« Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur du monde », s’exclamait Albert Camus jadis, à la suite de Maurras, de Bernanos et de quelques autres encore pour qui les mots ne sont pas de simples alignements de lettres mais ont un sens exact et particulier. Alors, rappelons, face à l’assassinat du professeur d’histoire Samuel Paty, quelques vérités simples, tout en lui rendant l’hommage que nous devons, en tant que Français attachés à la nation et à ses libertés publiques comme privées, à ce serviteur de l’Etat, quelle que soit les formes institutionnelles de ce dernier.
Ce professeur est mort assassiné pour avoir fait ce qui était son métier et sa fonction d’enseignant, dans le cadre de l’instruction publique ;
Il est mort assassiné par un islamiste au nom d’une conception étroite du sacré qui ne correspond ni à nos traditions françaises ni à la compréhension et pratiques contemporaines de la religion qu’il prétendait servir ;
Sa tête décapitée nous est jetée à la figure comme une provocation et avec la volonté de faire peur aux enseignants et aux usagers de l’école ;
L’assassin a été accueilli chez nous et son acte est un crachat sanglant sur le visage de notre pays, acte belliqueux qui doit nous inciter à revoir, sans doute, les règles d’hospitalité de notre nation à l’égard de « réfugiés » dont certains n’ont aucunement l’intention de respecter ce que nous sommes en tant que France ;
L’Education nationale n’a pas su, ces dernières décennies, tracer nettement et fermement un destin français pour les nouvelles générations d’ici ou venues d’ailleurs, trop occupée qu’elle était à défendre de grands principes et des « valeurs de la République » qui, trop souvent, ne valent que ce que la République avec ses « affaires » donne comme image d’elle-même ;
La République, évoquée à tout instant par les Autorités, n’est pas la France, mais un instant idéologique de celle-ci, représenté par des institutions dont nous pensons qu’elles desservent aujourd’hui comme hier le bien commun de la France et des Français. Mais nous pouvons comprendre aussi que, par habitude et par usage, ou en suivant la définition ancienne de Res Publica (la « chose publique », c’est-à-dire la Cité et ses œuvres), ce mot soit largement utilisé par nombre de nos concitoyens sincères comme un synonyme de France ;
Dans son acte barbare, l’assassin islamiste a été conforté par la faiblesse de nos Démocraties face à l’islamisme et la crainte devant le mot « islamophobie » qui n’est rien d’autre, le plus souvent, que l’arme des islamistes pour tétaniser leurs adversaires ;
Face à l’islamisme, les bougies et les dessins, aussi sympathiques soient-ils, ne suffiront pas : il faut un Etat digne de ce nom pour faire respecter ce qu’est la France, avec ses qualités et ses défauts, mais dans la ligne de son histoire et de « ce destin heureux que tout esprit bien né souhaite à sa patrie ».
Devant le corps mutilé de ce professeur d’histoire dont nous ne savons rien des idées et des appartenances politiques parce que, en l’occurrence, elles nous semblent secondaires face à l’acte dont il a été victime, nous, Royalistes français, nous inclinons respectueusement.
Qu’il repose en paix.
Actualités
Les démocraties occidentales impuissantes ?
Les Démocraties occidentales impuissantes ?
Les Démocraties occidentales sont, comme dans les années 1930, faibles et trop souvent désarmées face aux puissances autocratiques ou totalitaires, et elles semblent n’avoir rien retenu de l’histoire, une fois de plus et peut-être une fois de trop : les provocations ottomanes du nouveau sultan Erdogan et la prise de contrôle presque totale du territoire de Hong Kong par la Chine de Xi Jinping marquent une poussée des régimes intolérants qui semble s’accélérer à l’occasion de ce déconfinement qui tourne à la déconfiture économique et idéologique des grandes démocraties occidentales, en partie minées par le communautarisme et le racialisme, deux systèmes idéologiques qui portent le même risque de désintégration des anciens modèles de civilisation sans remettre en cause, loin de là, les idéologies économiques dominantes de la société de consommation et du libre-échangisme mondialisé. L’américanisation des conflictualités internes à notre pays, par exemple, montre bien la porosité de nos sociétés, par les médias comme par la mondialisation elle-même, aux thématiques imposées par les gourous d’une gouvernance qui cherche, par tous les moyens (y compris ceux de la morale ou, plus exactement du moralisme, fort peu politiques s’ils s’avèrent néanmoins politiciens…), à contourner les gouvernements politiques des Démocraties tout en les culpabilisant pour mieux les affaiblir : une stratégie profitable aux Etats non-démocratiques qui s’engouffrent dans les brèches faites par les opinions publiques des Démocraties elles-mêmes, insouciantes du danger à moyen terme (dans le meilleur des cas) d’un effondrement total, qui pourrait être civilisationnel avant d’être militaire… Un effondrement qui n’est pas fatal, mais possible et plausible si l’on n’y prend garde.
