Histoire et empirisme

Adolf Hitler était un homme de gauche

Adolf socialiste

Quoi ?

Cela vous étonne ?

Évidemment que cela vous étonne, vu que l’on répète tous, sans vraiment y réfléchir, que régime nazi (voire fasciste) ne peut être que d’extrême-droite ! Et je m’en confesse, j’ai eu aussi cette paresse intellectuelle que d’associer Hitler avec la droite (aussi « extrême » soit-elle)… alors que, vous allez le voir, il n’y a pratiquement rien qui permette d’étayer cette thèse.

Socialiste dans les propos

Laissons déjà effectivement, parler les principaux intéressés. Ainsi, en 1934, Adolf Hitler parlant à Hermann Rauschning, soulignait bien les liens qui existaient entre le nazisme et le communisme :

Ce n’est pas l’Allemagne qui va devenir bolchevique mais le bolchevisme qui se transformera en une sorte de national-socialisme. En plus il y a plus de liens qui nous unissent au bolchevisme que d’éléments qui nous en séparent. Il y a par-dessus tout, un vrai sentiment révolutionnaire, qui est vivant partout en Russie sauf là où il y a des Juifs marxistes. J’ai toujours fait la part des choses, et toujours enjoint que les anciens communistes soient admis dans le parti sans délai. Le petit-bourgeois socialiste et le chef syndical ne feront jamais un national-socialiste, mais le militant communiste, oui.

Dans « Mein Kampf » également, Hitler se déchaîna contre le capitalisme spéculatif et « la finance internationale », influencé en cela par les cours de l’économiste allemand Gottfried Feder, qui deviendra, un peu plus tard, membre influent du parti nazi :

A mes yeux, le mérite de Feder consistait en ceci, qu’avec une tranchante brutalité, il précisait le double caractère du capital : spéculatif, et lié à l’économie populaire ; et qu’il mettait à nu sa condition éternelle : l’intérêt. Ses déductions dans toutes les questions fondamentales, étaient tellement justes que ceux qui, a priori, voulaient le critiquer, en contestaient moins l’exactitude théorique qu’ils ne mettaient en doute la possibilité pratique de leur mise à exécution. Ainsi, ce qui, aux yeux des autres, était un point faible dans l’enseignement de Feder, représentait à mes yeux sa force.

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Le masque de la révolution

La république2

… »Si, arrachant le masque à la Révolution, vous lui demandez : Qui es-tu ? Elle vous dira : « Je ne suis pas ce que l’on croit. Beaucoup parlent de moi, et bien peu me connaissent. Je ne suis ni le carbonarisme qui conspire dans l’ombre, ni l’émeute qui gronde dans la rue, ni le changement de la monarchie en république, ni la substitution d’une dynastie à une autre, ni le trouble momentané de l’ordre public. Je ne suis ni les hurlements des Jacobins ni les fureurs de la Montagne, ni le combat des barricades ni le pillage, ni l’incendie ni la loi agraire, ni la guillotine ni les noyades. Je ne suis ni Marat ni Robespierre, ni Babeuf ni Mazzini, ni Kossuth. Ces hommes sont mes fils, ils ne sont pas moi. Ces choses sont mes oeuvres, elles ne sont pas moi. Ces hommes et ces choses sont des faits passagers, et moi je suis un état permanent.
« Je suis la HAINE de tout ordre religieux et social que l’homme n’a pas établi et dans lequel il n’est pas roi et DIEU tout ensemble ; je suis la proclamation des droits de l’Homme contre les droits de DIEU ; je suis la philosophie de la REVOLTE, la politique de la REVOLTE, la religion de la REVOLTE ; je suis la négation armée ; je suis la fondation de l’état religieux et social sur la volonté de l’homme au lieu de la volonté de DIEU ! en un mot, je suis l’anarchie ; car JE SUIS DIEU DÉTRÔNÉ ET L’HOMME A SA PLACE. Voilà pourquoi je m’appelle REVOLUTION ; c’est-à-dire renversement, parce que je mets en haut ce qui, selon les lois éternelles, doit être en bas, et en bas ce qui doit être en haut ».

