Cette vidéo, j’ai hésité à la diffuser sur internet, car pour le grand public elle ne me semblait pas assez probante. Sur l’insistance de quelques amis, je me résous à la proposer tout de même. Elle résume de plus de vingt heures de conférence sur ce sujet primordial qu’est l’antilibéralisme. En novembre 2003, pendant une semaine je fis le point de trente ans de travaux et d’études consacrés à ce sujet. Après avoir « traqué », redécouvert, lu et médité les auteurs antilibéraux, j’en vins à bien cerner cette affaire et pouvoir en transmettre l’essentiel… Sommaire :
– 1). Qu’est-ce qu’un anti-libéral ? – 2). Qu’est-ce qu’un auteur anti-libéral ? – 3). Pourquoi les étudier ? – 4). Histoire de l’école anti-libérale – 5). La liste des anti-libéraux – 6). Les livres de base des anti-libéraux – 7). La différence entre un VRAI anti-libéral et un FAUX anti-libéral – 8). Comment reconnaître un libéral d’un catholique – 9). Échecs, Succès, Leçons de cette école antilibérale – 10). La liste des grands libéraux – 11). Le bêtisier anti-libéral – 12). Les différentes phases pour passer du VRAI au FAUX, du BIEN à L’ERREUR – 13). Les personnes qui font partie des Œuvres – 14). Les thèmes étudiés par les anti-libéraux – 15). L’homme anti-libéral
Cette vidéo a pour objectif de montrer que la révolution ne fut pas un évènement spontané. Elle puise son origine dans l’anthropocentrisme des humanistes de la Renaissance. La Réforme quant à elle, instituera la libre pensée et le système républicain. La critique faite contre le protestantisme dans cette vidéo, est une critique de ce que fut le protestantisme à l’époque de son émergeance en France au XVIè siècle. Il ne s’agit nullement d’une attaque contre les protestants vivant paisiblement leur foi à ce jour.
La trinité infernale de notre déclin :
Renaissance, Réforme et Révolution, trois mots qui raisonnent à nos oreilles comme étant ceux de l’époque moderne. Nous allons analyser ce que renferment ces trois termes comme mettre en évidence ce qu’ils incarnent et le poison qu’ils contiennent…
« Ces fameux « 3 R » sont la marque de la Révolte, du Refus, du Rejet, du Ressentiment, … de l’Homme face à Dieu, de la créature face à son Créateur. Ces trois évènements théologico-politico-historiques forment comme des repères, et sont autant de ruptures, de cassures, et de fractures dans la longue durée de l’Histoire humaine. » écrivait Christophe Lacroix dans « Ripostes au politiquement correct » Tome 3 – p 36
Le XVe et le XVIe siècle sont des périodes de transition entre l’époque Médiévale et les Temps Modernes, plus communément appelées Renaissance. Le terme de « Renaissance » en tant qu’époque a été utilisé pour la première fois en 1840 par l’historien Jean-Jacques Ampère dans son Histoire littéraire de la France avant le XIIe siècle. « Le terme même de « Renaissance » ne peut se comprendre que dans un sens « révolutionnaire », où l’héritage du christianisme doit être remplacé par une « renaissance » de l’Homme, affranchi et délesté de tout l’apport de 15 siècles de culture et civilisation chrétienne. » écrivait Christophe Lacroix dans « Riposte au politiquement correct » Tome 3 – p 37
La Renaissance se caractérise par une série de changements politiques, économiques, sociaux et intellectuels. C’est durant cette période qu’apparaît le mouvement humaniste. Mais cet humanisme à contrario de l’humanisme chrétien, place l’homme et les valeurs humaines au centre de la pensée. Ce que l’on appel plus couramment l’anthropocentrisme, contraire à la pensée chrétienne.
