Le thème de l’insécurité sociale est trop largement sous-estimé dans le débat présidentiel actuel, et il faut le regretter : non que l’on n’en parle pas, mais il n’est abordé, principalement, que sous l’angle de la poussée inflationniste et de la perte de pouvoir d’achat des consommateurs et, de façon trop discrète, sous celui, moins prégnant dans la campagne, de la désindustrialisation dévastatrice et de la nécessaire réindustrialisation, souvent promise et jamais vraiment engagée… Or, l’insécurité sociale, c’est aussi le risque au travail et ses formes les plus dramatiques, les accidents du travail. Un livre récent vient nous le redire, intitulé : « Accidents du travail. Des morts et des blessés invisibles », souligné d’un sous-titre terrible : « 14 morts, 12.500 blessés par semaine en France » (livre signé de Véronique Daubas-Letourneux, 310 pages, édité chez Bayard) ! Chiffres terribles, jamais évoqués dans les grands médias audiovisuels à ma connaissance, et qui peuvent (et doivent) inciter à la réflexion, sans négliger le recueillement possible pour les victimes de ces drames ! Un petit calcul montrera aussi l’ampleur de cette question, celui qui consiste à rapporter ces chiffres hebdomadaires à l’année entière : plus de 700 morts et environ 650.000 blessés sur le lieu du travail chaque année… Bien sûr, tous les métiers ne sont pas concernés de la même manière : peu de cadres et de professeurs, mais nombre d’ouvriers (principalement du bâtiment avec 14 % des accidents et 19 % des décès, des transports et de l’agroalimentaire), ainsi que de la main-d’œuvre féminine des services de soins.
Dans un article publié par La Croix L’Hebdo dans son numéro du samedi 22-dimanche 23 janvier 2021 et qui évoque ce livre, Antoine d’Abbundo résume les données chiffrées du sujet : « En Europe, une enquête de 2007 relève que plus de 3 % des travailleurs de l’Union – soit 7 millions de personnes – ont eu un accident dans l’année précédente. En ce domaine, la place qu’occupe la France n’est guère enviable. En 2012, elle se classait à l’avant-dernière place des Etats membres avec un taux d’incidence de plus de 3 000 accidents graves pour 100 000 travailleurs. En 2019, le secteur privé enregistrait encore 733 morts sur l’année, hors accidents sur le trajet (…). » Cela a d’ailleurs des conséquences sur les chantiers du bâtiment eux-mêmes, comme le souligne à La Croix (vendredi 14 janvier 2022) l’assurance-maladie : « Pour les entreprises du secteur, les arrêts de travail pour cause d’accidents représentent l’équivalent de 36 000 emplois à temps plein » et de « 5 % du coût total des bâtiments », des chiffres qui, de surcroît en cette période de tension de sortie de crise sanitaire, ne sont pas négligeables !
Quelles causes à ces accidents du travail beaucoup trop fréquents aujourd’hui ? Selon l’enseignante Véronique Daubas-Letourneux citée par La Croix L’Hebdo, « la montée, depuis quelques décennies, d’un management « à l’objectif » – et les cadences qui vont avec – comme la précarisation des statuts, en particulier chez les jeunes, accroissent la pression sur les travailleurs et les rendent plus vulnérables. Ce qui explique sans doute pourquoi, après une baisse continue du nombre d’accidents de 1950 à 2000, l’indice de fréquence et le taux de gravité ont tendance à repartir à la hausse. »
Que faire, dès maintenant, pour éviter au maximum que la mortalité au travail n’augmente ? Multiplier les interventions de l’inspection du travail qui, en 2019, « ont ainsi mis fin à 4 632 chantiers jugés dangereux », est une nécessité mais qui ne peut se faire efficacement que s’il existe une véritable stratégie de recrutement et de formation de nouveaux inspecteurs du travail, ainsi qu’une mise sous pression des entreprises qui utilisent des sous-traitants, en améliorant la « traçabilité » de ces derniers et leur encadrement pour leur éviter une trop grande exposition aux dangers ; retracer les contours d’une véritable politique de santé et de prévention des risques liés aux activités professionnelles ; responsabiliser les entreprises, leur direction et leur encadrement, pour mieux sécuriser les espaces de travail et préserver les travailleurs eux-mêmes ; etc. (liste de propositions non exhaustive, évidemment).
Bien sûr, toute activité professionnelle comporte des risques et le « zéro accident » est impossible, ne serait-ce que parce qu’il y aura toujours cette part d’impondérable et du « triste hasard », qui s’avère parfois mortel. Mais, il est tout à fait possible de faire baisser le nombre d’accidents professionnels et de limiter les risques (ou de les prévenir). Il ne s’agit pas d’entraver la vie des chantiers ou des usines par des lois supplémentaires mais juste de faire appliquer celles qui existent déjà, sans tomber dans un formalisme inutile et contre-productif. Mais, au-delà, il est une philosophie qu’il faut appliquer au monde du Travail, dans un esprit à la fois corporatif et « personnaliste » : considérer que l’économie doit être au service des hommes, et non l’inverse (ce qu’a rappelé le pape Jean-Paul II, dans l’encyclique Laborem Exercens sur le travail, en 1981), et qu’elle ne doit pas négliger ce qui fait, aussi, l’équilibre d’une société, c’est-à-dire l’intégrité physique et mentale des travailleurs.
Jean-Philippe Chauvin
Avant que de faire la Monarchie…
« Avant que de faire la Monarchie, encore faut-il la penser et la vouloir, et démontrer en quoi elle peut être plus efficace, plus crédible et plus humaine que l’actuelle République dont, néanmoins, je ne méconnais pas les quelques aspects monarchiques qu’il s’agit de rendre à leur cadre institutionnel naturel et logique. Détruire, même intellectuellement, ce qui existe sans vouloir penser la suite et la fondation d’un nouveau régime serait contre-productif et faire preuve d’un nihilisme qui n’est pas et ne sera jamais mien. La Monarchie n’est pas une « revanche » sur la République, et ce passé républicain (aussi condamnable que puisse être la République) qui appartient désormais au patrimoine national ne peut être rayé d’un coup de stylo ou en arrachant quelques pages aux manuels d’histoire : au contraire, il s’agit d’en tirer les leçons et d’assumer (sans en accepter les formes et les fautes) cette part, non négligeable, de l’Histoire de France. Assumer ne veut pas dire encenser ni même excuser, mais dépasser « le moment républicain » pour enraciner la nouvelle Monarchie dans un temps long qui ne peut faire l’impasse sur plus de deux siècles d’expériences et, parfois, d’espérances institutionnelles. »
Jean-Philippe Chauvin
La lutte contre la pauvreté, grande oubliée de la présidence Macron.
