(Cet article a été écrit quelques semaines à peine avant la chute de Kaboul, survenue le 15 août)
Dans quelques semaines, les dernières troupes états-uniennes auront quitté l’Afghanistan, mis à part quelques instructeurs et conseillers de l’armée afghane, et les Afghans seront livrés à leur destin qui pourrait bien prendre les couleurs, plutôt sinistres, des talibans déjà maîtres de la majeure partie du pays. Cette « déroute de l’Occident », comme l’évoque l’hebdomadaire Le Point cette semaine, ne doit pas être négligée et elle doit même servir de leçon, même si les Démocraties semblent avoir perdu le sens de la durée et, peut-être, le sens des choses, préférant le mol oreiller de l’indifférence et de la « bonne conscience » (sic !), plus pratique pour étouffer les réalités qui dérangent.
La principale leçon à tirer (ou à retirer) est que la politique des bons sentiments n’est pas une politique en tant que telle, et que la morale (ou l’émotion ? L’intervention occidentale était censée répondre aux attentats du 11 septembre aux Etats-Unis), si elle peut « légitimer » (mais est-ce le bon verbe ?) une opération militaire, ne peut fonder un nouveau régime politique. Dans Le Point, le diplomate Gérard Araud explique « pourquoi la démocratie ne peut jamais s’imposer, ni s’improviser », et cela nous rappelle aussi que nos révolutionnaires de 1789 avaient utilisé les plus grandes violences (jusqu’à la terreur la plus extrême des années 1793-94, et l’extermination de populations récalcitrantes) pour imposer « leur » conception de la Nation (avec majuscule obligatoire) et « leur » République qui, au demeurant, n’était pas forcément celle du voisin… « Des guerres occidentales pour une vision occidentale du monde se sont heurtées aux dures réalités de sociétés qui sont capables de gagner les premières et de refuser la seconde. » C’est donc « l’échec d’une force occidentale supérieure par la technologie, l’armement, l’entraînement des soldats et la faillite d’une politique aux bonnes intentions, qui visait à instaurer dans ces trois pays (ndlr : Irak, Afghanistan, Mali) une démocratie respectueuse des droits de l’homme et de l’égalité des sexes ». Pourtant, les Etats-Unis et leurs alliés pensaient pouvoir reproduire sans trop de difficultés le schéma de la Seconde guerre mondiale et, surtout, de sa « réussite démocratique » en Allemagne (de l’Ouest) et au Japon après 1945, oubliant qu’il y avait là, déjà, des Etats politiques constitués et un sentiment national que les guerres et les défaites avaient, somme toute, renforcés. Ce n’était pas exactement le même cas de figure dans ces pays du Sud dont l’unité tenait parfois à un « sacré » local ou historique que l’Occident n’a pas su apprécier et savamment utiliser… Ainsi, le refus définitif des Etats-Unis de restaurer comme chef d’Etat celui qui avait été, quarante ans durant, le roi d’Afghanistan (Zaher Shah, décédé en 2007) et qui était respecté par les clans et les populations afghanes au-delà de leurs différences ethniques, voire religieuses, a sans doute largement contribué à l’échec final des tentatives de pacification occidentales : quand un conquérant ou un « envahisseur » (selon les points de vue, fort tranchés sur cette question) oublie l’histoire pour ne privilégier qu’une conception morale de la politique ou son seul intérêt « égo-politique » (plus encore que géopolitique), la réussite est fort douteuse et rentre même dans le domaine de l’utopie, c’est-à-dire de la construction d’un cadre politique et d’une société rêvée sur les sables mouvants d’une réalité qui, en fait, se dérobe… C’est ce qu’avait d’ailleurs compris le président états-unien Truman en 1945 en laissant l’empereur Hiro-Hito sur le trône du Japon tout en faisant condamner à mort ses principaux ministres et généraux accusés de crimes de guerre sur la période 1928-1945. George W. Bush et ses « faucons », perdus dans leur croyance en une irrémédiable « fin de l’histoire » qui aurait été favorable au modèle politique et de société états-unien, n’ont pas eu l’intelligence de leur prédécesseur, successeur légal et malin de Roosevelt.
Pourtant, au début des années 2000, l’illusion était belle : « Il était néanmoins légitime d’espérer, à Washington, à Bruxelles ou à Paris, qu’Irakiens, Afghans et Maliens se joindraient aux forces venues les libérer de l’oppresseur et leur apporter les bienfaits de la démocratie ; ils auraient pu tirer parti des élections pour se doter d’institutions solides et de dirigeants intègres. S’ils ne l’ont pas fait, c’est parce qu’ils n’étaient pas préparés à passer sans transition d’une société autoritaire et patriarcale à une démocratie. » L’un des problèmes réside aussi dans la définition même de « démocratie » qui, en fait, ne peut être la même partout au risque de se renier elle-même si elle est définie, par exemple, par un modèle institutionnel fonctionnant sur la règle majoritaire à intervalles réguliers (les élections) ; si elle est comprise comme un mode de vie social privilégiant l’individu et sa liberté personnelle au détriment de ce qui, dans le pays considéré, « fait corps et sens », elle apparaît aussi en contradiction avec la démocratie politique qui fait de la majorité exprimée du corps électoral (à un moment donné, majorité qui n’est pas forcément confirmée par le moment suivant) la source des lois et des contraintes légales, au-delà des enjeux proprement religieux. Ces difficultés n’ont pas été réglées par des interventions militaires qui se voulaient « démocratiques » mais paraissaient, dans le même temps, violer le principe même d’une politique souveraine des Etats considérés et envahis : les discours des Etats occidentaux n’étaient pas forcément illégitimes mais ils n’étaient pas non plus forcément compréhensibles par des populations locales qui oubliaient vite le bien accompli par les forces occidentales (la libération de leurs villages jusque-là occupés par des groupes armés belliqueux à leur égard, par exemple, et la mise à distance du péril des extrémistes islamistes ; etc.) pour n’en considérer que les côtés moins heureux, à tort ou à raison d’ailleurs.
