Histoire et empirisme

Art républicain : les tanneries de peau humaine

peauhumaine« Une demoiselle jeune, grande et bien faite, s’était refusée aux recherches de Saint-Just ; il la fit conduire à l’échafaud. Après l’exécution il voulut qu’on lui présentât le cadavre et que la peau fût levée. Quand ces odieux outrages furent commis, il la fit préparer (la peau) par un chamoiseur et la porta en culotte. »

Ci-dessous une petite étude sur les tanneries de peau humaine sous la Révolution française, dont se réclame la totalité de la classe politique et qu’elle fête tous les 14 juillet…

Préambule

« La Révolution est un bloc » affirmait Georges Clemenceau. Il ne faisait que constater une réalité car il est évident à tout esprit réfléchi et indépendant que la Terreur est sortie tout droit de 1789, de même que la Révolution est le fruit pernicieux du XVIIIe siècle libertin aux mœurs relâchées et au dérèglement de la morale, ce siècle abusivement appelé le “siècle des lumières”.

Au demeurant la période sanglante de la Révolution ne commença point en septembre 1792, mais dès les 26 et 27 janvier 1789 à Rennes, marqués par les premières émeutes sur lesquelles chacun a en mémoire la réflexion de Chateaubriand. Cette sanglante “émotion” populaire fut suivie les 27 et 28 avril par la mise à sac de la manufacture Reveillon, au faubourg Saint-Antoine à Paris, par des émeutiers soudoyés par le duc d’Orléans. Il y eut 25 morts et 22 blessés.

Il est donc mal venu de prétendre, que la Révolution des “Droits de l’Homme”, celle de 1789, était la seule dont on devait se réclamer et condamner la Révolution sanglante qui la suivit. Subtile argutie ! Tout se tient, tout s’enchaîne : 1792 fut la conséquence logique, inéluctable de 1789. On ne peut séparer de la Révolution aucune partie de son ensemble : elle constitue bel et bien un bloc, comme l’a dit Clemenceau.

Qui prône la Révolution doit endosser la responsabilité de tous ses massacres, de toutes ses turpitudes, telles les tanneries de peau humaine sur lesquelles existent trop de témoignages pour qu’on les révoque en doute.

Le conventionnel Harmand témoigne

Citons d’abord le témoignage du conventionnel Harmand (de la Meuse) qu’il a consigné dans un livre paru en 1820 chez Maradan, à Paris, et intitulé Anecdotes relatives à quelques personnes et à plusieurs événements remarquables de la Révolution. Voici ce qu’il apporte :

tannerieUne demoiselle jeune, grande et bien faite, s’était refusée aux recherches de Saint-Just ; il la fit conduire à l’échafaud. Après l’exécution il voulut qu’on lui présentât le cadavre et que la peau fût levée. Quand ces odieux outrages furent commis, il la fit préparer (la peau) par un chamoiseur et la porta en culotte. Je tiens ce fait révoltant de celui-même qui a été chargé de tous les préparatifs et qui a satisfait le monstre ; il me l’a raconté avec des détails accessoires que je ne peux pas répéter en présence de deux autres personnes qui vivent encore. Il y a plus : c’est que, d’après ce fait, d’autres monstres, à l’exemple de Saint-Just, s’occupèrent des moyens d’utiliser la peau des morts et de la mettre dans le commerce. Ce dernier fait est encore constant. Il ne l’est pas moins que, il y a environ trois ans, on mit aussi dans le commerce de l’huile tirée des cadavres humains ; on la vendait pour la lampe des émailleurs.

Arrêtons-nous un instant sur cette dernière accusation pour dire qu’il ne s’agit pas d’un racontar : il est établi par des faits notoires, en particulier à Clisson où, le 6 avril 1794, des soldats de la compagnie de Marat dressèrent un bûcher sous lequel ils placèrent des barils et, dans une seule nuit, ils firent fondre les cadavres de cent cinquante femmes pour se procurer de la graisse. Ces barils furent transportés à Nantes pour être vendus aux hôpitaux et dans le registre de Carrrier on lit que « cette opération économique produisait une graisse mille fois plus agréable que le saindoux. »

(suite…)

1789, les grands ancêtres

Je ne fêterai pas votre révolution.
On ne célèbre pas le vol, le viol, le crime.
Mais je prendrai le deuil de vos pauvres victimes.
Elles seules ont droit à ma vénération.