Les conséquences de cette pensée ne se font pas attendre. Des représentations anthropomorphiques de Dieu apparaissent déjà au début de la Renaissance. Il n’y a qu’à regarder comment Michel-Ange représenta Dieu dans la Chapelle Sixtine dans sa très célèbre « Création d’Adam », sous les traits d’un vieil homme aux allures d’un Zeus antique, les éclairs en moins. Ce qui, pendant des siècles, aurait été considéré comme blasphématoire, Dieu étant au-dessus du monde matériel, on ne peut donc le représenter sous les traits d’un homme fait de chair et de sang, en dehors de son incarnation : Jésus Christ. Mais Michel-Ange faisait déjà partie, à cette époque, d’une génération admirant et préférant se tourner vers l’art et l’enseignement antique. La Réforme, la découverte des Amériques comme l’afflux d’or arrivant, poussa les européens à se focaliser un peu plus sur le monde matériel. Mais malheureusement, cet attrait du monde matériel ne sera pas sans conséquences…
A ce jour, il est assez fréquent de voir sur internet (ou ailleurs) des personnes se disant ouvertement nationalistes ou patriotes français, mais avec cette particularité de se revendiquer d’une forme de paganisme tout en rejetant assez violemment la religion catholique.
Les attaques vont bon train : on apprend que le catholicisme est une religion « abrahamique » qui n’est pas naturelle à l’esprit européen, qu’elle encourage la pitié et la faiblesse, qu’elle est cosmopolite et finalement responsable de tous les maux de la planète. Des propos qui ne sont pas sans rappeler ceux des anticléricaux de l’extrême gauche, et c’est là un paradoxe majeur !
Comment peut-on se dire nationaliste ou simplement patriote français tout en rejetant de façon catégorique, à la manière de la modernité nihiliste, ce qui est l’essence même de la civilisation française ?
Comprenons bien, une civilisation découle toujours d’une religion. C’est d’abord la religion qui apparaît et ensuite la civilisation qui se développe sur la base des principes et des valeurs qui en émane. C’est d’ailleurs l’une des premières choses que demanderont les Hébreux à Moïse après que ce dernier les a délivrés du joug de Pharaon : « Qui est notre Dieu ? » Et Moïse partira seul au sommet du Mont Sinaï pour revenir quarante jours plus tard avec le Décalogue.
C’est aussi le motif primordial de l’Incarnation du Christ : il fallait que le Dieu Invisible s’incarna, pour que nous puissions le connaître intimement.
Concernant la France, il en est de même. On ne peut pas parler de civilisation française sans mentionner la religion catholique. La France ne doit son existence qu’à travers l’alliance que fit Clovis avec l’Église catholique, culminant en son baptême et au Sacre de Reims. Cet évènement est une totalité : en rejeter une partie, c’est le rejeter complètement.
L’anticatholicisme engendre inévitablement l’antifrance.
Retirez à la France ses églises, ses chapelles, ses cathédrales, ses croix et calvaires dans les campagnes, ses noms de villages dédiés à tel saint ou sainte, toutes les expressions de la langue française émanant de la Bible, ses universités, ses prêtres, son art… Que reste-t-il ? Tout sauf la France.
« Sire, me promettez-vous de me donner ce que je vous demanderai ? »
Le Roi hésite, puis consent.
« Sire, donnez-moi votre royaume ».
Le Roi, stupéfait, hésite de nouveau ; mais, tenu par sa promesse et subjugué par l’ascendant surnaturel de la jeune fille :
« Jehanne, je vous donne mon royaume ». (1ère Donation)
Cela ne suffit pas : la Pucelle exige qu’un acte notarié en soit solennellement dressé et signé par les quatre secrétaires du Roi ; après quoi, voyant celui-ci tout interdit et embarrassé de ce qu’il avait fait :
« Voici le plus pauvre chevalier de France : il n’a plus rien ».
Puis aussitôt après, s’adressant aux secrétaires :
« Écrivez : Jehanne donne le royaume à Jésus-Christ ». (2ème Donation)
Et bientôt après :
« Jésus rend le royaume à Charles ». (3ème Donation)
Père Jean Dupuy, O.P. en 1429, Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, 1885, p. 652, d’après le Breviarium historiale, texte rédigé au cours de l’été 1429.