« Les Occidentaux ont fait comme s’il suffisait d’édicter une Constitution et d’organiser des élections honnêtes pour voir fonctionner une démocratie. Il a fallu deux siècles aux Européens pour y parvenir tant bien que mal », et notre propre histoire nationale nous rappelle cet impératif du temps long pour enraciner des institutions ou des habitudes politiques qui « apaisent » les tensions toujours sensibles (et la période actuelle n’en est pas exempte, loin de là !) : ce n’est pas la Révolution qui a ancré la démocratie représentative (1) en France, mais bien plutôt les Monarchies qui l’ont suivie, avec la Charte et l’établissement d’assemblées (deux, au niveau national) qui « font les lois » (à défaut de toujours les inspirer) quand l’Etat les fait appliquer après les avoir promulguées et, souvent, « appelées » et préparées. Et les régimes suivants ont poursuivi ce long travail de « parlementarisation » de la vie politique, au risque parfois de faire basculer cette dernière dans un parlementarisme excessif et de mauvais aloi dont le général de Gaulle voudra, à son heure, libérer le pays par la Constitution de la Cinquième République. S’il n’est pas complètement assuré que la démocratie soit forcément « arrivée à bon port » (2), il n’est pas interdit de considérer que certains de ses acquis sont bénéfiques quand d’autres appellent la pratique d’une tradition critique, mais dans le cadre préexistant d’un pluralisme politique qu’il convient de préserver et, même, d’abonder, à rebours des tendances globalitaires des courants « d’effacement » contemporains…
Aurait-il fallu, au regard de nos traditions politiques et de leurs fortes contradictions d’avec les principes de vie de pays comme l’Afghanistan, l’Irak ou le Mali (entre autres), s’abstenir d’aller « mourir pour Kaboul » ou « pour Tombouctou » et, donc, préserver la vie de nos propres soldats, la France ayant payé un tribut très lourd ces dernières décennies dans les opérations extérieures et dans les actes terroristes frappant notre pays en son cœur (particulièrement en 2015-16) ? La tentation d’un désengagement complet de notre pays des affaires du monde pour se replier sur le pré carré français ou la construction européenne est forte et elle satisfait ceux qui ne voient plus dans les Etats que de simples gendarmes de la société de consommation et de distraction contemporaine (la fameuse « société distractionnaire » moquée par Philippe Muray) ; mais elle n’est pas, en fait, satisfaisante pour qui pense en termes de temps long et de pérennité d’un modèle de civilisation qui, pour imparfait qu’il soit, nous donne des raisons de vivre et nourrit encore les espérances d’une grande part de nos compatriotes qui ne limitent pas leur appartenance au pays à une simple question digestive… De plus, ces combats lointains s’inscrivent aussi dans la préservation de nos frontières, aussi éloignées soient-elles, et nous parlons, là, de la France : des frontières qui ne sont pas, d’ailleurs, que physiques mais symboliques, intellectuelles, civilisationnelles. « Le monde a besoin de la France », s’exclamait Georges Bernanos. Le général de Gaulle, son lecteur fidèle, le pensait aussi, maintenant ou relevant (malgré le déclin des décennies précédant son « règne ») le rang de la France dans le grand concert des nations, et cela malgré une stratégie qui, en Algérie, aurait sans doute pu être différente.
En fait, il me semble de plus en plus que l’erreur originelle est d’avoir trop « occidentalisé » les interventions extérieures, dans une logique états-unienne de « colonialisme démocratique » (qui, en temps de paix, porte le nom de « Développement », comme l’a justement signalé depuis fort longtemps le décroissant Serge Latouche), et cela au lieu de jouer la carte qui fut celle du militaire français Lyautey en son temps au Maroc, celle que l’on pourrait baptiser « l’adaptation conviviale » : s’appuyer sur les populations locales et sur leurs traditions pour les mener, peu à peu (même si le plus tôt serait le mieux), sur le chemin d’un « minimum politique » (en attendant et en espérant mieux, même si le calendrier peut être long dans certains pays et pour certaines populations avant d’atteindre les canons « universels » d’une vie politique pluraliste et apaisée souhaitable). Comme le souligne avec raison Gérard Araud : « on n’instaure une démocratie ni avec un marteau ni avec des baïonnettes, comme ont essayé de le faire en vain Américains et Français. On ne l’impose pas ; elle doit répondre aux besoins des populations même si elle ne correspond pas aux normes américaines et européennes ». Cela ne doit pas nous empêcher de prôner quelques uns des éléments (voire des fondements) de notre civilisation (en politique comme dans la vie sociale), mais sans les confondre avec la société de consommation qui oublie l’esprit ni avec la démocratie parlementaire et oligarchique qui ne correspond pas forcément à ce que les peuples locaux veulent faire de leur destin ; ce destin qui doit rester le leur, tant qu’il n’atteint pas le nôtre en cherchant à le subvertir ou à le détruire pour installer « leur » ordre, politique ou religieux, qui n’est pas et ne peut être le nôtre… C’est parce que la France sera sûre d’elle-même (et capable de défendre, y compris militairement, sa particularité historique et civilisationnelle) qu’elle pourra, non seulement vivre et « sur-vivre » face aux risques du monde, et qu’elle pourra entraîner des nations et des peuples, non à lui ressembler, mais à s’inspirer d’elle. Et confirmer ainsi son éternité nécessaire…
Notes : (1) : Il s’agit là de la démocratie électorale dite représentative (même si elle peut accepter, rarement, des formes de démocratie plus directe comme le référendum), au sens d’une participation indirecte des citoyens aux affaires d’un Etat pourtant – ou par conséquent ? – de plus en plus intrusif au cours de ces deux derniers siècles, ce que relevait, avec une certaine inquiétude, Bertrand de Jouvenel dans « Du Pouvoir » dès les années 1940.
