Yves Delacruz

Québec 400 ans, je me souviens… Madeleine de Verchères

madeleine de vercheres

Pourquoi ne parlerions-nous que des hommes alors que notre histoire démontre que le sang Français générait des héros dans les deux sexes. Jeanne d’Arc, Jeanne Hachette, Geneviève et bien d’autres encore. Nous parlerons aujourd’hui de Madeleine de Verchères. Nous sommes sous Louis XIV et le gouverneur est Mr de Frontenac. Les conflits sur cette terre d’Amérique sont d’une cruauté inouïe malgré cette période de guerre en dentelle. La guerre fait rage avec les Iroquois. Le fort de Verchères est à 25 km de Montréal où Madame de Verchères est allée. Monsieur de Verchères lui, est à Québec. Madeleine, âgée de 14 ans est restée avec ses 2 frères Louis et Charles au fort avec le domestique La Violette , 2 soldats La Bonté et Galbet et quelques femmes…

Elle étend le linge avec les femmes en contrebas, quand tout à coup des cris de terreur annoncent l’arrivée des Iroquois. Il faut bien comprendre que l’arrivée de ceux-ci créé la panique et c’est une fuite éperdue vers le Fort où quelques femmes malheureusement ne pourront parvenir…

On ferme les portes pour organiser la résistance quand Madeleine s’aperçoit que les deux soldats sont résolu à s’abandonner l’un à la mort et l’autre à l’explosion du dépôt de munition…Elle décide de prendre les choses en main en les secouant, prend un mousquet en main et donne les ordres pour la défense de la place.Elle avait déjà été témoin de la résistance de sa mère, Marie Perrot à plusieurs attaques Iroquoises, bon sang ne saurait mentir…

Les deux soldats, interloqués obéissent, les femmes se ressaisissent et tout le monde fait face aux rempart. Un combat terrible s’engage contre les cruels Iroquois tandis que les blessés dans le fort, rechargent les armes. Pendant cette lutte sans merci, Madeleine aperçoit une famille accourant en se frayant un chemin dans la horde sauvage. Elle fait ouvrir les portes et couvre avec La Violette d’un feu nourrit leur arrivée. C’est Pierre Fontaine, le coureur des bois avec sa femme et ses enfants qui réussissent à pénétrer dans le fort. Les Iroquois en rage redoublent leur attaque mais heureusement pour les défenseurs, le Fort tient bon.

Les jours passent, les nuits avec les tours de garde, entrecoupés de coups de canon pour tenter d’avertir des secours sur la détresse du Fort et impressionner les Iroquois. La fatigue, les blessés, la nourriture et l’eau commencent à manquer, puis une tempête de neige s’abat…

Imaginons un instant ce que devait ressentir ces héros du temps du Roi soleil. Le moral n’est pas bon mais Madeleine encourage son petit monde à la résistance. Elle explique avec une maturité précoce, que le fait de rendre difficile la prise de la moindre position Française, fera craindre aux Iroquois tout autre attaque contre la Nouvelle France. Pendant plus d’une semaine le Fort tient bon, quand les renforts arrivent enfin. Ils trouvent Madeleine toujours au guet, prête au combat. Elle remet les armes aux mains de La Monerie qui dans la grâce qui caractérise les temps classiques, lui répond que jamais main plus digne les avaient tenus. Un Iroquois prisonnier révélera une tentative d’attaque de nuit échoué à cause de l’attentive surveillance de madeleine aux remparts.

Louis XIV entendit relater les faits de Madeleine et demanda au gouverneur M. de Frontenac de la récompenser. Celle-ci ne réclama qu’une modeste pension de veuve d’officier, pendant que son nom traversait de bouche à oreille les récits héroïques de la Nouvelle France …Elle épousa Pierre Thomas Tarieu de la Naudière, sieur de Pérade, brave officier du temps et mourut en 1747, avant de voir disparaître les Lys en terre d’Amérique. Plus tard dans la défense de Québec en 1759, nous retrouverons Tarieu de La Naudière , fils de Madeleine, officier des troupes de marine, beau frère de Boishébert, héros Acadien. Celui-ci se fera remarquer dans sa proposition intelligente de construction de petits radeaux, porteurs de canons pour faire face à une intrusion Britannique sur les eaux du Saint Laurent…

Frédéric WINKLER

Qu’est ce que le corporatisme ?

(Article paru dans l’Action Sociale Corporative n°8)

Un ami médecin s’inquiétait de l’avenir de sa profession sous un régime socialiste. Je lui dis :