Bernanos, ce royaliste intraitable, renvoyait démocraties et totalitarismes dos à dos, allant jusqu’à clamer que « les démocraties étaient les mères des totalitarismes », ce qui rejoignait la pensée de JRR Tolkien qui, lui, l’a traduite dans ses récits du « Seigneur des Anneaux ». Le jugement des deux écrivains catholiques est malheureusement souvent vérifié par l’Histoire, celle que les Démocraties contemporaines, à l’aune de celles d’hier fondées parfois sur la « tabula rasa » révolutionnaire, se dépêchent d’oublier pour mieux « jouir sans entraves », formule idéale des « démocraties consommatoires » nées de la double idéologie franklino-fordiste. Pourtant, les totalitarismes ou les régimes liberticides sont surtout forts de la faiblesse des démocraties libérales, particulièrement européennes, la démocratie états-unienne, plus réaliste et sans doute plus cynique, sachant que son intérêt propre lui intime de ne jamais baisser la garde et de ne surtout pas désarmer : « et à la fin, rira bien qui tirera le dernier », pourrait-on dire, sans même exagérer ! Les Etats-Unis ont « les flingues » et c’est bien leur vraie protection, leur assurance-vie « pour garantir l’éternité », du moins la leur, et pour chercher à démentir le fameux adage « Tout empire périra », véritable épée de Damoclès au-dessus de la tête des puissances géopolitiques…
Il est une autre puissance, qui n’a pas toujours été notre amie dans l’histoire, qui sait que désarmer est la pire des politiques en temps de paix, car ce serait, surtout pour un pays riche, attirer la convoitise des carnassiers du moment et aiguiser les couteaux des dépeceurs d’empires : c’est le Royaume-Uni qui, lui, n’hésite pas à construire de nouveaux porte-avions et à renouveler régulièrement son armement dont il lui arrive d’utiliser toutes les capacités quand ses intérêts nationaux et ses droits territoriaux, même lointains, apparaissent menacés, comme nous le rappelle l’intervention aux îles Malouines (que les Britanniques nomment Falkland) du temps de Margaret Thatcher face aux troupes de l’Argentine des généraux. C’est d’ailleurs du Royaume-Uni et de Boris Johnson, lointain successeur de Winston Churchill (auquel il a consacré un ouvrage, d’ailleurs), que vient la seule réaction claire et nette face au coup de force chinois qui, depuis une semaine, applique à Hong Kong une loi de « sécurité nationale » qui criminalise toute contestation du régime communiste et de sa politique liberticide, au nom d’une sorte d’unité et indivisibilité de l’ensemble chinois qui nous renvoie au jacobinisme républicain des années révolutionnaires. Sans doute, le Premier ministre de la Monarchie britannique se rappelle-t-il de la fameuse phrase de son illustre prédécesseur qui annonçait, au lendemain des accords de Munich de l’automne 1938, que ce traité n’assurait rien du tout et qu’au lieu de préserver la paix et l’honneur, il amènerait, après le déshonneur, la guerre et, pour certains des signataires, la défaite, ce qui n’a pas manqué d’être vérifié quelques poignées de mois après, et à nos dépens…
Dans cette affaire de l’abandon des habitants de Hong Kong par les Démocraties européennes, seule l’ancienne puissance coloniale a sauvé l’honneur (et sans doute un peu plus), en annonçant être prête à fournir 3 millions de passeports aux Hongkongais, à la grande colère de la Chine qui y voit une ingérence insupportable. En fait, le Royaume-Uni ne cherche pas à « recoloniser Hong Kong » (et cela même si le drapeau britannique est parfois brandi par quelques manifestants comme une sorte de talisman, comme l’était le drapeau français par les Anjouanais en 1997 lors de la « sécession » d’avec la République des Comores…), mais à rester ferme face à la Chine, profitant du Brexit pour affirmer plus clairement ses valeurs et ses options stratégiques quand l’Union Européenne, elle, brille par sa profonde lâcheté face à l’empire de Xi Jinping auquel, il est vrai, elle continue d’acheter masques et textiles divers…
