Qu’il est affligeant de voir l’actualité d’aujourd’hui. Un système qui patauge dans les scandales et les magouilles de toutes sortes, se sert de la loi pour condamner un comique, voir même de lui interdire la parole. Le socialisme déjà sous Mitterrand, incapable de gérer l’économie et le reste, se vautrait dans des combats sociétaux comme le prétendu racisme afin de cacher son incapacité à gérer un pays. Tout le monde y va de son petit mot, de ses insultes, pendant ce temps on oublie les délocalisations, la misère grandissante, le chômage pléthorique, bref le réel…
Que devrions-nous dire, nous chrétiens, parents pauvres de l’indignation. Ceux qui gouvernent, n’ont que faire des injures, des destructions, des humiliations pratiquées chaque jour par des harpies au nom de « femen », sponsorisées par un milliardaire, voire de la souffrance des minorités chrétiennes d’Orient payant l’inconsistance des ingérences européennes dans les politiques intérieures d’autres pays !!! Je me gausse de voir ces «paltoquets » s’agiter, ces soi-disant bonnes consciences, ces « philosophes » en rupture de lecteurs, conseilleurs d’Etat qui déclenchent des guerres pour des intérêts fumeux cachés, maquillés façon humanisme. Ces milliards dépensés pour faire les « gendarmes du monde », pendant que les pauvres crèves de froid dans nos rues et nos entreprises ferment. La république des coquins menacée et en danger, drapée dans la vertu, elle qui ne doit sa survie que dans les massacres historiques d’ouvriers, de contestataires et dans les guerres autant inutiles que coûteuses. Cette république si adulée par nos ministres, régime de « tolérance » pour certains, dont les ancêtres portaient des pantalons en « peau humaine », lorsque l’on brûlait les femmes dans des fours. Lorsque la république empalait les enfants sur les baïonnettes en Vendée (voir les travaux de R. Sécher) et déportait les Basques. C’est cela les fondements de ce système. C’est cela que l’on vous cache, inutile que vous sachiez que ceux qui souffrirent le plus de la Révolution furent les petites gens du peuple. Ces Français à qui on supprima toutes les protections sociales corporatives d’alors afin de mieux les soumettre à la dictature bourgeoise libérale, qui venait de prendre le pouvoir…
La justice à deux vitesses, c’est ce que comprend le peuple de France voyant agir ce gouvernement de guignols. Que vont tirer comme conclusions ceux qui dans la rue voient agir la police et une justice, aux ordres politiques ?? Quelle réussite, quelle publicité ! La bêtise et le comportement de certains offusqués, va déchaîner un mécontentement général qui ne fera qu’augmenter. Où le système défend sur le même pied d’égalité, le respect de toutes les tendances religieuses, où il laisse la liberté d’expression totale pour tous mais en aucun cas il ne doit agir, plus pour certains, car là, il va créer lui-même ce contre quoi, il croyait s’insurger…
Tout d’abord, la question même de l’impôt, de sa légitimité et de son acceptabilité : tout Etat digne de ce nom doit trouver les moyens de se financer pour pouvoir maîtriser les territoires et aider les populations, engager de grandes politiques et être présent sur la scène internationale, tout simplement pour « être et durer » et représenter les intérêts de la nation, les défendre et les faire prospérer. En période de crise (qu’elle soit géopolitique comme en 1675 avec la guerre de Hollande – le pays, pas la personne…, ou économique et financière comme aujourd’hui, marque d’une mondialisation en cours, moins heureuse qu’espérée), trouver de l’argent est un art plus délicat encore que d’ordinaire, et qui nécessite un certain doigté si l’on veut éviter les réactions brutales : oublier les spécificités locales dans un pays aussi pluriel que la France, chatouiller les susceptibilités provinciales ou socio-professionnelles ou vouloir