L’élection présidentielle est l’occasion de tirer un bilan du quinquennat de M. Macron, au-delà des effets d’annonce et des fumées de la communication, et la Fédération protestante de France n’a pas manqué à cet exercice qui n’est pas que comptable. Cela est d’autant plus intéressant que cette Fédération se veut une « vigie de la République » et qu’elle donne, pourtant, de nombreux arguments qui paraissent parfois moins républicains que leur affirmation précédente pourrait le laisser croire… Bien sûr (si je puis dire, au regard de ses engagements précédents dans le temps), elle prône un accueil des migrants qui, à bien les lire, confine à une forme de fatalisme : celui-ci, à se croire généreux, n’en est pas moins démagogique, voire dangereux si l’accueil n’est pas accompagné d’une véritable politique de francisation des nouveaux arrivants et non d’une simple « insertion » dans la société de consommation, si vide de sens qu’elle nourrit d’abord, aujourd’hui, les appétits, et les rancœurs quand ces derniers ne sont pas assouvis… « L’acceptation de l’altérité », vantée par la Fédération, ne doit pas être l’excuse du renoncement à faire valoir quelques valeurs du pays d’accueil, et je crains qu’elle ne s’accompagne, en fait, d’un déni de réalité et d’une incapacité à réenraciner les déracinés accueillis, comme si « l’ouverture aux autres » empêchait de penser les cadres solides d’un accueil circonstancié et les limites, nécessaires, à l’altérité venue d’ailleurs. Cette position « ouverte » de la Fédération protestante paraît aussi un peu étrange, au regard du jacobinisme ancien de la République dont elle se réclame, jacobinisme dont les provinces de France eurent tant à souffrir : doit-on rappeler, une fois de plus, comment la République, en sa logique centralisatrice et unitariste (uniformisatrice, en somme), a nié, longtemps, la pluralité des peuples de France au nom d’une formule d’« unité et indivisibilité » guère respectueuse de « l’altérité » des provinciaux, pourtant Français, selon les endroits considérés, depuis bien des siècles ? Il est fort regrettable que la Fédération protestante semble ne rien dire de ce qui fait la nation française, non pas en « grands principes » mais en histoire et en civilisation, et qu’elle « oublie », dans le même mouvement, cette attitude déplorable de la République face aux identités provinciales, ces marques immémoriales de la pluralité française (une formule d’ailleurs préférable à une « altérité » aux contours trop incertains pour être vraiment honnêtes)…
Il est un autre thème abordé par la Fédération qui mérite l’attention et un certain accord de ma part : celui sur la pauvreté, un sujet fort peu abordé dans cette campagne présidentielle et qui, pourtant, n’est pas mineur, loin de là ! En 2014, lors de ma campagne européenne sous la bannière de l’Alliance Royale, j’en avais fait un point fort et incontournable de mon message royaliste, sans grand succès d’ailleurs : la pauvreté n’intéresse pas, sans doute parce qu’elle inquiète, et les électeurs ne se déterminent pas sur ce thème, faute de croire que les politiques puissent résoudre cette grande question autrement que par quelques pansements ou le recours aux associations charitables telles que le Secours catholique ou les Restos du cœur. Et pourtant ! Je crois qu’il y a un devoir de l’Etat de prendre soin des pauvres, non par l’assistanat, un piège coûteux et peu efficace, mais par la lutte contre les causes de la pauvreté contrainte et par le soutien aux initiatives sociales, locales ou (et, parfois) professionnelles, qui peuvent assurer un meilleur partage des produits du travail et de la richesse et une meilleure intégration sociale de tous, quelles que soient leur fonction productive dans la Cité. Or, en ce domaine, le quinquennat de M. Macron n’a guère été convaincant, comme le souligne avec raison la Fédération protestante, citée dans un article du Figaro de ce lundi 31 janvier : « En cinq ans, le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté a augmenté », touchant 15 % de la population, soit près de 10 millions de personnes, « alors qu’Emmanuel Macron s’était engagé à ce que plus personne ne dorme dans la rue ». » Bien sûr, la crise sanitaire n’a pas forcément arrangé les choses, mais il faut reconnaître aussi que le libéralisme premier du président et de la République qui, depuis plus de quarante ans, a renoncé à développer une stratégie politique digne de ce nom contre les nouvelles précarités, peut expliquer ce désintérêt pour une cause qui ne mobilise pas les foules, de plus en plus inscrites dans une logique d’individualisme « de masse ».
Mais ce scandale social de la paupérisation contemporaine est-il si étonnant, au regard de l’histoire de la République qui, en définitive, n’a été « sociale » qu’en de courts moments (février 1848 ; 1936 ; 1944-45 ; etc.), et cela malgré la volonté de quelques uns qui, en fait, n’étaient pas tous républicains : Louis Blanc, socialiste, ou Albert de Mun, royaliste et catholique fervent, Jean Jaurès, Léon Blum, mais aussi le général de Gaulle, lecteur du théoricien royaliste du corporatisme La Tour du Pin, et catholique exigeant pour qui les devoirs sociaux des plus aisés prévalaient sur leurs droits économiques… La République n’a jamais été spontanément sociale, et elle ne l’est jamais restée longtemps… En revanche, elle a fondé un « Etat-providence » qui pensait régler par l’assistanat légalisé ce qu’elle n’avait pas le courage d’affronter par la volonté politique. La Fédération protestante le reconnaît implicitement quand elle déclare que « la fraternité désigne la promesse la plus délaissée de notre devise républicaine »… Délaissée aussi par les candidats de 2022, semble-t-il…
Doit-on attendre l’instauration d’une nouvelle Monarchie en France pour agir contre le paupérisme et le précariat ? Non, évidemment non ! Mais il est absolument désespérant tout autant que révélateur que les 10 millions de Français (dont nombre sont aussi de « nouveaux venus ») touchés par la pauvreté contrainte et le précariat n’aient aucun « porte-parole » en ces temps de présidentielle. Et pourtant ! Ne négligeons pas la phrase célèbre de Georges Bernanos, ce royaliste intraitable et en colère permanente contre les injustices de son temps : « Le pas des mendiants fera trembler le monde ! » Cette citation, que feu François-Régis Hutin répétait régulièrement dans ses éditoriaux du quotidien Ouest-France jadis, devrait alerter ceux qui prétendent aujourd’hui au fauteuil élyséen : oublier les pauvres (au sens de ceux qui se trouvent en dessous du seuil de pauvreté), dont nombre sont des travailleurs mal payés ou de petits artisans rejetés des métropoles mondialisées aux loyers trop élevés pour leur entreprise, c’est maintenir une insécurité et une injustice sociales qui peuvent, si l’on n’y apporte que des réponses méprisantes ou incomplètes, susciter de nouvelles colères et de nouvelles révoltes telles celles des Gilets jaunes en 2018, ou celles des banlieues déshéritées et trop souvent communautarisées (le communautarisme étant une mauvaise et dangereuse réponse au dilettantisme social de la République et à l’absence d’âme de la société de consommation) en 2005.
Jean-Philippe Chauvin
Post-scriptum : la critique est facile, mais l’art est difficile, dit-on avec une certaine raison. Un prochain article évoquera donc quelques propositions, que je fais suivant une logique royaliste sociale, sur les moyens d’atténuer les précarités contemporaines. Ce ne sont pas des solutions miraculeuses, mais quelques idées qui peuvent aider à la résolution de certaines situations de pauvreté contrainte. Ce combat, difficile, n’est pas vain et il est une pierre nécessaire dans la construction de la non moins nécessaire justice sociale sans laquelle il n’y a pas de société apaisée à long terme.
Les Royalistes sociaux contre la retraite à 67 ans, dès 2011.