Entendons-nous bien : la politique de la France ne doit pas être d’affronter, ni même de se brouiller avec la Chine communiste, mais d’affirmer son indépendance et son franc-parler sans, pour autant, négliger la diplomatie. Or, les puissances qui se réfugient derrière la ligne Maginot de la couardise et de la facilité sont condamnées à connaître le pire, n’attirant sur elles que le dégoût et le malheur : l’histoire est cruelle pour les insouciants comme pour les faibles, et elle est souvent plus darwinienne que « moralement juste »… Mais, pour parler haut et fort aux autres pays et aux grandes puissances, encore faut-il une colonne vertébrale et des poings, ceux qui peuvent frapper fort pour se protéger si besoin est : pour cela, il faut un Etat digne de ce nom et une politique de puissance appropriée pour se faire respecter et tenir son rang sur la scène internationale, avec le risque assumé de déplaire parfois.
« Armons, armons, armons », hurlait, en vain, Maurras dans L’Action Française des années 1920 et 30, et il ne parlait pas que de moyens militaires mais de politique d’Etat, et d’état d’esprit. Maurras, entraîné dans le déshonneur d’une guerre et d’une défaite qu’il a tout fait pour éviter (et, en cela, il doit être salué), mérite d’être écouté, maintenant, tout comme celui qui fut son disciple rebelle, le général de Gaulle, celui-là même qui appliqua les conseils de « Kiel et Tanger » (1) face aux enjeux des temps de la Guerre froide et qui sut parler à la Chine comme aux Etats-Unis (mais aussi aux autres pays d’Europe, alliés comme éloignés) sans rien leur concéder quand le sort et la place de la France étaient en jeu.
Être fort, « faire de la force » pour un pays comme la France, cela signifie se donner les moyens d’exister diplomatiquement et politiquement, de peser, même d’un poids léger mais suffisant pour faire pencher la balance du « bon côté », et de se faire respecter, y compris dans ses amitiés. C’est être libre, tout simplement, et dire au monde et aux autres ce que la France pense être juste et bon. Loin d’être un impérialisme méprisant, c’est la politique d’une puissance médiatrice : mieux qu’un impérialisme, c’est un nationalisme équilibré et mesuré, qui n’oublie jamais que la paix, cadeau fragile de l’histoire, n’est mieux assurée que lorsque les nations sont fortes d’elles-mêmes sans oublier leurs limites… et leur histoire ! Et il semble bien, qu’aujourd’hui, c’est le Royaume-Uni, revenu de ses rêves anciens d’empire, qui l’ait le mieux compris ! Sans doute est-ce là, sur les ruines de l’Empire de Victoria et du désir d’Europe déçu, « la (re)naissance d’une nation »…
Notes : (1) : « Kiel et Tanger » est le titre d’un ouvrage de Maurras, écrit au début du XXe siècle, et dont le chapitre « Que la France pourrait manœuvrer et grandir » a inspiré de Gaulle (qui le relisait encore à la veille de son fameux « Vive le Québec libre ! » du 24 juillet 1967) mais aussi le président Georges Pompidou, qui en citera quelques extraits en 1972 lors d’un discours devant les étudiants parisiens de Sciences Po… Il se murmure que l’actuel président M. Macron aurait lu ce fameux chapitre : il lui reste alors à en saisir tout le sens profond et à le mettre en pratique… Nous en sommes loin, certes, mais qui sait ? N’insultons pas l’avenir…
La cgt et le medef contre la solidarité française :