passer en force sans un minimum de concertation avec les parties concernées, en particulier celles appelées à s’acquitter de nouvelles taxes ou impositions, c’est risquer le mécontentement explosif, la contestation active et l’émeute revendicatrice. Colbert, en 1675, en négligeant la particularité de l’autonomie bretonne, a allumé, peut-être sans en saisir toutes les conséquences, un incendie qui mit bien du temps à s’apaiser et desservit l’Etat central sans satisfaire le Roi, obligé d’envoyer des troupes dans la province rebelle et risquant sa postérité… L’historien breton La Borderie, pourtant royaliste convaincu (il fut député monarchiste de Vitré de 1871 à 1876), n’hésita pas à parler, pour évoquer la répression royale de 1675, de « despotisme », même s’il cible plus Colbert que le souverain lui-même… Le gouvernement Ayrault devrait se souvenir de cela, sans doute, s’il ne veut pas perdre tout crédit (ou plutôt ce qui lui en reste…) dans une région qui, pourtant, lui était électoralement très favorable en 2012. Mais il est vrai que, contrairement à la structure institutionnelle étatique d’une monarchie qui restait encore « fédérative » à défaut d’être complètement fédérale, la République se veut « une et indivisible » et, donc, égalitaire, au risque de ne pas prendre en compte ce qui fait la diversité française et de se heurter à des réalités qui, elles, ne sont pas identiques d’un bout à l’autre du territoire national…
D’autre part, pour être acceptable et accepté, un impôt ou une taxe doit avoir une « raison d’être » et apparaître comme utile, voire nécessaire, aux populations qui doivent l’acquitter : or, qu’a-t-on avec cette fameuse « écotaxe », si mal nommée en fait ? C’est qu’elle devait plus rapporter à une société privée, baptisée Ecomouv, qu’à la Bretagne elle-même ! Cela nuit, évidemment, à la crédibilité de cette taxe qui apparaît plus devoir bénéficier à des actionnaires ou à des intérêts privés qu’à la collectivité elle-même : le principe de la « Ferme générale », déjà condamné sous l’Ancien régime parce qu’elle semblait trop profiter à quelques riches « percepteurs », n’est pas plus populaire ni compréhensible aujourd’hui qu’hier…
Mais là n’est pas le plus grave : en fait, cette taxe n’était accompagnée, pour lui donner crédit près de la population, que de vagues projets de transports ferroviaires, d’autant plus incompris en Bretagne que la SNCF a abandonné toute velléité de ferroutage dans cette province et qu’il n’a guère été évoqué d’alternative à la route en cette même région ! Pourtant, la reconstruction d’un réseau ferré dédié au transport de marchandises et de camions sur plateforme ferroviaire devrait être une priorité, mais aussi l’étude et la mise en place d’un système de cabotage ou de merroutage qui relierait les côtes de Bretagne aux grands ports nationaux (en particulier Le Havre, à l’embouchure de la Seine) pour éviter les routes et diminuer la pollution du transport routier… Or, rien de tout cela ! D’où l’incompréhension et l’absence de légitimité de cette nouvelle taxe, aggravées par les difficultés actuelles de l’économie en Bretagne, en particulier dans le secteur agroalimentaire.
Prisonnière de ses principes et de ses maladresses, la République se heurte désormais à une colère bretonne dont les derniers événements montrent qu’elle n’est pas qu’une simple flambée mais bel et bien une contestation plus profonde qui fait suite à un malaise lui aussi enraciné dans le tissu provincial, sur le plan social comme politique : au-delà de la politique fiscale, c’est aussi toute la politique d’aménagement du territoire mais aussi d’autonomie régionale que l’Etat doit repenser.
Mais la République peut-elle faire ce double effort à l’heure où la mondialisation menace la réalité même de l’Etat et avec un gouvernement qui apparaît désormais isolé et condamné à brève échéance ?