(2) : Il faut bien se rappeler que la démocratie telle que nous la connaissons n’est sans doute pas « définitive », ne serait-ce que parce que l’histoire institutionnelle n’est jamais figée même si elle peut paraître fixée, et que le rapport aux pouvoirs des communautés et des personnes peut nécessiter d’autres formes d’institutions et de préjugés politiques pour satisfaire le corps civique en ses différentes acceptions.
Illustration : l’ancien roi d’Afghanistan, Zaher Chah.
Jean-Philippe Chauvin
L’âme de la France ne meurt jamais.
Le père Olivier Maire est mort, assassiné par celui à qui il avait tendu la main. Son sacrifice prouve à notre société et à notre temps que des valeurs plus hautes que la consommation, le confort ou l’individualisme, existent et vivent, et qu’elles nous donnent, non pas des moyens d’existence mais des raisons de vivre, au-delà de nous-mêmes. Que ce sacrifice ait lieu sur la terre de Vendée qui a, jadis, prouvé que la foi en Dieu ouvrait souvent, dans les années les plus tristes de la Révolution française, les portes du martyre, peut être vu comme un intersigne, et montre les liens invisibles entre les temps et les lieux : la Vendée n’est pas un simple lieu, elle est une histoire, un peuple sculpté à la fois par la République de la Terreur et par la résistance « catholique et royale », et, à jamais, le nom de Vendée évoque des images terribles et belles aussi. Les colonnes exterminatrices de 1794 et la grande geste de cette armée de paysans et de nobles endimanchés, la laideur d’un Carrier et la jeunesse d’un « Monsieur Henri », le souffle de la haine et le courage du pardon… Ce même « pardon de Bonchamps » que le père Maire avait accordé à l’incendiaire de la cathédrale de Nantes ; ce même pardon que l’Eglise catholique accorde encore dans ses prières au meurtrier, et qui nous rappelle, tragiquement, le sens premier de l’amour christique… « Grâce aux prisonniers », gémit Bonchamps mourant à Saint-Florent-le-Vieil à l’automne 1793, et malgré les horreurs perpétrées par les troupes républicaines, « Bonchamps l’ordonne », les soldats bleus sont épargnés. Dans la noirceur des temps, et nos temps contemporains semblent parfois plus tristes qu’ensoleillés malgré toutes nos techniques, nos médecines et notre espérance de vie, il n’est pas inutile de nous souvenir (pour mieux les accepter et les pratiquer) des valeurs qui sont celles, qu’on le veuille ou non, de notre civilisation française, de ces valeurs hélléno-catholiques qui nous empêchent, ou devraient nous empêcher, de basculer dans le mal, la haine et la vengeance…
« S’en prendre à un prêtre, à un homme d’Eglise c’est s’en prendre à l’âme de la France » : ces mots, prononcés par le Ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, sont sans doute les seuls que l’histoire retiendra quand l’émotion soulevée par l’assassinat du père Olivier s’apaisera, après les discours et les réactions politiques convenus que le « pays légal » ne manque pas de produire à chaque drame… Que les politiciens, surtout en période présidentielle, soient plus sensibles, cela ne me dérange pas, même si, chez certains, je sens une pointe d’hypocrisie ou de facilité, et quelques arrière-pensées à peine discrètes. Mais j’avoue que, au-delà des polémiques qui, sans doute, ont raison d’être au regard de la situation et des enjeux, cette phrase a profondément retenti en moi, comme au cœur, j’en suis sûr, de nombre de Français, catholiques ou non, royalistes ou républicains. Qu’un ministre de la République évoque ainsi « l’âme de la France » n’est pas anodin, alors que cette même République, plus attirée d’ordinaire vers les grands vents de la mondialisation que par les forêts vivantes de la tradition, a détruit tant des fondations spirituelles et culturelles de notre nation. Est-ce le cœur enraciné de l’homme qui, d’un coup, a dicté ses mots resurgis d’une mémoire dans laquelle se côtoient les « saintes fondatrices de la France » (Blandine, Geneviève, Clotilde, Jeanne d’Arc) et le baptême de Reims ? Je ne sais, mais j’entends.
Oui, la France a une âme, elle est une âme par elle-même : que M. Darmanin nous le rappelle, même « malgré lui », doit nous inciter à ne jamais désespérer d’elle, ni de son éternel miracle toujours renouvelé depuis plus d’un millénaire…
D’Orléans à Reims ?
Pour les croyants, certains événements particuliers sont des signes quand les autres, politiques d’abord, y voient plutôt, selon le beau mot de Léon Daudet, des intersignes. Un fidèle de la Maison de France, dont la foi catholique est fervente quand sa passion politique ne l’est pas moins, nous a envoyé ce témoignage d’un récent voyage princier à Orléans. Au-delà des querelles dynastiques qui, trop souvent, amoindrissent la crédibilité du propos monarchiste, il nous a semblé intéressant de reprendre de larges extraits de son texte inspiré par une ferveur royaliste toute bernanosienne.
« Orléans – 8 mai 2021 – Sainte Jeanne d’Arc veille sur la Maison de France,
Après la très sainte Messe célébrée ce 8 mai en la cathédrale Sainte Croix d’Orléans, comment ne pas remercier la Sainte de la Patrie pour la sollicitude toute particulière qu’elle manifeste envers la Maison de Bourbon-Orléans ?
Comment ne pas être touché par sa tendresse, si l’on se rappelle le sentiment de paix et de concorde familiale qui régnait lors des funérailles de Son Altesse Royale le Prince François de France célébrée le 6 janvier 2018, en la fête de l’Epiphanie. Ce jour étant le 606ème anniversaire de la Sainte de la Patrie.
