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« Dans notre siècle, il faut être médiocre c’est la seule chance qu’on ait de ne point gêner autrui » Léo Ferré (préface Poètes vos papiers)
Qui ne peut s’affliger du désordre de l’aménagement de notre pauvre pays. Qui ne peut pleurer à la vue des destructions ou de l’abandon du magnifique patrimoine immobilier que nous ont légués nos pères et les générations passées… Qui ne peut déplorer la vue d’immondes constructions dont l’utilité semble prévaloir sur la beauté, et comme pour le reste, ce n’est que désillusion et monstruosité, dans une époque vouée à la déchéance d’une fin de civilisation.
L’architecture contemporaine est le produit du système capitaliste financier. Cette architecture détruit nos paysages citadins, fruit multiséculaires du travail des hommes. A la différence de l’art moderne, cantonné dans des salles d’exposition ou des musées, pour un public « jetset », snobinard, heureusement en dehors du regard des admirateurs de la beauté et de la poésie, l’architecture contemporaine pollue notre environnement, comme une punition. Alexis Carrel disait : « Les êtres humains n’ont pas grandi en même temps que les institutions issues de leur cerveau. Ce sont surtout la faiblesse intellectuelle et morale des chefs et leur ignorance qui mettent en danger notre civilisation » ( L’Homme, cet inconnu).
C’est le stade ultime du libéralisme dans son extension mondialiste, un nomadisme planétaire pour les hommes devenus des numéros, que l’on délocalise comme des marchandises. Ces admirateurs ubuesques du métal et du béton, construisent des habitations qui ressemblent étrangement au lieu de travail « ultra-modernes » invivables, nommés vulgairement « cages-à-poules ». Le salarié retrouvent dans son domicile la même architecture que dans le milieu professionnel, il y a de quoi déprimer…quelle avancée pour l’humanité. Qu’est-ce donc que ces murs géants, dont la froideur n’a d’égale que la tristesse de leurs couleurs grisâtres, quand la base n’est pas parsemée de graffitis en tous genres…
Ces bâtiments sans âmes servent souvent aujourd’hui à « stocker » les uns sur les autres toute l’immigration que nos dirigeants ont voulue incontrôlable. Et c’est dans un tel univers de froideur et de laideur qu’on ose espérer intégrer ceux venus d’ailleurs ?? Difficile d’y voir une démonstration de force ou de richesse à travers cet urbanisme.
On trouve aussi des habitations en containers (le Havre, Londres), peut-être pour mieux faire comprendre la destination finale de l’individu-marchandise, que le capitalisme destine au déplacement perpétuel, au gré des besoins, pour le bonheur de la finance : «Le plus grand succès de notre civilisation moderne est d’avoir su mettre au service de ses dirigeants une incomparable puissance d’illusion » (Gianfranco Censor)
Les admirateurs de l’architecture contemporaine n’y vivent évidemment pas. Qui est assez « masochiste », pour passer ses loisirs à visiter ces « citadelles » de banlieue. On fit croire longtemps au peuple que l’amour de cet « art » viendrait avec le temps, c’était pour mieux faire avaler la pilule et mentir comme un candidat aux élections. Bref toujours cette maladie de vouloir changer l’homme…
Pourquoi construire toujours en hauteur ? Pour dominer qui et quoi ? Des tours des cités en passant par les bureaux des grands sièges sociaux des sociétés importantes, c’est toujours cette même froideur du style, toujours ces mêmes bâtiments sans expressions qui s’imposent à notre regard toujours en direction du ciel, comme si le fait de nous imposer à lever la tête pour les regarder nous obligeait à considérer le bâtiment avec grandeur !
Et que dire de ces architectes qui ont conçu ces tours de banlieue, en fonction de deux critères qui leur fut imposé : stocker un maximum de personnes et construire à moindre coût afin d’y mettre des loyers modérés. Ces architectes vivraient-ils eux-mêmes dans ces tours sans âmes qu’ils ont conçues ? Certainement pas ! A l’origine dans les années 50 et 60 l’apparition de ces grandes tours HLM pouvaient se comprendre dans le cadre d’une France d’après-guerre, mais aujourd’hui ? Est-ce vraiment par besoins vitaux qu’on construit encore ce genre de bâtiment ?