Les cafés rennais résonnaient dimanche et encore ce lundi matin des échos de la colère des agriculteurs bretons et de la bataille autour du portique de Pont-de-Buis destiné au prélèvement automatique de la fameuse écotaxe : les télévisions d’information passaient en boucle les mêmes images des fumées, des bonnets rouges défiant les gardes casqués ou des manifestants blessés, à terre… Et cela discutait sec en lisant « Le journal du Dimanche » ou « Ouest-France-dimanche » qui faisaient chacun leur couverture sur « Les révoltés de l’écotaxe » ou « Vent de fronde en Bretagne ». Sur le comptoir d’un bistrot, comme une sorte d’intersigne, il y avait aussi le numéro « hors-série histoire » du magazine « Bretons » qui titrait, insolemment, « La Bretagne contre la Révolution ? », un chouan montant la garde en couverture…
Ce qui a mis le feu aux poudres en Bretagne, c’est cette taxe supplémentaire qui doit entrer en application au 1er janvier prochain, au moment même où la Bretagne affronte une de ses plus graves crises de l’emploi, entre les licenciements dans l’industrie automobile (usine PSA de Rennes-La-Janais), dans celle des télécommunications (Alcatel-Lucent, là encore à Rennes mais aussi à Lannion), et, surtout, dans ce qui constitue encore l’un des principaux réservoirs de métiers et d’emplois de la province, le secteur agroalimentaire, avec la fermeture de nombreux abattoirs et d’entreprises de transformation de la viande et du poisson, en particulier dans le Finistère, là où la tension sociale est désormais la plus palpable et la plus explosive comme les jours derniers l’ont bien montré.
Cette écotaxe est donc bien mal venue : ce n’est ni le moment ni le lieu, si l’on peut dire, de l’appliquer, alors que la Bretagne subit de plein fouet les effets délétères d’une mondialisation qui respecte si peu (voire pas du tout…) les règles d’équité économique, de justice sociale et de souci environnemental ! Quelques exemples de cette folle et terrible mondialisation sans freins ni entraves : la concurrence déloyale des abattoirs allemands qui exploitent une population d’ouvriers misérables venus de l’Europe orientale et centrale, certains d’entre eux étant payés moins de 400 euros mensuels (!), et cela dans la première puissance économique de l’Union européenne, au cœur de celle-ci, sans que cela émeuve beaucoup la Commission européenne ; les multiples violations par les grandes multinationales de l’agroalimentaire des milieux naturels (destruction des forêts brésilienne ou africaine pour produire de l’huile de palme ou des agrocarburants, saccage des littoraux ou des fonds marins pour en tirer à moindre frais le maximum de ressources monnayables, etc.) et l’indifférence totale de celles-ci pour le bien-être animal ou la diversité des espèces végétales, etc. (suite…)
Le chômage est un véritable fléau qui ronge nos sociétés contemporaines, et la France, depuis plus de quarante ans, n’arrive pas à sortir de cette situation de chômage de masse, celui-ci touchant plus de 2 millions de personnes depuis une bonne trentaine d’années, avec une durée qui ne cesse d’augmenter au fil du temps. J’ai, d’ailleurs, fait partie de cette « masse » de « sans-travail » au milieu des années 1980, et j’ai pu, par mon expérience propre, constater quelques carences de la politique de l’emploi, trop souvent limitée à des expédients plutôt qu’à une véritable politique d’initiatives et de motivation…
Ce n’est pas à l’ANPE (nom à l’époque de ce qui est devenu «Pôle emploi ») que j’ai trouvé du travail ni les moyens de me sortir de ma situation de précaire, loin de là ! La volonté personnelle, une certaine rigueur dans les principes (merci le royalisme politique !), des amis, et en particulier la solidarité des Camelots du Roi, sans oublier le regard attentif de ma famille, m’ont permis de ne pas couler et de pouvoir, au bout d’une année de « galère », me payer mon inscription en Histoire à l’université de Rennes-2 et mener à terme mon rêve de devenir professeur d’histoire, ce que je suis, pour mon plus grand plaisir ! Comme quoi, il n’y a pas de fatalité !