En février 2011, Une douzaine de militants royalistes du Groupe d’Action Royaliste organisèrent à Paris, à côté de l’église Saint-Germain-des-Prés, la première manifestation publique et politique « contre la retraite à 67 ans », dans une indifférence quasi-générale, accueillis par des haussements d’épaules et une incrédulité qui, aujourd’hui, peut justement faire sourire au regard des propositions et des débats actuels qui évoquent des mesures similaires (mais est-ce vraiment un hasard ?) à celles que nous dénoncions alors de la part de la Commission européenne. Malheureusement, nous avions eu raison trop tôt, et je me souviens encore de ces syndicalistes enseignants avec lesquels je devisais au lycée et qui, eux, m’affirmaient que cela n’arriverait jamais, que leurs mobilisations seraient « à la hauteur de la provocation » si cette proposition venait à passer les portes de l’Assemblée nationale : que diraient-ils aujourd’hui, en fait ? Que pourraient-ils me dire, d’ailleurs ?
Voici, ci-dessous, l’article publié après cette manifestation royaliste et diffusé sur quelques sites monarchistes alors encore peu nombreux. Pour mémoire, comme l’on dit, mais pas seulement, en fait : malgré le rouleau-compresseur libéral et bien-pensant, le combat social royaliste, lui, continue, envers et contre le pire et l’injuste !
« Crier dans le désert ? »
J’étais samedi midi dans les rues de Paris pour protester contre le risque (fort, et désormais avéré) de relèvement de l’âge de la retraite à 67 ans, tracts du Groupe d’Action Royaliste en mains et paroles fortes dans la bouche pour alerter nos concitoyens. Je n’étais évidemment pas seul et quelques autres militants participaient à cette protestation de rue, bien décidés à se faire entendre, les jeunes femmes n’étant pas moins décidées que les « vieux » Camelots du Roi aux rides désormais bien prononcées… Si les uns sont plus proches de la cinquantaine que les autres, les inquiétudes sur les retraites futures sont pour tous ! Le sujet que nous évoquions n’est tout de même pas anodin, et il a de quoi inquiéter, au-delà même des royalistes !
Or, ce samedi-là, nous avons pu constater une certaine indifférence fataliste de la part des badauds qui jetaient un regard furtif sur nos affiches « Retraite à 67 ans ? Non ! », comme si tout était déjà fait, que l’on ne pouvait rien y faire, que ça ne servait à rien de se battre pour éviter cela…
D’autres, incrédules, haussaient les épaules : « Mais où êtes-vous aller chercher tout cela ? », et je leur montrais le titre de l’article du « Figaro », celui du 19 janvier dernier (2011), si explicite : « Zone euro : Berlin souhaiterait généraliser la retraite à 67 ans ».
Il est vrai que cet article se trouvait dans les pages saumon du « Figaro économie » qui ne sont pas les plus lues du quotidien libéral, et qu’il a fallu attendre un deuxième article de Jean Quatremer, journaliste de « Libération », repris par le site de « Marianne », pour entendre enfin quelques réactions, encore bien timides au regard de l’enjeu… Mais les syndicats sont toujours muets, absents, comme tétanisés par leur défaite de l’automne dernier. Quant aux socialistes, ils sont plutôt gênés aux entournures, leur lointain candidat potentiel (ndlr : à l’époque, les espoirs socialistes étaient incarnés par M. Dominique Strauss-Kahn, qui devait « tomber » en mai suivant, dans une sordide affaire de mœurs…) n’étant guère moins libéral que les députés socialistes allemands ou que les hiérarques de l’UMP. Et il est vrai aussi que le premier ministre socialiste espagnol a lui-même fait voter par ses parlementaires, ces derniers jours, le relèvement de l’âge légal de la retraite à… 67 ans, le même âge que celui que veut imposer le gouvernement allemand à toute la zone euro…
En attendant que les réactions se fassent plus vives et plus massives, plus « institutionnelles », c’est-à-dire plus politiciennes, je continue à dénoncer cette retraite à 67 ans que l’Allemagne nous promet par le biais de la « gouvernance européenne », au nom de « l’harmonisation européenne » et de la sauvegarde de la monnaie unique qui tourne à la « monnaie inique », au regard de l’injustice sociale qu’elle renforce scandaleusement, avec les meilleurs arguments économiques du monde, les pires au plan social…
Bien sûr, lorsque les colères syndicales, si longues à se réveiller en ce moment, éclateront, sans doute oubliera-t-on que les premiers à avoir crié dans la rue (et le désert…) contre la retraite à 67 ans étaient des royalistes, de ceux pour qui l’économie doit être au service des hommes plutôt que le contraire. Mais qu’importe ! Notre rôle n’est d’ailleurs pas seulement de chercher à réveiller, mais aussi de susciter, au-delà de la seule contestation, une forme nouvelle de chouannerie, éminemment sociale et profondément royale… Tâche difficile, mais pas forcément impossible : si les royalistes ne sont pas nombreux, ils n’en sont pas moins volontaires, sérieux et décidés à exister, à se faire entendre, à « oser rendre possible ce qui apparaît impossible »… Les « minorités énergiques » qu’appelait de ses vœux Maurras, en ses premières ardeurs royal-révolutionnaires des années 1900, restent à construire : elles ne suffiront pas forcément à faire l’histoire, mais elles peuvent jouer un rôle de déclencheur des changements et les orienter dans le sens d’une plus grande justice sociale, ce qui ne serait tout de même pas si mal…
En somme, de quoi ne pas regretter d’avoir crié quelques vingtaines de minutes à la sortie d’une bouche de métro parisienne…
Jean-Philippe Chauvin
(article rédigé et publié le 8 février 2011)
L’élection présidentielle ? Plutôt le Roi libre ! Et le Premier Ministre élu ?
Note préliminaire : la proposition ci-dessous n’engage pas, en tant que tel, le Groupe d’Action Royaliste. Mais il n’est pas inutile de penser ce que pourrait être, un jour, la nouvelle Monarchie instaurée, en toute liberté.
« Quelle chance d’être royaliste en période de présidentielle », me dit en souriant un collègue du lycée dans lequel j’ai l’honneur d’enseigner. Il est vrai que l’actuelle campagne électorale, pas encore officielle mais déjà bien (ou mal, d’ailleurs) engagée, n’a rien de réjouissant et de constructif quand, dans le même temps, la crise sanitaire monopolise les ondes et les esprits, comme une sorte d’immense « distraction » au sens premier du terme, c’est-à-dire comme moyen d’éluder tous les autres soucis ou sources de débats. De plus, le paysage électoral, s’il offre une belle diversité de couleurs politiques renforcée par la survenue de nouvelles figures, apparaît souvent comme trop chaotique pour enthousiasmer les électeurs et préparer un avenir français digne de ce nom : sans doute parce que nombre de Français ne se reconnaissent plus dans d’anciens clivages et qu’une partie non négligeable ne croit plus en les possibilités des politiques de « changer les choses ». Ce discrédit de la politique n’est pas vraiment surprenant quand on se rappelle des quatre décennies passées et des désillusions populaires qui firent suite au « tournant de la rigueur » de 1983 (qui fut aussi le temps du ralliement de la Gauche, mais aussi de la Droite anciennement gaulliste, à l’idéologie du néolibéralisme et de « l’Europe » supranationale et si peu sociale), et qui ont renforcé le « pays légal » (particulièrement dans les instances mondialisées et, parfois, bien peu politiques) sans contenter le « pays réel ». Mais la meilleure réponse est-elle l’abstention, cette « absence du peuple » qui, malgré ses scores parfois mirobolants, n’a absolument aucune influence sur le cours des choses ? Je ne le pense pas, et je ne renonce pas à « faire de la politique », non pour me plaindre éternellement et vanter un « c’était mieux avant » qui ne fait guère avancer les débats, mais pour proposer, discuter, convaincre de la nécessité de nouvelles institutions plus équilibrées et justes, ou, mieux, qui remettent la justice au cœur de la pratique institutionnelle par son inscription, non pas seulement formelle mais bien réelle, dans la logique institutionnelle.
