Notre grand poète Alfred de Vigny, à qui on demandait quel est le meilleur gouvernement possible, avait répondu : « C’est celui dont on entend le moins souvent parler et qui coûte le moins cher au citoyen ».
Une telle définition correspond aussi bien à une monarchie qu’à un système comme la Suisse où les institutions fonctionnent d’elles-mêmes pour rechercher le bien commun au-delà des clivages idéologiques. Et quand il y a des difficultés, la population et ses élites se concertent pour trouver une solution acceptable pour tous. Si c’est impossible de trouver un compromis, le Roi arbitre ou soumet la question au référendum.
Voilà le régime qu’il faudrait à la France.
Comme un tel régime marche bien (voir la Suisse), on n’en parle guère et chacun vaque à ses occupations.
Par contre le système que nous connaissons pourrait, à l’aune de la réflexion de Vigny, est considéré comme le pire gouvernement possible.
C’est un gouvernement extraordinairement coûteux et totalement inefficace. Le pays va de plus en plus mal et tout s’aggrave. Mais on en entend parler à longueur de journée et tout le monde est énervé au dernier degré.
Dans cet Etat, qui porte le nom de Cinquième République, une clique d’arrivistes forcenés et de dangereux démagogues sont parvenus à accaparer le pouvoir au nom de la « Démocratie », érigée au rang de divinité des temps modernes. Pour détourner l’attention du Peuple, qui est à la fois accablé, dépressif et impuissant, on organise périodiquement avec l’aide des médias, grands prêtres de cette nouvelle religion, d’immenses jeux de rôle nationaux. Ces jeux de rôles qui rappellent les jeux du cirque à Rome, portent le nom « d’élections ».
Personne ne sait trop bien pourquoi il vote, mais il espère surtout obtenir l’éviction de l’oligarque au pouvoir détesté et méprisé. Ainsi le système repose essentiellement sur la haine de celui qui dirige, haine qui est constamment attisée par les clans rivaux, adversaires en apparence, mais en réalité complices. Encore une fois, c’est un jeu de rôle, une scène de théâtre. Comme dans une corrida, l’attention de la proie (ici le Peuple) est dirigée vers quelque chose de secondaire, un chiffon rouge que l’on agite devant lui.
Du coup l’électeur ne prend pas garde au fait qu’un autre oligarque le remplacera nécessairement, parfois pire encore. Mais paradoxalement, l’échec entretien le système car tout est organisé pour que le peuple ne puisse pas véritablement secouer ses chaînes.
Pendant ces campagnes électorales, périodiques, ruineuses et inutiles, chaque clan met en accusation une autre partie du pays : les pollueurs, les riches, les fonctionnaires, les « marchés », les immigrés, etc… Chaque clan jure qu’il résoudra les problèmes à sa façon et qu’il punira les méchants, notamment les méchants contribuables de la classe moyenne. Il les punira financièrement par la taxation à outrance. Il promet aussi de donner aux victimes de la société : les étrangers, les homosexuels, les délinquants, etc…La place qui leur revient et les droits dont ils ont été injustement privés pendant des siècles, voire des millénaires…
En réalité tout le monde sait pertinemment qu’il ne résoudra rien du tout et que tout ira encore plus mal après. Mais cela soulage sans doute sur le moment l’électeur irrité…
Une fois les élections passées, comme après la prise d’une drogue, le peuple découvre avec consternation qu’il a été encore une fois berné. Mais on lui explique doctement que c’est de sa faute et que tous les autres systèmes sont pires encore. Churchill l’a dit il y a 70 ans, donc c’est forcément vrai…Et la descente aux enfers continue…Et les oligarques ricanent de plus belle, se réjouissant entre eux de l’incroyable stupidité des français !
Telle est la République dans ses pompes et dans ses oeuvres !
Tout cela est évidemment grotesque. On en rirait si nous n’étions pas pris en otage dans cette machination perverse.
Les solutions existent; elles sont simples au fond. Il faut d’un coté de vraies élites et une autorité, de l’autre une implication du peuple dans la gestion politique, en particulier au niveau local.
Mais dans l’état actuel des choses, les oligarques au pouvoir n’ont aucun intérêt à mettre en oeuvre des solutions. L’objectif de la République n’est pas de sauver le pays, mais d’assurer sa survie.
Un médecin avait écrit un ouvrage célèbre dans les années soixante qui s’intitulait « Le silence des organes ». Il montrait que dans l’état de santé, on ne prête même pas attention aux organes de son corps, tandis que dans la maladie on les entend souffrir et grincer on est à l’écoute de toutes les réactions du corps, on note tout…
De ce point de vue il est évident que la France est un pays gravement malade et drogué par des charlatans.
Olivier Tournafond