Déposition du Duc d’Alençon au procès de réhabilitation, le 3 mai 1456 :
« […] Alors Jeanne adressa plusieurs requêtes au roi, et entre autres pour qu’il donnât son royaume au Roi des cieux : après cette donation le Roi des cieux agirait comme il l’avait fait pour ses prédécesseurs, et le remettrait en son état antérieur […] »
Procès de condamnation et de réhabilitation de Jeanne d’Arc, dite La Pucelle, publiés pour la première fois d’après les manuscrits de la Bibliothèque Royale, par Jules Quicherat, Tome IV, 1847 :
« D’abord, quand la Pucelle arriva auprès dudit roi, elle lui fit promettre de faire trois choses : la première, de se démettre de son royaume, d’y renoncer et de le rendre à Dieu de qui il le tenait. »
« Nous ne sommes qu’à l’aube des jours qui verront s’accomplir, indéfiniment, sa mission. »
Gabriel Hanotaux – Jeanne d’Arc (1911)
« Il y a grande pitié au Royaume de France »
Disait l’Archange St Michel à Ste Jeanne d’Arc alors que la France paraissait perdue, entre la folie de son roi Charles VI et l’invasion anglaise devenue inéluctable. Nous sommes en pleine Guerre de cent ans en l’an de grâce 1429. A cette époque, le sort du Royaume de France ne tenait plus qu’à la ville d’Orléans. Si Orléans tombait entre les mains des anglais, alors plus rien ne pourrait les empêcher d’envahir les territoires du sud de la Loire encore fidèles à Charles VII. Autant dire qu’à ce stade de la guerre, si Orléans tombe, c’est la France entière qui disparaît sous le joug de la couronne britannique. Mais la chevalerie française en cette année 1429 n’avait plus vraiment la fougue et le moral d’acier de jadis. La cruelle défaite française à la bataille d’Azincourt, le 25 octobre 1415, avait ruiné pour longtemps tout espoir de reconquête, et les défaites successives depuis cette bataille l’ont bien démontré.
C’est dans ce contexte assez désastreux du Royaume de France que débutera la glorieuse épopée de la Sainte Pucelle. Nous n’allons pas faire un exposé sur toute sa vie, mais seulement reprendre des épisodes de son miraculeux parcours, afin de mettre en évidence les enseignements qu’elle laissa aussi bien à ses contemporains qu’aux générations futures…
A l’âge de 13 ans, elle eut une apparition de Saint Michel sous l’apparence d’un chevalier, de Sainte Marguerite et de Sainte Catherine. L’archange et ses deux saintes lui ordonnèrent de conduire le dauphin à Reims pour le faire sacrer et de « bouter les Anglais hors de France ».
Mission qui, pour être politique, n’en est pas moins, pour elle, religieuse. Ses « voix » se font de plus en plus insistantes.
D’abord traitée de folle, elle est enfin prise au sérieux. C’est alors que débute l’aventure guerrière.
Le 25 février 1429, lorsque Jeanne se présenta devant Charles VII à Chinon, après l’avoir reconnu malgré la présence d’un faux Charles se faisant passer pour lui pour la tester, elle lui dit : « J’ai nom Jeanne la Pucelle, et vous mande par moi le roi des cieux que vous serez sacré et couronné dans la ville de Reims et serez lieutenant du roi des cieux qui est roi de France ! »
Oui, pour reprendre le dessus en un monde qui dérive, il s’agit de changer de vie. Avec tout ce que cela comporte, et bien sûr l’on ne changera pas de vie sans avoir changé de pensée, sans avoir réformé ou recommencé son éducation si elle était trop complaisante envers le matérialisme idéologique du siècle (car au XXè siècle le matérialisme est devenu idéologie, mythe et religion, que ce soit l’idéologie matérialiste de l’Amérique ou celle, issue d’une origine analogue mais poussée jusqu’à son terme logique, de la Russie soviétique) ; on ne change pas de vie sans projeter et entreprendre par le fait même une révolution politique, économique, sociale, parce que l’organisation économique et politique de notre société constitue le plus grand obstacle actuel à une vie chrétienne. Mais, à un tel projet, à une telle pensée, ce qui manque aujourd’hui ce sont moins des hommes qui les professent que des hommes qui les vivent.
En d’autres termes, la question qu’à chacun de nous pose le monde contemporain n’est pas ou n’est plus simplement : « De quoi es-tu partisan ? » mais : « Qu’es-tu ? Qu’es-tu en réalité, dans le secret de ton cœur comme dans tes actes, que désires-tu être, qu’as-tu décidé d’être, que veux-tu être ?»Tua res agitur : réalise d’abord en toi les vérités que tu prétends servir.