Les débats actuels valorisés par les médias ne sont guère, il faut le dire, à la hauteur des enjeux de l’élection présidentielle : les petites phrases et les bons mots, les condamnations outrées et les postures indignées, les éclats de voix et l’occultation des problèmes… le spectacle est triste ! Et la politique dévalorisée, juste réduite à un jeu de communication quand elle devrait être, idéalement, une grande et profitable « disputatio » destinée à soulager les maux du temps et à assurer la justice, en particulier sociale. Et pourtant ! L’élection présidentielle reste l’occasion de parler politique et de confronter les idées sans négliger les réalités. Les citoyens, quels que soient leurs opinions et leurs souhaits, accordent souvent plus d’importance et d’intérêt à la « reine des élections » qui revient désormais tous les cinq ans qu’aux autres confrontations électorales, encore plus négligées depuis ces dernières décennies et particulièrement depuis deux ans, quand la préoccupation sanitaire a remplacé (avantageusement pour le gouvernement ?) tout autre souci…
Certains pourraient croire que le royaliste que je suis se réjouit de cette situation d’un débat présidentiel délétère qui, tout compte fait, confirme mes préventions à l’égard de la République « disputailleuse » : mais non, je ne suis guère heureux de ce spectacle parce que, s’il démontre à l’envi l’un des défauts majeurs de la République (voire plusieurs à la fois), il discrédite plus largement toute discussion politique et la politique elle-même, ainsi limitée à une foire d’empoigne et à un combat des ambitions personnelles quand il faudrait une ambition, au sens fort du terme, pour le pays et ses âmes.
Que peut, alors, faire un royaliste en cette période présidentielle ? Participer au débat, non pour attiser les querelles (elles sont bien assez nombreuses comme cela, non ?), mais pour avancer quelques idées, quelques arguments, et pas seulement pour parler des institutions, même si cela reste évidemment la motivation majeure du royaliste commun. Et, justement (et ce n’est pas contradictoire avec ce que je viens d’écrire à la phrase précédente), pour souligner aussi tout l’intérêt d’une Monarchie royale pour les temps contemporains, au-delà du combat environnemental, social ou universitaire… Car c’est bien cette dernière qui est la condition, dans notre pays, d’une « disputatio » politique apaisée et cadrée sans être forcément dépassionnée. En fait, en Monarchie, la « première place » institutionnelle étant « déjà » prise et occupée par le titulaire de la Couronne, cela assure à la fois la continuité et la pérennité de l’Etat à travers sa magistrature suprême tout en permettant débats et élections pour les autres degrés de l’Etat et pour toutes les institutions du pays, nationales, provinciales, communales, voire professionnelles et universitaires. A partir de là, d’ailleurs, il n’est pas impossible d’imaginer plusieurs principes d’organisations politiques et civiques du pays, et des modes de désignation qui puissent, aussi, être l’objet de débats, d’aménagements et d’évolutions au fil des générations, pour éviter un fixisme qui peut s’avérer déplorable et, même, contraire à toute tradition politique qui, et Maurras a eu le mérite de le souligner (même s’il n’a pas toujours été son propre disciple en ce domaine…), ne peut être que « critique » si elle veut vivre et se perpétuer.
La Monarchie royale établie éviterait cette querelle des egos qui revient tous les cinq ans, et nous épargnerait les flots de démagogie qui, trop souvent, submergent la scène médiatique sans que les spectateurs y croient vraiment. Ou, plutôt, elle préserverait la magistrature suprême de l’Etat de cette perpétuelle course à l’échalote qui fait valser les milliards avant que, une fois l’heureux élu titularisé président, les promesses redeviennent chiffons de papier remisés dans les archives parlementaires ou nationales…
Cela signifierait-il que le roi en fonction serait insensible aux débats électoraux et politiques qui peuvent animer, voire secouer le pays ? Non, il les écouterait sans doute mais sans y participer directement, dans une situation d’arbitrage à n’exercer que dans quelques occasions rares et particulières, statutairement définies, toujours dans le souci de préserver le pouvoir régalien et son incarnation de la Grande diplomatie française. En fait, le général de Gaulle, en son règne particulier (au-delà de ses défauts et des polémiques historiques), avait esquissé cette posture sans pouvoir l’incarner lui-même, ne serait-ce que du fait des circonstances et de sa désignation par les Grands électeurs en 1958 puis par les électeurs eux-mêmes en 1965, qui ne lui avaient renouvelé leur confiance qu’au second tour, au grand désespoir du général qui avait jusqu’alors pensé que sa « légitimité », née du 18 juin 1940, pouvait suffire à le faire adouber par le corps électoral. Néanmoins, la difficulté contemporaine est de « priver les électeurs de l’élection présidentielle » elle-même alors que, même s’ils sont de moins en moins nombreux à prendre le chemin des urnes, elle semble rester un « droit » auquel ils ne souhaitent pas renoncer comme l’indiquent de nombreuses enquêtes d’opinion et malgré les velléités de Sixième République portée par M. Mélenchon qui, si elle advenait, aurait pourtant ce même effet de « dégagement de la fonction présidentielle de la procédure électorale au suffrage universel direct ». Une solution simple serait donc de transférer l’élection au suffrage universel de la magistrature suprême de l’Etat, désormais non-élective et « dynastique » (royale, en somme), à la fonction primo-ministérielle et gouvernementale, sans calendrier limitatif strict mais avec une remise en cause bisannuelle, par exemple, et avec la possibilité, en cas de volonté des parlementaires ou d’une majorité claire du corps électoral, de procéder à une nouvelle élection au poste de Premier Ministre, en suivant un processus électoral de quelques semaines. L’avantage serait aussi de redonner du sens aux élections législatives qui, pouvant être couplées si le Premier Ministre ou le Roi du moment le souhaitait à celle du premier (Chef du gouvernement sans l’être de l’Etat), porteraient sur la confrontation de programmes plus que de personnes politiciennes et traceraient une carte plus démocratique que partitocratique. De plus, une Monarchie royale qui incarnerait l’unité française aurait plus de capacités pour « fédéraliser » la carte de la nation et rendre aux provinces (ou aux régions), aux communes et aux corps intermédiaires en général, des pouvoirs et les moyens de leur exercice, que notre actuelle République centralisatrice et métropolisée.