Mgr Gaume p. 18-193 La révolution, recherches historiques

1914-1918 l’épuration républicaine

Après le populicide de la révolution, ses horreurs, ses tanneries de peaux humaines et ses déportations, les massacres et les souffrances des ouvriers, le Camp de Conlie, la Commune, le désastre de 1870, arrive la guerre de 1914-1918. Ouvrons la ténébreuse page continuant l’épuration républicaine. En présence de la déformation historique à laquelle nous assistons quotidiennement, il est bon et utile de rappeler que la République en France est le régime le plus inhumain, le plus meurtrier, le plus sanglant de notre histoire. Il a été en même temps le plus ingrat, le plus inique et le plus odieux envers ses combattants et fidèles. Ce régime n’hésita pas à sacrifier inutilement les patriotes, allant même jusqu’à imaginer de brûler leur femmes dans les fours, durant la révolution par furie sanguinaire !!!
marianne7Comme la république semble avoir oublié ses alliés dans les milliers de Serbes, venus mourir chez nous. Il n’y a pas si longtemps, c’est à force de bombardements que nous les avons remerciés. La Sainte Russie envoya des forces venues nous rejoindre aussi pour faire face aux prussiens. Le Tsar fut lamentablement abandonné parce que monarque sans doute, par une république agissant contre les trônes. L’Allemagne soutiendra d’ailleurs les révolutionnaires, cassant ainsi le conflit sur le front oriental et ramenant ses forces sur nous… Nous abandonnerons, dans les années qui suivront, nos alliés russes, dans une atroce guerre civile, dont les armées blanches, sauveront l’honneur. La république fit germer la révolution russe par ses idées qui, par l’attrait de fausse liberté d’abord, entraîne les peuples vers les catastrophes les plus sanguinaires. A croire que les peuples n’ont pas de mémoire, cette horreur laissera au monde l’image symbolique de l’innocence du Tsarévitch, comme jadis Louis XVII, et de ses sœurs massacrés, au nom d’une idéologie infernale, créant les pires régimes dictatoriaux, massacrant les peuples, aux ordres cachés de puissances d’argent…

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Un visionnaire analyse notre époque

Mouton television« Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes du genre de celles d’Hitler sont dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes. L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées.

Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif. Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser.

On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux. En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté.

Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration, que la seule peur – qu’il faudra entretenir – sera celle d’être exclus du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions nécessaires au bonheur. L’homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu’il est : un veau, et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau. Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu.

Toute doctrine mettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutienne devront ensuite être traités comme tels. On observe cependant, qu’il est très facile de corrompre un individu subversif : il suffit de lui proposer de l’argent et du pouvoir ».

Extrait du Meilleur des mondes, d’Aldous Huxley. (1932)

Le déclin du monde moderne

Démocratisation2

Il serait bien trop long de faire le bilan général de la société actuelle dans ce qu’elle a de dégénérescente. Nul besoin d’être un grand penseur ou un observateur chevronné pour comprendre que notre société va de plus en plus mal. Allumez juste votre téléviseur et regardez une émission de téléréalité. Un genre de « divertissement » spécialisé dans la mise en valeur des plus médiocres. Le matérialisme et l’individualisme forgent désormais notre quotidien. Rien ne se fait sans ces deux fléaux dont les conséquences sont à tous les niveaux. Nos hommes politiques n’inspirent plus la confiance depuis bien longtemps aux yeux des français. Bref ! Sans chercher à rentrer dans les détails, une période de crise générale s’est amorcée depuis quelques années déjà, et l’avenir n’est pas vraiment prometteur…
Charles de Montalembert disait : « Les longs souvenirs font les grands peuples. La mémoire du passé ne devient importune que lorsque la conscience du présent est honteuse. » Difficile aujourd’hui de ne pas considérer la conscience du présent comme honteuse.

On comprend dès lors parfaitement, la raison pour laquelle l’Education Nationale cherche à expurger au maximum les contenus glorieux dans ses livrets scolaire d’Histoire de France. Ou également, pour tous ceux qui ont encore quelques réminiscences scolaires, qui se souviennent de l’expression rendue célèbre par les révolutionnaires lors de la « nuit du 4 Août », la nuit dite de « l’abolition des privilèges » : « faisons table rase du passé » !!!! Et oui ! Faire table rase du passé, comme si, déjà à cette époque, ils avaient hontes des grandes périodes les ayant précédées…
Il est difficile de porter un bon jugement sur quelque-chose si on ne prend pas la peine de se référer à des exemples passés.

