé pendant quelques temps l’illusion d’un contrôle démocratique des réformes par la voie du référendum, elle l’a aujourd’hui abandonné et ne voile plus son « gouvernement des pires ».
Face à la division républicaine, les royalistes opposent l’hérédité comme pilier politique du système, l’indisponibilité du pouvoir rendant vaines les querelles d’ego. Les partis y sont donc renvoyés à leur juste place : comme foyers d’idées et de propositions politiques, mais pas en tant que gouvernants. Comme disait Maurras : « Le roi de France ne peut être le roi d’un parti. Il est l’ennemi des factions »
Mais l’hérédité n’est qu’une facette de l’ensemble de la pensée royaliste, à laquelle il faut adjoindre l’indispensable décentralisation comme gage de préservation des libertés populaires et de respect de la constitution naturelle de notre pays. Toujours en citant Maurras :
« Pour sauver le patriotisme, il faut réformer la patrie, comme il faut réformer l’État pour sauver la notion de gouvernement. L’État français sera conçu non pas moins « un », sans doute, mais uni suivant des principes plus souples, plus conformes aux richesses de sa nature, plus convenables à nos mœurs, et qui établiront une meilleure division du travail politique. Aux communes les affaires proprement communales, les provinciales aux provinces ; et que les organes supérieurs de la nation, dégagés de tout office parasitaire, président avec plus d’esprit de suite et de vigueur à la destinée nationale.»
De ce fait, la politique gouvernementale serait également remise à sa place, rendant les affaires locales aux corps compétents, celle-ci pouvant dès lors se focaliser sur les réformes réellement du ressort national.
Voilà les raisons de notre combat royaliste : l’espoir d’unité sociale et de préservation de nos libertés, de continuité politique et d’autonomie de nos provinces. Comme disait enfin René de la Tour du Pin :
« Tout se tient : tant que l’unité politique sera l’homme asocial, l’individu dépouillé de tout ce qui le place dans la société, l’ordre politique sera uniquement démocratique, c’est-à-dire sans rapport avec l’ordre social, donc absurde en principe et tyrannique en fait. Mais lorsque la conception sociale se sera traduite dans l’ordre politique selon l’heureuse formule qui en pose le principe, une dynastie nationale incarnant à la fois la famille et la profession ne paraîtra plus une anomalie dans l’ordre social, et donnera facilement à l’ordre politique le couronnement historique d’une monarchie vraiment sociale. »
Augustin Debacker
1 – Jules Lemaître, Discours du 20 Juin 1908 à la salle Wagram
2 – Charles Maurras