Voici une petite série de questions que nous avons envoyé au professeur Olivier Tournafond,
au sujet des élections présidentielles.
Nous remercions M. Tournafond pour avoir eu l’amabilité d’y répondre :
GAR : Que pensez-vous globalement du principe démocratique consistant seulement à nommer un président de la république ?
O. Tournafond : Il n’y a pas que le Président de la République qui soit élu. Toutes les fonctions politiques donnent lieu à une élection. Mais la manière dont ces élections sont organisées a permis progressivement à une oligarchie d’arrivistes de confisquer le pouvoir à son profit et l’élection du président est seulement la plus médiatisée. Elle permet de transformer en dictateur temporaire un chef de parti, qui souvent ne représente guère plus que 15% de l’ensemble du corps électoral. C’est un système pervers et artificiel, une « démocratie d’apparence », ce qui explique le taux d’abstention massif actuellement constaté.
GAR : Tous les « démocrates » de la république qui sont si prompts à donner des leçons de démocratie au monde entier, quelle leçon de démocratie leur donneriez-vous ?
O. T : Je leur conseillerai de mettre en place des mécanismes de démocratie directe comme en Suisse permettant au peuple de contrôler véritablement la vie politique. Sinon la prétendue démocratie n’est qu’une oligarchie de mafieux. Une fois mis en place ces mécanismes (votations populaires, référendums vétos, mandat impératif, etc…) on pourra y voir plus clair et on essaiera de dégager des autorités arbitrales reposant sur la compétence et le respect de la tradition française. Le peuple souhaite lui-même être encadré par des autorités légitimes. Un roi sera nécessairement plus légitime et représentatif qu’un ambitieux qui ne représente qu’un français sur dix…
GAR : Comment expliquez-vous l’engouement que peut susciter les présidentielles chez les français ?
O. T : On touche là à l’inconscient collectif. C’est un spectacle assez sordide, assez malsain, comparable aux jeux du Cirque à Rome. Sauf qu’ici ce ne seront pas les gladiateurs qui seront mis à mort, mais les citoyens minoritaires qui se verront obligés de subir la dictature implacable du parti gagnant. La démocratie suisse ignore ce genre de mise en scène à grand spectacle et la Suisse est le pays le plus prospère du monde.
GAR : Le vote blanc fait-il parti selon vous du jeu démocratique ou faut-il effectivement l’ignorer ?
O. T : Le vote blanc doit évidemment être pris en compte et on doit considérer que si les votes blancs l’emportent il n’y a pas de quorum. Le vote blanc est une manière d’indiquer que l’offre politique n’est pas satisfaisante.
GAR : Quel avenir donnez-vous à la cinquième république avec son principe actuel de fonctionnement ?
O. T : Peu de temps en vérité, mais « peu de temps » peut-être encore long à l’échelle de l’histoire : 2 ans ? 5 ans ? 10 ans ?
Ce régime devrait tomber malgré tout tant il est usé et (justement) méprisé par la population. Il tient par sa seule force d’inertie et par la complicité de ceux qui en profitent. Mais sa chute est à terme inéluctable car les forces d’érosion qui le travaillent sont plus fortes. Un philosophe à dit « Tôt ou tard les forces de la Nature l’emporteront ».