Le biologiste Konrad Lorenz écrivait dans « Les huit péchés capitaux de notre civilisation » :
« Celui qui habite une cage à bon marché, dans un bloc d’habitation pour bêtes de somme humaines, n’a plus qu’un moyen de préserver son amour-propre, c’est d’ignorer délibérément l’existence de ses multiples compagnons de misère et de s’isoler totalement de son prochain. Dans les grands ensembles, on trouve très souvent des parois de séparation entre les balcons, pour rendre le prochain invisible. On ne peut pas, on ne veut pas entrer en contact avec l’autre “par-dessus la clôture”, de crainte de voir se refléter en lui l’image de son propre désespoir (…) Le sens esthétique et le sens moral sont manifestement étroitement liés. Il est évident que des hommes contraints de vivre dans les conditions dont nous venons de parler souffrent d’une atrophie de l’un et de l’autre. » (Les huit péchés capitaux de notre civilisation – de Konrad Lorenz – Editions Flammarion – 1973 – p43 et 44)
Pourtant si le principe même de l’empirisme consiste pour nous royalistes à considérer le passé avec raison et non par sentimentalisme ou nostalgie, il est triste de constater aux travers des anciennes constructions qui parsèment notre pays, qu’un niveau élevé de connaissances et un savoir-faire ont bel et bien disparu aujourd’hui.
Comment ne pas s’interroger lorsque l’on va voir par exemple, le célèbre Pont du Gard dans le sud de la France ? Cette architecture est une véritable insulte à elle toute seule, à toute la haute technologie que nous maîtrisons à ce jour dans le domaine de la construction. Ce pont qui n’est qu’un simple aqueduc construit par les romains au début du Ier siècle après JC, avait pour objectif d’acheminer les eaux des sources d’Uzès afin d’alimenter la ville de Nîmes. Cet aqueduc a fonctionné pendant plus de cinq siècles, (certains disent jusqu’au IXème siècle !) et c’est l’accumulation du calcaire dans l’aqueduc qui sonnera le glas de son activité. Qui aujourd’hui peut se vanter de construire une architecture capable de fonctionner au minimum cinq siècles durant ? Qui est capable de construire une architecture capable de tenir debout 2 000 ans plus tard permettant des rénovations au fil des siècles ? Qui est capable de construire une chose aussi basique qu’un aqueduc sous les traits d’une véritable œuvre d’art architecturale rendant sa fonction initiale presque secondaire ? Les romains ont su le faire et cette prouesse s’appelle Pont du Gard. Et s’il force l’admiration de part ce qu’il incarne, toujours est-il qu’à ce jour à défaut d’alimenter une ville en eau, c’est le tourisme local qu’il alimente avec ces 1 500 000 visiteurs recensés en 2014 ! 1 500 000 visiteurs venus voir un morceau d’aqueduc inactif resté debout depuis 2000 ans. Cela peut paraître paradoxal, et très certainement cela aurait fait rire les romains pour qui ce genre de construction était assez classique pour ne pas dire banal au regard de toutes les constructions gréco-romaines de l’Antiquité, s’étalant sur une bonne partie de l’Europe et du pourtour méditerranéen.
Qu’aujourd’hui des gens viennent admirer de simples ruines datant souvent de cette époque, alors que ce ne sont que des ruines, peut paraître assez cocasse ! Car même ces ruines ont un certain charme, et une certaine élégance dans le décor qu’elles occupent. Voilà qui en dit très long sur ce que cela devait être à l’époque où toutes ces architectures étaient neuves.
Et c’est malheureusement ce triste constat qui apparaît sous nos yeux. Nos ancêtres, et pas seulement en France, avaient des connaissances et une maîtrise en architecture que nous n’avons plus du tout aujourd’hui. Certes, on nous rétorquera qu’à ce jour le viaduc de Millau est une véritable prouesse technologique et architecturale. Un savoir-faire français dont nous pouvons être fiers. C’est vrai ! Mais en comparant avec le Pont du Gard, la question demeure : Le viaduc de Millau sera-t-il encore debout dans 2 000 ans ?
