A ce jour, il est assez fréquent de voir sur internet (ou ailleurs) des personnes se disant ouvertement nationalistes ou patriotes français, mais avec cette particularité de se revendiquer d’une forme de paganisme tout en rejetant assez violemment la religion catholique.
Les attaques vont bon train : on apprend que le catholicisme est une religion « abrahamique » qui n’est pas naturelle à l’esprit européen, qu’elle encourage la pitié et la faiblesse, qu’elle est cosmopolite et finalement responsable de tous les maux de la planète. Des propos qui ne sont pas sans rappeler ceux des anticléricaux de l’extrême gauche, et c’est là un paradoxe majeur !
Comment peut-on se dire nationaliste ou simplement patriote français tout en rejetant de façon catégorique, à la manière de la modernité nihiliste, ce qui est l’essence même de la civilisation française ?
Comprenons bien, une civilisation découle toujours d’une religion. C’est d’abord la religion qui apparaît et ensuite la civilisation qui se développe sur la base des principes et des valeurs qui en émane. C’est d’ailleurs l’une des premières choses que demanderont les Hébreux à Moïse après que ce dernier les a délivrés du joug de Pharaon : « Qui est notre Dieu ? » Et Moïse partira seul au sommet du Mont Sinaï pour revenir quarante jours plus tard avec le Décalogue.
C’est aussi le motif primordial de l’Incarnation du Christ : il fallait que le Dieu Invisible s’incarna, pour que nous puissions le connaître intimement.
Concernant la France, il en est de même. On ne peut pas parler de civilisation française sans mentionner la religion catholique. La France ne doit son existence qu’à travers l’alliance que fit Clovis avec l’Église catholique, culminant en son baptême et au Sacre de Reims. Cet évènement est une totalité : en rejeter une partie, c’est le rejeter complètement.
L’anticatholicisme engendre inévitablement l’antifrance.
Retirez à la France ses églises, ses chapelles, ses cathédrales, ses croix et calvaires dans les campagnes, ses noms de villages dédiés à tel saint ou sainte, toutes les expressions de la langue française émanant de la Bible, ses universités, ses prêtres, son art… Que reste-t-il ? Tout sauf la France.
Les révolutionnaires de 1789 ont voulu faire table rase du passé, et dans cette logique, il fallait tout changer. C’est ce qu’ils firent mais pas pleinement. Ils avaient changé les noms des Provinces d’ancien régime allant jusqu’à découper ces dernières en entités administratives abstraites.
Les noms de ces départements n’avaient plus aucune connotation historique, mais étaient – et sont toujours – ceux de rivières, de fleuves, de reliefs géologiques etc. Les révolutionnaires changèrent le drapeau « national » ; fini l’étendard royal fleurdelisé et voici qu’apparurent de simples couleurs – bleu, blanc et rouge !
Ils renommèrent aussi 1200 villes ou bourgs. Pris dans par leur haine iconoclaste, il décidèrent d’éradiquer tout nom rappelant le christianisme, la féodalité ou symbolique de la royauté.
Versailles devint ainsi « Berceau-de-la-Liberté » et Fontenay-le-Comte, « Fontenay-le-Peuple ». Mais dans cette logique de tout renommer afin d’effacer les traces de l’ancienne civilisation chrétienne, les révolutionnaires ne changèrent pas le nom du pays et gardèrent le nom de France. Conscients du prestige et de l’impact qu’avait ce nom aux yeux du reste du monde, et pour d’évidentes raisons de communication dans la diffusion de leurs idées, ils plaqueront leur idéologie sur le nom France. Depuis cette période, la « France » est à tort qualifiée de « pays des Droits de l’Homme » alors que tout son être d’origine l’oppose à cette vision anthropocentrique rejetant Dieu.
Cette « France » révolutionnaire n’a rien à voir avec la vraie France historique religieuse et culturelle. Et deux siècles plus tard on se rend bien compte que le fait d’avoir fait disparaître la religion a eu pour conséquence de faire disparaître aussi la France organique.