Plus tôt dans le temps, Son Altesse Royale, feu le Comte de Paris (1933-2019) avait eu le grand courage de demander pardon pour le vote régicide de son aïeul Philippe Egalité, à l’occasion d’une Messe du 21 janvier célébrée en l’Eglise Saint Germain l’Auxerrois en la mémoire du Roi Martyr. La providence lui fit une grâce insigne en permettant son rappel à Dieu le 21 janvier 2019, le remerciant de son beau geste, et accordant ainsi une protection particulière à la Maison de France. Le signe était fort, au-delà du deuil…
Le 29 avril 1429 Sainte Jeanne d’Arc dit à Dunois (Déposition du procès de Jeanne) : « Je vous amène, dit-elle, le meilleur secours qui ait jamais été envoyé à qui que ce soit, le secours du Roi des cieux. Il ne vient pas de moi, mais de Dieu même qui, à la requête de saint Louis et de saint Charlemagne, a eu pitié de la ville d’Orléans ».
Ainsi, ce 8 mai 2021 marquait en même temps le 592ème Anniversaire de la libération d’Orléans et la fin des combats en 1945 ! Mais auparavant la ville avait déjà résisté victorieusement aux Huns, puis aux Normands. Etonnant destin de cette simple cité qui régulièrement marque l’histoire de France de manière éclatante et providentielle.
Ce jour du printemps 2021, leurs Altesses Royales arrivèrent à Orléans, dans un climat difficile marqué par la crise sanitaire et des polémiques stériles. Dés son arrivée en cette auguste ville, Monseigneur le Comte de Paris déclara « Cela fait toujours plaisir à un Orléans de venir à Orléans ». (La République du Centre, 9 mai 2021).
A la surprise de tous, ils furent reçus personnellement par le Maire d’Orléans, avant la Messe, ce qui de la part de Monsieur Serge Grouard n’était pas joué d’avance. Mais l’histoire réunit parfois ceux que la politique du présent pourraient séparer.
La très belle homélie de Monseigneur de Moulins-Beaufort Archevêque de Reims, restera le texte de tous les possibles – toute orientée vers la gloire de Dieu, avec un superbe final :
« La gloire du Père que Jésus veut procurer, et tous ses amis avec lui, est la vie de tous les humains, et cela pour toujours, dans la paix vivante de Dieu. Cette paix pour tous, cette paix vivante et pour toujours, nous la demandons et nous la recevons aujourd’hui comme hier et demain dans l’Eucharistie de Jésus et nous espérons, Dieu le voulant, Dieu aidant, en être les serviteurs, chacun selon la part qui lui est confiée, Amen. ».
Sous la protection de Sainte Jeanne d’Arc, Son Altesse Royale le Prince Jean de France a reçu le corps du Christ des mains de l’Archevêque de Reims, comme en son temps le Roi Clovis, le reçut des mains de Saint Rémi. Comment ne pas y voir un signe qui peut parler à tous, croyants comme simples spectateurs ? « Celui qui croyait au Ciel, celui qui n’y croyait pas », comme le dit Louis Aragon, peuvent se retrouver ici, aux confins de la foi et de l’histoire…
Ne peut-on pas dire alors, qu’en ce 8 mai 2021, à Orléans en l’année Saint Joseph, le Ciel de notre France s’est ouvert ! »
Restent alors aux hommes à faire que ce qui doit être advienne : pour la Monarchie royale, en France. Et, là encore, Jeanne d’Arc, la Sainte de la Patrie, nous le souffle, au-delà des siècles : « Les hommes batailleront, et Dieu donnera la victoire »…
La responsabilité environnementale nécessaire, de l’Etat aux citoyens.
Peut-on encore sauver la planète ? Et qui en a vraiment envie, pourrait-on rajouter si l’on est complètement désabusé ? Malgré les récents événements climatiques qui ont frappé nos voisins européens avec une violence qui nous paraît inédite, peu de choses semblent bouger, et la société de consommation a déresponsabilisé et infantilisé des populations qui ne pensent, désormais, qu’à leur nombril quand il faudrait voir plus haut. Et les politiques, qui devraient donner l’exemple, et les Etats, qui pourraient initier de véritables stratégies environnementales, en restent à la communication sans réflexion profonde, malgré les études scientifiques, industrielles et économiques qui s’accumulent : le ralliement à l’éolien sous toutes ses formes bétonnières apparaît comme l’alibi écologiste de nombre d’institutions politiques, gouvernementales comme régionales, et le moyen facile de se donner bonne conscience tout en privilégiant un système de consommation électrique toujours plus gourmand, le « tout informatique » devenant de plus en plus la norme, crise sanitaire aidant. Cette conception si peu écologique de la transition au même qualificatif devrait nous alerter sur les limites d’une écologie laissée (ou confiée) aux féodalités industrielles et aux politiciens à courte vue (celle-ci étant trop souvent limitée aux prochaines élections), et nous inciter à penser une nouvelle stratégie sur et pour le long terme, en réfléchissant aussi, dans le cas spécifique de la France, aux institutions susceptibles d’incarner au mieux le souci environnemental et de l’enraciner pour les générations à venir.