Si j’ai pu m’en sortir sans l’aide de l’Etat, cela n’enlève rien à la nécessité d’une politique d’Etat pour faire reculer le chômage en tant que phénomène de masse, trop souvent lié, qu’on le regrette ou non, à la pratique de la mondialisation, et pour créer des emplois dans des secteurs stratégiques pour l’avenir de notre pays : un Etat qui renoncerait à cette ambition économique et sociale n’aurait que peu de moyens pour exister sur la scène internationale et, même, nationale. De plus, si l’Etat n’a pas vocation à tout faire, et ne doit pas céder à cette tentation étatiste, il a néanmoins des devoirs sociaux autant qu’économiques, et la préservation d’une certaine sécurité sociale en fait partie, ne serait-ce que pour assurer l’équilibre et la pérennité de la société sans laquelle l’homme ne serait plus qu’un loup pour l’homme !
Le combat contre le chômage n’est pas une tâche facile mais l’Etat ne doit pas renoncer à le mener, « par tous les moyens, même légaux »… Encore faudrait-il ne pas céder au fatalisme d’un François Mitterrand, assurant, au détour des années 1990, que « contre le chômage, on a tout essayé » : non, on n’a pas tout essayé ! Que la République et ses experts aient manqué, parfois, d’imagination, cela est certain ! Mais, justement, renoncer à combattre alors que tant de nos concitoyens connaissent la souffrance sociale, en leur propre sein, ce serait abandonner la France aux seules règles de la Finance, celle-là même que l’actuel François président prétendait combattre hier, lorsqu’il n’était que le candidat favori des sondages mais pas encore assuré du lendemain. Cela serait renoncer aux prérogatives du politique et aux devoirs de celui-ci envers les citoyens. Cela serait la pire des abdications, dans le déshonneur et la défaite sociale… Un véritable « Mai 40 » dont la France aurait bien du mal à se remettre, comme son sinistre précédent…
Non, décidément, non : il ne faut pas accepter la fatalité du chômage. Le haut de l’Etat a le devoir de montrer l’exemple d’un esprit de combat et de décision : mais le président, s’il le veut (peut-être), le peut-il ? Les institutions mêmes de la République élective sont-elles les mieux adaptées à ce nécessaire combat qui se livre, non sur un quinquennat, mais sur une ou plusieurs décennies, comme le rappelait il y a quelques années le philosophe Michel Serres ? La question mérite d’être posée…
Ce chômage qu’il faut sans cesse combattre.
Le chômage est une réalité qui, chaque mois, touche de plus en plus de personnes, de familles, ce qui ne semble guère émouvoir outre mesure les élites qui nous gouvernent, plus soucieuses ces derniers temps de légiférer sur des questions de société, voire de civilisation, au risque de diviser un peu plus notre pays quand il aurait tant besoin de calme et d’unité : il est vrai que le laboratoire de pensée du Parti socialiste, « Terra nova », conseillait dès 2011 aux dirigeants de la Gauche social-démocrate de renoncer à défendre les ouvriers, devenus politiquement infréquentables et stratégiquement peu rentables, pour privilégier les « minorités », c’est-à-dire, concrètement, les groupes de pression communautaristes qui, à l’imitation de ce qui se passe aux Etats-Unis, revendique droits et prébendes sans forcément beaucoup d’égards pour le Bien commun et la société en tant que telle.