Alors qui sont donc ces « patriotes », ces « nationalistes » français, qui selon ces titres devraient en toute logique aimer et défendre la civilisation française et donc la religion dont elle découle ?
Ils se disent pourtant « païens » et s’entichent des anciens cultes polythéistes des vieilles peuplades antiques celtiques, de l’Empire romain ou encore des envahisseurs normands… Étrange ! Pourquoi s’enticher de religions ou spiritualités n’ayant rien à voir avec la civilisation française et qui sont pour beaucoup d’entre elles des reconstructions datant du XIXe siècle ou, pire encore, des affabulations provenant de la littérature fantastique moderne ? Vouloir les greffer sur la France originelle est, de la même manière que le firent les révolutionnaires, le mariage de la carpe et du lapin.
Pourtant ces païens en herbe (ou en carton) sont persuadés d’être de bons patriotes français tout en se réclamant d’Odin ou de Thor ! Mais s’ils sont patriotes, de quelle patrie s’agit-il ? De la France ? Certainement pas !
Tout au plus patriotes « vikings » ou « hyperboréen » ou bien encore de la planète Mars, mais certainement pas de la France. Car, répétons-le, on ne peut se revendiquer d’une civilisation tout en rejetant la religion dont elle puise tout son système de valeur.
Monseigneur Henri Delassus disait très justement : « La France est née, elle a vécu catholique et monarchique, sa naissance et sa prospérité ont été en raison directe du degré où elle s’est rattachée à son Église et à son Roi. Toutes les fois qu’au contraire ses énergies se sont exercées à l’encontre de ces deux idées directrices, l’organisation nationale a été profondément, dangereusement troublée. D’où cette impérieuse conclusion que la France ne peut cesser d’être catholique et monarchique sans cesser d’être la France »
Monseigneur Henri Delassus, L’esprit familial, page 210.
Et c’est malheureusement cette erreur-là que les païens modernes s’évertuent à défendre en dénigrant au maximum la religion catholique – souvent avec des arguments ineptes – sans se soucier des conséquences qui en découlent, surtout pour des soi-disant « patriotes » ou « nationalistes » français !
La France n’existait même pas en tant que civilisation à l’époque ou se développèrent et s’enracinèrent ces religions païennes. Le territoire qui deviendra plus tard la France, n’était pas à cette époque une nation, mais une simple province gauloise devenant par la suite gallo-romaine.
Les arguments pseudo-religieux ne tiennent pas plus lorsqu’ils reprochent au christianisme son « universalisme ». Pour la plupart des peuples, les panthéons polythéistes étaient les émanations des même forces spirituelles. Un Gaulois en Grèce allait tout naturellement prier Bélénos au temple d’Apollon.
De même la pensée des philosophes grecs se voulait universelle et c’est bien parce que saint Paul utilisa ces catégories conceptuelles et débarrassa le christianisme primitif de la loi mosaïque qu’il fut appelé « Apôtre des Gentils ». Idem, les Pères de l’Église utilisèrent les concepts de Platon et de Plotin et plus tard, la scolastique de saint Thomas d’Aquin s’empara de la philosophie d’Aristote en la christianisant.
Alors nous le clamons haut et fort : NON ON NE PEUT ÊTRE PATRIOTE FRANÇAIS ET PAÏEN A LA FOIS ! Comprenons bien que si tous les patriotes en France, quelles que soient leurs religions, partagent le même constat sur l’état actuel de notre pays, il n’en demeure pas moins qu’après la période de reconquête, qui ne durera qu’un temps, il y aura la période de restauration de notre civilisation, et c’est là que les choses se compliqueront. Car s’il est admis que les patriotes dit « païens » soient à nos côtés pour la reconquête, il n’en demeure pas moins que leur logique antagoniste les poussera à être contre nous lors de la mise en place d’un gouvernement de redressement national basé sur les valeurs françaises donc catholiques.
Avec de leur côté tous ce que l’antifrance comptera d’athées et d’anticléricaux !