Mais toute politique écologique générale devra aussi entraîner une certaine adhésion des populations, voire la motivation forte d’une « minorité énergique » susceptible, par-delà l’action même de l’Etat, d’entraîner les populations moins motivées vers une acceptation raisonnée des enjeux et des bonnes pratiques environnementales. Ce n’est pas une mince affaire, comme j’ai pu le constater de visu à Carnac il y a quelques jours et comme je l’ai déjà raconté, déçu de l’attitude de nombre de nos concitoyens (mais pas de tous, Dieu merci !) : « Au soir du 14 juillet, j’étais venu assister au traditionnel feu d’artifice tiré à Carnac, en pays chouan. Installé sur la plage, au bord des dunes préservées depuis quelques années déjà (et c’est tant mieux !), j’ai constaté le peu de civisme écologique de quelques (trop nombreux, malheureusement) vacanciers : malgré les limites indiquées par des barrières (trop discrètes) et quelques poteaux, ceux-ci les ont envahies sans délicatesse. Je me suis alors permis d’intervenir, poliment d’abord, puis plus fermement ensuite, en leur indiquant que l’endroit sur lequel ils s’installaient était normalement interdit pour les promeneurs, et ceci pour permettre le maintien et le renouvellement de la biodiversité locale. Or, à plusieurs reprises, les envahisseurs ont refusé de partir, riant de mes conseils et, bientôt, de ma colère malheureusement vaine… Quelques uns, néanmoins, conscients de leur méprise ou n’ayant fait que suivre le mouvement d’envahissement, ont quitté les lieux, comme ce groupe de motards casqués et sympathiques qui n’avaient pas vu les panneaux d’avertissement trop peu nombreux près des barrières et qui entraînèrent d’autres personnes à passer sur la plage plutôt qu’à rester sur les dunes officiellement (mais bien mal) protégées ; mais beaucoup d’intrus sont restés sur place, allant jusqu’à dévorer pizzas et brioches de viande comme pour montrer le peu de cas qu’ils faisaient des lieux pourtant réputés et annoncés fragiles et, au-delà, de l’environnement. Pratiquement tous portaient, leur repas achevé, des masques bleus dont certains furent abandonnés sur place, avec quelques canettes, une fois le feu d’artifice terminé. En quelques dizaines de minutes, des lieux d’ordinaire préservés des pieds et des postérieurs ont été saccagés par l’égoïsme et la bêtise de quelques uns…
Que retenir de cette triste anecdote ?
D’abord l’absence de conscience environnementale de certains de nos compatriotes et l’indifférence de beaucoup d’autres devant les agressions contre notre environnement, même le plus proche ;
Ensuite, l’hypocrisie de ces mêmes agresseurs qui ne respectent les règles que lorsque la force publique (ici malheureusement complètement absente, car trop peu nombreuse devant le nombre de tâches à effectuer pour que la sécurité des spectateurs soit assurée) est visible et active ;
Enfin, le peu de moyens matériels et humains mis en œuvre pour préserver de façon efficace ces dunes, ici protégées par quelques obstacles et poteaux bien insuffisants face à la bêtise et à l’irrespect…
A quelques kilomètres de là, près d’Erdeven, les autorités ont visiblement trouvé une solution, simple et terriblement efficace contre les intrusions non souhaitées : une zone humide, située à quelques dizaines de mètres de la côte et dans laquelle l’on peut apercevoir libellules, batraciens, poules d’eau, hérons, etc., est protégée par une clôture renforcée de barbelés, mais sans priver les promeneurs du spectacle formidable d’une biodiversité riche et réconfortante. Sans doute faudrait-il reproduire cette protection visible sans être agressive pour préserver les richesses de biodiversité des dunes de Carnac… »
Le souci environnemental n’est pas partagé par tous, comme cette anecdote le démontre, et je crains que l’esprit même de la société de l’individualisme exacerbé ne soit un obstacle au respect des équilibres naturels. Il nous faut tenir compte de cette réalité mais ne pas s’en contenter, et inciter nos contemporains à adopter des attitudes plus appropriées à la préservation environnementale. Dans cette affaire comme tant d’autres, l’Etat ne doit pas être un « limitateur de libertés » mais un incitateur d’initiatives heureuses pour l’environnement, dans une logique du « Mieux vaut prévenir que guérir » : encore faudrait-il qu’il soit conscient de son rôle éminemment politique en ce domaine, et qu’il se délivre des pressions des féodalités financières et économiques qui, trop souvent, se servent de l’écologie plus qu’elles ne la servent vraiment ! Non par antagonisme à l’égard des entreprises mais par souci de les remettre à leur place qui ne peut être, dans l’ordre des priorités humaines, la première.
Stratégie politique de l’Etat sur le long terme, et diplomatie écologique de la France ; responsabilisation des acteurs publics, politiques, économiques et sociaux, mais aussi des citoyens ; valorisation du souci environnemental dans notre société, et exemplarité française… Voici, non un programme, mais la nécessité écologique pour l’avenir, non seulement français, mais international. Cela peut paraître terriblement ambitieux, et le chemin paraît même fort long et escarpé avant que d’atteindre les objectifs évoqués ci-dessus alors qu’ils ne sont, en fait, que les moyens de préserver les chances de la Terre et de nos terres elles-mêmes, de Carnac à l’Amazonie… Mais l’enjeu est d’importance, et l’histoire ne pardonnerait pas à la France d’avoir oublié ce qu’elle est et ce qu’elle peut, en ce domaine comme en tant d’autres.
Halte aux délocalisations spéculatives !
Les délocalisations sont devenues une banalité dans notre société contemporaine et dans cette mondialisation qui a cessé d’être heureuse pour les Français et, plus particulièrement, pour les classes moyennes et populaires. Il n’y a pas une semaine sans que telle ou telle entreprise n’annonce qu’elle ferme des usines en France pour les déménager dans des pays de l’Europe de l’Est, d’Afrique du Nord ou d’Asie, des pays où le coût de la main-d’œuvre est parfois dérisoire et dans lesquels les droits sociaux des travailleurs sont des plus réduits, voire inexistants. Sans même parler du respect des règles sanitaires les plus élémentaires et de celui de l’environnement…
Pour les entreprises qui délocalisent (y compris dans le secteur pharmaceutique), il s’agit de satisfaire aux exigences d’actionnaires peu regardants sur la manière dont leur argent prospère : or, le profit devient injuste quand il est oublieux de ceux qui travaillent.