Une personne qui fait une course de vitesse seule sera toujours satisfaite de son score. Mais si cette personne fait une course avec une autre personne plus performante, alors elle se rendra compte qu’elle n’est pas la meilleure et prendra conscience du travail qu’il lui reste à faire pour se perfectionner.
C’est à peu près dans cette logique que nous allons mettre en évidence les défaillances de notre civilisation moderne en la comparant aux enseignements de l’histoire, forgés et transmis par nos ancêtres. Le but n’étant nullement de conclure qu’avant c’était mieux et qu’aujourd’hui ne vaut plus rien. Non ! Notre objectif est de puiser tout ce qu’il y a eu de grand et de positif dans l’évolution des grandes civilisations aux files des millénaires, en commençant par la nôtre : La civilisation française. Cette pratique comparative est couramment désignée comme un « regard empirique ». Et c’est avec ce genre de comparaison que l’on pourra juger plus sereinement notre civilisation présente, et mettre en relief ses défaillances.

couvasc27Comme cette année 2014 est l’année du centenaire de la Première Guerre Mondiale et des 800 ans de la bataille de Bouvines, nous allons commencer par un regard empirique sur la guerre.
La guerre de 14 fut particulièrement atroce et coûta la vie à près d’un million et demi de français. Au Moyen Âge, une guerre comme la Guerre de 14 aurait été parfaitement impossible. Et ce pour plusieurs raisons. La première, qui est la plus évidente, étant la technologie. Les mitrailleuses, les chars d’assaut, les avions, les grenades, les obus etc, n’existaient pas au Moyen Âge. Faire la guerre à cette époque-là, c’était un art et un honneur. Le corps à corps, si possible à l’épée, était de rigueur et une éthique de noblesse. Leurs tenues n’étaient pas camouflées, il fallait au contraire se faire remarquer par des actions d’éclats, avec des couleurs vives arborant les armes des diverses familles présentes. Jamais un chevalier au Moyen âge n’aurait accepté les 1/10ème de notre technologie actuelle tant elle lui paraîtrait honteux comme pratique de combat.
Tuer un homme au fusil à lunette à distance, atomiser une ville entière en appuyant sur un simple bouton ou mitrailler des centaines d’homme en appuyant une seule fois sur une gâchette planqué dans un bunker, pour un chevalier du XIIIème siècle cela aurait été le plus grand déshonneur et la honte absolue. Il faut dire qu’à cette époque, l’alliance entre la science et la guerre était quasi inexistante et il aurait été difficile qu’il en soit autrement lorsque l’on songe aux mœurs et aux règles qui régissaient les lois de la guerre à cette époque. Souvenons-nous les problèmes liés à la venue de l’arbalète sur le champ de bataille et les polémiques s’y rapportant…Aujourd’hui nous savons ce qu’il en est. L’éthique dans la guerre s’est dissipée au fil du temps depuis les théories révolutionnaires de la guerre totale, même si des survivances de chevalerie ont encore existés entre combattants lors de la deuxième guerre, notamment entre aviateurs (Douglas Bader, pierre Clostermann, mémoires…). Depuis les désastreuses expériences des conflits du XXème siècle, la science est au service de la guerre, nous voyons chaque jour, de plus en plus d’armes sophistiquées conçues pour la guerre d’usure et donc les massacres de masse. Les américains ont ouvert la voie avec Hiroshima et Nagasaki montrant un visage nouveau de la guerre, on massacre sans laisser aucune issue aux civils, femmes, hommes, enfants et vieillards, et ce dans le seul but d’économiser des soldats ! La science au service de la barbarie !
Voici un petit extrait de « Le matin des magiciens » de Louis Pauwels et Jacques Bergier ou il est question d’une mitrailleuse présentée à Louis XVI :
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Le Docteur Villermé et les esclaves du libéralisme

Louis René Villermé :
Né en 1782 et mort en 1863, fut parmi les premiers royalistes à se battre pour la cause sociale après la Révolution. Il fut médecin et se pencha sur les problèmes de mortalité selon les conditions sociales et très vite, avec d’autres, il se rend compte que le machinisme était pour quelque chose. En 1837 à l’Académie des Sciences Morales et Politiques, il prononce un discours public où les thèmes essentiels suivants furent abordés:
– Une quantité considérable d’ouvriers sont dans un état réel de souffrance
– Le travail est pénible, ils sont chargés de famille nombreuse
– Le salaire est en dessous du nécessaire
– Les vêtements sont hors d’état
– Les logements sont humides et malsains
– L’alimentation est grossière et insuffisante