– La solution pour la France est dans l’ordre corporatif.
– Le corporatisme ? Ah ! non, la réglementation rigide, l’abandon des libertés,…
– Vous êtes donc pour le libéralisme, docteur ?
– Je suis pour la liberté.
– Disons que vous voulez garder votre cabinet, votre clientèle, votre façon d’opérer et ne voulant pas que tout se ramène à l’hôpital, vous refusez le socialisme. Est-ce cela ?
– Exactement.
– Cependant, si grande que soit votre indépendance, elle ne va pas jusqu’à vous faire les médicaments, les injections, les analyses de vos malades.
– Non
– C’est ici qu’intervient un caractère propre à votre profession. Vous êtes en droit de prescrire ce que des auxiliaires exécutent : le pharmacien vendant sous sa responsabilité, le laboratoire, à condition d’être compétent, analysant, l’infirmière diplômée faisant les piqûres. Bref, une organisation surveillée et contrôlée complète l’acte médical.
– Parfaitement.
– Vous souhaiteriez même, à l’inverse du socialisme, que les Hôpitaux vous apportent leur aide. Grâce à des appareils trop coûteux pour vous.
– Mais oui.
– En somme, votre profession est organisée et elle l’est sous contrôle. Même pour vous médecins, il y a des règles, parfois sévères. Règles de déontologie, serment d’Hippocrate. Règles de compétence qui supposent l’acquit des connaissances et la conformité de vos traitements à des normes imposées.
– Règles parfois un peu étroites.
– Peut-être. Elles sont cependant nécessaires. Le contraire où n’importe qui pourrait faire n’importe quoi et soigner à sa guise serait grave.
– Bien sûr.
– Résumons-nous. Votre cabinet je le compare à une entreprise. Vous le voulez indépendant. Disons que c’est une entreprise libre. Par contre la profession, vous la voulez organisée et règlementée, ce qui revient à dire que vous voulez l’entreprise libre dans la profession organisée et réglementée. Est-ce cela ?
– Oui, c’est cela.
– Eh bien Docteur, nous venons de trouver une définition du corporatisme, une définition que je reconnais incomplète, suffisante toutefois pour nous donner du corporatisme un premier aperçu.

Reprenons-la. L’entreprise libre dans la profession organisée et réglementée. Qu’est-ce à dire sinon que la liberté et la réglementation vont s’ordonner, se disposer chacune à la place qui leur convient. Autrement dit : la liberté d’entreprendre avec toutes les initiatives que cela implique à condition toutefois de respecter certaines règles fondamentales du métier, puisque ce sont ces règles qui protègent et garantissent le client. Quoi de plus naturel et de plus normal ?

Par cette définition, le corporatisme nous apparaît intermédiaire entre libéralisme et socialisme. Il présente en outre des qualités de diversité, souplesse et adaptation qui expliquent sa longue durée et son immense extension. Or cette nécessité d’une combinaison heureuse de libertés et de règlements vaut pour tout le régime politique ou économique, et elle était fort bien sentie de nos anciens chefs d’État ou ministres. A commencer par M. Giscard d’Estaing qui déclarait : « Je gouverne au Centre ». Le centre de quoi ? Sans doute au centre du libéralisme et du socialisme, un mélange, une mixture des deux doctrines que son auteur baptisa : « libéralisme avancé ». Lequel libéralisme s’avançant lentement vers son contraire, sans doctrine aucune ni aucun souci du réel, finit dans les bras de François Mitterrand.
Quant à M. Chirac, il a lui aussi son centre. C’est la fameuse troisième voie. Qu’est-elle au juste ? Je cherche en vain à le découvrir.

Ces messieurs rêvent d’une doctrine centrale. Elle existe. Elle n’est pas un simple mélange, elle est un ordre et se nomme : l’ordre corporatif.

Une dénomination qui le définit. Le corporatisme ordonne, autrement dit il situe liberté et réglementation comme on l’a vu plus haut. Mais il peut aussi les combiner de façons diverses en les adaptant à chaque cas. Il le fait selon la nature du métier ou de la profession, compte tenu des contraintes techniques ou naturelles et selon les conditions d’époque et le lieu. Il peut suivre les désirs et préférences de ses membres sous la seule réserve de respecter l’intérêt public. Dans le cas contraire, l’État interviendrait. En quoi chacun fait ce qu’il doit. Ce qu’oublient trop souvent nos adversaires et ce pourquoi je dis que le corporatisme a un caractère naturel, tellement naturel qu’on en saisit souvent mal les principes ; car ce qui crève les yeux se voit mal. Mais c’est aussi la raison pour laquelle il s’adapte si bien à toutes les circonstances. Alors que le libéralisme, que le XVIIIe siècle tenait pour l régime typiquement naturel, est en fait artificiel et primitif.

C’est une conception abstraite, une construction de l’esprit qui aide à la compréhension de certains phénomènes économiques ; ce n’est nullement une bonne doctrine. Bien sûr, il y a la réussite américaine. Mais elle s’explique. Elle s’explique par la rencontre d’immenses richesses et d’immenses besoins avec l’énergie laborieuse d’immigrants venus d’Europe qui changèrent une terre déserte en une formidable puissance économique. Elle a fait l’étonnement du monde.
Précisément cet exemple influe sur la pensée de nos économistes : critiquez devant eux le libéralisme, ils regardent Outre-Atlantique. Ils ont tort. La France a grandement pâti à vouloir suivre un système si peu fait pour elle. Pourquoi n’avoir pas tout simplement réformé le corporatisme au lieu de le détruire ? Pourquoi en 1789 se jeter follement dans un libéralisme effréné qui nous valut la crise de 1830 et la évolution qui s’ensuivit sans parler de tous les maux politiques des XIXe et XXe siècles ? Un corporatisme libéral, ouvert, comme le nomme M. Salleron, n’eut-il pas été la vraie solution ? On peut rêver et refaire l’Histoire. On ne peut s’empêcher de penser que le choix ne fut pas bon.