En cette période particulière, quelques efforts sont demandés à chacun d’entre nous, et cela dans tous les métiers et dans toutes les catégories sociales, ce qui n’est pas, au regard des enjeux, choquant en soi-même. D’autant plus que le temps du confinement, désormais dépassé, pourrait bien entraîner, si l’on ne s’en préserve, une véritable catastrophe économique et, au-delà, sociale : la crise est devant nous, affirment nombre d’acteurs et d’observateurs de la scène publique française, et le plus compliqué reste à venir. Et c’est la capacité de la « nation productrice » à aborder les temps qui viennent qui sera déterminante : résilience, bonne volonté et esprit de service devront prévaloir, et cela fait sens dans une société qui n’est pas qu’un agrégat d’individus interchangeables. Justement, le vieux pays qu’est et que reste la France fait sens, et elle incarne cette durée et cette possibilité, à échelle humaine et historique, de « l’éternité renouvelée ». Sur ces fondations-là, la crise peut, sinon être évitée, du moins être amortie et quelques mauvais coups déviés. Le fait de naître français, de le devenir, de l’être engage : l’oublier ou simplement le négliger aux heures sombres peut être, civiquement parlant (au sens athénien de la cité, de la « polis »), une forme de trahison qu’il s’agit, non de dénoncer, mais de combattre et de dépasser pour en éviter les sinistres conséquences.
Or, deux faits récents montrent que le bien commun n’est pas toujours envisagé par ceux-là mêmes dont ce serait le rôle de le défendre et de le promouvoir. Ils sont révélateurs de certaines maladies qui minent l’entente sociale nécessaire à la vie et à la prospérité raisonnée que chacun doit espérer, tout en y travaillant, pour sa communauté d’ensemble nationale, ce « plus vaste cercle communautaire qui soit, au temporel, solide et complet » et qui garantit la liberté et la survie de tous les autres. Le premier, c’est la politique d’obstruction du syndicat CGT à la reprise de la production dans l’usine automobile Renault de Sandouville (site de production de véhicules utilitaires), politique qui a abouti à l’arrêt complet de celle-ci, pourtant en cours de redémarrage la semaine dernière. Les raisons de cette obstruction, liée aux conditions de sécurité sanitaire au sein de l’usine ou, plutôt, aux procédures de convocation de la commission de santé et sécurité de l’établissement, sont, à bien regarder l’affaire, sans lien véritable avec la préservation de la santé des ouvriers, l’usine étant considérée comme l’une des plus exemplaires sur ce sujet sensible. Non, il s’agit juste d’une manœuvre assez indigne d’un syndicat qui, dans cette affaire, ne l’est pas moins et qui n’a agi que selon des considérations fort peu sociales, au risque de menacer l’existence même de nombreux emplois de Renault ! Après un tel mauvais coup, qui prive les salariés d’une reprise complète de l’activité sur le site prévue initialement pour cette semaine et désormais repoussée à quelques dizaines de jours, la CGT se retrouve isolée et décrédibilisée, au moment même où un syndicalisme fort et responsable serait absolument nécessaire pour participer au mouvement de redressement productif qu’il s’agit de favoriser et d’amplifier : avec une telle obstruction, « les clients ne risquent-ils pas de se tourner vers la concurrence si on ne peut plus produire ? », s’inquiète avec raison le délégué local de la CFE-CGC de l’entreprise. La CGT se comporte là en bien mauvais défenseur du monde ouvrier ! Là où il faudrait serrer les rangs (façon de parler, évidemment, en période de distanciation physique…) et se retrousser les manches, comme l’avaient commandé les prédécesseurs de M. Martinez aux ouvriers de 1945, cette centrale syndicale appelle à la démobilisation ou au blocage : Thorez et Frachon (secrétaire général de la CGT en 1945 et auteur du livre « La bataille de la production » que devraient utilement relire les cégétistes d’aujourd’hui…) doivent se retourner dans la tombe !