Je ne fêterai pas l’espérance trahie
Du peuple demandant l’arbitrage royal
Jusqu’alors rendu juste, équitable et loyal
Mais au nom d’une foi par votre orgueil haïe.

Je ne célèbrerai pas votre intolérance.
Ni vos sacrilèges, ni vos profanations.
Ni les grands mots ronflants de vos proclamations
Prônant la liberté dont vous priviez la France.

Je ne fêterai pas l’infâme Cordelier
Faisant assassiner, par sa triste colonne,
En l’Eglise du Luc, près de six cents personnes
Dont cent cinquante enfants réunis pour prier.

On ne pardonne pas les Oradours sur Glane
Et vous seriez fondés d’en tarer les nazis
Si vous n’aviez, chez nous, fait pire aussi
Vous êtes précurseurs, Messieurs, et non profanes.

Quand vous jetiez aux fours, par vous chauffés à blanc,
Les mères, les enfants, les vieillards, les mystiques,
Vous disiez faire le pain de la République…
Mais Amey, mieux qu’Hitler, les y jetait vivants !

Car c’est bien cet Amey, de sinistre mémoire,
L’un de vos généraux prétendu glorieux,
Qui fut l’instigateur de ce supplice odieux…
Vous avez, aussi vous, eu vos fours crématoires.

Et Turreau trouvait tant de plaisir à ces jeux
Qu’il faisait ajouter, quand manquaient les dévotes,
Et malgré tous leurs cris, les femmes patriotes…
Votre fraternité les unissait au feu.

Je ne fêterai pas vos tanneries humaines
Dont votre chirurgien, Pecquel, fut l’écorcheur,
Ni son ami Langlois, de Meudon, le tanneur…
Ni votre grand Saint-Just disant qu’en ce domaine

Peau d’homme vaut bien mieux que celle du chamois
Que celle de la femme plus souple et plus fine…
Vous étiez sans culottes, alors ça se devine
Vous vous en fîtes faire en peau de villageois.

Quand vous abominez les gardiens sataniques
De l’affreux Buchenvald écorchant de leur peau
Nos morts, les laissant nus en leurs chairs en lambeaux
Avez-vous des remords ou restez-vous cyniques ?

Je ne fêterai pas les enterrés vivants
Dans les puits de Clisson et ceux de mon bocage
Ni du fameux Carrier les célèbres mariages
Voulus républicains mais surtout révoltants.

Attachant l’un à l’autre, une fille et son père,
Une mère et son fils, un prêtre et une sœur,
Et nus, bien entendu, pour que leurs massacreurs
Aient, humiliant leur mort, à rire et se distraire.

Quand, en les entassant dans barques à sabords
On les faisait sombrer dans les eaux de la Loire.
Et le fleuve royal garde encore leur mémoire,
Il apparaît plus triste à l’approche du port.

Je ne fêterai pas, non plus, la guillotine,
Ce symbole attitré de la révolution.
Ce moyen fraternel d’abreuver nos sillons,
Comme vous le chantez d’un sang que moi j’estime.

Je ne chanterai pas votre révolution.
Elle a fait trop coulé de sang, de pleurs, de larmes.
De notre vieux royaume elle a rompu le charme
Et fait perdre, au pays, sa noble vocation.

Vous avez tout brûlé, chez nous, châteaux, chaumières,
Etables et clochers. Vous traîniez les enfers
Pour faire du bocage un immense désert
Sans une âme qui vive et sans pierre sur pierre…

Vous n’aviez pas pensé que tout le sang versé
Au terroir de l’amour serait semence vive.
Il germe en attendant nos prochaines métives ;
Il fleurira, demain, épi de liberté.