Il s’agira un jour de rénover la société et de réformer les mœurs des autres. […] Mais à l‘heure actuelle, la petite élite capable d’entraîner les autres en leur construisant un cadre de vie où la vertu soit relativement facilitée au lieu d’être mise pratiquement hors la loi, cette petite élite doit d’abord faire la preuve qu’elle existe. Tout le monde parle de changer le régime politique et social, mais chacun attend que ce soient les autres qui le changent effectivement, parce que chacun sent bien à quelle exigence pratique il se heurte : pour la mise en œuvre du christianisme dans l’organisation temporelle, il faut des hommes qui aient commencé par le mettre en œuvre en eux. Et ces hommes seront les Chevaliers du XXè siècle.
Pour montrer que le christianisme intégral peut encore être vécu aujourd’hui par un homme moderne, il faut des hommes qui commencent par le vivre. La possibilité du mouvement se prouve en marchant ; la possibilité d’une vie chrétienne malgré l’effroyable désordre du monde présent se prouve par la réalité de certaines vies chrétiennes. On suivra non point les chefs qui proposeront le but, mais ceux qui auront déjà commencé à le réaliser en eux-mêmes. Et c’est peut-être pour cela que dans notre société croulante l’on ne suit durablement personne. Ou bien il y a trop de tireurs de plans chrétiens et pas assez de chrétiens ; ou bien le dégoût (justifié) des chrétiens les fait renoncer (à tort) à tenter d’agir sur ce monde.
Il serait beaucoup plus facile de suivre un mouvement d’«action» plus ou moins catholique comme on s’enrôle dans un parti politique, beaucoup plus facile de travailler (mais en vain finalement) à réformer les autres que de se réformer soi-même. Mais voilà : la question est de savoir s’il y a encore assez de Français qui se soient réformés eux-mêmes pour qu’ils puissent en quelque sorte servir de garants devant Dieu pour les autres, la question est de savoir s’ il y a encore assez de français par qui passe la Grâce et qui puissent confirmer et sanctifier l’œuvre commune, et bénir l’apport tout extérieur de mains impures et de cœurs médiocres, et même la pierre qu’apporte le Diable. Nous voulons bien tous, avec nos cœurs restés médiocres et nos mains impures, que le christianisme agisse sur nous comme le sel de la terre et le levain dans la pâte, mais nous laissons à d’autres le soin d’être ce levain et ce sel de la terre, nous laissons à d’autres le soin d’être le support et l’incarnation de la grâce de Dieu, sans nous rendre compte que ces autres n’existent peut-être pas, que leur place est vide souvent, – et que l’on attend des hommes pour aller occuper cette place vide.
Il ne s’agit plus de prêcher, il s’agit de faire : et l’action intégrale est celle qu’aide, que féconde, et d’abord que suscite la Grâce. Croyons-nous en la Grâce, oui ou non ? Est-ce la foi qui nous manque, ou le cœur qui nous fait défaut ? Il ne nous appartient plus, à l’heure actuelle, de renouveler l’indispensable consécration au Christ de la France, les puissants de l’heure accepteraient tout plutôt que cela, – mais les puissants de ce monde, et qui ne sont que de ce monde, n’ont jamais le dernier mot. Pour le moment, nous n’avons plus que nous-mêmes à consacrer au Christ et, en face du monde moderne, il nous faut retrouver la décision farouche des premiers chrétiens en face de l‘Empire romain décadent, apôtres devenus «militants» et plus tard devenant peu à peu des soldats : c’est toujours miles, ce vieux mot latin était le seul qui servit à désigner ce que l’on nomma plus tard le Chevalier.
Le monde moderne manque de prêtres, comme il manque de chrétiens, comme il manque d’hommes. Et l’on prie dans les églises pour que Dieu nous donne des prêtres, pour que Dieu nous donne « beaucoup de saints prêtres ». Mais croit-on que Dieu ait abandonné son Eglise et qu’il suscite aujourd’hui moins de vocations qu’il n’en suscitait autrefois ?
La vérité, c’est qu’il y en a parmi nous qui n’ont pas répondu à leur vocation, qui ont entendu l’appel en eux, et qui ont voulu en être quittes en se contentant d’aller dans les églises répéter la prière : «Mon Dieu, donnes-nous des prêtres, mon Dieu, donnes-nous beaucoup de saints prêtres.» Ils ont prié pour que d’autres soient prêtres et ils sont retournés à leurs jeux et à leurs soucis.