Il nous suffit de comparer l’art des constructions du temps des rois, de la plus simple ruelle au château, en passant par les ports et usines, l’intérêt porté à la plus petite chose, afin d’en réussir de grandes :
«…nous ne sommes plus à l’époque des mécènes, ou de Louis XIV. Le banquier de la pierre ne pense qu’au rapport financier. En vertu de quoi le commanditaire rédige un chèque, non en fonction d’une théorie, mais d’un coût de fabrication. Si les théoriciens lui expliquent qu’on ne construit plus comme autrefois, parce que ça revient trop cher, il jubile, mais si on le persuade qu’on peut continuer à produire du beau à un bas prix de revient, il laissera tomber négligemment: « Faites pour le mieux, du moment que ça n’augmente pas mes coûts.» Ecrivait Alain Paucard dans son excellent livre : « Les criminels du béton ». p38 et 39
Qui serait capable aujourd’hui de construire l’équivalent de la très énigmatique pyramide de Kheops par exemple ? Cette pyramide est à elle toute seule un véritable casse-tête pour les architectes au regard des outils présumés de l’époque qui furent utilisés pour sa construction.
Plus proche de nous, une architecture qui fait partie de notre paysage à la fois culturelle et religieux, suscitant également admiration et grandeur, il s’agit bien évidemment des Cathédrales ! Qu’elles soient de style Roman, Gothique ou Classique, datant souvent du XIIème et XIIIème siècle pour la plupart, elles sont aujourd’hui la meilleure preuve d’une pensée, d’une transcendance comme d’une maîtrise venues du fin fond des âges nommés injustement « Moyen-Âge ». La vue de ces merveilles détruit à ce jour tous sentiments de supériorités que l’arrogance des ignorants peut susciter à l’égard de cette période : « On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l’on n’admet pas d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure » (La France contre les robots (1946), Georges Bernanos)
Ces véritables vaisseaux de pierres à la fois spirituels et énergétiques furent construits dans leur majorité par des ouvriers spécialisés : les Compagnons ou membres des corporations. Ces fameux Compagnons étaient répartis en trois confréries : les Enfants du père Soubise, les Enfants de Maître Jacques et les Enfants de Salomon. Pour se donner une idée de l’état d’esprit qui régnait au sein de ces confréries, un conte, court à leur sujet :
Trois hommes travaillaient sur un chantier. Un passant demanda :
– Que faites-vous ?
– Je gagne mon pain, dit le premier.
– Je fais mon métier, dit le second.
– Je fais une cathédrale, dit le troisième.
Celui-là était un Compagnon.
Aujourd’hui après avoir traversé l’histoire de France non sans difficultés, leurs seuls héritiers sont les Compagnons du Devoirs du Tour de France. Dans « Architectures et Géographies Sacrées », Paul Barba Negra disait : « Le travail est considéré comme instrument de salut parce qu’accomplit à l’imitation du travail divin de la création. Le nécessaire équilibre entre le travail intellectuel et le travail manuel, partout manifesté au Mont Saint Michel dans l’œuvre des moines-constructeurs se retrouve également dans la salle des chevaliers appelé aussi le Scriptorium. Elle était le lieu de travail des moines copistes et enlumineurs. C’est peut être devant la profonde beauté de ces enluminures que l’on mesure l’abîme qui s’est creusé entre une société qui considérait le travail comme une voie de réalisation spirituelle et la société actuelle obsédée par la seule efficacité matérielle. »
Les Cathédrales, se devaient d’être la Jérusalem céleste incarnée dans la pierre et la lumière teintée des vitraux éclairant l’intérieur de couleurs que seuls les alchimistes avaient le secret. Rien n’était fait au hasard dans la construction de celles-ci. Que ce soit leur lieu de construction, leur orientation (en direction de Jérusalem), tout à une signification, extérieure ou intérieure, les critères varient entre symbolique chrétienne et ésotérique, quand ce n’est pas les critères architecturaux qui imposent naturellement une conception visant à traverser les siècles.
Mais quelle science devait donc être celle de ces hommes, concepteurs et constructeurs, pour parvenir à réaliser, à cette échelle, de tels instruments d’action ?
