« Là où il aurait fallu des chevaliers du XIIe siècle, bardés de leur bouclier sans fêlure, brandissant leur épée aux côtés de leur croix, pour forcer le nouveau monde barbare à tenir compte de leur présence salvatrice, il n’y eut souvent que des privilégiés nostalgiques, des doctrinaires hautains, des traditionalistes momifiés ou aigris, des « prophètes du passé» reclus dans l’immobilisme et surtout d’incorrigibles discoureurs, de ces hommes dont Drumont devait dire un jour «qu’ils croyaient avoir agi quand ils avaient parlé »
M-M. Martin
De toutes les époques qui ont façonné le combat royaliste, depuis les Guerres de Vendée jusqu’à aujourd’hui, en passant par l’expérience de l’Action française, les générations dissidentes en ce début du XXIème siècle sont les seules générations à devoir évoluer au sein d’une société ayant atteint un niveau élevé de dégradation générale. Jadis, à l’origine du combat royaliste, lors des Guerres de Vendée, il suffisait simplement de faire sonner le tocsin pour que les chefs chouans et vendéens se retrouvent avec une armée de 40 000 hommes prêts à leur obéir et à aller au combat. Jusqu’aux Camelots du roi au XXème siècle qui constituaient à eux seuls aussi une véritable armée prête pour un coup de force éventuel, le constat est qu’aujourd’hui, dans une France bien plus peuplée que les deux siècles précédents, l’engagement militant est devenu quasi nul.
Ne cherchons pas à dénoncer un adversaire potentiel dans des sectes ou sociétés, communautés ou religions, car celui-ci est en nous. L’ennemi se nomme paresse, hédonisme, subjectivisme… L’alternative est dans notre auto critique et avec humilité arriver à une remise en cause essentielle. L’attrait des biens matériels que la société de consommation agite, nous conditionne comme la carotte fait avancer l’âne. Nous avons participé à cette décadence où l’aboutissement est dans l’avilissement de l’homme. Cette corruption des mentalités paralyse toute riposte, tout réflexe sain qui ralentirait cette marche inéluctable vers le chaos et l’abîme.
Il faut bien savoir identifier son adversaire pour pouvoir mieux le combattre. Être royaliste, ce n’est pas seulement vouloir une Monarchie à la place d’une république, c’est aussi adopter une éthique et un comportement de tous les jours. Ce qu’il faut comprendre, c’est que la république ne se contente pas seulement d’être un simple système de gouvernement, incarné par des politiciens qui la font vivre. Elle incarne aussi un mode de vie imposé à tous les citoyens, et qui découle directement des valeurs qui constituent l’ossature de ce système. Nous savons pertinemment que la république n’est que l’avatar politique du libéralisme économique. Elle n’a jamais opposé une grande résistance au règne de l’argent. Dès l’origine avec le décret d’Allarde et la loi le Chapelier, votés par les révolutionnaires en 1791, la république s’est imposée comme étant le fer de lance du libéralisme économique. En somme une république du fric, par le fric et pour le fric, le tout au nom d’un peuple illusoirement souverain.
Aujourd’hui, alors que le règne de l’argent a su atteindre son apogée par la mise en place d’une société de consommation encrée de façon permanente dans notre quotidien de tous les jours, le peuple de France nage dans l’hédonisme, le subjectivisme, et une superficialité qui le mène vers le néant. Pourquoi être contre le socialisme si au préalable on ne détruit pas la racine du mal, qui est le libéralisme ? Allons-nous reprocher à l’Islam ses progrès alors que nous avons laissé un vide spirituel, déserté nos Eglises et renié notre foi ? Pourquoi avons-nous abandonné la foi de nos ancêtres et suivi ce chemin qui nous conduit vers l’abîme ? Posez-vous donc cette question : Êtes-vous réellement antisystème en adoptant comme moteur de votre vie, le matérialisme, le culte du moindre effort, la haine de tout ce qui est religieux et l’attirance permanente des loisirs sachant que c’est la république elle-même qui vous a enseigné et imposé ces choses-là depuis votre naissance ? Comment se dire Spartacus en criant « Avé César » ?
Là est malheureusement le problème de notre temps. La grande majorité des militants de la dissidence, qu’ils soient royalistes ou nationalistes ou autres, ont souvent du mal à identifier ce qui émane de la logique du système dans leur quotidien de tous les jours. En conséquence, ils adoptent un comportement et une éthique qui sont parfaitement dans la lignée de ce que le système, qu’ils sont censés combattre, exige d’eux ! Mais ils se rassurent d’être des dissidents seulement parce qu’ils ont crié leur haine du système dans une manifestation ou fait un collage d’affiches le soir pour le mouvement à laquelle ils appartiennent.
Le système sait bien que rien ne bouleversera son pouvoir tant que la société de consommation « noiera » le peuple dans un conformisme entraînant l’abdication lente de nos spécificités citoyennes et humaines.