Ce que nous préconisons fraternellement à ces païens c’est d’ être crédibles en se qualifiant de patriote français. Nous admettons bien malheureusement qu’ils ne veuillent pas se convertir au catholicisme, mais qu’ils cessent dans ce cas de s’attaquer stupidement, à la manière d’un gauchiste écervelé, à la religion catholique. Qu’ils en respectent au moins la morale qui est avant tout celle de la France qu’ils assurent pourtant aimer et vouloir défendre.
Le mieux serait qu’ils se convertissent pour être en accord avec leur logique patriotique. Mais ils nous rétorquerons sans doute que le catholicisme n’est pas très attirant à ce jour. Et encore moins les catholiques eux-mêmes !
Certes, il est vrai que la religion catholique ne semble pas au meilleur de sa forme à ce jour. Non pas à cause du moment la religion ne fut plus celle de l’État comme aime à le rappeler quelques fanfarons squatteurs de dolmens sur le net, mais parce que l’Église s’est tirée elle-même une balle dans le pied après avoir été gangrénée de l’intérieur depuis plus d’un siècle. Voir à ce sujet les travaux de l’historien Philippe Prévost sur le Ralliement…
A ces païens, nous proposons de s’intéresser de plus près à ce que l’Église a engendré dans notre histoire afin qu’ils puissent se faire une idée plus claire et plus juste de ce qu’elle fut, le temps qu’elle redevienne elle-même dans un futur proche, si Dieu le veut. Imprégnez-vous de l’expérience des Martyrs et des Saints qui se comptent par milliers, et vous verrez la force qu’engendre la religion catholique pour celui qui a la Foi.
Comme sainte Blandine qui en 177 à Lyon, parce qu’elle ne voulait pas renier sa foi chrétienne fut livré aux fauves qui ne la dévorèrent pas. Elle fut donc flagellée, placée sur un gril brûlant puis livrée dans un filet à un taureau qui la lançait en l’air avec ses cornes, pendant que d’autres lui criaient : « Abjure donc ! Sacrifie à nos dieux ! Tu auras la vie sauve ! ». Mais Blandine ne répondit pas, le regard rivé vers le ciel. Elle fut finalement égorgée en août 177 par le bourreau, à la fin des jeux où elle parut. Voilà la force chrétienne dans toute la splendeur de son sens du sacrifice !
Nous sommes loin d’un Dominique Venner qui par manque d’espoir, lié à son paganisme alors que la religion catholique nous abreuve de Grâce et d’Espérance en toute circonstance, se suicida. Son geste fut un sacrilège, car non seulement le suicide est une fuite, mais en plus il le fit dans une des chapelle mariale de la Cathédrale Notre Dame de Paris !
Voilà donc l’éthique païenne de la reconquête. Mais qu’attendre de la part d’une spiritualité qui tend au naturalisme ?
Replongez-vous, dans l’épopée des Croisades à travers Baudoin IV de Jérusalem, le Roi lépreux, ainsi que les hauts faits d’armes de Chevalerie française. Replongez-vous également dans l’épopée miraculeuse de Jeanne d’Arc, sans oublier les Guerres de Vendée et tous les miracles qui parsèment notre histoire depuis Clovis à aujourd’hui…etc. La liste serait bien longue encore !
Voilà seulement ce que nous demandons aux païens, comme à tous ceux ayant une religion autre que catholique en France : RESPECTEZ LES VALEURS CATHOLIQUES à défaut d’y adhérer, car elles sont avant tout les valeurs de la civilisation française ! Si vous les rejetez ou les combattez, c’est la France elle-même que vous rejetez et combattez !
Il en est ainsi et que cela plaise ou non, que l’on soit protestant, musulman, juif, athée, païen ou autre, ce n’est pas à nous simples petits mortels ici-bas sur terre de décider de ce que doit être la France en fonction de notre bon vouloir, ou de nos caprices du moment ! Il ne tient qu’à nous d’avoir l’humilité de l’admettre et de rejeter l’orgueil improductif que les démocraties ont développé en nous, en nous faisant croire que nous étions souverains.
Alors, fiers Sicambres, brûlez ce que vous avez adoré et adorez ce que vous avez brûlé !
Pour Dieu, la France et le Roi !
P-P. Blancher et Y. Delacroix.