Ecoutons encore Paul Barba Negra : « Tout pèlerinage représente en effet un cheminement vers le centre, c’est-à-dire vers le soleil des origines. Et dans ce cheminement vers le Christ lumière, devant cette exigence de ressourcement suprême, ou se situe l’homme moderne ? Commençons-nous à comprendre, combien Baudelaire avait raison lorsqu’il opposait les conquêtes du gaz ou de la vapeur au véritable progrès qui est la diminution du péché originel et avant lui William Black ne disait-il pas que le progrès technique était une punition de Dieu ! Lorsque nous sommes immergés au sein de nos villes démesurées, pouvons-nous trouver quelque plénitude dans une foule ou chacun se sent de plus en plus écrasé par le poids de sa propre solitude. » (Le Mont St Michel et l’Archange de lumière). A ce jour les nouvelles Eglises construites sont à l’image de la foi des contemporains. C’est-à-dire une foi totalement appauvrit, expliquant en conséquence leur apparence de niche à chien…
Au-delà des édifices religieux, prenons par exemple les stations de métro de nos grandes villes. Même un endroit aussi improbable qu’une vulgaire station de métro peut, quand la volonté et le sens aigu de la beauté sont eu rendez-vous, devenir un véritable palais offert au public, c’est ce qu’ont fait les Russes avec certaines stations de métro de Moscou. Moulures, toiles, sculptures, lustres… témoignent d’une certaine opulence. Nous sommes loin des stations de métro froides et sans âmes, et surtout très puantes, de Paris…
Et même de simples bâtisses de village peuvent faire l’objet de support pour l’art pictural. N’oublions pas que jadis les cathédrales étaient entièrement peintes. Beaucoup de maisons l’étaient aussi dans cet « obscure monde médiéval » ! Et à ce jour vous pouvez trouver quelques artistes peintres qui peuvent, grâce à leur savoir-faire, égayer tout un quartier de leurs œuvres !
Certains nous rétorqueront que les goûts et les couleurs ça ne se discute pas. L’appréciation de la beauté est subjective. Chacun son appréciation ! Certes, mais si les goûts et les couleurs de chacun relèvent d’une appréciation personnelle, donc privée, alors pourquoi l’urbanisme qu’on nous impose est-il public ? S’il s’agissait uniquement de bâtiments privés et isolés, nous serions moins critique. Mais jusqu’à preuve du contraire, la grande majorité des œuvres de l’urbanisme moderne sont des bâtiments publics, qui plus est, imposés à la population sans qu’on ait pris soin de lui demander son avis…
De plus, la beauté est tout sauf subjective. Elle répond à des critères bien précis, au niveau des formes, de la durée et des proportions avec le nombre d’or etc… La beauté est régie selon des critères bien précis inspirés par la nature elle-même.
En matière de construction moderne, prenons comme exemple le Musée des Confluences à Lyon. Inauguré le 20 décembre 2014, il s’agit d’un bâtiment ultra design de style « déconstructiviste ».
Selon wikipédia, voici ce qu’est le déconstructivisme : « C’est un mouvement contemporain, parallèle et différent du postmodernisme, qui s’oppose comme lui à la rationalité ordonnée de l’architecture moderne, mais sur des fondements complètement différents puisqu’il assume pleinement la rupture avec l’histoire, la société, le site, les traditions techniques et figuratives. »
Tout est dit ! En sommes un bâtiment qui n’a aucune nationalité, aucune histoire, fait pour aucune société, aucune civilisation, ayant sa place n’importe où dans le monde, un bâtiment n’ayant pas lieu d’être mais correspondant parfaitement aux critères des mondialistes ! De plus, sa construction connu un retard de dix ans et un dépassement de son budget à hauteur de 500 %. Le coût du musée, tout d’abord estimé à 61 millions d’euros en juillet 2000, s’élèvera finalement à 330 millions d’euros, soit plus de 5 fois le coût initial prévu. Et tout ça pour quoi ? Pour un bâtiment qui se veut être dans l’ère du temps, et qui par définition sera totalement démodé dans 50 ans ! Et fabriqué avec des matériaux qui ne sont pas fait pour traverser les siècles. Dans 2000 ans il est certain qu’on ne visitera pas ses ruines ! (Fort heureusement !)
