Régine PERNOUD disait : « Ce visage familier de la France dont les contours nous semblent avoir été tracés d’avance pour ménager à notre peuple une terre aux proportions harmonieuses, où climats et ressources s’équilibrent et se complètent, il faut connaître son passé pour apprécier le miracle qu’il représente: suite de rencontres, de luttes, de difficultés à travers lesquelles une volonté sagace et obstinée a fait choisir, parmi tous les « possibles” qui se présentaient, la solution sacré. Notre France traditionnelle n’est pas le produit d’un hasard, ni d’un accident géographique, ni d’on ne sait quelle prédestination. Elle est une longue patience; ciselant, soudant, ajustant un à un chaque coin du territoire, raccrochant à l’ensemble, ici une ville, là une province, jusqu’à ce que, sans brutalité, sans démonstrations théâtrales par le développement de possibilités naturelles dont notre peuple eut très tôt l’intuition, la France se trouvât formée. »
Nous désirons marcher avec l’histoire et celle de la France, riche et diversifiée, est illustrée par l’héroïsme. Je ne vais pas renouveler un historique que vous connaissez mais après tout… Il faut sans cesse rappeler notre présence dans cette Amérique qui fut un moment presque Française. Cette guerre de 100 ans menés par une poignée d’hommes au sang de braise sillonnant les immensités d’un territoire hostile et sans fin. Cette histoire oubliée du temps de nos rois où la France rayonnait dans le monde semble bien lointaine dans notre espace réduit par plus de 200 ans de décadence républicaine. L’espace ainsi diminué gavé de matérialisme et dépourvue de toute élévation transpire l’individualisme et l’hédonisme dans l’enfermement sur soi.
Nous avons dans l’esprit ces chevaliers de la grande période lumineuse médiévale, de ces troupes supplétives « Turcopoles » combattant à nos côtés, des « Poulains », enfants arabo-francs, sans oublier nos frères chrétiens défendant encore aujourd’hui, au prix du sang la croix du Christ en Orient. Cet icone que fut Baudouin IV, le roi lépreux, cette image de la pure chevalerie, dont nous essayons, malgré nos défauts d’être les héritiers.
Dans Paul et Virginie, Bernardin de Saint Pierre rappelait ce qu’était l’arrivée vers les côtes d’un vaisseau du Roi de France : «Nous aperçûmes dans le brouillard le corps et les vergues d’un grand vaisseau. Nous entendîmes le sifflet du maitre qui commandait la manœuvre et les cris des matelots qui crièrent trois fois : Vive le roi ! … Car, c’est le cri des Français dans les dangers extrêmes ainsi que dans les grandes joies, comme si, dans les dangers, ils appelaient leur prince à leur secours ou comme s’ils voulaient témoigner alors qu’ils sont prêts à périr pour lui. » Sentiments qui restent au profond de nous, comme un appel étouffé, comme celui du besoin des relations communautaires que plus de deux siècle d’esclavage consenti à l’argent, empêche de retrouver…
Nous vivions à l’époque les différences dans la complémentarité, la survie et les combats. Non qu’il n’y ait eu des heurts mais les caractères et les volontés ainsi que le sens des valeurs réduisaient les conflits. Nous étions loin des problèmes d’assimilation.
Il suffit pour cela de découvrir les milliers de « Pocahontas » dont la France put s’enorgueillir et dont la Baronne de St Castin était l’illustration à la Cour de France. Rappelons l’Edit de Richelieu, sous Louis XIII, stipulant que tout Amérindien christianisé était sujet du Roi de France, alors que les puritains anglo-saxons considéraient les catholiques comme des démons et les indigènes comme des sous-hommes…
La grande paix de Montréal de 1701, voyant là l’accomplissement de la diplomatie française, réussit ce que jamais les anglais ne purent, d’unir les nations amérindiennes dans une grande fraternité de paix.