La liberté de croire en un Dieu qui pardonne.
En un ordre qui met, au sommet, le devoir
Le courage et la foi. Qui veut que le pouvoir
Ne dépende jamais du nombre et de la somme…

Aujourd’hui nous pouvons vous juger à vos faits.
Votre révolution a incendié notre terre.
Elle a porté, partout, la misère et la guerre,
Quand le monde a jamais plus désiré la paix…

Je ne peux pas fêter votre révolution.
On ne célèbre pas le vol, le viol, le crime.
Je porterai le deuil de toutes ses victimes.
Elles seules ont droit à ma vénération.

Pierre d’ANGLES Janvier 1989

La révolution française et le Travail

La révolution a créé le Prolétariat3

Le document suivant est tiré du livre de Mgr Freppel :
La Révolution française, à propos du centenaire de 1789, A.Roger et F.Chernoviz éditeurs,
7 rue des grands-augustins, Paris 1889. 23e édition.
Le chapitre original a pour titre : La Révolution française et le travail.

Les corporations, expression du droit naturel

L’idée fondamentale de la Révolution française en matière économique est contenue dans cette maxime économique de Turgot, tant applaudie à la fin du siècle dernier : « La source du mal est dans la faculté même accordée aux artisans d’un même métier de s’assembler et de se réunir en corps » [1].
On croit rêver en lisant aujourd’hui de pareilles inepties tombées de la plume d’un homme d’esprit. Ce que Turgot, fidèle interprète des opinions de son temps, appelait la source du mal n’est autre chose qu’un principe rigoureux de droit naturel. Car il est dans la nature des choses que les artisans d’un même métier et les ouvriers d’une même profession aient la faculté de s’assembler pour débattre et sauvegarder leurs intérêts ; ou bien il faut renoncer à toutes les notions de la solidarité et de la sociabilité humaines.
C’est ce qu’on avait parfaitement compris jusqu’à la veille de 1789. Après avoir proclamé les principes qui devaient amener graduellement l’esclavage au colonat et au servage, puis enfin à l’affranchissement complet du travailleur, l’Église avait fini par faire triompher dans la classe ouvrière, comme ailleurs, la loi si éminemment féconde de l’association.

Les corporations, solidarité et honneur des hommes de métier

Loi le Chapelier2 (suite…)

La glorieuse révolution vue par un Britannique

Monsieur Lewis Russel est un ancien éditorialiste du Daily Mail et du Daily Telegraph. Il a publié dans le Wall Street Journal Europe, à l’occasion de la fête nationale, ses réflexions sur la révolution.

En voici quelques bons extraits.

fraternitéLes français ont célébré dimanche (2002) le 213ème anniversaire de ce fameux jour de 1789 où le peuple de Paris s’est emparé de la Bastille. La prise de la prison royale symbolise le début de la révolution française. Elle est aujourd’hui considérée comme « une bonne chose ». La tyrannie féodale fut renversée et ce fut le début de la démocratie moderne. Pourtant, ce n’est pas ce que disent les faits. La révolution et les guerres napoléoniennes qui suivirent ont affaibli la France à un point tel que le pays n’a jamais retrouvé la prédominance qui fut la sienne en Europe sous la royauté. (…)

Il peut sembler étrange de dire que la France s’est engagée sur la voie du déclin alors même qu’elle se trouvait à la veille de ses plus grands succès militaires. Certes, Napoléon Bonaparte remporta de nombreuses victoires, mais il finit par perdre la guerre et le prix payé par le pays fut exorbitant. Dans la période qui comprend la révolution, la guerre civile et l’Empire, deux millions de français furent tués, en majorité des hommes jeunes. Presque autant qu’au cours des guerres mondiales, mais, à l’époque, la population était bien moins nombreuse.

L’adoption de la loi sur l’égalité successorale, consolidée dans le Code Napoléon, eut un effet encore plus désastreux : les paysans eurent moins d’enfants, pour éviter d’avoir à partager leurs terres. La France, qui avait été la nation la plus peuplée d’Europe, hormis la Russie, perdit la course démographique qui accompagna la révolution industrielle. A la fin du siècle, elle se retrouva loin derrière l’Allemagne, de taille équivalente. Les pertes de la France se mesurent également en termes de territoire. L’Empire français, florissant à une époque, perdit la Louisiane, qui était la dernière possession du pays en Amérique du Nord et représente aujourd’hui un gros morceau du Midwest américain.