Les autres syndicats de l’usine de Sandouville avaient participé à un cycle de négociations entre la direction et les représentants des salariés, au niveau du groupe d’abord, de la France puis de chaque site de l’entreprise, dans le cadre d’un dialogue social largement apaisé au regard des circonstances particulières de la pandémie, un dialogue qu’il faut sans doute renforcer mais qui, pour le coup, était plutôt équilibré. Mieux vaut la conciliation sociale que l’antagonisme des acteurs de l’entreprise entre eux, sachant que, le plus souvent, le rapport de forces n’est pas favorable aux salariés, surtout dans le cadre d’une mondialisation qui valorise plus les « avantages comparatifs » que le « progrès social ». Mieux vaut l’unité de l’entreprise face à l’adversité concurrentielle que le rapport de forces permanent et destructeur de la justice sociale autant que de l’entreprise elle-même ! Avec cette obstruction totalement inappropriée, la CGT, au lieu de servir les salariés, risque bien d’accélérer le déclin de l’emploi dans les usines automobiles françaises : beau gâchis ! En l’espèce, la fameuse formule de Maurras, « la politique du pire est la pire des politiques », s’avère bien définir l’attitude funeste de la CGT locale…
Le deuxième fait que je qualifierai, là aussi, d’antisocial est le discours du MEDEF et de ses alliés d’experts libéraux qui ne raisonnent qu’en termes de croissance économique quand il faudrait, d’abord, penser en termes de prospérité, celle qui ne peut exister que si le social n’est pas négligé par l’économique. La croissance n’est pas toujours la prospérité, et la prospérité n’est pas qu’affaire de croissance : l’enjeu de l’avenir sera sans doute, justement, de penser « la prospérité sans la croissance », et de l’appliquer à ce monde, en procédant à un retournement de système (par la sortie de la société de consommation et de sa logique fordo-franklinienne). Ce qui est certain, c’est que le discours du « travailler plus d’heures et plus de jours dans l’année », et vouloir l’inscrire dans la loi, est plus que maladroit, c’est une faute sociale autant que stratégique : d’abord parce qu’il n’est pas utile de l’imposer par le biais législatif (ce qui paraît d’ailleurs contradictoire avec le libéralisme prôné qui, a priori, valorise plutôt la liberté que la contrainte…), les salariés, les indépendants et les chefs d’entreprise sachant bien que des efforts seront, évidemment, nécessaires pour sauver leur propre emploi et leur revenu ; d’autre part, pourquoi évoquer cela au moment où le confinement forcé et obligatoire pour nombre de travailleurs a été vécu, déjà, comme une contrainte plutôt que comme des vacances reposantes ? Bien sûr, les situations sont différentes d’un secteur d’activité à l’autre, mais le discours brutal du MEDEF a tendance à bloquer les bonnes volontés plutôt qu’à les susciter et à les soutenir. De plus, la réticence de ce même MEDEF à accepter quelques efforts financiers, en particulier par le moindre versement de dividendes aux grands actionnaires, et le chantage au départ fiscal de ceux qui pourraient être soumis à un ISF rénové, semblent prouver un comportement bien peu patriotique, au moment où l’État injecte tant d’argent, celui des contribuables (et pas des seuls actionnaires), dans l’économie réelle pour en éviter le collapsus. Dernier point : les chefs d’entreprise des grandes sociétés et les actionnaires les plus aisés (tous ne le sont pas, et le retraité qui compte sur quelques dividendes annuels pour améliorer un peu sa retraite ne peut être confondu avec les grands spéculateurs aux comportements de prédateurs) ne peuvent s’abstraire de leurs devoirs sociaux, au risque de ne plus être considérés que comme des profiteurs sans légitimité et s’attirer les foudres de l’opinion publique, à raison dans ce cas-là. La solidarité ne doit pas être un vain mot ou ne s’exprimer que dans le cadre de sa classe sociale d’appartenance : elle doit irriguer toute la société et ses catégories diverses, dans l’équité et la péréquation sociales.