Il est donc plus que temps de réagir avant de voir disparaître tout le tissu industriel français, tous les savoir-faire ouvriers, tous les emplois industriels…
Il est temps de réagir avant que la France ne soit plus qu’une simple « terre à touristes », aujourd’hui empêchés par la crise sanitaire de la Covid-19, et qu’elle soit incapable de produire autre chose que des dépliants publicitaires…
Que proposent les Royalistes Sociaux ?
– Favoriser les activités de Recherche pour permettre aux industries françaises d’innover et de produire en France, dans les secteurs traditionnels comme nouveaux : la matière grise est une des chances de notre pays et il faut lui permettre de développer ses potentialités pour éviter la « fuite des cerveaux », véritable « délocalisation intellectuelle ».
– Sanctionner les entreprises qui délocalisent et ferment des usines en France alors qu’elles font des bénéfices, par un système de taxes sur leurs produits fabriqués à l’étranger quand ils pourraient l’être dans notre pays.
– Promouvoir les entreprises qui choisissent de rester dans notre pays par un allégement de leurs charges et par une priorité donnée à celles-ci dans les travaux et les équipements des pouvoirs publics locaux.
– Lancer une politique de grands travaux en France comme la construction de la Grande Gare de Paris et une politique industrielle nationale digne de ce nom, sans négliger les possibilités offertes par les grands mouvements de la Transition énergétique comme de la Transition écologique.
Mais la République a-t-elle la volonté d’agir pour le Travail français, elle qui est de plus en plus soumise à une Union européenne qui ne pense plus qu’en termes de « libre concurrence » et interdit toute politique d’Etat de protection des emplois et des entreprises nationales ?
Si nous sommes Royalistes, c’est parce que nous sommes Sociaux et que nous pensons qu’il faut redonner au Politique les moyens d’agir et d’intervenir quand les droits sociaux sont menacés par « l’économie sauvage ». Pour cela, il faut penser et agir pour promouvoir un Etat politique capable de remettre l’économie à sa juste place sans négliger les impératifs sociaux : c’est la définition même de la Monarchie sociale française.
La France faite par ses rois, bien avant 1789.
Sous l’Ancien régime, la nation française existe sans que la notion soit toujours précisée en tant que telle : pour faire simple, il est possible de dire que, si l’Etat de France naît avec l’élection en 987 du roi Hugues Capet (et sans que le nom de France ne soit, d’ailleurs, accolé au titre de roi, ce qui n’adviendra qu’à partir de Philippe-Auguste), la nation française, elle, apparaît d’une certaine manière en 1214 avec la victoire de Bouvines et le soutien des bourgeois des villes aux armées royales de celui qui, alors, passe du statut de suzerain (« le roi des nobles », en somme) à celui de souverain (« le roi de France » et, désormais, des Français au-delà des simples liens féodaux). Mais la France est déjà la France, quelles qu’en soient les frontières et l’espace du moment considéré, et c’est en cela aussi qu’il est crédible de la qualifier de « nation », c’est-à-dire de cadre dans lequel est reconnue (sinon acceptée…) une autorité temporelle (politique) suprême, parfois sans beaucoup de pouvoir(s), et qui s’incarne alors dans « le » roi, qu’il faut comprendre au double sens de personne physique inscrite dans une suite familiale (qualifiée de dynastie) et de magistrature suprême de l’Etat, résumée à « l’Etat », terme employable ici dans le sens de l’instance de décision politique « supérieure » du royaume, au-delà des centres de décision locaux, féodaux ou communaux.
Au Moyen âge et jusqu’en 1789, la Monarchie construit la nation comme espace politique et géopolitique, inaliénable ou revendiqué comme tel (ce qu’évoquent les fameuses lois fondamentales du royaume, véritable constitution coutumière et traditionnelle), et sur lequel s’exerce la souveraineté de l’Etat royal sans, pour autant, supprimer toutes les autres instances de décision du pays, qu’elles soient politiques, administratives ou religieuses (mais aussi sociales et corporatives). « Les rois ont fait la France », affirmait un vieux chant royaliste (en l’occurrence « la Royale », hymne de l’Action Française depuis les années 1920), et ce n’est pas faux, si l’on précise bien le sens du verbe « faire » en cette occasion historique. Faire la France, c’est-à-dire en « construire » les contours territoriaux mais aussi fonder une culture politique d’Etat particulière, former une unité qui, au-delà des différences et des diversités (termes qu’il convient d’accorder pour que ce qu’ils recouvrent ne deviennent pas antagonistes), ordonne l’ensemble en un équilibre supérieur et « reconnaissable » autant à l’intérieur que pour l’étranger.
C’est l’espace de la Cité France (au sens de la « polis » tel que les Athéniens l’ont définie il y a 2500 ans) qui se construit au fil des siècles et qui permet, en 1789, d’avoir les frontières métropolitaines que nous connaissons encore aujourd’hui, à quelques exceptions et ajouts près (la Sarre en moins ; Avignon, Nice et la Savoie en plus), et qui forment « l’hexagone » identifiable sur les cartes depuis le XVIIIe siècle. Mais la nation n’est-elle qu’un pays, un territoire ? Bien sûr que non : elle est aussi une « unité » (terme préférable à « identité » qui renvoie trop à l’uniformité et à l’égalité jacobines) incarnée et garantie par l’autorité royale jusqu’à la Révolution, une « histoire d’histoires » dominée par celle de l’Etat royal (qu’il met en scène, d’ailleurs, par volonté d’une légitimation fondée sur les temps passés et la « gloire du roi ») mais complétée par une histoire « sainte » (autour de l’Eglise, de ses rites et doctrines, de ses saints parfois très locaux et de ses traditions enracinées dans des terroirs, y compris sous forme de superstitions ancestrales…) et des histoires « communautaires », mélanges de mémoires ethniques, « provinciales » (les provinces étant, d’une certaine manière, une « invention » de l’Etat royal unificateur et incorporateur pour garantir un sentiment d’appartenance à l’ensemble sans trancher les racines de mondes anciens parfois immobiles) et villageoises.