Des manifestations passées malheureusement inaperçues cet automne contre la fermeture d’usines…
Ce choix stratégique des socialistes indique néanmoins nettement que le Parti jadis dirigé par M. Hollande a changé de paradigme et que, désormais, il entend garder les ouvriers à bonne distance des instances du Pouvoir, quitte à les désespérer en ne répondant plus à leurs attentes : l’affaire de Florange, si mal vécue par les salariés de Mittal, a démontré que les promesses électorales ne survivaient pas à l’accession au Pouvoir de ceux qui l’ont tant attendu depuis l’échec de Lionel Jospin… Des discours du candidat Hollande contre la Finance, il ne reste que l’impression, amère pour beaucoup, d’une vaste fumisterie avec effets de manche, juste bonne à attirer quelques naïfs électeurs, d’une escroquerie politicienne qui a parfaitement fonctionné, par le simple jeu de la démocratie représentative, celle-là même qui stérilise trop souvent la parole des électeurs en l’encadrant prudemment mais fermement, et en la livrant aux partis et à leurs féodaux.
Ainsi, les ouvriers ne doivent rien attendre de M. Hollande et de son gouvernement, même s’il paraît utile et honnête de reconnaître les efforts de M. Montebourg et de Mme Bricq (au Commerce extérieur) pour sauver ce qui peut l’être en France, mais avec des résultats pour le moins mitigés ! Or, c’est bien d’une véritable politique de réindustrialisation (qui tienne compte du nécessaire « souci environnemental ») et de promotion du travail français dont notre pays a besoin : les potentialités territoriales, valorisées par une stratégie audacieuse d’aménagement des territoires, sont multiples, que cela soit sur terre comme sur mer. Si l’Etat n’a pas vocation à tout faire et à tout imposer, il doit néanmoins organiser les efforts et soutenir les initiatives les plus prometteuses dans les domaines de la production, de la transformation et de la distribution, sans céder à la tentation d’un étatisme facile mais foncièrement stérile au plan économique comme l’histoire économique de la France le démontre à l’envi.
La Grèce n’en finit pas de s’enfoncer dans la crise, malgré tous les efforts des dirigeants de la zone euro et les plans successifs d’austérité qui saignent littéralement la population sans guérir le malade… L’éditorial du « Figaro » de samedi matin (3 septembre 2011) n’est guère optimiste, c’est le moins que l’on puisse dire, sur l’avenir de ce pays et, plus largement et plus implicitement, sur celui-là même de la zone euro, voire de l’Union européenne : « Peut-on sauver la Grèce ? Les dernières nouvelles en provenance d’Athènes, pour le moins décourageantes, ont de quoi semer un sérieux doute dans les esprits les plus europhiles. Alors que tous les dirigeants de la zone euro s’efforcent de « vendre » à leur opinion publique et à leur représentation nationale le plan d’urgence voté dans la douleur en juillet dernier, le pays, totalement désorganisé, se délite à grande vitesse. »
Oui, vous avez bien lu : « totalement désorganisé »… En somme, l’Etat grec n’est plus maître de rien : les grèves des jours derniers, la contestation grandissante d’une population financièrement exsangue, la désespérance sociale des jeunes du pays et l’émigration qui en est la conséquence directe, tout cela montre l’échec des plans destinés, non à sauver les salariés grecs mais d’abord et surtout (seulement ?) la monnaie unique, construite trop rapidement et sans grande précaution, suivant l’idée que sa seule existence résoudrait bien des problèmes quand, en fait, elle en a créé d’immenses, aujourd’hui « hors de contrôle » comme l’est la situation en Grèce.