Nous demandons une Chevalerie. Nous prions pour qu’il y ait des saints. Nous ne dépassons pas le stade du désir et du vœu, et la prière, indispensable certes, devient une fuite et une démission. Nous laissons aux autres, avec nos bénédictions et nos bonnes pensées, le labeur réel. Nous courons allègrement le risque que Dieu nous dise un jour : « Les autres n’existaient pas : c’est toi que j’attendais.»
Ah ! comprenons que ce qui compte et ce qui comptera, ce n’est pas ce que nous savons et ce que nous disons, – on n’agit pas sur le monde actuel de la même manière que l’on passe un examen, – ce qui compte et comptera, c’est ce que nous sommes et ce que nous ferons. La grâce de Dieu et la réussite humaine ne sont pas données au savoir, mais à l’être ; ni à la parole, mais à la force. La Chevalerie médiévale fut une force mesurée par une vie intérieure.
Il ne s’agit pas de crier haro sur le savoir et sur la parole, mais simplement de faire ce que nous savons être vrai et ce que nous disons être nécessaire. Il s’agit, instance, de commencer par changer de vie.
Il y a des obstacles qu’il est impossible de tourner, il y a des difficultés avec lesquelles on ne ruse pas, et c’est en face d’obstacles de ce genre que nous nous trouvons présentement. La création ex nihilo, la création bien étiquetée et codifiée, à partir de l’état présent de la société, c’est-à-dire effectivement à partir de moins que rien, d’une nouvelle Chevalerie, en commençant par un siège social et des bulletins d’adhésion, n’est en réalité que l’expression d’une volonté et d’une habitude de truquage, de marchandage, d’arrangement en sous-main : substituer une création artificielle et aisée à une création vivante et difficile.
Pourtant, l’éducation sportive, qui a été largement répandue, aurait dû nous habituer à mesurer de l’œil ce genre d’obstacles bruts avec lesquels aucune conversation n’est possible, qui ne se laissent pas circonvenir et qu’il n’est qu’un moyen de surmonter : les vaincre de face. Quand il faut traverser un torrent à la nage ou sauter lorsque le fil est tendu à bonne hauteur, il n’y a pas de moyen terme ni de ruse : il faut nager, il faut sauter. II ne s’agit plus alors de discourir sur les méthodes d’entraînement ou d’encourager le développement des associations sportives. Une association sportive ne vaut que si elle possède des membres actifs décidés à courir, décidés à nager, décidés à sauter. Une nouvelle Chevalerie ne vaudra semblablement que s’il se trouve des hommes décidés à courir, nager, sauter eux-mêmes, et qui fassent la preuve de ce qu’ils sont capables de faire, et d’abord de leur décision sans retour. Pour une nouvelle Chevalerie, nous ne manquons pas de gens capables d’en rédiger les statuts, mais justement nous n’avons pas besoin de statuts. Ce n’est pas avec la plume que s’écrivent les statuts des chevaleries, c’est par la réalité d’une vie. Nous n’avons pas à attendre qu’une nouvelle Chevalerie soit constituée pour nous comporter en chevaliers, mais tout au contraire l’équivalent d’une Chevalerie attend pour exister l’existence de chrétiens réels. Les statuts leur seront donnés par surcroît, et le prestige, et l’influence, et même l’occasion avec ses moyens positifs : car l’occasion, c’est Dieu qui la donne.
Répétons la formule de ce qu’il nous faut : la force conduite, mesurée par une vie intérieure. C’est par la vie intérieure que l’on doit commencer, parce qu’elle donne la plus grande force, celle qui confirme les autres et celle contre laquelle les autres sont finalement sans pouvoir. D’abord sainte Geneviève ; ensuite, à l’heure choisie par Dieu, viennent les armes pour la défaite matérielle d’Attila. C’est la vie intérieure qui est au début : primauté de valeur et primauté d’urgence.
Mais cette primauté ne signifie pas qu’il faille déserter la lutte matérielle – avec les moyens actuels, c’est-à-dire peu efficaces en eux-mêmes pour la défense du pain quotidien et contre le barbare : le suicide n’est jamais permis.