Ces quelques réflexions et propositions peuvent-elles former un programme institutionnel royaliste pour les décennies à venir ? Pourquoi pas, si l’on veut bien travailler, de façon réaliste et efficace, à la crédibilisation d’une Monarchie royale qui n’est pas qu’un idéal abstrait mais une nécessité politique à faire advenir dans un délai qu’il faut espérer à échelle humaine !
Post-scriptum : Ces quelques propositions pour une nouvelle Monarchie royale n’engagent évidemment que moi-même, et elles ont vocation à susciter le débat, non à le fermer…
Jean-Philippe Chauvin
2022, une année électorale pour rien ?
L’année 2022 est une année électorale, la présidentielle dominant les élections législatives sans forcément les écraser : s’il paraît bien illusoire de tenter des pronostics, il n’est pas interdit d’évoquer les différents schémas possibles, sachant qu’il est parfois fort utile (et prudent) de « prévoir l’imprévisible et d’attendre l’inattendu ». Ainsi, le temps électoral du printemps pourrait bien s’achever par une nouvelle cohabitation, la quatrième sous la Cinquième République que le général de Gaulle n’avait pas fondé pour cela, en fait sinon en Droit. Le scénario d’un président reconduit qui perdrait les élections législatives du lendemain n’est pas à exclure quand, dans le même temps, les espérances populistes (de droite comme de gauche) n’arrivent ni à convaincre vraiment ni à gagner certainement. En fait, le résultat présidentiel dépendra aussi largement du nombre de candidats ayant réussi à passer le filtre des 500 signatures, mais aussi des développements prochains de la crise sanitaire et de ses conséquences économiques et sociales, aujourd’hui largement amorties (mais de façon qui ne peut être que temporaire) par la politique du « quoi qu’il en coûte », utile sans doute mais périlleuse financièrement, la dette publique ne cessant de croître et d’embellir au fil des mois et des plans de sauvegarde…
Dans une centaine de jours, nous serons fixés, du moins pour la présidence de la République, et il faudra ensuite attendre quelques semaines encore avant la formation du gouvernement issu de l’alliance majoritaire en sièges à l’assemblée nationale. Je doute qu’il y ait alors un « état de grâce » pour le Pouvoir sorti des urnes, et je redoute (à moins que je ne l’espère, au moins pour certains de ses aspects politiques de possible refondation…) une après-élection compliquée, tant (sur le plan extérieur) du fait d’une Allemagne économiquement imposante et socialement rigide que des velléités états-uniennes de « casser les reins » de la France (M. Biden est un adversaire qui peut nous rappeler l’attitude détestable de Franklin Delano Roosevelt à l’égard de la France libre du général de Gaulle), et tant (sur le plan intérieur) des revendications libérales pour l’allongement du temps de travail (l’économiste Jean-Marc Daniel évoquait le fait que le dossier des retraites était quasiment « bouclé » du fait de l’endettement accéléré du pays conséquent à la crise sanitaire) que des ressentiments accumulés par des classes de Français actifs fragilisées par la globalisation et, par la même occasion, par la numérisation (l’artificialisation ? la « dématérialisation » ?) de la société, deux processus renforcés en ces temps étranges de Covid-19, un double phénomène que certains évoquent sous la formule de « grande réinitialisation », formule que l’on doit à Klaus Schwab, fondateur du forum de Davos…
Mais la campagne présidentielle aura-t-elle vraiment lieu ? Bien sûr, elle a déjà commencé depuis longtemps et le drame de la République quinquennale est sans doute que la France semble en « présidentielle permanente », au risque d’empêcher toute véritable politique de long terme et de, trop souvent, « cannibaliser » le travail de l’Etat. Mais, la campagne des « derniers mois » est ce moment particulier durant lequel a lieu le véritable « combat des chefs » dont il ne devra en rester qu’un ! En fait, la dépense d’énergies électorales pour la présidentielle est souvent un gaspillage de forces qui auraient été plus utiles pour le débat législatif, au niveau national comme au niveau local, et cette bagarre pour la magistrature suprême, en définitive, tend à déposséder les citoyens de leurs pouvoirs réels de peser sur la gestion de leurs espaces civiques de proximité : en étant « la reine des élections », la présidentielle renforce, non pas l’unité nationale, mais la centralisation politique, et il n’est pas surprenant de constater que la plupart des candidats à celle de 2022 sont des Parisiens, sinon de souche, du moins de « situation ». Cela ne serait pas forcément dérangeant si de véritables pouvoirs locaux, de décision et de création législative, existaient dans les régions et dans les communes, mais ce n’est pas vraiment le cas, sauf à la marge : l’actuelle crise sanitaire a confirmé cette centralisation et l’absence d’autonomie des pouvoirs locaux, au risque de provoquer incompréhensions et ressentiments dans les provinces. « Depuis le temps que Paris impose sa loi à ceux du Nord au Midi qui n’en veulent pas… », affirmait une vieille chanson des années 1970 (1), et le processus de métropolisation n’a, en définitive, fait que confirmer le rôle prépondérant de Paris dans la politique française tout en étendant « l’archipel métropolitain français » aux points cardinaux du pays et en asséchant un peu plus les territoires ruraux et les « périphéries », anciens réservoirs des colères populaires et enracinées, celles des Bonnets rouges de l’époque louisquatorzienne aux Gilets jaunes de 2018, des Vendéens et des Chouans de 1793 aux pêcheurs en révolte de 1995, etc.
Cette année électorale est l’occasion, en définitive, de rappeler tout ce qu’une Monarchie royale pourrait amener à notre pays et ce dont il pourrait le libérer. Cela sera l’occasion d’une prochaine note…
Notes : (1) : « Chouans, en avant », dans l’opéra rock « La Révolution française » présenté en 1974.
Contre l’extrémisme antichrétien, en Vendée comme ailleurs.
Une association d’extrémistes laïcistes veut faire enlever une statue de Saint-Michel en Vendée et a saisi la Justice pour appuyer sa démarche d’effacement de toute culture historique chrétienne. SAR Charles-Emmanuel, prince de Bourbon-Parme, a publié un communiqué sur cette affaire, communiqué que nous reproduisons ici. Sa colère est aussi la nôtre.
« Libres penseurs de Vendée ? certainement pas ! Leur intolérance et la haine se cachent sournoisement derrière le prétexte de défense de la Laïcité. Ce groupuscule borné, sectaire qui véhicule la détestation de la France, de ses racines, de ses mœurs, de ses traditions et de ses coutumes s’acharne et persécute les catholiques de France. Ils ont saisi le tribunal administratif pour enlever une statue de Saint-Michel, Saint Patron de la France, des parachutistes de notre Armée de Terre, vainqueur traditionnel de la bête immonde et du mal. Le tribunal administratif a ordonné au Maire de retirer dans les six mois la statue de l’Archange Saint-Michel, dans le quartier Saint-Michel qui trône sur le parvis de l’église Saint-Michel, place Saint-Michel dans la ville des Sables d’Olonne. Le maire avec bon sens a fait appel du jugement.