L’éditorialiste du jour continue son triste constat : « Non seulement le gouvernement grec est incapable de tenir les engagements pris à l’égard de ses créanciers – qu’il s’agisse de lever correctement l’impôt ou d’engager des privatisations -, mais en plus l’économie s’effondre et les déficits ne se résorbent pas. » L’austérité s’avère ainsi contreproductive, faute d’un Etat assez solide pour rassurer ses citoyens contribuables et les défendre socialement contre les effets les plus malheureux de la crise : la Grèce paye aussi là les conséquences d’un système politique plus fondé sur le clientélisme et l’oligarchie de quelques grandes familles qui se partagent le Pouvoir, au gré des alternances politiciennes et électorales, que sur le débat d’idées et le service de l’Etat. République corrompue par nature, l’Etat grec n’a pas cette légitimité qui serait bien nécessaire pour être suivie dans l’effort par ses citoyens et reconnue sérieuse et souveraine par ses partenaires européens, aujourd’hui si peu enclins à être solidaires avec ce que les Allemands nomment ironiquement, voire méchamment, « les cueilleurs d’olives »… On touche d’ailleurs là aussi à l’une des erreurs de conception de la monnaie unique et de la zone euro qui est d’avoir mêlé des économies bien différentes, voire divergentes, au risque d’accroître des déséquilibres antérieurs et de masquer, provisoirement, les dérives de certains Etats ayant pris l’habitude de vivre à crédit en pensant que la bonne gestion des autres suffirait, dans la zone monétaire de l’euro, à garantir la bonne santé de l’ensemble et de toutes les parties prenantes à la monnaie unique… Dérives que n’a pas empêché la Commission européenne pourtant prévenue dès le départ des tricheries et des faiblesses du système étatique hellène !
La semaine prochaine risque à nouveau d’être déterminante pour la Grèce et toute la zone euro alors même que le Sommet européen extraordinaire de la fin juillet était évoqué par les experts et journalistes comme la « fin de cette crise » : moins de six semaines et, pour la France, malgré 15 milliards d’euros promis aux Grecs, auront suffi pour ruiner les espoirs des Européens ! Voilà de quoi faire réfléchir, une fois de plus, aux errements de ceux qui ont tant cru en leur idéologie d’un « euro miracle » et qui prônent désormais une véritable fuite en avant en évoquant une « gouvernance européenne » dont on sait trop bien qu’elle serait la dépossession des Etats et des citoyens de leurs souveraineté…
Comme le souligne l’éditorial du « Figaro », « au train où vont les choses, tous les ingrédients sont réunis pour provoquer une nouvelle tempête sur les marchés financiers, selon un scénario désormais bien connu. Le poison de la défiance ne tardera pas à se diffuser à d’autres pays de l’euro (…) ». D’ailleurs, Chypre est aussi en difficulté, son économie étant très liée à celle de la Grèce ! Il n’est pas impossible que ce petit pays entré dans la zone euro en 2008 demande bientôt à son tour l’aide de l’Union européenne, en attendant l’extension de cette crise à l’Espagne ou à l’Italie… Scénario catastrophe qu’il ne faut évidemment pas souhaiter mais qui n’est pas totalement improbable !
Certains économistes prônent désormais une sortie provisoire de la zone euro de quelques pays, dont la Grèce, tandis que d’autres parlent d’en finir avec « l’euro monnaie unique » pour passer à ce que le Royaume-Uni réclame depuis les années 90, c’est-à-dire « l’euro monnaie commune », chaque pays gardant un certain contrôle sur sa politique monétaire. Quoi qu’il en soit, les Etats ne pourront faire éternellement l’économie d’un véritable débat sur l’euro et, au-delà, sur l’Union européenne : une « Europe légale » qui serait trop déconnectée de « l’Europe réelle » (et c’est déjà le cas aujourd’hui !) pourrait bien mener à des catastrophes politiques et sociales dont l’Union européenne elle-même risquerait d’être la première victime…
La Grèce reprend sa liberté : le « coup d’Etat » de M. Papandréou :
La décision du premier ministre grec d’organiser prochainement un référendum sur les décisions prises la semaine dernière à Bruxelles pour « sauver l’euro » est un coup de tonnerre dans un ciel européen qui ne cesse de s’obscurcir ces derniers mois. Certains y voient « un pari risqué » quand d’autres s’inquiètent de la forte probabilité d’un vote négatif des électeurs grecs qui entraînerait l’effondrement des « espérances » du Sommet du 26 octobre, espérances qui semblent bien fragiles et auxquelles, déjà, les marchés financiers, après une seule journée d’euphorie (d’ivresse ?), semblent ne plus croire !