Travail des enfants 6

Contre la misère des enfants :
– Ils vivent dans un excès de travail et de misère
– Chaque jour on les garde jusqu’à plus de 15h avec 13h de travail effectif
– Les loyers sont trop élevés et ils vivent parfois très loin du travail ou pour venir il faut marcher 7km…
– Certains enfants qui ont à peine 7 ans, d’autres moins « abrègent leurs sommeil et leur repos de tout le temps qu’ils doivent employer pour parcourir deux fois par jour cette longue et fatigante route »
– Les enfants sont maigres, couverts de haillons.
« sous leur vêtement rendu imperméable par l’huile des métiers tombée sur eux, le morceau de pain qui les doit nourrir jusqu’à leur retour »
– Les lieux de travail sont souvent des pièces fermées ou il faut tenir debout pendant plus de 10 heures,
« c’est une torture»
« Le remède…serait une loi qui fixerait un maximum à la durée journalière du travail »

Dans la région Lilloise, il constatera, après avoir observé une soixantaine de métiers que les ouvriers vivent dans des conditions repoussantes, entassés dans des caves ou des greniers. Il passe en revue la Haute Normandie, la Marne, l’Aisne, les Ardennes avec les industries lainières, cotonnières et toutes ses observations sont soigneusement consignées. Certains horaires de travail vont jusqu’à 17 heures par jour ! Il continu dans la Vallée de la Somme, Lodève et Carcassonne, les industries de la soie.
Dans les Cévennes ou il écrit en voyant les femmes :
« Il serait difficile de se faire une idée de l’aspect sale, misérable, de la malpropreté de leurs mains, du mauvais état de santé de beaucoup d’entre elles et de l’odeur repoussante « sui generis» qui s’attache à leurs vêtements, infecte les ateliers.» Les doigts de ces pauvres femmes étaient devenus insensibles à cause des bassines d’eau bouillante des ateliers de tissus.

– Il constate une grande mortalité infantile avec des enfants écrouelleux et de nombreux ouvriers dans les villes sont scrofuleux.
– Il demande l’instruction pour les enfants
– Il demande une loi interdisant le travail en dessous de 9 ans avec un travail graduelle selon les âges
– Il demande l’interdiction du travail de nuit avant 15 ans
– Il demande la nécessité d’un certificat médical
– Il pose des questions sur la misère en faisant porter attention sur la mortalité, les maladies, la garde des enfants etc…
– Il remet en cause le « Livret de travail » avec les avances sur salaire servant de moyen de pression sur les ouvriers
– Il propose la création de caisses de secours pour les accidents du travail
– Il porte l’attention sur les problèmes de sécurité des machines
– Il propose des indemnités journalières
– Il propose la création de caisses de maladie et de retraites
– Il porte l’attention sur les locaux industriels et la salubrité

Certaines de ses propositions aboutiront par la loi de 1841, signé par Louis-Philippe aux Tuileries. La durée de travail passait à 8 heures jusqu’à 12 ans et 12h de 12 à 16 ans. Le travail de nuit fut interdit avant 16 ans, le repos obligatoire, les jours fériés, 2 ans d’études primaires obligatoires avant l’usine avec des mesures de santé…
L’Archevêque de Rouen dit alors : « Il fallut une loi de fer pour défendre de tuer les enfants au travail»

Les débats furent houleux car le chimiste Gay Lussac s’y opposait en prétextant l’intrusion de l’Etat dans les industries, que l’on ne pourrait rien sur la salubrité et que tout cela serait un retour au St Simonisme.
Le Comte de Tascher répliqua : « C’est quand on nous révèle une telle immoralité qu’on refuserait d’y pourvoir…le nerf de bœuf est placé en permanence sur les métiers dans certains ateliers. Et c’est en présence de telles abominations qu’on voudrait refuser au gouvernement le droit de les faire cesser »

Il faudra attendre le vote à la Chambre des Députés le 29 décembre 1850.