« Le jugement stipule qu’il faut « respecter les convictions de toutes les citoyennes et les citoyens », c’est par des affirmations de ce style que l’on peut envisager que la loi de la charia, pour ceux dont c’est la conviction pourrait, laisser obtenir gain de cause aux musulmans face aux lois de la France ! Les juges administratifs ont-ils conscience de la portée de leurs ordonnances ? qu’elles peuvent amener leur propre disparition. Sans oublier la complicité dans laquelle ils entraînent l’Etat par la persécution des catholiques. Rassurez-vous cet acte anti-chrétien ne comptera pas dans les statistiques (1052 l’année dernière).
Après l’attaque à Paris, d’une procession par les Antifas, l’attaque par les barbares à Nanterre d’une procession en l’honneur de Sainte-Marie, le jour de l’immaculée conception, c’est aux magistrats, payés par nos impôts, du tribunal administratif de procéder à la destruction et l’effacement de notre culture et de notre identité ! Les laïcistes radicaux « wokes » ou d’autres fanatiques, avec leurs méthodes de barbares « talibans » ont dans la même ville détruit une statuette de la vierge il y a quelques jours, et souillé un calvaire avec des excréments. Quel silence assourdissant des candidats en campagne… et de nos politiciens de tous bords. C’est trop facile de se ranger derrière le refus de commenter une décision de justice au risque de favoriser l’iniquité. Le relativisme médiatique, politique ou son refus de traitement est une forme de soumission.
« Pourquoi ne pas dissoudre ces associations extrémistes radicales, francophobes et intolérantes ? Combien de temps la France va-t-elle céder à cette déconstruction acharnée par ces groupuscules tyranniques et despotiques ? Les chrétiens sont les fidèles les plus persécutés dans le monde. Les pays communistes, islamistes, les Etats ou associations laïcistes, les mouvements comme le wokisme, les mafias sont les plus intenses dans la guerre contre la religion qui défend l’Amour. Il est temps de dénoncer, sur un pied d’égalité les actes anti-religieux en France : les 1052 contre les chrétiens, les 687 contre les juifs et les 154 contre les musulmans.
« La persécution des catholiques en France ne date pas d’hier, il est temps que cela cesse avant que les minorités prennent le pouvoir et instaurent une dictature qui nous réduira dans le pire des esclavagismes celui de l’asservissement de la pensée. »
20 décembre 2021.
Mieux vaut le Roi rassembleur que l’Urne diviseuse.
En ces temps de crises, sanitaire comme sociale, et de trouble, la Monarchie royale « à la française » pourrait bien permettre de conjuguer espérance et nécessité, tout en renouant avec le fil d’une histoire qui, tranché violemment hier, pourrait à nouveau réunir des Français aujourd’hui soucieux de concorde et de tranquillité, y compris politique…
Quelques arguments plaident en sa faveur comme celui de l’unité nationale au-delà des querelles politiques et des grands intérêts de ce qu’il n’est pas incongru de qualifier de féodalités financières et économiques : car le roi ne doit rien à un choix électoral forcément clivant et séparateur qui divise en clans idéologiques, et son indépendance vient du principe même de la transmission héréditaire de la magistrature suprême de l’État, la naissance ne pouvant s’acheter ou se forcer. Bien sûr, c’est l’argument parfois le plus difficile à entendre pour nous qui sommes habitués à choisir le Chef de l’État que nous semblons sacrer de notre vote avant que de le dénoncer dès les mois suivants dans un élan d’ingratitude qui, visiblement, n’appartient pas qu’aux princes…
Néanmoins, l’avantage de la succession royale est qu’elle accompagne le temps et qu’elle est l’humilité devant la nature humaine et ses propres limites : dans la tradition française, ce mode de transmission de la magistrature suprême de l’État se résume en une formule « Le roi est mort, vive le roi ! ». C’est-à-dire que c’est de la disparition physique du prédécesseur que naît le pouvoir du successeur. D’un drame, la mort, la royauté fait un passage vers une autre vie, une autre personne, celle-là même qui savait qu’un jour elle régnerait mais qui ne savait ni le jour ni l’heure, dans une incertitude qui, pourtant, n’ouvre pas vers l’inconnu mais vers le « prévu ». Cela explique l’autre formule traditionnelle de la royauté en France : « Le roi ne meurt jamais ». En effet, la mort physique d’un monarque n’est pas la mort de l’État, mais son renouvellement : le fils succède au père, naturellement, tel que cela était annoncé depuis sa naissance et son titre de dauphin. Quand la République déchire autour de l’urne, la Monarchie royale unit autour du cercueil, et du trône…
La France et l’Europe. Partie 3 : La vaine Union européenne ?
La France et l’Europe ne sont pas les seules dimensions du monde, et le monde n’obéit pas à la France ni à l’Europe, ce qui n’est pas si mal, en définitive : les civilisations sont diverses dans l’espace comme dans le temps, et résumer le monde à un seul mode d’appréhension de celui-ci serait une négation de ce qu’il est, depuis que les hommes existent « en société » (ce qui est d’ailleurs la condition même de la vie humaine, hormis pour les Robinson Crusoé et les ermites qui, par le fait ou la volonté assumée, se retrouvent seuls à assumer les contraintes et les joies de la vie). Pour autant, ne pas être le monde ne doit pas signifier y être indifférent ou vouloir s’en isoler comme pour préserver une « pureté » originelle qui, en fait, n’a jamais existé depuis que les hommes et les générations se succèdent sur notre bonne vieille Terre et, pour ce qui nous concerne, sur l’espace français, fort variable dans le temps mais, au regard d’aujourd’hui, « ni fini ni finissable », comme le constatait Pierre Boutang. La France est vivante et, si elle peut être mortelle, elle n’est pas entrée en agonie même si sa santé peut paraître, parfois, vacillante : les grandes fièvres révolutionnaires et napoléoniennes qui faillirent l’emporter, mais aussi toutes ces douleurs hexagonales et ultramarines qui, de temps à autre, affectent voire handicapent le pays, ont aussi, paradoxalement, prouvé la solidité, la résilience, les capacités de sursaut de la France, quoiqu’il arrive. Cela n’empêche nullement qu’il faille veiller, autant que faire se peut, à sa bonne santé et aux conditions de sa prospérité. Sans négliger que, au regard de son histoire et de son ontologie propre, « la France ne peut être la France sans la grandeur », ainsi que l’a maintes fois souligné le général de Gaulle et qu’il a repris dans « L’Appel », confirmant par la plume ce qu’il pensait dans la vie et pour l’histoire…
Les propositions de M. Macron pour sa présidence de l’Union européenne sont-elles compatibles avec la vision d’une France forte et indépendante ? Il est possible d’en douter, ne serait-ce que parce « l’Europe » ne croit plus en elle-même, ni en la possibilité de peser, géopolitiquement, sur les destinées du monde, et qu’elle semble même un facteur d’affaiblissement des Etats politiques la constituant : « quand on attend l’Union européenne, on risque d’attendre longtemps… », peut-on dire avec une pointe d’ironie, et ce constat est partagé par M. Julliard, pour s’en affliger, d’ailleurs. Tout cela s’accompagne d’une forme de soumission à l’égard des Etats-Unis, qui se marque par les achats fréquents et parfois exclusifs par certains pays de l’UE de matériel militaire états-unien : la récente acquisition de 64 appareils chasseurs F-35 pour une somme de 8,4 milliards d’euros par la Finlande a d’ailleurs provoqué une réaction logique de la part de l’entreprise française Dassault Aviation qui « prend acte de la décision souveraine des autorités finlandaises ». Pour ajouter ensuite : « Une fois encore, nous constatons et regrettons une préférence américaine en Europe. » Que, dans cette ambiance particulière, le président Macron veuille relancer le « projet Union européenne », n’est pas condamnable, évidemment, mais semble faire preuve, en fait, d’une grande naïveté en un temps où il n’est plus possible de l’être… Il n’y aura pas d’Europe indépendante et souveraine dans le cadre de l’Union européenne actuelle, c’est un fait même si cela peut aussi être un regret !