Sans culotte 9Napoléon la vendit au président Thomas Jefferson (en 1803). Pendant ce temps, la Grande Bretagne, l’ennemie jurée de la France, se relevait de la perte de ses colonies américaines en 1776 et posait les fondations d’un empire voué à devenir le plus grand de l’histoire du monde. Les dégâts économiques que connut la France pendant la révolution et la période qui suivit furent irréparables. On pourrait croire que l’acquisition de terres par les paysans était une bonne chose, mais, comme ils n’avaient ni les outils ni le capital pour se développer, l’agriculture française n’évolua pas. Pendant ce temps, les propriétaires terriens britanniques menaient à bien une révolution agricole qui apporta les capitaux nécessaires à la croissance dans le reste de l’économie.
La France rata aussi le coche de la révolution industrielle. Certains historiens pensent qu’avant 1789 l’industrie française se développait plus vite que celle de la Grande-Bretagne. Le prix de la fièvre révolutionnaire, de l’effondrement de la monnaie et de la guerre fut si élevé qu’il fallut vingt ans aux manufactures pour retrouver leurs taux de production de 1789. L’industrie britannique, elle, connut une croissance de 23% entre 1800 et 1810 et de 39% entre 1810 et 1820. Il est notoire que Napoléon méprisait l’Angleterre, qu’il considérait comme une nation de commerçants. Le mépris pour les activités commerciales des meneurs révolutionnaires qui le précédèrent fut encore plus virulent.
Ceux-ci envoyèrent d’ailleurs à la guillotine bien plus de négociants que d’aristocrates (…) Le blocus (de plusieurs ports européens, dont celui de Cadix, qui entraîna la bataille de Trafalgar) mené par l’amiral Nelson ruina les ports français et fit sombrer le commerce du pays, qui dut attendre 1825 pour retrouver son niveau de 1789. Les pertes de la France firent le profit de la Grande-Bretagne.

En 1815, 90% des navires marchands de la planète battaient le pavillon rouge britannique, et la Grande-Bretagne avait établi des bases navales partout dans le monde. Le même constat s’applique à l’intérieur du pays. En 1789, la France possédait le meilleur réseau routier du monde. En 1815, le nouveau roi, Louis XVIII, pleura en voyant l’état dans lequel se trouvaient les routes de son royaume. Pendant ce temps, la Grande-Bretagne avait créé un magnifique réseau de routes à péage et un système de transport en diligence.

Certes, beaucoup continueront malgré tout à défendre la thèse que la révolution française a indiqué le chemin de la liberté aux peuples du monde entier et leur a montré comment briser les chaînes de la superstition et de l’oppression féodale. Or il s’agit là d’une interprétation erronée de l’Histoire. Les figures de proue de la révolution étaient aussi hostiles à la liberté d’opinion que les talibans. Lavoisiers, le brillant chimiste qui avait découvert la composition de l’air et le rôle de l’oxygène, fut condamné à mort par un tribunal révolutionnaire (en tant que fermier général sous la royauté). Lorsqu’il demanda un report de son exécution pour avoir le temps de terminer des expériences importantes, le président du tribunal refusa avec une sentence digne du mollah Omar : « La république n’a pas besoin de savants. » Dans le domaine politique, la principale création de la révolution fut un régime encore plus absolutiste que celui de Louis XIV : certes, les paysans furent libérés du poids des droits féodaux et des dîmes, et nombre d’entre eux devinrent propriétaires de leurs terres. Mais ils perdirent par la même occasion les droits de glaner dans les champs après la récolte.

Les paysans les plus riches et les spéculateurs en sortirent gagnants, et les plus pauvres encore plus pauvres qu’avant. Bien entendu, toutes les classes étaient égales devant l’appel aux armes et devant la guerre. Cette sujétion fut bien plus tyrannique que n’importe laquelle de celles qu’avait pu imposer cet Ancien Régime que l’on calomniait tant. De nombreuses autres nations l’adoptèrent, ce qui accéléra la marche vers la guerre totale. Pourtant, le legs le plus néfaste de la révolution française réside ailleurs. C’est l’idée que le recours à la violence est le meilleur moyen de résoudre les difficultés politiques et, dans ses pires implications, la doctrine selon laquelle une élite juste ou éclairée a le droit – pour le bien du peuple, bien entendu – d’imposer ses vues par la terreur. Un legs que nous regrettons tous encore aujourd’hui.