La reconquête n’est pas chose facile et elle ne le sera jamais ! Être royaliste est l’une des tâches les plus ingrate. Elle l’est aujourd’hui, elle le sera demain, et pour ainsi dire, elle l’a toujours été. Ce fut particulièrement ingrat pour ces paysans chouans et vendéens de devoir quitter femmes et enfants afin d’aller combattre toute une armée en 1793, alors que la plupart n’avaient jamais tenu un seul fusil entre leurs mains. Ils avaient pourtant conscience qu’ils ne reviendraient peut-être jamais et lorsque le tocsin sonnait, ils redoutaient que cela puisse être la dernière fois qu’ils disent au revoir à leurs familles. Pourtant ils l’ont fait ! Ils y sont allés, et ils nous ont montré à travers leur comportement, résultant d’un caractère typique forgé à travers les siècles, l’état d’esprit que nous devons incarner à notre tour dans ce combat devenu le nôtre. C’était ingrat aussi pour ces catholiques et royalistes sociaux du XIXème siècle, d’avoir passé leur vie à combattre le libéralisme économique afin de protéger les ouvriers d’une vie d’esclaves qui en découlait. Toutes ces lois et propositions de lois qui furent présentés et défendus dans la chambre des députés, et qui furent quasi systématiquement rejetées par le bloc républicain de droite comme de gauche. Le plus ingrat encore pour eux fut de voir, en 1936, la gauche se revendiquer de cette politique sociale en laissant passer quelques réformes pour s’ennoblir d’une réputation populaire et libératrice, alors que les royalistes avaient, bien avant eux, demandé beaucoup plus durant le siècle précédent…
Quelle ingratitude aussi pour ces Camelots du Roi du XXème siècle, qui tous les jours devaient vendre le journal l’Action Française dans la rue, en plus de leur vie professionnelle et familiale, en affrontant souvent d’ailleurs, les violences policières et les forces de gauche. Toutes ces gardes à vue, tous ces morts aussi bien en tant de guerre qu’en temps de paix, et tout cela pour voir leur mouvement pour lequel ils avaient donné une bonne partie de leur vie, finir en 1944 dans les geôles de la république sous l’accusation honteuse et fallacieuse « d’intelligence avec l’ennemi ». Le tout sans avoir eu l’occasion de prendre le pouvoir du fait justement de ces deux guerres mondiales qu’ils n’avaient pas su faire éviter.
Bref, en sommes, il ne faut pas croire qu’en ce début du XXIème siècle le combat royaliste soit plus attrayant qu’il ne le fut autrefois. Nos prédécesseurs nous ont montré le chemin et la détermination à avoir. Et si aujourd’hui notre tâche ingrate n’est pas de devoir affronter militairement une armée, ou d’imposer des lois qui n’aboutiront pas, mais plutôt de devoir évoluer au sein d’une société devenue inerte, matérialiste, individualiste et embourgeoisée, et bien notre devoir, notre tâche est et sera toujours d’affronter ces difficultés dans la lignée de ceux qui nous ont transmis le flambeau du combat royaliste.
Pour cela, cessons d’être ce que le système veut que nous soyons. Car la république redoute l’émergence d’un esprit de révolte se retournant un jour contre elle. Pour maintenir son pouvoir, elle transforme le peuple, dans le but de lui retirer toutes ses forces morales, intellectuelles et physiques, le couper de ses racines et communautés, afin de faire disparaître tout esprit critique, révolutionnaire ou rebelle.
La république, et plus précisément ceux qui l’incarnent, veulent que nous soyons matérialistes ! Alors intéressons-nous à la religion de nos ancêtres. Car si la république a toujours attaqué la religion, c’est parce que le Christianisme a pour conséquence le détachement du monde matériel, et de ce fait comment mettre en place une société de consommation basée sur le règne de l’argent, si on a affaire à un peuple qui n’est pas matérialiste ? La république veut que nous soyons individualistes ! Alors efforçons-nous de recréer des liens sociaux entre nous et si possible en dehors d’internet et du monde virtuel en général. Car comment incarner une véritable force d’opposition si chacun croit qu’il est seul dans son coin ? La république veut que nous soyons embourgeoisés, c’est-à-dire borner son idéal à la recherche permanente de son confort personnel ! Alors développons en nous le culte de l’effort comme jadis à l’époque des Corporations et de l’honneur du travail, car comment être efficace pour mener un combat difficile et si peu confortable, si justement on ne songe à faire que le strict minimum, si possible le moins fatigant et donc sans efficacité ! Il ne faut pas se motiver à faire les choses uniquement en fonction de ce qui nous fait plaisir, mais il faut les faire parce que notre combat l’exige sans aucun hédonisme ni esprit de confort. Comme ce fut toujours le cas pour tous les combattants qui jalonnent l’histoire de France.
Notre responsabilité est d’autant plus grande lorsque l’on songe à ce qu’est devenu le peuple de France en comparaison de ce qu’il fut jadis. Tous ces siècles de combats, d’esprit chevaleresque, de sacrifices, de Gloires, de légendes, renforcée par une foi inébranlable scellée dans la splendeur des cathédrales, immortalisée dans la tradition, pour aboutir à cette civilisation française à la foi si grande et spécifique ou chaque Roi qui l’ont représenté en furent les gardiens. Croyez-vous vraiment que nos ancêtres ont œuvré dans l’espoir de voir émerger cette société qui n’a que l’argent comme Dieu, qui n’a comme maître que la télévision et ses émissions débiles, et qui n’a comme seul but le souci de sa petite jouissance personnelle ? On aurait envie de dire : Tout ça pour ça ?? On pourrait aussi parler de notre très riche langue française, à la foi gréco-latine et celtique, bafouée un peu plus chaque jour au profit de la langue marchande anglo-américaine pour la plus grande gloire des grands maîtres du Nouvel Ordre Mondial. Sans oublier la défense de nos langues régionales qui renforcent d’autant plus la richesse linguistique et culturelle de notre pays.
Notre mémoire imprégnée de l’eau baptismale au sacre de Clovis suffit à nous persuader de la victoire finale. Elle se lève comme un soleil aux lueurs de nos aubes futures. Il faut mettre nos actes en accord avec nos idées, car comme le disait si bien le poète Ezra Pound : «Si un homme n’est pas prêt à affronter un risque quelconque pour ses opinions, ou bien ses opinions ne valent rien, ou bien c’est lui qui ne vaut rien ! »
Notre Jour viendra !
Frédéric Winkler et P-P Blancher