Nous sommes loin de l’enseignement de l’architecte romain Marcus Vitruvius Pollio, plus connu sous le nom de Vitruve. Il enseignait dans son remarquable traité, De Architectura : « Il (l’architecte) faut qu’il soit versé dans l’histoire : souvent les architectes emploient dans leurs ouvrages une foule d’ornements dont ils doivent savoir rendre compte à ceux qui les interrogent sur leur origine. »
L’architecture contemporaine n’est pas le fruit du hasard, dit l’architecte David Orbach mais lié à une politique donnée. Une architecture et un urbanisme sont le fruit du système en place et correspondent à la mentalité régnante, suivant les anthropologues (voir l’architecture soviétique). C’est le fruit de l’ultra-libéralisme qui ruine nos paysages comme notre économie voir notre pensée ! Cette doctrine du libre-échange, de la libre circulation des biens et des gens, des services et capitaux, donc du mondialisme, transforme les hommes en citoyens du monde, en évinçant les nations. Ce monde devient un immense magasin, un village planétaire où règne le terrible nomadisme des délocalisations, fruit de la misère sociale et de la souffrance des hommes. La France devenant un hôtel pour fortunés dans un vaste marché mondialisé : « aux pauvres pour se faire une santé ? De vendre leurs organes sur le marché ! Et, si cela ne suffit pas, de mettre en vente leurs enfants pour survivre » (Murray Rothbard)
Cette nouvelle industrialisation déporte les populations d’un bout à l’autre de la planète où numéroté, interchangeable, chacun devra s’adapter et vivre n’importe où, au gré des besoins de « Big-brother » et du grand patronat apatride. Le bonheur d’hier résidait dans le bien octroyé autour de soi, de sa famille et de son métier, l’élévation spirituelle, aujourd’hui, réside dans la possession du dernier IPhone, du bonheur par l’objet. Le cosmopolitisme matérialiste manipule et créé des besoins au gré des nouvelles technologies suscitant chez nous par la publicité, l’envie et l’intérêt. Souvenez-vous du libéral Patrick Le Lay disant « Le métier de TF1, c’est de vendre à Coca-Cola du temps de cerveau disponible… »
Les revues, journaux, livres et médias, aux ordres du pouvoir servent de courroie de transmission. Il est ainsi facile de montrer du doigt et de traiter de ringard quiconque se refuse d’entrer dans le moule. Regardons ces cités contemporaines et la tristesse de leurs façades, transpirant l’idéologie qui les inspire. Bref construire et faire comprendre que le nomadisme et l’instabilité sera la fin économique des hommes, de tout pays, au service du libéralisme. C’est le degré zéro, dit David Orbach, de l’expression culturelle se voulant universelle. Une construction intellectuelle abstraite, une véritable guerre contre les autres cultures. Les containers empilés (Havre, Amsterdam) représentent le stade ultime du concept nomade : empiler et conditionner les gens dans des boites à marchandises…
D’ailleurs l’agriculteur biologiste Pierre Rabhi dénonçait avec justesse cette mentalité de boîte : « De la maternelle à l’Université, nous sommes enfermés, ensuite tout le monde travaille dans des boîtes. Même pour s’amuser on va en boîte, assis dans sa caisse. Enfin, on a la boîte à vieux quand on n’en peut plus, qu’on est usé, avant de nous mettre dans une dernière boîte, la boîte définitive. »
Au regard de la médiocrité exceptionnelle de l’urbanisme contemporain, l’écrivain Alain Paucard exprimait son indignation en ces termes :
« J’aimerais embarquer tous les criminels de Créteil, de Marne-la-Vallée et d’ailleurs, à coups de crosse dans un wagon plombé, direction Versailles. Puisque vous ne savez rien faire, recopiez Versailles ! Pas le château, non, ce serait trop vous demander et l’effort vous tuerait, la ville, ce sera suffisant. Mais attention, quand je dis recopier, c’est recopier. Le même matériau, la même hauteur de plafond, etc. Contentez-vous de recopier et surtout, SURTOUT, pas d’initiatives ! […] Je ne vois qu’une mauvaise raison à cette fâcheuse volonté nivellatrice : la démocratie. L’histoire de l’architecture moderne se confond avec celle de la démocratie.»