Jean-Louis Lagor – Une autre Chevalerie naîtra – Editions N.E.L. – 1949 – p54 à 60
« Inutile d’invoquer je ne sais quel fatalisme ou quel déterminisme racial. A la France d’aujourd’hui, qui l’interroge, la France d’autrefois va répondre en donnant à cette hérédité son vrai nom : la vocation. Car, mes Frères, les peuples,comme les individus, ont aussi leur vocation providentielle ;comme les individus, ils sont prospères ou misérables, ils rayonnent ou demeurent obscurément stériles, selon qu’ils sont dociles ou rebelles à leur vocation.Du jour même où le premier héraut de l’Evangile posa le pied sur cette terre des Gaules et où, sur les pas du Romain conquérant, il porta la doctrine de la croix, de ce jour-là même, la foi au Christ, l’union avec Rome, divinement établie centre de l’Eglise, deviennent pour le peuple de France la loi même de sa vie. Et toutes les perturbations, toutes les révolutions, n’ont jamais fait que confirmer, d’une manière toujours plus éclatante, l’inéluctable force de cette loi.
L’énergie indomptable à poursuivre l’accomplissement de sa mission a enfanté pour votre patrie des époques mémorables de grandeur, de gloire, en même temps que de large influence sur la grande famille des peuples chrétiens. Et si votre histoire présente aussi ses pages tragiquement douloureuses, c’était aux heures où l’oubli des uns, la négation des autres, obscurcissaient, dans l’esprit de ce peuple, la conscience de sa vocation religieuse et la nécessité de mettre enharmonie la poursuite des fins temporelles et terrestres de la patrie avec les devoirs inhérents à une si noble vocation.
Et, néanmoins, une lumière resplendissante ne cesse de répandre sa clarté sur toute l’histoire de votre peuple ; cette lumière qui, même aux heures les plus obscures, n’a jamais connu de déclin, jamais subi d’éclipse, c’est toute la suite ininterrompue de saints et de héros, qui, de la terre de France,sont montés vers le ciel. Par leurs exemples et par leur parole, ils brillent comme des étoiles au firmament, «quasi stellæ in perpetuas æternitates» (Dan.XII, 3), pour guider la marche de leur peuple, non seulement dans la vie du salut éternel, mais dans son ascension vers une civilisation toujours plus haute et plus délicate.Saint Remy qui versa l’eau du baptême sur la tête de Clovis ; saint Martin, moine, évêque, apôtre de la Gaule ; saint Césaire d’Arles, ceux-là et tant d’autres, se profilent avec un relief saisissant sur l’horizon de l’histoire, dans cette période initiale qui, pour troublée qu’elle fût, portait cependant en son sein tout l’avenir de la France.
Et sous leur action, l’Evangile du Christ, commence et poursuit, à travers tout le territoire des Gaules, sa marche conquérante, au cours d’une longue et héroïque lutte contre l’esprit d’incrédulité et d’hérésie, contre les défiances et les tracasseries de puissances terrestres, cupides et jalouses. Mais, de ces siècles d’effort courageux et patient, devait sortir enfin la France catholique, cette Gallia sacra qui va de Louis, le saint roi à Benoît-Joseph Labre, le saint mendiant ; de Bernard de Clairvaux à François de Sales, à l’humble Curé d’Ars ; de Geneviève, la Bergère de Nanterre, à Bernadette, l’angélique pastourelle de Lourdes ; de Jeanne d’Arc, la vierge guerrière, la sainte de la patrie, à Thérèse de l’Enfant-Jésus, la vierge du cloître, la sainte de la «petite voie»….
Quand je pense au passé de la France,à sa mission, à ses devoirs présents,au rôle qu’elle peut, qu’elle doit jouer pour l’avenir, en un mot, à la vocation de la France, comme je voudrais avoir l’éloquence d’un Lacordaire, l’ascétique pureté d’un Ravignan, la profondeur et l’élévation théologique d’un Monsabré, la finesse psychologique d’un Mgr d’Hulstavec son intelligente compréhension de son temps ! Alors, avec toute l’audace d’un homme qui sent la gravité de la situation, avec l’amour sans lequel il n’y a pas de véritable apostolat, avec la claire connaissance des réalités présentes, condition indispensable de toute rénovation, comme je crierais d’ici à tous les fils et filles de France : «Soyez fidèles à votre traditionnelle vocation. Jamais heure n’a été plus grave pour vous en imposer les devoirs, jamais heure plus belle pour y répondre. Ne laissez pas passer l’heure, ne laissez pas s’étioler des dons que Dieu a adaptés à la mission qu’il vous confie ; ne les gaspillez pas, ne les profanez pas au service de quelque autre idéal trompeur, inconsistant ou moins noble et moins digne de vous !»