Sans justice sociale, une société ne peut que se déchirer et compromettre son rétablissement économique. L’oublier, que l’on soit syndicaliste CGT à Sandouville ou libéral de l’Institut Montaigne ou du MEDEF, c’est manquer à ses obligations de solidarité française, celle qui permet de traverser les tempêtes sans briser le navire ni jeter ses passagers par-dessus bord…
Jean-Philippe Chauvin
Respecter la dignité de nos anciens :
Le sort des anciens durant cette période compliquée est un motif d’inquiétude mais aussi de colère : dans nombre de cas, le confinement est devenu double enfermement, à la fois physique et social, et notre société individualiste a montré toutes les limites de ses principes… Dans les Maisons de retraite, les pensionnaires de grand âge ont été soumis à une véritable punition, avec l’alibi de la santé et de la sécurité : les exposer, c’était les tuer, en raison, justement, de leur fragilité liée à l’âge, et il a été décidé de fermer ces Maisons, mais de les fermer sur elles-mêmes, avec l’interdiction pour les enfants des pensionnaires de venir les visiter. Mais une fois entré dans ces lieux pourtant confinés, le virus, lui, a tué, abondamment, cruellement, anonymement. Certaines de ces Maisons, déjà bien tristes en temps normal (mais très coûteuses sans que l’on comprenne toujours pourquoi au regard des prestations et des repas servis en leur sein…), sont devenus de véritables mouroirs dans lesquels les dernières visites des familles et les secours de la religion, pour les croyants, étaient interdits. L’humanité a été oubliée, et notre société a détourné les yeux de ces drames silencieux, de ces larmes versées loin des caméras, de ces vieux cœurs brisés de chagrin de devoir disparaître sans le dernier regard aperçu des êtres aimés. Solitude finale de vies livrées à la Grande Faucheuse dans le désamour et l’abandon…
Il faudra un jour faire le bilan de ce désintérêt, et mander quelques uns des responsables de ces Maisons tristes devant le tribunal de la dignité humaine, sans oublier de dénoncer un système qui fait de la vieillesse une rente pour quelques sociétés et actionnaires dépourvus de cette humanité pourtant nécessaire à toute société pour espérer survivre en bonne harmonie. Mais il faudra aussi interroger cette société-là, qu’il faut plutôt nommer « dissociété » comme l’avait déjà évoqué, il y a plus de 50 ans le philosophe Marcel de Corte, et ses fondements individualistes issus de ce libéralisme anglosaxon déjà ancien qui avait trouvé en Margaret Thatcher sa meilleure interprète quand elle affirmait que « la société n’existe pas », prouvant aussi par là-même que la société de consommation n’en est effectivement pas une au sens humain et social du terme, mais plutôt un « assemblage d’individus se côtoyant » et, plus exactement, de consommateurs, ravalant la personne à un simple tube digestif : est-ce si loin que cela du matérialisme marxiste ?
Rendre aux anciens la dignité de personnes aimées et considérées, non de façon purement utilitariste ou financière mais de façon proprement humaine et conviviale, devra être l’une des missions des générations contemporaines et prochaines. Et commençons dès maintenant en réclamant que les Maisons de retraite se conforment aux règles simples de la charité et de l’entraide, du service des anciens et de leur tranquillité pour une vie digne, même en ses derniers printemps… Je sais que certaines de ces Maisons et nombre de leurs personnels respectent cette dignité des anciens, mais elles ne sont pas, malheureusement, les plus nombreuses comme j’ai pu le constater par moi-même et à travers les témoignages de certains de mes collègues confrontés à l’épreuve du placement de leurs proches âgés dans ces structures. Il faudra bien, le temps du confinement fini, que l’Etat se saisisse de cette question, dans son rôle de protecteur et de Grand justicier qu’il se doit d’assumer. S’il ne le fait pas, ou trop peu, cela nous engagera à le dénoncer et, éventuellement, à le remplacer par un Etat digne de ce nom et de sa fonction sociale…
Jean-Philippe Chauvin
Docteur Dor, la mort d’un Juste :
Le docteur Dor n’est plus !
Le docteur Dor vient de nous quitter, frappé à l’âge de 91 ans par le Coronavirus le 4 avril dernier.
Il m’avait fait l’honneur de m’inviter chez lui où nous avons passé une après-midi à faire connaissance et à partager notre amour de la vie.
En 2017 j’avais donné une conférence à ses côtés à l’invitation de Media presse Info.
En 2018 je l’ai retrouvé au pèlerinage de Chartres au milieu des marcheurs.