A. Paucard – Les Criminels du béton, Les Belles Lettres, 1991 – p144 et 148
Plus qu’un simple recopiage proposé par Alain Paucard, nous préconisons pour notre part, le respect des enseignements de l’architecte romain Vitruve. Son traité, De Architectura contient les bases les plus essentielles à respecter pour ce qui est de la science architecturale. On y apprend par exemple que l’architecture consiste en cinq choses : maîtriser l’ordonnance, la disposition, l’eurythmie, la symétrie, la convenance et la distribution.
Pour Vitruve, voici quelles doivent être les qualités de l’architecte :
« Il faut qu’il ait de la facilité pour la rédaction, de l’habileté dans le dessin, des connaissances en géométrie ; il doit avoir quelque teinture de l’optique, posséder à fond l’arithmétique, être versé dans l’histoire, s’être livré avec attention à l’étude de la philosophie, connaître la musique, n’être point étranger à la médecine, à la jurisprudence, être au courant de la science astronomique, qui nous initie aux mouvements du ciel. »
– De architectura Livre I – De l’architecture ; qualités de l’architecte. Par Vitruve
Dans son traité, Vitruve explique les raisons pour lesquelles un architecte se doit de maîtriser au minimum toutes ces connaissances. Nous retiendrons surtout sa justification de l’étude de la philosophie :
• « La philosophie en élevant l’âme de l’architecte, elle lui ôtera toute arrogance. Elle le rendra traitable, et, ce qui est plus important encore, juste, fidèle et désintéressé : car il n’est point d’ouvrage qui puisse véritablement se faire sans fidélité, sans intégrité, sans désintéressement. L’architecte doit moins songer à s’enrichir par des présents qu’à acquérir une réputation digne d’une profession si honorable. Tels sont les préceptes de la philosophie. »
– De architectura Livre I – De l’architecture ; qualités de l’architecte. Par Vitruve
Plus d’un architecte à ce jour devrait s’en inspirer…
Nous vous invitons à prendre connaissance de ce remarquable traité ainsi que l’analyse critique qu’en a fait l’architecte français Claude Perrault au XVIIè siècle.
S’inspirer de Vitruve signifie-t-il qu’il faille construire comme les architectes de l’Antiquité ? Ce retour à l’architecture antique est déjà arrivé dans notre histoire avec la période que l’on nomme Renaissance. Si nous sommes assez critique sur cette période d’un point de vu religieux et philosophique, il n’en demeure pas moins que son aspect architectural, inspiré de l’Antiquité classique est assez exceptionnel. Néanmoins, il n’est pas dans notre objectif de proposer un urbanisme qui ne soit qu’une pâle imitation de telle ou telle civilisation du passé malgré la beauté et la grandeur attestées. Le poète philosophe français Paul Valéry disait : « La véritable tradition, ce n’est pas de refaire ce que les autres ont fait, mais de retrouver l’esprit qui a fait ces choses et qui en ferait d’autres, dans d’autres temps » Nous faisons nôtre ce principe-là, associé entre autre aux enseignements de Vitruve. Et c’est sur ces critères-là qu’à l’avenir, les futurs architectes traditionnels devront s’atteler à œuvrer pour la grandeur du Royaume de France et le bien-être des citoyens. Le principe est simple, retrouver le chemin perdu du vrai, du bien et du beau, bref du naturel et arrêter de vouloir imposer ou changer l’homme. Il faut retrouver des architectures dont les courbes restent en harmonie avec l’environnement. Il faut en exclure toute forme de pollution afin de respecter la terre qui nous nourrit et qui doit être préservée pour les générations futures. C’est une philosophie de la vie, un esthétisme même, une pensée qui empiriquement prend ses racines au profond de notre histoire et du sacrifice des hommes qui nous ont précédés. Bien loin des critères du nomadisme mondialiste imposant des architectures faisant « rupture avec l’histoire, la société, le site, les traditions techniques et figuratives. »
Notre jour viendra !
« En ces temps d’imposture universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire. »
George Orwell
P-P Blancher et Frédéric Winkler