Lewis Russel

https://soundcloud.com/user5994089/la-r-volution-de-1789-et-le-r

L’honneur du Travail

Charles Péguy

« Travailler plus pour gagner plus », proclamait N. Sarkozy. Voilà un slogan qui résume à lui seul l’état d’esprit qui s’est imposé, parfois contre son gré, au monde du travail en France, et parfois aussi à son détriment. Entre les 35 heures de la gauche et le « travailler plus pour gagner plus » de la logique libérale, c’est toujours la lutte incessante entre deux idéologies qui s’entredéchirent depuis trop longtemps déjà.

Sans parler bien évidemment des délocalisations visant à faire, par exemple, travailler des enfants chinois à moindre coût et dans des conditions de servitude souvent effroyables, ou de ceux, dans notre pays, qui profitent des avantages sociaux pour éviter le plus longtemps possible de travailler et vivre aux frais de l’Etat, et donc indirectement aux frais des travailleurs eux-mêmes qui paient leurs impôts. On pourrait aussi rajouter à cela certains syndicats qui n’ont que la grève comme seul et unique contre-pouvoir, et qui en abusent le plus souvent possible sans pour autant obtenir forcément satisfaction.

Bref, entre une volonté certaine pour beaucoup de travailler le moins possible et gagner un maximum d’argent, et de l’autre côté une volonté tout aussi certaine de gagner un maximum d’argent en faisant travailler au maximum les ouvriers ou employés à moindre coût, fussent-ils en France ou ailleurs, la valeur du travail en ce début du XXIème siècle est souvent dévalorisée ou mal comprise dans l’esprit des Français. On pourrait aller jusqu’à se demander dès lors où est ce peuple de travailleurs qui a construit les cathédrales, érigé toutes nos grandes villes et villages, et qui avait acquis un savoir-faire ayant pu et su traverser les siècles malgré les soubresauts de l’histoire ?

Certes, après la révolution bourgeoise de 1789, et l’arrivée de l’ère industrielle au XIXème siècle, l’idéologie du libéralisme économique qui s’imposa en France en 1791 par le vote du décret d’Allarde et de la loi Le Chapelier, qui supprimèrent les corporations et interdisaient, sous peine de mort, aux ouvriers de se réunir pour gérer leur statut, beaucoup d’abus de la part des patrons d’industries auront pour conséquence l’émergence d’idéologies, comme le socialisme et le communisme, idéologies inventés par des bourgeois afin d’exploiter les rancoeurs et la misère ouvrières et les utiliser pour une éventuelle « autre » révolution.

Tout au long du XIXème siècle puis du XXème, des lois et propositions de lois seront votées afin de soulager la misère ouvrière des abus du libéralisme. Les catholiques et les royalistes sociaux en furent les pionniers, dès la Restauration. Même si tout le monde ne retient que l’année 1936, le Front Populaire et ses congés payés, ce n’est pas à la gauche que l’on doit l’origine des grandes avancées sociales.

(suite…)

La civilisation d’Ancien Régime

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L’harmonie de la société traditionnelle face aux horreurs du capitalisme libéral :

« Dieu établit les rois comme ses ministres et règne par eux sur les peuples.
C’est pour cela que nous avons vu que le trône royal n’est pas le trône d’un homme,
mais le trône de Dieu même.
Le modèle pour le gouvernement monarchique est l’autorité paternelle,
se trouve donc dans la nature même.
Les rois de France se font sacrer à Reims,
ce qui donne ä leur pouvoir un caractère religieux. »

Bossuet, La politique tirée de l’Ecriture Sainte, 1679, Extrait du livre III.