Similitudes entre la décadence de l’Empire romain et la décadence moderne

Jeux du cirque

Extraits du livre de Ferdinand Lot, La fin du monde antique et le début du moyen âge :

P188. Inoccupée ou presque, cette population romaine pouvait être dangereuse, travaillée par des intrigants. La distraire est une nécessité primordiale : aussi, avec les distributions gratuites, les « jeux » constituent un des services publics les plus importants de l’État. Le nombre de jours fériés ne cesse de s’accroître. Il est porté de 65 sous la République, à 135 sous Marc-Aurèle, puis à 175 jours. A partir de cette époque, on peut dire que la population passe sa vie au théâtre, à l’amphithéâtre, au cirque. Au Ve siècle, plus tard encore, c’est au cirque, à l’amphithéâtre, que les Barbares surprennent la population (Trèves, Antioche). Pour se la concilier, les rois ennemis feront célébrer les jeux ; ils se continueront sous les Goths.
Quelques souverains (Marc-Aurèle, Julien) eurent, dit-on, l’idée de les abolir. Projet tout à fait chimérique. Toutes les tentatives pour réduire leur nombre ou leur importance échouèrent. L’empereur est tenu d’y assister et de ne point faire le dégoûté. Autrement, la populace témoigne son mécontentement. C’est pour gagner la popularité que Commode descend dans l’arène.

P189. Les jeux, par leur multiplication, entretenaient la population des villes et même celle des campagnes, car les théâtres et amphithéâtres sont pour le pagus (campagne) et non uniquement pour la ville, dans une fainéantise incurable. Mais leur pire malfaisance venait peut-être de leur nature. Ils provoquaient et développaient le goût de la cruauté et de la luxure. Les exhibitions d’animaux et de peuples exotiques étaient relativement innocentes ; elles tenaient la place de nos jardins exotiques. Mais le peuple se délectait surtout aux combats sanglants, non seulement de bêtes contre bêtes, mais d’hommes contre hommes (gladiateurs), ou d’hommes contre bêtes. On y employait des condamnés de droit commun, des prisonniers barbares. Faute de condamnés, la populace réclamait qu’on saisît les chrétiens pour les livrer aux bêtes et les magistrats obéissaient en tremblant. Les panégyristes célèbrent comme un haut fait que Constantin, ayant capturé des chefs francs, les jette aux bêtes pour amuser le peuple de Trêves. Au théâtre même, le public n’est pas content si, dans la représentation, la fiction ne fait pas place à la réalité sanglante. Il ne supporte la tragédie d’Hercule au Mont Oeta que si, à la fin, le héros est réellement brûlé. Le mime Laureolus est mis en croix, non pour rire, mais effectivement. Aux jeux sanglants succèdent les pantomimes obscènes. Il s’y joint les fêtes orgiaques de la Maiuma, au mois de mai, fêtes qu’un empereur romain essaya vainement de supprimer.
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Discours prophétique d’Albert de Mun

Albert de Mun 3« Voilà dans quelle pensée je monte à la tribune, et, je n’ai pas besoin de le dire, l’esprit bien libre de toutes les arrière-pensées qui, dans un débat parlementaire, peuvent toucher aux intérêts ministériels, dans lesquels nous n’avons rien à voir. Mon intention est de parler pour la Chambre et pour le pays qui nous entend, plutôt que d’interpeller un ministère. Messieurs, la question qui s’agite ici est bien plus profonde dans ses sources, bien plus vaste dans ses conséquences, que ne pourrait l’être une crise passagère, si grave, si violente qu’elle pût être : ma conviction, c’est qu’il se fait dans le monde, à l’heure où nous sommes, par l’effet d’un ensemble de causes morales et matérielles, un grand mouvement social, une évolution profonde ; et que, de la manière dont ce mouvement sera conduit, des transformations qui sortiront de ce trouble général dépendront la paix et la prospérité des nations civilisées.

La question est de savoir si tous ceux qui ont intérêt à la conservation sociale, – et je n’en excepte naturellement personne, – sauront à temps se réunir et s’entendre, non pas pour se coaliser dans une infructueuse résistance, mais pour diriger, pour conduire la réforme économique devenue nécessaire, ou si cette réforme inévitable se fera définitivement sans eux et contre eux. Voilà la question : il n’y en a pas de plus haute dans l’ordre politique, je n’en connais pas qui mérite à un plus haut point de fixer l’attention des hommes d’État ; elle a un nom : c’est la question sociale. On a dit qu’il n’y en avait pas, qu’il n’y avait que des questions sociales ; je crois qu’on s’est trompé, il y en a une qui résume toutes les autres : c’est celle dont je parle ici. Tout récemment, dans un article frappant sur l’enchérissement de la vie, un écrivain de la Revue des Deux Mondes la définissait par l’effort instinctif des multitudes pour amoindrir la misère et pour alléger le travail. J’accepte la définition, bien que je ne la trouve pas complète, parce qu’elle met en lumière l’aspect principal et le plus saisissant de la question. Amoindrir la misère et alléger le travail ! Eh ! bien, Messieurs, si, me plaçant à ce point de vue, je cherche à me rendre compte des causes générales de la crise qui nous agite, la première chose qui me frappe, c’est que ce n’est pas une crise française, mais une crise internationale. (Très bien ! très bien ! sur divers bancs.)