En fait, cette annonce-surprise m’apparaît comme un véritable coup d’Etat contre l’Union européenne et ses institutions et, au-delà, le FMI, car l’Etat grec se pose, par cette question posée au peuple électoral, au « Démos » selon la formulation antique, comme le garant de la « volonté souveraine nationale » contre les décisions prises « d’en haut et de loin » par les responsables (financiers comme politiques) de la zone euro. Un coup d’Etat parce que le gouvernement grec préfère prendre le risque d’être désavoué par le résultat du vote que d’apparaître comme le simple exécutant des oukases bruxellois ou, plutôt, allemands.
C’est aussi une manière pour le premier ministre M. Papandréou de retrouver une certaine légitimité en Grèce, non par le résultat du référendum mais par le fait de l’avoir organisé, comme un acte d’indépendance nationale. Ainsi, le « coup d’Etat » de M. Papandréou semble-t-il s’accorder avec ce véritable soulèvement national des Grecs que vit le pays depuis plusieurs semaines : il n’est pas certain que l’Union européenne se sorte facilement ni de bonne manière de cette situation inédite, elle qui a, en fait, voulu établir la première « occupation administrative » d’un pays de la zone euro par une « troïka » (BCE, UE, FMI) composée de hauts fonctionnaires européens et internationaux !
En tout cas, la mère-patrie de la Démocratie en Europe rappelle ainsi, et de façon un peu brutale, que les citoyens et les peuples existent encore malgré les instances européennes qui ont souvent tendance à l’oublier, ou à le nier…
La nouvelle crise financière qui est en train de dérouler ses effets sur les pays occidentaux en plein mois d’août n’est pas exactement une surprise, et feindre l’étonnement devant les récents événements et l’effondrement d’une part du système financier états-unien et européen serait faire preuve de cynisme ou de naïveté de la part des analystes et des hommes d’affaires qui ont tant participé à ce « système de crise », voire à ce que l’on pourrait nommer de façon plus simple « le Système », fait de globalisation, technophilie et société de consommation. De multiples avertissements, ces dernières années mais aussi bien avant 2007 et la crise des «subprimes», ont été lancés dans une indifférence presque totale, et je n’ai pas été le dernier à évoquer la possibilité d’une crise qui ne soit pas que conjoncturelle mais aussi structurelle, même si je ne savais pas quelles formes exactes elle allait prendre, ni quand elle allait survenir en tant que telle : désormais, il est possible de prendre 2007 ou/et 2008 comme point de départ. La zone euro résiste mal à la crise… A force de jouer les éternels Cassandre, rôle ingrat et nécessaire mais qui ne ferme pas forcément la porte à l’espérance, une certaine fatigue teintée d’amertume peut parfois m’envahir : le danger serait de se réfugier dans une sorte de retraite méprisante et désabusée, impolitique et donc totalement négative.