Sous l’Ancien Régime les ‘‘deux tiers des enfants ne mouraient pas en bas âge, beaucoup, grâce à l’Eglise, savaient lire et écrire, et tous ne vivaient pas dans la crasse et l’absence de soins”

Il faut se garder de caricaturer l’Ancien Régime, comme on le fait trop souvent, qui fut le cadre de vie de nos ancêtres pendant des siècles, et donc représente un élément respectable de notre patrimoine, avant que la terrible Révolution Française ne vienne détruire un ordre fondé sur la religion, la fidélité à l’égard des devoirs et les liens entre les générations, temps où les hommes n’étaient pas encore asservis aux durs impératifs de l’argent roi et de la société libérale, et où les quarante heures et les congés payés, obtenus lors des grèves 1936, auraient été regardés comme une épouvantable régression sociale auprès d’un peuple qui vivait au rythme lent des saisons et des nombreuses célébrations religieuses. C’est pourquoi il faut nécessairement sur ces sujets, se libérer rapidement des clichés distillés par les manuels d’histoire de la IIIe République !

La société de l’Ancien Régime, où, contrairement à ce qu’on a pu lire récemment, les ‘‘deux tiers des enfants ne mouraient pas en bas âge, où beaucoup, grâce à l’Eglise, savaient lire et écrire, et où tous ne vivaient pas dans la crasse et l’absence de soins”, semble à peu près aussi exotique à nos contemporains que celle de l’Antiquité classique ou de l’Amérique précolombienne. Il convient donc d’en finir avec une vision figée par les trois siècles qui nous en séparent, et la lecture idéologique du passé de la France qui a stérilisé les recherches des historiens. Heureusement, il n’en va plus ainsi de nos jours, où de nombreux travaux d’érudition ont fait bouger les choses, et ont montré que les conditions existentielles étaient bien plus douces que ce que la propagande républicaine n’a eu de cesse d’imposer aux esprits, nous faisant découvrir une société qui avait évidemment ses imperfections et ses limites comme tout système humain, mais néanmoins participait d’un ordre général de vie plutôt harmonieux et équilibré [1].
En effet, cet ordre, car s’en était un, était placé sous l’influence bénéfique de l’Église catholique tant décriée de nos jours, mais qui exerçait son ministère et rayonnait par son influence morale sur l’ensemble des populations, Église qui, comme l’écrit Alexis de Tocqueville :
« n’avait rien de plus attaquable chez nous qu’ailleurs ; les vices et les abus qu’on y avait mêlés étaient au contraire moindres que dans la plupart des pays catholiques ; elle était infiniment plus tolérante qu’elle ne l’avait été jusque-là et qu’elle ne l’était encore chez d’autres peuples ».

(suite…)

Deux hommes ? Non, deux institutions

Henri IV transparentNous venons de rouvrir un beau livre paru il y a huit ans, mais qui n’a rien perdu de son actualité. Il a pour titre : « Deux époques; deux hommes », et comme sous-titre : « Les sauveurs de l’économie nationale » (Radot, éditeur).
L’auteur est Mme Jeanne Rouvier ; ancien membre du Conseil supérieur du travail.

La première époque comprend la fin du XVIe siècle et le commencement du XVIIème : la France renaît après les désastres causés par trente années de guerres civiles.
La deuxième époque est l’après guerre de 1914. Si la première époque est caractérisée par le prompt relèvement du pays, c’est, assure Mme Rouvier, parce que nos pères du XVIème siècle finissant eurent la chance de rencontrer un homme de génie : Barthélémy Laffemas. Au contraire, nos difficultés présentes tiendraient au fait que nous n’aurions à notre disposition que l’homme sans génie qui a nom Léon Jouhaux.
L’explication que nous donne Mme Rouvier est bien sommaire et tout à fait inattendue. Hâtons-nous pourtant de dire que les faits exposés dans son livre en suggèrent une autre beaucoup plus raisonnable, à savoir que l’heur ou le malheur des Français tient beaucoup moins aux hommes, qu’aux vertus ou aux vices de leurs institutions.
Ce qui frappe, dans la première période, c’est la gravité de la chute, la soudaineté et l’éclat du rebondissement.
Nous sommes en 1596. La France compte trente années de guerres religieuses qui ont réduit sa population à douze millions d’habitants, dont deux millions n’ont d’autre ressource que de mendier : un mendiant sur six habitants. Dans les campagnes, la détresse est extrême (les deux tiers du pays sont en friche) et dans les villes la misère est plus atroce encore. Il y a cependant des gens qui étalent un luxe insolent, parce qu’ils se sont enrichis à la faveur des troubles : hommes de guerre, de finance ou de négoce. Mais ce n’est pas la nation qui tire profit de leurs dépenses. L’étranger leur fournit objets de luxe et de première nécessité, car nous n’avons plus ni agriculture, ni industrie, ni commerce.
Joigner que le Trésor est vide, que la dette est énorme et qu’une portion considérable des revenus de l’Etat est en des mains étrangères.
Or, cette France de 1596, qui apparaît comme un champ de désolation, s’est redressée avec une promptitude prodigieuse.
Elle est, en effet, devenue en peu d’années le pays de l’Europe le plus riche, le plus prospère, le plus redouté, le plus envié. Que s’est-il donc passé ? Le livre de Jeanne Bouvier le fera paraître.