Extraits du discours de S. E M. le cardinal Pacelli, légat de S. S. Pie XI, à Notre Dame de Paris , le 13 juillet 1937
« Louis, par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre, à tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut.
Dieu, qui élève les rois au trône de leur grandeur, non content de nous avoir donné l’esprit qu’il départ à tous les princes de la terre pour la conduite de leurs peuples, a voulu prendre un soin si spécial et de notre personne et de notre Etat, que nous ne pouvons considérer le bonheur du cours de notre règne sans y voir autant d’effets merveilleux de sa bonté que d’accidents qui pouvaient nous perdre.
Lorsque nous sommes entré au gouvernement de cette couronne, la faiblesse de notre âge donna sujet à quelques mauvais esprits d’en troubler la tranquillité ; mais cette main divine soutint avec tant de force la justice de notre cause que l’on vit en même temps la naissance et la fin de ces pernicieux desseins. En divers autres temps, l’artifice des hommes et la malice du démon ayant suscité et fomenté des divisions non moins dangereuses pour notre couronne que préjudiciables à notre maison, il lui a plu en détourner le mal avec autant de douceur que de justice.
La rébellion de l’hérésie ayant aussi formé un parti dans l’Etat, qui n’avait d’autre but que de partager notre autorité, il s’est servi de nous pour en abattre l’orgueil, et a permis que nous ayons relevé ses saints autels, en tous les lieux où la violence de cet injuste parti en avait ôté les marques.
Quand nous avons entrepris la protection de nos alliés, il a donné des succès si heureux à nos armes qu’à la vue de toute l’Europe, contre l’espérance de tout le monde, nous les avons rétablis en la possession de leurs Etats dont ils avaient été dépouillés.
Si les plus grandes forces des ennemis de cette couronne se sont ralliées pour conspirer sa ruine, il a confondu leurs ambitieux desseins, pour faire voir à toutes les nations que, comme sa Providence a fondé cet Etat, sa bonté le conserve, et sa puissance le défend.
Tant de grâces si évidentes font que pour n’en différer pas la reconnaissance, sans attendre la paix, qui nous viendra de la même main dont nous les avons reçues, et que nous désirons avec ardeur pour en faire sentir les fruits aux peuples qui nous sont commis, nous avons cru être obligés, nous prosternant aux pieds de sa majesté divine que nous adorons en trois personnes, à ceux de la Sainte Vierge et de la sacrée croix, où nous vénérons l’accomplissement des mystères de notre Rédemption par la vie et la mort du Fils de Dieu en notre chair, de » nous consacrer à la grandeur de Dieu » par son Fils rabaissé jusqu’à nous et à ce Fils par sa mère élevée jusqu’à lui ; en la protection de laquelle nous mettons particulièrement notre personne, notre Etat, notre couronne et tous nos sujets pour obtenir par ce moyen celle de la Sainte Trinité, par son intercession et de toute la cour céleste par son autorité et exemple, nos mains n’étant pas assez pures pour présenter nos offrandes à la pureté même, nous croyons que celles qui ont été dignes de le porter, les rendront hosties agréables, et c’est chose bien raisonnable qu’ayant été médiatrice de ces bienfaits, elle le soit de nos actions de grâces.
A ces causes, nous avons déclaré et déclarons que, prenant la très sainte et très glorieuse Vierge pour protectrice spéciale de notre royaume, nous lui consacrons particulièrement notre personne, notre Etat, notre couronne et nos sujets, la suppliant de nous vouloir inspirer une sainte conduite et défendre avec tant de soin ce royaume contre l’effort de tous ses ennemis, que, soit qu’il souffre le fléau de la guerre, ou jouisse de la douceur de la paix que nous demandons à Dieu de tout notre cœur, il ne sorte point des voies de la grâce qui conduisent à celles de la gloire. Et afin que la postérité ne puisse manquer à suivre nos volontés à ce sujet, pour monument et marque immortelle de la consécration présente que nous faisons, nous ferons construire de nouveau le grand autel de l’église cathédrale de Paris, avec une image de la Vierge qui tienne entre ses bras celle de son précieux Fils descendu de la croix ; nous serons représentés aux pieds du Fils et de la Mère, comme leur offrant notre couronne et notre sceptre.