Reposez en paix cher docteur, votre combat vous survivra.
Marion Sigaut
Tirer des leçons de 2020 sans oublier 2008 :
Le texte ci-dessous a été écrit et publié en octobre 2008 par le Groupe d’Action Royaliste, et il ne me semble pas incongru de le republier aujourd’hui, pour entretenir la mémoire et en tirer quelques leçons, au regard de la crise actuelle qui voit désormais la Chine tirer bénéfice d’une situation qu’elle n’a pas entièrement créée même si elle en porte une part de responsabilité indéniable. Après 2008, la mondialisation a continué et s’est même accélérée, et la Chine a conforté ses positions, aidée en cela par l’irresponsabilité ou la cupidité des actionnaires et de nombre de multinationales qui ne raisonnent qu’en termes « d’avantages comparatifs » : les conséquences sont là, et nous pouvons les mesurer, sans être bien certain, pour mon compte, que la République et les partisans de la mondialisation libérale aient la volonté réelle d’infléchir les choses et de revenir à plus de raison et, disons le mot, de « nation »…
La crise, transfert de richesses et de pouvoirs vers l’Asie. (9 octobre 2008)
La crise financière continue à se développer sans que l’on sache combien de temps elle va durer et quelles en seront toutes les conséquences. La dégringolade des places boursières donne l’impression d’une vaste panique incontrôlée et d’une perte de confiance généralisée dans le système financier mondial. Mais, au-delà des événements, il me semble important de chercher à comprendre ce qui se passe, condition indispensable à toute stratégie économique crédible et à toute réponse politique.
En fait, il n’est pas inutile de se rappeler que le terme même de crise est la traduction française du mot grec « krisis » qui signifie « séparation » : c’est bien de cela dont il s’agit, une séparation entre un avant et un après, une forme de transition en somme entre deux situations, deux réalités, deux mondes.
Ainsi, nous assistons au « passage de témoin » de la puissance financière et économique, des pays du Nord (Etats-Unis, pays européens, principalement) à certaines nations d’Asie, en particulier l’Inde et la Chine, ce que soulignent quelques (rares) articles qui évitent de tomber dans le piège d’une lecture simpliste et seulement idéologique, pas toujours suffisante pour comprendre la situation présente : si crise du capitalisme il y a, cela ne signifie pas la fin de celui-ci mais son transfert dans de nouveaux espaces dominants, dans de nouvelles zones de réalisation et d’expansion. Le centre du monde se déplace vers l’Asie et, comme tout déracinement de ce que l’on a cru éternel et inexpugnable, cela se fait dans de grands craquements et dans la poussière soulevée par ces grands arbres qui s’abattent sur un sol devenu aride… L’argent est désormais ailleurs que dans nos pays qui, en caricaturant un peu, se contentent juste de consommer des produits fabriqués en Asie, serrant par là-même la corde autour du cou de nos économies.
La question posée dans « Le Monde 2 » dans son édition du samedi 4 octobre : « Au décours de cette crise, les actuels maîtres du monde seront-ils toujours ceux de demain ? » trouve ainsi sa réponse dans un autre article du « Monde » du même jour : « La crise renforcera l’Asie », article de l’économiste Jean-Raphaël Chaponniere qu’il conviendrait de découper et de conserver dans son portefeuille, non comme un talisman mais comme un avertissement, et qui confirme mes prévisions déjà anciennes.
Ainsi, est-il expliqué que « la crise financière, la plus grave depuis 1929, accélérera le glissement du centre du monde vers l’Asie », glissement commencé depuis les années 80-90 et freiné par la crise de 1997. « Cependant, tous les pays asiatiques ont tiré les leçons de la crise de 1997 et ont accumulé des réserves pour se protéger. Investis en bons du Trésor américain, elles ont permis aux Etats-Unis de maintenir des taux d’intérêt bas et aux ménages américains de s’endetter davantage. L’Asie a ainsi profité de la boulimie de consommation aux Etats-Unis. Ces excès ont conduit à la crise. (…)
Depuis l’été 2007, les Etats-Unis souffrent de la grippe des subprimes et, si les marchés asiatiques ont souffert, les économies réelles ont été épargnées. En 2009, elles seront bien sûr affectées par la récession qui s’annonce. Pour autant, elles connaîtront un rythme de croissance supérieur à celui des économies américaines, européennes et japonaises.