Le 4 novembre 1596, Henri IV convoque, à Rouen, les notables, qui représentent les forces morales et les grands intérêts du pays. Dans la harangue qu’il prononce en ouvrant l’assemblée, il dit en résumant une triste page de notre histoire :

« J’ai trouvé la France non seulement quasi ruinée, mais presque toute perdue pour les Français. Par mes peines et mes labeurs, je l’ai sauvée de la perte. Sauvons-la, à cette heure, de la ruine. »

Le roi avait reçu plusieurs projets de quelques bons citoyens touchant les moyens de relever l’industrie nationale qu’il soumit à l’assemblée. Le plus remarquable de ces mémoires était un projet de réorganisation économique rédigé par son tailleur et valet de chambre, Barthélémy Laffemas, sous le titre de : « Règlement général pour dresser les manufactures en ce royaume. »

L’idée dominante de Laffemas était que le pays doit tâcher de se suffire dans la production des objets manufacturés qui lui sont nécessaires et ne pas les demander à l’étranger. Les moyens qu’il mettait en avant pour y parvenir sont au nombre de quatre :

1° prohibition d’entrée dans le royaume des draps et d’étoffes de soie manufacturés par les étrangers, ceci afin d’éviter l’émigration du numéraire national ;
2° importation des industries de luxe que nous n’avions pas et développement de celles que nous possédions déjà;
3° établissement dans chaque ville d’une Chambre de commerce pour chaque communauté d’arts et métiers ; et, dans la ville principale du diocèse, création d’un grand bureau des manufactures. Chambres et bureaux avaient pour objet d’obtenir des marchands et artisans des produits irréprochables sous le rapport de la qualité et de la beauté;
4° développement des manufactures sur toute la surface du territoire. A ce dernier moyen se rattachait l’établissement, dans chaque ville, de grands ateliers destinés à l’occupation des sans-travail.

(suite…)

TELL EL GESER, il y a 833 ans :

(Article paru dans l’Action Sociale Corporative n°14)


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Suffirait-il de rappeler qu’aujourd’hui en 1177,un jeune homme de 17 ans, roi de Jérusalem, dévoré par un mal incurable, la lèpre, tint tête à l’immense armée de Saladin venue en finir du royaume des Francs…Qu’il se tenait à cheval, malgré ses souffrances, en chevalier. Qu’aujourd’hui nous nous souvenons de lui et de ses preux. A Montgisard en Palestine, au nord-ouest de la ville sainte, une poignée d’hommes, quelques centaines, écrasèrent la plus formidable concentration de sarrasins. « …le Dieu qui fait paraître sa force dans les faibles, écrit Michel le Syrien, inspira le roi infirme. Le reste de ses troupes se réunit autour de lui. Il descendit de sa monture, se prosterna la face contre terre devant la croix et pria avec des larmes. A cette vue le cœur de tous ses soldats fut ému. Ils étendirent tous la main sur la croix et jurèrent de ne jamais fuir… Ils remontèrent à cheval et s’avancèrent contre les Turcs qui se réjouissaient pensant avoir raison d’eux. En voyant les Turcs dont les forces étaient comme une mer, les Francs se donnèrent mutuellement la paix et se demandèrent les uns aux autres un mutuel pardon… »