L’effort multiséculaire de la Monarchie pour « faire France » se traduit, au-delà de la conquête, du traité, du mariage ou de l’héritage, par la mise en place d’un appareil d’Etat (qui s’appuie aussi sur « l’apparat d’Etat » depuis les rois de la Renaissance et particulièrement le roi-mécène François 1er jusqu’aux rois versaillais) et d’une culture royale qui, bientôt, se fait nationale, en particulier à travers l’édit de Villers-Cotterêts qui fait de la langue du roi (la langue française) la langue des actes administratifs (en remplacement du latin, et non des langues locales) et la création du Collège des lecteurs royaux (aujourd’hui Collège de France), mais aussi l’Académie française. La Révolution, dans son surgissement et ses rugissements, croira faire œuvre originale en remodelant le pays selon un schéma rationnel et presque clinique, et cela au nom d’une conception idéologique de la nation (qui se doit d’être « une » comme la « volonté nationale » qui doit en être l’unique législatrice pour l’ensemble des territoires qui, eux-mêmes, se doivent d’être « égalisés », selon la conception des constituants de 1789-1795) ; en rompant avec ce qui avait fait, justement, la particularité (sans être forcément originale, à bien y regarder) de la nation française depuis les premiers capétiens, c’est-à-dire l’acceptation et l’incorporation des histoires et des enracinements immémoriaux, de ces multiples « traditions critiques » au sein d’un ensemble pluriel. La richesse culturelle de la France, de cette France aux mille blasons, sera fortement dépréciée par le jacobinisme d’Etat hérité de la Révolution et de l’Empire… Mais elle survivra, « malgré la République ». Et c’est aussi elle qui permet à notre pays d’être, jusqu’à la crise sanitaire, la première destination touristique mondiale…
Crise de la participation, crise de la République !
Crise de la participation, crise de la République…
En ce second tour des élections régionales et départementales, l’abstention reste « reine de France », avec des niveaux inégalés, et cela malgré les rappels à l’ordre des institutions de la République et des partis, plus moralisateurs que véritablement politiques. Doit-on s’en réjouir ? Non, car cela signale une maladie qui, au-delà de la République, atteint tout le corps civique français, au risque de compromettre toute politique et le sens même du politique dans une société désormais plus consommatrice que fondatrice…
Cette abstention semble, avant tout, une « réaction générationnelle », les jeunes étant les grands absents du scrutin en boudant les urnes de façon quasi-unanime, ce qui peut inquiéter et doit interroger : pourquoi cette absence volontaire ? Cela indique une méfiance générale des jeunes générations à l’égard d’un système qui ne les écoute pas, et dont ils n’attendent rien. Se contenter de ce triste constat, qui montre aussi l’échec total de la République contemporaine à « faire France », ne suffit pas et les Royalistes ne peuvent s’en contenter, évidemment : il apparaît urgent de restaurer le « souci politique » et de refonder du « lien politique », celui qui unit les Français autour d’un projet de longue mémoire et de long terme, la France. Il appartiendra aux Royalistes responsables de travailler à ce projet, au-delà des étiquettes politiciennes, non dans le ressentiment mais dans l’espérance et la foi en la France et en son destin. Car la France n’est pas finie, et rien ne serait pire que le désespoir qui, en politique, reste la sottise absolue !
De plus, pour redonner vigueur aux Régions, encore faudrait-il entendre les doléances du « pays réel », et, par exemple, celles qui portent sur la valorisation des cultures provinciales et la redéfinition des limites administratives trop souvent absurdes aujourd’hui : ce qui compte n’est pas la taille mais « l’âme » des provinces qui nécessite une nouvelle délimitation de ces dernières. Tout comme il est temps d’oser rendre aux provinces reconstituées des pouvoirs législatifs qui allègent l’Etat et lui permettent, ensuite, de se consacrer au mieux à l’exercice de ses vrais pouvoirs régaliens. « La France intégrale, c’est la France fédérale », disait « le plus ancien fédéraliste de France », le royaliste Charles Maurras.
La crise de la représentation en République ne pourra se résoudre par les habituels discours républicains faits de promesses vite oubliées : il faudra bien, logiquement, poser la question des institutions et, en prévision de « l’avenir que tout homme bien né souhaite à son pays », proposer la Monarchie royale comme réponse éminemment politique à la crise de confiance civique contemporaine.
Groupe d’Action Royaliste, le dimanche 27 juin 2021.
Abstention… Vous avez dit abstention ?