Jacques Julliard en est-il conscient ? Ce n’est pas impossible, en définitive : son constat sur l’état de l’UE est absolument terrible pour celle-ci, quand il avance que, dans les faits, « on la sent plus encline à faire la police à l’intérieur de ses frontières qu’à l’extérieur, plus prompte à morigéner les Polonais et les Hongrois qu’à contenir les Turcs ou les Algériens. Faut-il rappeler que la Turquie d’Erdogan continue non seulement de faire partie de l’Otan, mais persiste à se porter candidate à l’Union européenne ? Une puissance digne de ce nom ne se laisserait pas ainsi ridiculiser ». Mais, que peut faire une UE prisonnière, concrètement, des choix de l’Otan qui se prennent, tout aussi concrètement, à Washington plutôt que dans les capitales européennes ? « L’américanotropisme » de la plupart des pays de l’UE, qui a survécu à la Guerre froide pourtant finie depuis 30 ans, est un obstacle, autant géopolitique que mental, à l’indépendance des nations européennes et à leur « Union » : or, à l’heure de la montée des périls, cette dépendance à une puissance extérieure à l’Europe, mentalement comme sentimentalement, (au sens historique du terme), met en danger la pérennité même des sociétés du Vieux continent et, par là-même, celle de la France. N’est-ce pas la compréhension de ce risque qui est, en somme, le début de la sagesse et l’occasion d’une nouvelle stratégie « nationale » plus encore qu’européenne ?
En fait, l’une (nationale) n’est pas incompatible avec l’autre (européenne), ce que semble créditer Jacques Julliard dans un long paragraphe titré « La nation est de retour », évoquant cette donne politique et géopolitique européenne qui ne peut, désormais, être négligée par les dirigeants de l’Union, qu’ils siègent à Bruxelles ou dans les 27 capitales des pays « intégrés » : « C’est désormais un fait acquis et irréversible : l’Europe de demain ne sera pas, comme avaient pu l’imaginer ses fondateurs, une fédération d’individus dépassant les nations qui la composent, mais, selon l’expression de Jacques Delors, une « fédération d’Etats-nations ». » La formule « fédération d’Etats-nations » peut, certes, prêter à confusion et il convient alors de préciser (et de nuancer ?) les choses en reprenant la citation de M. Delors lui-même, comme le fait M. Julliard : « Grâce au mélange qu’elle incarne entre la légitimité des peuples et celle des Etats, entre unité et diversité, entre dimension politique et territoriale, une fédération d’Etats-nations est le seul modèle vers lequel devrait tendre la grande Europe ». Le terme « fédération » est-il, d’ailleurs, le plus approprié ou le plus souhaitable ? Les monarchistes français proches de l’Action Française ou ceux de la Nouvelle Action Royaliste sont restés hostiles à toute avancée du fédéralisme européen, et cela pour des raisons qui, le temps de l’expérience aidant, paraissent aujourd’hui plus que judicieuses et que, désormais, M. Julliard n’est pas loin de rejoindre : « Il faut même aller plus loin et affirmer que, sans des nations solides et fières de leur identité, l’Europe elle-même ne serait que la masse molle et flasque vers laquelle elle tend aujourd’hui. » En somme, cela rejoint la fameuse intervention du général de Gaulle du printemps 1962 sur l’Europe : « Dante, Goethe, Chateaubriand, appartiennent à toute l’Europe dans la mesure où ils étaient respectivement et éminemment Italien, Allemand et Français. Ils n’auraient pas beaucoup servi l’Europe s’ils avaient été des apatrides et s’ils avaient pensé, écrit en quelques espéranto ou volapük intégrés… »
Mais la construction européenne contemporaine, déconnectée des peuples, est-elle capable de renouer avec les nations historiques et avec les cultures enracinées ? La récente polémique autour d’un livret « de travail » (sic) issu de la Commission européenne (plus exactement d’un membre de celle-ci, Mme Helena Dalli), livret qui proposait de remplacer « Noël » par « vacances » pour mieux « inclure » les populations ne se reconnaissant pas dans les cultures chrétiennes et européennes traditionnelles, tend à montrer le désordre des pensées à la tête même de cette « Europe » que, jadis, l’on qualifiait de « vaticane » parce que, entre autres, elle avait choisi comme emblème les douze étoiles de la Vierge Marie. Or, ne pas assumer ce que l’on est pour complaire à « l’étranger » est le meilleur moyen de s’attirer, non ses bonnes grâces mais bien plutôt son mépris : l’Union européenne, si elle entend rester « inclusive » (au sens ancien du terme, et non dans sa version anglosaxonne « négationniste » des histoires et des « romans » nationaux) et, tout simplement, « survivre » (je ne parle pas de l’Europe en tant que continent et ensemble de civilisations communément reconnus par autrui et en son sein même par ses peuples partenaires ou adversaires), doit justement écarter toute tentation de se renier et être fière de ses particularités qui la distinguent des autres ensembles géopolitiques et civilisationnels : mais comme je l’ai dit plus haut, je doute que l’Union européenne telle qu’elle est aujourd’hui conçue (en particulier idéologiquement parlant) soit le meilleur cadre pour faire ce qui, pourtant, lui serait nécessaire pour retrouver force et crédibilité !
Ce qui est certain, c’est que, Union européenne ou pas, la France doit rappeler ce qu’elle est, sans hostilité à l’égard de ses voisins mais sans faiblesse, et valoriser son « projet national » qui n’est rien d’autre que la condition de son existence, de sa liberté et de son épanouissement, et la condition, aussi, d’une « Europe des nations » qui, pour le coup, pourra regarder vers le haut et vers l’horizon, et non vers son seul nombril…
(à suivre)
La France et l’Europe. Partie 2 : La fin de l’espérance européenne ?
L’Union européenne se signale aujourd’hui par une impuissance qui pourrait faire penser à son inexistence pure et simple, s’il n’y avait un drapeau, une monnaie unique et des discours qui font à peine frémir ce grand corps inerte : « L’Europe va-t-elle sortir de l’histoire ? », comme Jacques Julliard en évoque, crûment et de la manière la plus simple, la possibilité ? Le constat est dur, amer pour celui qui a été, un temps, un ardent partisan de cette construction européenne qui, désormais, s’apparente plutôt à une « déconstruction » de l’intérieur : « Pour la plupart de ses habitants, elle n’est plus une espérance, mais une vieille habitude. Si elle disparaissait dans la nuit, qui donc, en dehors de Bruxelles, s’en apercevrait au matin ? ». Je me souviens du printemps 1979, lors de la campagne pour la première élection du Parlement européen au suffrage universel direct : de grandes affiches de Folon évoquaient l’envol de l’Europe mais, de façon assez prophétique, l’être qui s’envolait ainsi avait des bras-ailes beaucoup trop grands et ils ressemblait plutôt à un ptéranodon, ce reptile volant de la préhistoire d’une envergure de 9 mètres, immense planeur qui ne se risquait pas trop à s’aventurer sur la terre ferme car il était alors une proie facile pour de nombreux prédateurs… Visiblement, « l’espoir européen » s’est cassé la figure, et depuis très longtemps ! Autre souvenir, de la même époque : les partisans du Parti des Forces Nouvelles (classé à l’extrême-droite par les médias) avaient publié une belle affiche clamant « victoire pour l’Europe » illustrée de la statue de la Victoire de Samothrace : sans tête, donc… Là encore, difficile, quatre décennies après, de ne pas y voir un de ces intersignes chers à Léon Daudet !
