République et démocratie

L’affaire Cahuzac

De Cahuzac à Cazeneuve : le budget de la France prisonnier de l’Union européenne ? :
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La démission de Jérôme Cahuzac de son poste de ministre du budget est un coup dur pour un gouvernement déjà fragilisé par une situation économique de plus en plus ingérable et une crise sociale en passe d’engendrer de multiples colères sociales dont on peut craindre, si le politique n’y apporte pas de justes réponses, les formes et les effets. C’est aussi un coup sévère porté à la crédibilité d’une République qui, si elle n’a pas inscrit le mot vertu sur ses frontons, se vante d’en être la meilleure illustration, même si l’histoire, cruelle, nous rappelle que ce régime est né sous l’égide d’un Danton, le plus corrompu des hommes de son temps (ce qui n’enlève rien, d’ailleurs, à ses autres défauts et à ses quelques qualités…) ! Il flotte dans l’air l’odeur âcre des fins de régime, des pneus brûlés et des œufs pourris… Pourtant, le régime tiendra, faute (pour l’heure) d’une alternative crédible même si elle est de plus en plus urgemment nécessaire, et le pays devra se contenter, aux prochaines élections, d’une alternance habituelle et de l’irrémédiable (mais toujours limitée par les garde-fous de la démocratie parlementaire…) montée de « populismes » divers et variés, et d’une abstention de plus en plus banale et banalisée : quelle tristesse de voir ainsi la République s’en tirer à si bon compte quand elle mériterait le pilori et le rejet, et de voir aussi ce qui devrait être, la Monarchie, encore trop timide dans l’esprit de nos concitoyens pour pouvoir s’imposer au monde politique et dans les institutions !

Néanmoins, n’accablons pas M. Cahuzac qui, tout de même, n’est ni Stavisky ni Fouquet, et qui paye, déjà, son insouciance mêlée d’une arrogance que certains prenaient pour de la fermeté : je ne suis pas de ceux qui déchireront le cadavre d’un homme à terre, et je m’en remets à la Justice pour dire, en son temps, ce qu’il en est des accusations qui ont mises à bas un ministre du budget qui n’était sans doute pas le pire de ceux qui se sont succédé à ce poste ces dernières décennies. Mais il est tout à fait symbolique que cet homme soit tombé au nom même des principes et des politiques de lutte contre la fraude fiscale, lutte qu’il revendiquait et assumait au gré des tribunes de la République et des médias nationaux.

En sacrifiant son ministre du budget de façon presque expéditive, M. Hollande a montré qu’il ne souhaitait pas voir cette affaire empoisonner son quinquennat et refaire l’erreur d’un Sarkozy traînant trop longtemps le « boulet Woerth » à sa jambe : la présomption d’innocence, si elle est un élément à ne pas méconnaître, n’enlève rien à la force dévastatrice du soupçon, particulièrement en démocratie d’opinion soumise au siège permanent des médias et de leurs instruments de torture…
Mais le remplacement du ministre déchu est aussi révélateur des réalités institutionnelles d’aujourd’hui qui placent, depuis cette année, notre propre budget sous le contrôle tatillon de l’Union européenne : c’est M. Bernard Cazeneuve, jusque-là ministre délégué aux affaires européennes, qui prend en main le Budget, et cette nomination en dit plus long que tous les discours sur le piège dans lequel s’est enfermé notre pays en ratifiant le fameux traité instituant le Mécanisme européen de stabilité (souvent appelé le « traité Merkozy »), véritable carcan économique qui empêche, en fait, toute politique nationale qui n’irait pas dans le sens d’une réduction des déficits publics quel qu’en soit le coût social ou environnemental pour le pays comme pour sa population… N’oublions pas, d’ailleurs, que le Parlement européen a voté, la semaine dernière (le 12 mars), une directive contraignante qui oblige les Etats de la zone euro à soumettre leur budget national au contrôle et à l’approbation de la Commission européenne avant même qu’il soit discuté à l’Assemblée nationale, dans le cas de la France : autant dire que les parlements nationaux, et notre assemblée nationale, n’ont plus, dans ce cas, de rôle effectif dans la construction et l’acceptation du budget de la nation, ce qui, pourtant, restait jusqu’à ce jour dans notre démocratie parlementaire de nation souveraine, l’une de leurs principales prérogatives… La Commission pourra même demander aux députés ou aux ministres de modifier telle ou telle mesure du projet de budget avant le vote parlementaire qui, en somme, se fera de façon beaucoup plus contrainte par l’Union européenne qu’auparavant !

On comprend mieux pourquoi le choix d’un bon connaisseur des pratiques européennes comme M. Cazeneuve est le meilleur moyen d’amadouer ou d’endormir des parlementaires français jadis jaloux de leurs prérogatives et destinés, désormais, à « paraître » plus qu’à décider concrètement ; mais le nouveau ministre ne sera-t-il pas aussi, de par sa connaissance des mécanismes de l’Union européenne, en mesure, éventuellement, de mieux défendre le budget national des empiètements de la Commission européenne ? Sera-t-il à la hauteur des enjeux et saura-t-il préserver, en ce domaine, l’indépendance française déjà bien diminuée ? Je n’ose faire de pronostics mais, au regard de l’histoire récente de la République face à l’Europe, je crois avoir quelques bonnes et tristes raisons d’en douter…

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Ces étonnants « veilleurs » qui occupent les Invalides

Veilleurs

Il est 5h30, depuis une heure je ne peux plus dormir, les mots se bousculent dans ma tête : il faut que j’écrive. Ce message n’est pas un manifeste, il s’agit simplement pour moi d’exprimer ce que nous avons vécu, de déposer le poids de ce combat que nous avons mené, hier soir encore, avec les « Veilleurs », ce combat trop grand pour nous. Il s’agit aussi, puisque cela s’est fait comme cela, d’associer tous ceux qui ne peuvent être avec nous, mais dont le soutien et la prière nous ont permis de tenir.