L’abstention spectaculaire lors de ce premier tour des élections régionales et départementales n’est pas une surprise, si ce n’est par son ampleur, inédite pour une élection nationale sous la Cinquième République. A celle-ci, nous distinguons plusieurs causes :
– La reproduction des clivages nationaux, souvent liée à une campagne trop « nationale » quand il s’agissait de voter pour les Régions et les Départements. Néanmoins, la « claque » infligée aux listes gouvernementales reste un signal fort du désaveu de la politique menée par l’actuel gouvernement, sans pour autant remettre en cause les fondements de celle-ci, puisque les listes « traditionnelles » restent dominantes, profitant d’ailleurs de l’abstention elle-même et de la « prime aux sortants » ;
– La « fatigue démocratique » qui est de plus en plus marquée dans notre pays mais aussi dans nombre de Démocraties occidentales, et qui semble liée au discrédit de la démocratie représentative considérée comme trop éloignée des attentes des électeurs concrets, comme l’avait déjà signalé la révolte des Gilets jaunes en 2018-19. Cette dernière se traduit, non plus par un vote protestataire, mais bien plutôt par une « absence électorale » ;
– Une centralisation trop marquée des pouvoirs en République qui empêche encore les Régions de jouer un rôle véritable dans la gestion des crises et la valorisation des atouts de chacune d’entre elles : trop souvent, le « pays légal » est, en fait, le « pays central », au risque de désespérer les citoyens des provinces. De plus, le découpage des Régions pratiqué par la République de M. Hollande au milieu des années 2010 empêche nombre d’électeurs de se reconnaître dans les grands ensembles régionaux, souvent trop artificiels et anhistoriques…
Le Groupe d’Action Royaliste ne peut évidemment se satisfaire d’une telle situation dans laquelle le « pays réel » (au sens global du terme) est si mal représenté et les intérêts des Régions si peu valorisés, et il en appelle à une refondation de la légitimité politique qui ne peut que passer, si l’on veut qu’elle soit efficace et pérenne, par l’instauration, dans les délais les plus raisonnables au regard de l’urgence française, d’une Monarchie royale et fédérale : celle-ci peut permettre, en rendant son indépendance de parole et d’action à la magistrature suprême de l’Etat, une nouvelle forme de représentation nationale, moins partisane et plus concrètement représentative de la pluralité française, de ce que l’on pourrait nommer « les pays réels de France ». De plus, elle autorise, par nature, « des démocraties locales » actives et utiles, au niveau régional, mais aussi communal, sans en oublier les dimensions sociales et professionnelles. C’est en rendant aux Français leurs pouvoirs civiques, à travers des institutions locales qui leur sont proches et dans lesquelles ils peuvent s’exprimer et agir, au-delà des structures de partis et des manœuvres politiciennes, qu’ils reprendront goût à l’engagement civique et électoral, nécessaire à l’harmonie sociale et à la continuité nationale et historique.
La Monarchie est-elle impossible ?
Dans le cadre d’une nouvelle enquête sur la Monarchie en préparation pour 2022, il s’agit aussi de répondre aux nombreuses objections faites à la Monarchie et, ainsi, de préciser les arguments pour celle-ci et son établissement en France. Nous reprenons des objections, des propos ou des remarques qui abondent dans la presse, parfois à l’école ou au comptoir des cafés (« le parlement du peuple » selon l’heureuse formule de Balzac), ou encore sur la toile, nouveau forum permanent.
Objection 1 : « Imposer la Monarchie à un pays ancré depuis si longtemps en République, cela est-il vraiment possible ? »
N’insultons pas l’avenir, dit l’historien comme le politologue : l’Histoire est pleine de surprises et d’imprévus, et elle ne suit pas un sens unique et obligatoire, au contraire de ce que pensaient les marxistes et de ce que pensent aujourd’hui les libéraux ou les européistes. Il faut être plein d’humilité face à elle et à ses circonvolutions, parfois heureuses, parfois terribles, souvent complexes, mais il ne faut pas renoncer à « la faire » ou, du moins, à en infléchir le cours, autant que faire se peut : il n’y a pas de fatalité « définitive » et se résoudre à celle-ci serait s’abandonner à tout Pouvoir sans limites (qu’il soit politique ou économique à travers les féodalités partisanes ou financières, par exemple), au risque d’y perdre toute liberté…
Certes, la possibilité d’une instauration monarchique en France paraît fort lointaine et, surtout, difficile, compliquée. Mais rien n’est impossible, et, d’ailleurs, « impossible n’est pas français », dit-on : l’exemple espagnol, maintenant un peu ancien mais proche de nous par la géographie, est la preuve que ce qui paraît hautement improbable en certains cas est toujours possible ! Le roi restauré par la volonté d’un dictateur n’a pas été son jouet, et Juan Carlos, que l’on croyait timide et emprunté, s’est avéré être un véritable Chef de l’État capable de mener la transition démocratique sans faillir ni défaillir (1), et, malgré les difficultés actuelles, la Monarchie perdure à travers son fils et successeur, Philippe VI (Felipe, en espagnol).
Pour la France, il y a, apparemment, le fort attachement des Français à 1789 et à ses suites institutionnelles républicaines. En fait, c’est beaucoup moins vrai ces dernières années, la recherche historique et la réflexion philosophique comme politique aidant… D’autre part, hormis le fait que la part « positive » de la Révolution selon l’opinion (qui n’a pas forcément raison au demeurant, selon le point de vue historique que l’on adopte) est antérieure à l’établissement même de la République en 1792, la Monarchie nouvelle n’aurait pas à entrer en conflit avec l’Histoire, fût-elle désagréable pour les rois et les royalistes, mais à l’assumer (ce qui ne signifie pas pour autant s’y « rallier »…) et à la dépasser. Car le regret n’est pas (et ne peut fonder) une politique et la Monarchie nouvelle, qui sera évidemment attendue sur ce point, devra veiller à ne pas être une nostalgie romantique ou revancharde : le roi, souverain de tous les Français, est celui qui relie toutes les traditions et toutes les histoires, en les assumant toutes, en tant que « trait d’union » institutionnel…
(1) : il ne s’agit pas ici de juger de la pertinence de la politique du roi d’Espagne Juan Carlos mais de considérer son succès stratégique alors qu’il paraissait condamné à être balayé par le vent de l’Histoire et de la révolution…
Célébrons Jeanne d’Arc !
Dans quelques jours, nous célébrerons Jeanne d’Arc, la sainte de la patrie : non par nostalgie mais pour nous souvenir de son exemple et pour nous en inspirer !
Lorsque tout semble perdu, il reste l’espérance et le combat nécessaire pour la faire advenir. Nous, Royalistes, espérons et militons pour la France, les libertés et ce qui permet la pérennité de l’une comme des autres : la Monarchie royale !