Or, faire de la politique, c’est refuser le fatalisme et chercher les voies institutionnelles d’une « sortie de crise », qu’elle qu’en soit le domaine. Dans le cas spécifique et au regard de son histoire et de sa culture politique, il me semble indéniable que l’Etat a un rôle à jouer dans l’économie, non pour la diriger mais pour lui éviter de défaire ce qui doit être préservé, que cela soit l’environnement ou de justes rapports dans la société : le comte de Paris disait jadis que « la mission du Pouvoir est de rendre les gens heureux » et, au-delà d’une formulation qu’il faut, à mon avis, préciser, cela fait sens. J’avoue que, pendant longtemps, une stricte lecture maurrassienne me faisait rechigner à user du terme «bonheur» considéré comme trop moral ou trop vague pour être vraiment autre chose qu’une nuée, une abstraction saint-justinienne qui avait fait tant de mal dans l’Histoire, en particulier durant la Terreur ou au temps de l’Union soviétique…
Mais, en fait, lorsque le comte de Paris écrit la formule évoquée, il ne s’agit pas pour lui de parler d’un « mythe » ou d’user d’une facilité de langage démagogique, mais de rappeler que l’Etat a pour devoir d’assurer le bien-être de ses citoyens ou, du moins, de le préserver du pire, de la défaite ou de la misère, de la toute-puissance des forces économiques et des injustices sociales qui résultent d’une application trop stricte de la « liberté économique », celle du « renard libre dans le poulailler libre » qui oublie les règles de l’équilibre de toute société. L’Etat français, aujourd’hui encore et malgré la République, est conscient de cette tâche qui lui revient, non seulement de droit mais de devoir et de légitimité, et le président Nicolas Sarkozy, dans son discours de Toulon de 2008, rédigé par le gaulliste social Henri Guaino, avait alors pris le contre-pied de ce qu’il avait dit quelques semaines auparavant, au risque même de contredire la lettre et l’esprit du traité de Lisbonne dont il se veut le « père » (de façon un peu exagérée, d’ailleurs) et qui est de stricte orthodoxie libérale… Son actuelle et indéniable activité politique face à la crise de la zone euro et sa proximité avec la chancelière allemande (proximité qui peut, sur certains points, être fort critiquable) montrent que deux Etats actifs et volontaires sont plus efficaces et plus engagés que les institutions officielles de la Commission mais aussi de la BCE, sans même parler du Parlement européen qui poursuit tranquillement ses vacances…
Le couple franco-allemand, qui fait ce que l’UE n’est pas capable de faire, à 17 ou à 27… Il est d’ailleurs significatif que les propos récurrents de M. Guaino expliquant qu’il ne fallait pas hésiter, en cas de besoin, à passer par-dessus les critères de Maëstricht (propos qui, jadis, firent scandale !) forment désormais la réalité concrète de la politique des deux grandes puissances de la zone euro. Pied de nez au libéralisme, d’une certaine façon ! Avoir eu raison trop tôt (mais je n’étais pas le seul, évidemment, à prévenir des risques d’un libéralisme sans garde-fou ni freins) ne me console pas vraiment, parce que, lorsque ce qui est annoncé arrive, c’est encore Cassandre qui est accusée d’avoir attiré le malheur sur la cité et que les retournements de veste, bruyants à défaut d’être complètement sincères, couvrent les paroles des justes augures. Depuis plus de trois ans qu’elle est apparue visible, la crise n’est pas finie, et elle n’est, en fait et au-delà des péripéties multiples et quotidiennes, qu’une transition, un vaste transfert de richesses des classes moyennes du Nord vers celles, émergentes, de Chine et d’Inde, mais aussi, comme le montrent les déclarations des hauts responsables chinois (qui se payent le luxe de tancer les Etats-Unis et l’Union européenne pour leurs déficits…), un transfert de direction politique et économique des Etats occidentaux (désarmés et de plus en plus dépendants des oligarchies financières) aux Etats du « Sud conquérant », entre autres, comme je l’ai déjà dit maintes fois, sur ce blog comme dans des discussions avec mes élèves ou mes collègues : le rôle de Cassandre, aujourd’hui, s’achève, et doit laisser la place aux actions concrètes des Politiques, à ceux à qui il revient de forger les boucliers mais aussi les épées de demain, à ceux qui doivent, l’espérance au cœur, agir pour les générations qui s’annoncent et celles qui sont encore lointaines.
Dans son histoire, notre pays a traversé de multiples épreuves, il survivra à cette crise, sans doute, et cela même si l’euro monnaie unique disparaît, ce qui n’est pas tout à fait impossible : mais, le « mettre en Monarchie » aurait comme vertu d’inscrire le long terme dans l’Etat, élément nécessaire de tout amortissement et de toute résolution de crise et condition de la justice sociale, garantie par la loi nationale plus sûrement que par les règles d’une Union européenne, aujourd’hui percluse de libéralisme comme d’autres le sont de rhumatismes…