Malgré tout, l’espérance était là, et cela même si les gaullistes et les royalistes (de l’Action Française comme de la Nouvelle Action Royaliste) apparaissaient beaucoup plus circonspects, voire franchement hostiles à ce que dénonçait avec force Pierre Pujo (directeur de l’hebdomadaire maurrassien Aspects de la France de 1966 à sa mort, en 2007) sous la formule « Europe supranationale ». Mais, cette opposition restait marginale et trop peu écoutée, et la liste chiraquienne aux élections européennes de 1979 n’obtint qu’un score de 16 % des suffrages exprimés quand le Parti Communiste, aussi peu favorable (mais pour des raisons bien différentes) à cette construction européenne « capitaliste », en obtint 4 de plus. Les partis « européistes », dont M. Julliard était un soutien à travers son vote socialiste de l’époque, parurent alors l’emporter, et l’abstention restait minoritaire alors, à 39 % quand elle atteint, quarante ans après, 50 % après avoir culminé à 60 % en 2009… Mais la « forfaiture démocratique » intervenue au début de la présidence de M. Sarkozy, c’est-à-dire l’approbation presque unanime par le Parlement français d’un traité constitutionnel que les électeurs avaient rejeté trois ans auparavant en 2005 à près de 55 %, a sans doute « tué » l’espérance européenne, à moins que cela ne soit « l’éclatement diplomatique » de 2003 quand la France n’a pu rallier la majorité des pays de l’Union européenne à sa position (partagée par l’Allemagne de M. Schröder et la Russie de M. Poutine) de refus de l’intervention états-unienne en Irak, intervention qui fut, l’on s’en souvient, le « succès » (sic !) que l’on sait… Dans la salle des professeurs de mon lycée, un de mes collègues, géographe émérite et bon connaisseur des relations internationales et de la Construction européenne, avoua à haute voix son désarroi et annonça alors la « mort de l’Union européenne » en tant qu’espérance et que potentielle puissance. Seule la France avait eu l’audace de prôner l’idée et l’intention d’une « Europe-puissance » que nombre des capitales de l’Union ne prirent même pas la peine de traduire dans leurs langues respectives… Le rêve d’une alternative européenne à l’hégémonie états-unienne s’évanouit alors, et les dernières déclarations du secrétaire général de l’Otan, M. Jens Stoltenberg, semblent le dissiper définitivement, en expliquant en octobre dernier que « toute tentative d’affaiblir le lien transatlantique en créant des structures alternatives (…) va non seulement affaiblir l’Otan, mais (…) va diviser l’Europe » et qu’il ne croyait pas (comprendre : ne souhaitait pas…) « aux efforts pour créer quelque chose en dehors du cadre de l’Otan, ou pour concurrencer ou dupliquer l’Otan ». En somme, les pays de l’Union européenne ne doivent ni espérer ni même penser à une Défense propre de l’UE par ses propres forces militaires locales, et doivent accepter « pour leur bien » cette entière vassalisation aux Etats-Unis, les soldats des pays d’Europe étant appelés à servir « l’ost » otanien sous suzeraineté de Washington… Cela aurait dû faire bondir ceux qui parlent de « l’Europe » à tout bout de champ comme de notre seul horizon institutionnel et géopolitique possible : mais rien ne vint, rien ne vient de leur part, comme d’habitude en fait !
Si, comme l’évoque M. Julliard, l’espérance a disparu au profit de l’habitude, alors le sort de l’Union européenne est scellé : rien ne se fait sans un minimum de passion, au-delà même de la raison nécessaire pour la canaliser et, sans sentiment à son égard, c’est bien l’indifférence qui, insidieusement, mine tout l’édifice institutionnel et, au-delà, les fondations mêmes, historiques, littéraires et sentimentales de l’Europe millénaire, non pas ensemble administratif mais terres (au pluriel) de civilisations et de cultures, d’esprits et d’âmes au sens fort du terme, cet ensemble dont les frontières restent parfois bien difficiles à cerner et à définir. Mais, l’Union européenne est-elle encore cette espérance européenne dont rêvait, hier, M. Julliard ? A le lire, il est possible d’en douter. En fait, l’Union européenne est effectivement devenue une habitude, mais elle n’apparaît pas (ou plus ?) comme une évidence « naturelle » : le départ du Royaume-Uni ; le refus persistant d’entrer dans l’Union, régulièrement rappelé par les opinions publiques de pays comme la Suisse et la Norvège ; l’absence d’une unité (d’une identité ?) discernable ou définissable… tout cela (et beaucoup d’autres éléments) illustre cette absence d’espérance, autant pour aujourd’hui que pour le lendemain. Autant les nations sont visibles, intelligibles et sensibles, autant « l’Europe de Bruxelles » (dont le portefeuille est à Francfort et le téléphone à Berlin) n’évoque rien au cœur des Européens et encore moins, politiquement parlant, aux yeux de ses partenaires, concurrents ou (et ?) adversaires. Julliard en fait, d’une certaine manière, le constat : « (…) Les Européens convaincus confessent, au vu de ce qu’elle fait, et surtout de ce qu’elle ne fait pas, qu’elle n’est pas vraiment digne des espoirs qu’on avait mis en elle et des sacrifices qu’on lui avait consentis ». Qui, aujourd’hui, serait prêt à « mourir pour l’Europe » ? Comme disait un slogan issu de Mai 68, « on n’est pas amoureux d’un taux de croissance », et pas plus d’un « ensemble de bureaux », quels que puissent être ses moquettes et son papier peint étoilé…
Le « désamour européen » est-il, au regard des réalités tristes et conformistes de cette Union sans grandeur et sans destin, une si mauvaise nouvelle que cela ? En fait, tout dépend évidemment de ce que l’on entend par « Europe », et si ce désamour ne s’applique qu’à la « superstructure de l’UE », à ce qu’il n’est pas incorrect de baptiser de la formule « Europe légale », c’est même une bonne nouvelle ! Que l’illusion européiste se dissipe enfin, au moins aux yeux de quelques « éveilleurs de conscience » comme M. Julliard, cela me sied. Pour autant, prenons garde de ne pas lâcher la proie pour l’ombre : une critique de l’Union européenne actuelle qui ne serait pas motivée et qui se contenterait d’être une simple manifestation de nihilisme « anti-européen » serait encore plus dangereuse pour l’avenir de nos nations et de ce que nous aimons.
(à suivre)