Le gouverneur Frontenac se joignant avec nos frères Amérindiens dans les danses des guerriers. L’enterrement du grand chef Huron Kondiaronk qui voulut être enseveli dans sa tenue de capitaine Français, pendant que les iroquois, ennemis d’hier mais alliés grâce à cette paix française, pleuraient la mort du grand guerrier.
Imaginons un instant ce chef Amérindien porté en terre dans un mélange de tradition Amérindienne et Française, devant les officiers en grande tenue, l’armée et des milliers de représentants des Nations Amérindiennes. Jean Marc Soyez dans Historama disait : « Car il ne faut pas oublier que de tous les étrangers qui ont abordé ou aborderont en Amérique, les Français sont les seuls à y avoir été invités par les autochtones »
Nos coureurs des bois, miliciens et Compagnie Franches de la Marine, traversant les territoires hostiles, le canoë sur le dos ou dans les rapides périlleux, où souvent en plein hiver, les raquettes aux pieds, flanqués de nos frères Amérindiens, terrassant les britanniques à des centaines de kilomètres de chez eux. Nos « Compagnies sauvages » créant l’instabilité sur les frontières que les américains nomment « wilderness ».
Tous ces héros oubliés dont les noms sonnent encore à nos oreilles : St Castin, Beausoleil, Dumas, Magdeleine, Piskaret, d’Iberville, Cadillac, Tsohahisen, La Vérandrye, Boishébert, Kateri Tekakwitha, Langy,… Et toutes ces victoires, La Monongahela, Corlar, Dover, William Henry, Carillon ou Ticonderoga et St Foy… Comment ne pas rappeler Pontiac, chef Ottawa, allié des français qui failli, en unissant les tribus Amérindiennes après le Traité de Paris, mettre les anglais à la mer !!!
N’oublions pas les Illinois, dont toute la tribu désirait embarquer vers la France, plutôt que de rester face aux britanniques. Ils savaient leur fin proche après le départ des français… Un vieil Ottawa dans les reportages de Kevin Kostner disait : « Avec les français, nous n’avions pas de problème, nos filles se mariaient avec eux…»
Pour preuve la dernière grande révolte au Canada fut celle des franco-amérindiens, dite des « sang-mêlé » de Louis Riel, que les tuniques rouges réprimèrent dans le sang… C’est cela l’histoire de notre pays, car peuple et roi sont de droit divin, disait Marcel Jullian.
Nous pourrions même citer la présence de quelques soldats noirs dans les rangs français au XVIIIe siècle, le Comte de la Bassetiere en parle, concernant les Uhlands de Maurice de Saxe. Louis XV donna son accord pour la création d’un régiment le 30 mars 1743. Il n’est pas illogique d’en voir dans les troupes de marine comme le rappel si bien le film du dernier des Mohicans…
Nous pourrions aussi parler des Indes de Dupleix, où la France eut dans ses rangs la plus grande armée de supplétifs indigènes descendant des rudes guerriers Tamils et Muhammadans : les Cipahis dont ceux du chevalier de Monhi firent trembler les godons. De la prise de Madras à la résistance acharnée de 42 jours de Pondichéry, 10 000 combattants Cipayes en 1750 assuraient à la France de Louis XV, les postes et comptoirs de Pondichéry, Karikal, Mahé et Chandernagor au Bengale.
Nous avons un héritage dont nous avons des raisons d’être fier et travaillons à cette grande France que l’on nomme Francophonie. Retrouvons un véritable humanisme en rappelant celui qui pourra redonner de nouvelles espérances ; un Roi, pourquoi pas !!!
Comme dans les tirades de Cyrano, nous attendrons debout, et L’épée à la main… contre ces vieux ennemis ! Le mensonge ? Les compromis, les Préjugés, les Lâchetés !… la Sottise ! et s’il nous faut mourir il y a quelque chose, que nous emporterons, lorsque nous entrerons chez Dieu, notre salut balaiera largement le seuil bleu, quelque chose que sans un pli, sans une tache, nous emporterons malgré cette république antisociale, et c’est… Notre panache. »
Notre Jour viendra !
Frédéric WINKLER