De Cahuzac à Cazeneuve : le budget de la France prisonnier de l’Union européenne ? :

La démission de Jérôme Cahuzac de son poste de ministre du budget est un coup dur pour un gouvernement déjà fragilisé par une situation économique de plus en plus ingérable et une crise sociale en passe d’engendrer de multiples colères sociales dont on peut craindre, si le politique n’y apporte pas de justes réponses, les formes et les effets. C’est aussi un coup sévère porté à la crédibilité d’une République qui, si elle n’a pas inscrit le mot vertu sur ses frontons, se vante d’en être la meilleure illustration, même si l’histoire, cruelle, nous rappelle que ce régime est né sous l’égide d’un Danton, le plus corrompu des hommes de son temps (ce qui n’enlève rien, d’ailleurs, à ses autres défauts et à ses quelques qualités…) ! Il flotte dans l’air l’odeur âcre des fins de régime, des pneus brûlés et des œufs pourris… Pourtant, le régime tiendra, faute (pour l’heure) d’une alternative crédible même si elle est de plus en plus urgemment nécessaire, et le pays devra se contenter, aux prochaines élections, d’une alternance habituelle et de l’irrémédiable (mais toujours limitée par les garde-fous de la démocratie parlementaire…) montée de « populismes » divers et variés, et d’une abstention de plus en plus banale et banalisée : quelle tristesse de voir ainsi la République s’en tirer à si bon compte quand elle mériterait le pilori et le rejet, et de voir aussi ce qui devrait être, la Monarchie, encore trop timide dans l’esprit de nos concitoyens pour pouvoir s’imposer au monde politique et dans les institutions !
Néanmoins, n’accablons pas M. Cahuzac qui, tout de même, n’est ni Stavisky ni Fouquet, et qui paye, déjà, son insouciance mêlée d’une arrogance que certains prenaient pour de la fermeté : je ne suis pas de ceux qui déchireront le cadavre d’un homme à terre, et je m’en remets à la Justice pour dire, en son temps, ce qu’il en est des accusations qui ont mises à bas un ministre du budget qui n’était sans doute pas le pire de ceux qui se sont succédé à ce poste ces dernières décennies. Mais il est tout à fait symbolique que cet homme soit tombé au nom même des principes et des politiques de lutte contre la fraude fiscale, lutte qu’il revendiquait et assumait au gré des tribunes de la République et des médias nationaux.
En sacrifiant son ministre du budget de façon presque expéditive, M. Hollande a montré qu’il ne souhaitait pas voir cette affaire empoisonner son quinquennat et refaire l’erreur d’un Sarkozy traînant trop longtemps le « boulet Woerth » à sa jambe : la présomption d’innocence, si elle est un élément à ne pas méconnaître, n’enlève rien à la force dévastatrice du soupçon, particulièrement en démocratie d’opinion soumise au siège permanent des médias et de leurs instruments de torture…
Mais le remplacement du ministre déchu est aussi révélateur des réalités institutionnelles d’aujourd’hui qui placent, depuis cette année, notre propre budget sous le contrôle tatillon de l’Union européenne : c’est M. Bernard Cazeneuve, jusque-là ministre délégué aux affaires européennes, qui prend en main le Budget, et cette nomination en dit plus long que tous les discours sur le piège dans lequel s’est enfermé notre pays en ratifiant le fameux traité instituant le Mécanisme européen de stabilité (souvent appelé le « traité Merkozy »), véritable carcan économique qui empêche, en fait, toute politique nationale qui n’irait pas dans le sens d’une réduction des déficits publics quel qu’en soit le coût social ou environnemental pour le pays comme pour sa population… N’oublions pas, d’ailleurs, que le Parlement européen a voté, la semaine dernière (le 12 mars), une directive contraignante qui oblige les Etats de la zone euro à soumettre leur budget national au contrôle et à l’approbation de la Commission européenne avant même qu’il soit discuté à l’Assemblée nationale, dans le cas de la France : autant dire que les parlements nationaux, et notre assemblée nationale, n’ont plus, dans ce cas, de rôle effectif dans la construction et l’acceptation du budget de la nation, ce qui, pourtant, restait jusqu’à ce jour dans notre démocratie parlementaire de nation souveraine, l’une de leurs principales prérogatives… La Commission pourra même demander aux députés ou aux ministres de modifier telle ou telle mesure du projet de budget avant le vote parlementaire qui, en somme, se fera de façon beaucoup plus contrainte par l’Union européenne qu’auparavant !
On comprend mieux pourquoi le choix d’un bon connaisseur des pratiques européennes comme M. Cazeneuve est le meilleur moyen d’amadouer ou d’endormir des parlementaires français jadis jaloux de leurs prérogatives et destinés, désormais, à « paraître » plus qu’à décider concrètement ; mais le nouveau ministre ne sera-t-il pas aussi, de par sa connaissance des mécanismes de l’Union européenne, en mesure, éventuellement, de mieux défendre le budget national des empiètements de la Commission européenne ? Sera-t-il à la hauteur des enjeux et saura-t-il préserver, en ce domaine, l’indépendance française déjà bien diminuée ? Je n’ose faire de pronostics mais, au regard de l’histoire récente de la République face à l’Europe, je crois avoir quelques bonnes et tristes raisons d’en douter…





« C’est l’histoire d’un lieu nommé « Le pays des Souris ». Le pays des Souris était un lieu où vivaient et jouaient tous les petits rats, où ils naissaient et mouraient. Ils vivaient de la même manière que vous et moi. Ils avaient même un parlement et tous les 4 ans ils avaient une élection. Ils se rendaient aux urnes et votaient. Certains se faisaient même conduire en chariot, un avantage qu’ils n’obtenaient que tous les 4 ans, pour être exact. Comme vous et moi. Et à chaque élection, tous les petits rats prirent l’habitude d’aller aux urnes et d’élire un gouvernement. Un gouvernement constitué d’énormes et gros chats noirs. Maintenant, si vous pensez que c’est étrange que les souris élisent un gouvernement de chats, observez l’histoire du Canada durant les 90 dernières années et vous verrez qu’eux ne sont pas plus stupides que nous. Je n’ai rien contre les chats noirs. Ils étaient de bons compagnons. Ils conduisaient leur gouvernement avec dignité. Ils promulguaient de bonnes lois.
Mort à la gueuse ! A bas la gueuse ! Sus à la gueuse ! Voilà les slogans que l’ont pouvait entendre jadis de la bouche des royalistes à l’époque des débuts du combat contre-révolutionnaire. Aujourd’hui encore, il n’est pas rare d’entendre ou de lire cette expression de « Gueuse » pour définir la république de la part de nombreux royalistes voulant rester fidèle à ce qui leur semble être encore une injure. Pourtant avec du recul, et en faisant le bilan de ces deux siècles de république, il est très difficile de voir à travers marianne, l’image d’une gueuse proprement dite ! Sachant d’autant plus, que dans l’esprit des gens, l’expression « gueuse » aurait plus tendance à définir la France pauvre en général. Ceux qui parlent de la « France d’en bas » si chère à Raffarin, sont forcément au dessus du peuple, bref une sorte d’élite : la fameuse France dite d’en haut !