(…) L’attention portée aux échanges occulte l’essentiel : la croissance asiatique repose bien davantage sur la demande domestique. L’investissement et la consommation sont les principaux ressorts de ces pays. Ils ne seront affectés qu’à la marge par la crise. (…)
Les Etats et les ménages asiatiques qui en ont les moyens financiers continueront d’investir et de consommer. S’ils ont pâti de la crise financière, les fonds souverains asiatiques vont quant à eux probablement saisir cette opportunité pour acquérir des actifs aux Etats-Unis et en Europe.
(…) En accélérant le basculement vers l’Asie, la crise actuelle accouchera d’un monde multipolaire. ».
Comprendre ce transfert de richesses et de puissance économique, c’est en prévenir aussi les conséquences et en amortir le choc : le capitalisme libéral, s’il se retire de nos terres pour aller fleurir ailleurs, pourrait bien laisser la place à de nouvelles formes, traditionnelles ou inédites, d’économie et de société, mieux orientées vers le partage et la sobriété. Pour en finir, non pas avec l’Argent, mais avec son règne indécent et cruel…
Jean-Philippe Chauvin
Regard sur l’écologie :
La paysannerie victime des multinationales destructrices de notre sol :
On ne nourrira pas le monde avec l’agriculture biologique : on entend souvent cette allégation au sujet de la sécurité alimentaire mondiale. Cette phrase revient comme un leitmotiv. Lydia et Claude Bourguignon microbilogistes des sols et fondateurs du LAMS (Laboratoire Analyses Microbiologiques Sols), donnent leurs points de vues. Alors info ou intox ?
Site internet du LAMS : www.lams-21.com
Délocalisation des Peuples :
Alors comme disait Jean Charles Masson : « La Renaissance, à souhaiter sous peine de décès, implique de renouer ce qui fut dénoué, de ramener ce qui fut éloigné, de rappeler ce qui fut oublié, bref, de faire une révolution vers notre passé et de réenraciner l’intelligence. Le réenracinement est le moyen de la Renaissance. Si l’on veut « dénomadiser » culturellement, il faut sédentariser économiquement ».
Nous ne rejetons pas l’étranger qui toujours, à travers les siècles, est venu s’installer pour vivre et prospérer en s’intégrant paisiblement chez nous. Ce que nous dénonçons c’est une certaine politique qui enlève les forces intellectuelle et physiques handicapant l’avenir de ces pays du Sud (jadis qualifiés de Tiers-Monde) pour leur avenir… Nos gouvernements compensent alors ces manques par l’envoi d’aides humaines qui remplacent, ou croient remplacer, le manque causé par la fuite des ressources humaines chez nous… Politique de gribouille, sans parler évidemment de la dégradation et déstabilisation de notre vie communautaire par un apport massif de populations. Ce dérèglement nuit d’ailleurs à tous, aux bons citoyens accueillants comme aux paisibles étrangers. Une saine écologie ne se limite donc pas à la nature proprement dite mais à tout ce qui compose notre vie familiale et communautaire : on peut parler véritablement « d’écologie humaine ». Elle est la stricte observation des lois de la vie. Un peuple doit pouvoir grandir et prospérer dans la paix comme dans son espace de vie ancestral ou territoire avec le moins de perturbations pour préserver voir évoluer dans son cadre traditionnel de coutumes et cultures qui ont fait et doivent faire sa richesse dans l’avenir.
La défense de l’environnement passera au préalable par la reconnaissance d’un ordre impliquant une certaine conception de l’homme et de son environnement. Nous ne pourrons parler d’écologie que lorsque nous aurons tourné le dos, au moins en esprit avant que cela soit dans les faits aussi vite que possible, à la société marchande, mercantile et individualiste basée sur le profit : « Quand il y a un problème, ne cherchez pas d’abord la solution, trouvez la cause. Je crois que cette crise est liée à votre gestion de l’immigration… » Omar Bongo (entretien avec F. Pons, Valeurs Actuelles).