Les nations modernes sont en souffrance, et la maladie chronique qui les épuise, – j’ai déjà exprimé cette idée, et je ne cesserai de la répéter, parce que je la crois fondamentale, c’est l’excès de la concurrence. Depuis un siècle, des doctrines nouvelles se sont levées sur le monde, des théories économiques l’ont envahi, qui ont proposé l’accroissement indéfini de la richesse comme le but suprême de l’ambition des hommes, et qui, ne tenant compte que de la valeur échangeable des choses, ont méconnu la nature du travail, en l’avilissant au rang d’une marchandise qui se vend et s’achète au plus bas prix. L’homme, l’être vivant, avec son âme et son corps, a disparu devant le calcul du produit matériel. Les liens sociaux ont été rompus ; les devoirs réciproques ont été supprimés ; l’intérêt national lui-même a été subordonné à la chimère des intérêts cosmopolites, et c’est ainsi que la concurrence féconde, légitime, qui stimule, qui développe, qui est la nécessaire condition du succès, a été remplacée par une concurrence impitoyable, presque sauvage, qui jette fatalement tous ceux qu’elle entraîne dans cette extrémité qu’on appelle la lutte pour la vie.

Dans ce combat à outrance, l’abaissement du prix de revient est devenu la grande nécessité, la grande préoccupation des producteurs. Comme, dans toute entreprise industrielle, les frais généraux ne varient guère, il a fallu, pour arriver à cet abaissement du prix de revient, augmenter sans cesse la production, cette surproduction, favorisée de toutes manières par tous les développements de l’industrie moderne, par toutes les forces nouvelles que le génie de l’homme arrache à la nature, par la vapeur, par l’électricité, par l’outillage toujours perfectionné, cette surproduction a eu ce corollaire immédiat : l’excès du travail. Je ne voudrais rien dire Messieurs, qui dépasse la mesure, je ne voudrais pas aller au-delà de ce qui est juste et légitime ; mais je ne puis m’empêcher d’insister là-dessus, parce que c’est le point capital, celui qui touche directement à la condition de l’ouvrier : on a abusé du travail, et des forces de l’homme »

Albert de Mun, 25 janvier 1884
Député royaliste légitimiste sous la 3ième république, élu à l’Académie française au premier tour le 1er avril 1897, cousin d’Élisabeth de Gramont, duchesse de Clermont-Tonnerre, fondateur en 1901 de l’Action Libérale Populaire.

Ce texte est remarquable et prophétique. Il montre bien que la nature du mal qui nous ronge profondément est toujours la même en dépit de deux guerres mondiales, de révolutions, de millions de morts et de l’inversion de toutes les valeurs. La conclusion est claire: la civilisation purement matérialiste fait fausse route depuis la Révolution française ; elle est une voie sans issue.
Notre dernière chance est de le comprendre maintenant avant qu’il ne soit trop tard…

Olivier Tournafond

Jeanne d’Arc patronne des Camelots du Roi

« Elle attendait, un crucifix fait de deux bouts de bois par un soldat anglais posé sur sa poitrine, le crucifix de l’église voisine élevé en face de son visage au-dessus des premières fumées. Et la première flamme vint, et avec elle le cri atroce qui allait faire écho, dans tous les cœurs chrétiens, au cri de la Vierge lorsqu’elle vit monter la croix du Christ sur le ciel livide. De ce qui avait été la forêt de Brocéliande  jusqu’aux cimetières de Terre Sainte, la vieille chevalerie morte se leva dans ses tombes. Dans le silence de la nuit funèbre, écartant les mains jointes de leurs gisants de pierre, les preux de la Table ronde et les compagnons de saint Louis, les premiers combattants tombés à la prise de Jérusalem et les derniers fidèles du petit roi lépreux, toute l’assemblée des rêves de la chrétienté regardait, de ses yeux d’ombre, monter les flammes qui allaient traverser les siècles , vers cette forme enfin immobile, qui devenait le corps brûlé de la chevalerie. »

André Malraux