Le chant des morts des templiers le « Dies Irae » résonne encore dans les plaines désertiques. Ce prince de la jeunesse en souffrance, un exemple de courage entraîna son ost vers la victoire. « Soudain se montrèrent les bataillons des Francs. Ils surgirent, agiles comme des loups, aboyant comme des chiens, et ils attaquèrent en masse, ardents comme la flamme… ». Dit Abou Shâma. On pourrait dire en guise d’épitaphe : « voyageur qui passe par là, écoute le bruit du vent, n’entends-tu pas le hennissement des chevaux, le bruit des lourdes épées franques fracassant l’adversaire tout aussi courageux, ne perçois tu pas les douleurs du corps en souffrance du jeune Baudouin IV de Jérusalem. Si tu regardes bien, il te semblera voir dans le lointain l’ost du roi chevauchant en traversant Ashdod, Ibelin, El Monghar et Niane…»

Ecoutons René Grousset, historien des Croisades :
« …stoïque et douloureuse figure, la plus noble peut être de l’histoire des Croisades, figure où l’héroïsme, sous les pustules et les écailles qui le couvrent, confine à la sainteté, pure effigie du roi français…»

Souvenons-nous… C’était un vendredi 25 novembre de l’année 1177 vers 13h, à Montgisard

L’Auld Alliance – A nos Frères Ecossais – Saor Alba

Vidéo traduite en anglais :

En Ecosse, l’histoire remonte à 50.000 ans, après la glaciation de Würm. Les romains devant ces « barbares  Pictes» nommé Calédoniens attaquant peints à demi nu, préfèrent ériger le mur d’Hadrien, pour les séparer de leur colonisation d’Angleterre. Venus d’Irlande, par l’Ulster les Scots amènent leur langue  gaélique et le pays est nommé Alba. L’amitié Franco-Ecossaise remontrait selon Walter Bower, moine puis abbé de saint Colomb, à Charlemagne. Cette terre connu les intrusions Vikings et la conquête du Duc Guillaume en 1072, les Normands y édifieront de solides places fortes. Les tribus d’Écosse sont formées en Clans, la frontière proche avec l’Angleterre donne lieu à des luttes farouches dont le but sera toujours cette indépendance rêvée et difficilement accessible. En 1295 rejetant les Anglais, l’Ecosse scelle l’union avec la France nommée « Auld Alliance ». En 1428, le poète Alain Chartier dira : « De cette alliance, transmise de génération en génération, qui n’a point été écrite sur un parchemin de peau de brebis, mais qui s’est gravée sur la chair vive et sur la peau des hommes, tracée non à l’encre, mais par le sang. »

En 1296 le Roi D’Angleterre Edouard envahit L’Ecosse. William Wallace dans le nord et Andrew de Moray pour le sud deviennent les symboles de la résistance, élus gardiens du pays par les nobles en l’absence du Roi Jean Baliol. Thomas Randolph Comte de Moray se rendit célèbre en escaladant le château d’Edimbourg en 1313, avec un « commando » d’Ecossais par la face sud, réputée imprenable et s’empara de la place Ils écrasent l’armée anglaise au pont de Stirling, scène mémorable du film « Braveheart », Andrew meurt de ses blessures. Edouard se vengera à Falkirk en 1298, Wallace laissera le commandement à Robert Bruce issu d’une noble famille normande du Cotentin, compagnon de Guillaume le Conquérant. Ne désirant pas négocier William reprends la lutte mais trahit, il tombe aux mains des anglais. Ceux-ci n’arriveront pas à lui faire jurer allégeance, il mourra dans la souffrance, les membres éparpillés aux 4 coins du royaume d’Angleterre, afin de décourager toute résistance. Robert Bruce devient roi en 1307, écrase les forces anglaises à la bataille de Bannockburn en 1314, donnant l’indépendance à l’Écosse. Le premier parlement Écossais voit le jour en 1326. Mais les anglais envahissent de nouveau et c’est la seconde guerre d’indépendance…

(suite…)