Nous admonestons le sieur Archevêque de Paris, et néanmoins lui enjoignons, que tous les ans, le jour et fête de l’Assomption, il fasse faire commémoration de notre présente déclaration à la grand’messe qui se dira en son Eglise cathédrale, et qu’après les Vêpres dudit jour, il soit fait une procession en ladite église, à laquelle assisteront toutes les compagnies souveraines, et le corps de la ville, avec pareille cérémonie que celle qui s’observe aux processions générales plus solennelles. Ce que nous voulons aussi être fait en toutes les églises tant paroissiales, que celles des monastères de ladite ville et faubourgs ; et en toutes les villes, bourgs et villages dudit diocèse de Paris.
Exhortons pareillement tous les Archevêques et Evêques de notre royaume, et néanmoins leur enjoignons de faire célébrer la même solennité en leurs églises épiscopales, et autres églises de leurs diocèses ; entendant qu’à ladite cérémonie les Cours de Parlement, et autres compagnies souveraines, et les principaux officiers des villes y soient présents. Et d’autant qu’il y a plusieurs églises épiscopales qui ne sont point dédiées à la Vierge, nous exhortons lesdits archevêques et évêques en ce cas, de lui dédier la principale chapelle desdites églises, pour y être faite ladite cérémonie ; et d’y élever un autel avec un ornement convenable à une action si célèbre, et d’admonester tous nos peuples d’avoir une dévotion toute particulière à la Vierge, d’implorer en ce jour sa protection, afin que, sous une si puissante patronne, notre royaume soit à couvert de toutes les entreprises de ses ennemis, qu’il jouisse longuement d’une bonne paix ; que Dieu y soit servi et révéré si saintement que nous et nos sujets puissions arriver heureusement à la dernière fin pour laquelle nous avons tous été créés ; car tel est notre bon plaisir.
Donné à Saint-Germain-en-Laye, le dixième jour de février, l’an de grâce mil-six-cent-trente-huit, et de notre règne le vingt-huitième. »
En 1271, le sultan des Mamelouks avait dépossédé les Francs de la forteresse…
Les volontaires français et syriens de l’association SOS Chrétiens d’Orient ont eu une chance inouïe, celle d’assister à la messe dans la chapelle du Krak des Chevaliers, célèbre forteresse croisée exceptionnellement préservée en Syrie. En 1940 déjà, pendant le mandat français, une messe des rameaux avait été célébrée entre ces murs épais. C’est donc la deuxième fois seulement en 745 ans qu’une prière catholique s’élevait du mont syrien.
« C’est l’unité dans le temps qui se refait », réagit le père Augustin-Marie Aubry, prêtre de la fraternité Saint-Vincent-Ferrier et conseiller religieux de l’association française. L’unité dans le temps était particulièrement complète : sa fraternité célèbre en effet la messe selon le rite dominicain traditionnel, celui-là même qui était célébré par les latins en Orient au XIIIe siècle ! Les mots qui ont raisonné ce 31 juillet étaient donc les mêmes que sept siècles plus tôt. « Nous avons prié pour la paix, et pour les habitants de la région dans laquelle le Front al Nosra a commis de terribles exactions », poursuit le jeune religieux.
L’ordre des Hospitaliers tient le Krak pendant 129 ans
On devine les horreurs commises lorsque l’on traverse les villages alentours dévastés par d’âpres combats. Cette merveille architecturale avait été conquise par les djihadistes du groupe terroriste le 8 mars 2012, avec l’aide d’islamistes libanais venus en renfort. Il avait ensuite fallu deux ans et deux mois à l’armée syrienne pour récupérer la forteresse justement réputée pour être… imprenable !
Conçu à l’époque des croisades, le Krak était aux mains des Kurdes lorsque fut lancée la première croisade en 1099. Conquise puis abandonnée par Raymond de Saint-Gilles, elle fut finalement récupérée par le régent d’Antioche Tancrède, en 1115. Mais le coût de l’entretien d’une telle forteresse était si élevé que Raymond II la confia finalement à l’ordre des Hospitaliers. C’est à cette époque que l’on commence à l’appeler le « Krak des Chevaliers ».
Il faudra alors 129 ans pour que la forteresse retombe entre des mains ennemies : en 1271, le sultan des Mamelouks Baybars 1er se saisit du château qui ne sera jamais repris par les Francs.