A ceux qui doutent de ce témoignage – doute légitime, lorsqu’on en ignore la provenance – je voudrais juste assurer qu’il est vrai. C’est moi, Marie, qui l’écris ; je ne dis que ce que j’ai vu, de la manière la plus sobre possible, à tel point que ceux qui étaient là avant-hier m’ont jugée parfois « trop gentille ». Je ne cherche ni la polémique – je n’ai pas l’habitude d’en faire, ni à ce qu’on parle de moi – non, vraiment pas.

22h : La manifestation se termine, je rejoins calmement le groupe des Veilleurs. Ils ont changé de pelouse ; bien plus nombreux qu’hier, déjà encadrés par les CRS, qui néanmoins ne nous empêchent pas de les rejoindre. Axel est là, Alix à ses côtés ; ils ont investi dans un haut-parleur plus puissant, avec un micro, pour que tous puissent entendre (hier, nous avions donné chacun un euro à cet effet). Comme hier, ils nous exhortent à la résistance et à la paix intérieure, pendant que nous chantons doucement « l’espérance ». Malgré le nombre, l’ambiance est plus sereine, plus unie qu’hier soir. Certains montrent des portraits de Gandhi imprimés sur des feuilles de papier.

22h30 : Axel nous a annoncé d’emblée que la police a reçu l’ordre de nous déloger. Pour l’instant, les CRS nous quittent, ayant à faire un peu plus loin sur l’esplanade, où des groupes de manifestants refusent de se disperser. Nous écoutons Bernanos, puis Aragon, La Rose et le Réséda… Alix nous lit ensuite un article sur le gender, qui dénonce le projet du ministre Vincent Peillon, intimement lié à celui de la « loi Taubira », d’« arracher » les enfants aux convictions de leurs parents, pour « libérer » leur intelligence en leur enseignant qu’il n’existe pas de sexe biologique, mais seulement une identité de genre à construire librement – ce sont les mots même des textes officiels. Axel nous parle, rappelant que nous sommes forts parce que nous ne sommes pas là pour nous-mêmes, mais pour le plus faible que nous, l’enfant de demain, nos propres enfants, auxquels on veut nous interdire de dire que la complémentarité des sexes existe, et qu’elle est bonne.

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Aux Champs-Elysées, un dimanche de printemps, un dimanche de révolte…

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« La Manif pour tous » de ce dimanche 24 mars 2013 a réuni des foules très importantes dont le nombre exact de participants s’approche sans doute plus du million et au-delà que des 300.000, chiffre avancé par la préfecture de police sans beaucoup de conviction. Lors de cette réunion géante, des discours fort intéressants et parfois surprenants y ont été prononcés, qui mériteraient d’être écoutés plus précisément et débattus, quelle que soit l’opinion que l’on puisse avoir sur le sujet du mariage nouveau et de ses conséquences.

Mais, au-delà du « fond » de la discussion et des prises de parole, il y a eu ce que les journalistes étrangers ont beaucoup plus sévèrement jugés que les médias hexagonaux : les « débordements » et la « répression », toutes choses dont j’ai personnellement été le témoin, un témoin loin d’être indifférent à la situation en question.

Arrivé en retard à ce rassemblement, je suis descendu à la station de métro Kléber et j’ai suivi le flot de drapeaux bleus, blancs, roses, égayé aussi de drapeaux tricolores français et de ceux des provinces de France : d’ailleurs, difficile de faire autrement, encadré par des forces de l’ordre à la fois débonnaires et impressionnantes. En quelques minutes, alors que je voulais rejoindre le gros de la manifestation pour écouter les discours, je me suis retrouvé à l’ombre d’un Arc de triomphe visiblement fermé au public, tout comme les sorties de métro qui y mènent, et au milieu d’une foule bigarrée mécontente et frustrée de ne pouvoir ni défiler sur les Champs (transformés en camp retranché sur une partie de l’avenue, avec grilles, camions, boucliers et forces de l’ordre lourdement équipées) ni passer du côté de la manifestation officielle…

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Contre le mariage pour tous !

https://soundcloud.com/user5994089/laberration-du-mariage

Lettre ouverte des 67 «salopards» au Gouvernement :

visufemencrs2Exclusif. Incarcérés pour rien…
Nous étions soixante‐sept. Des jeunes aux casiers intacts, des jeunes dont la politesse dispute l’honnêteté, des jeunes qui ne vont dans les commissariats que pour recourir à la protection des forces de l’ordre contre les malfaiteurs. Nous étions la France enfermée parce qu’elle veut exprimer calmement son opposition à la loi Taubira. Détention de tentes, baisers de fiancés révoltés par la répression policière, réveil citoyen ? Nous cherchons encore l’intitulé factuel qui motiva ce qu’il convient d’appeler une rafle. Dix‐sept heures, dix-sept longues heures à attendre dans un commissariat étriqué, dix‐sept heures dans la puanteur, la chaleur, l’exaspération. Incarcérés pour rien.

Justice à la carte !
Comment décrire ce que nous avons subi ? Des larmes de jeunes filles épuisées, la tension, l’attente. Comment concevoir que soixante‐sept étudiants soient raflés en France ? Comment concevoir que les Femens soient libérées à l’œil quand leur violence répond à notre pacifisme ? Comment concevoir que la Police charge tandis qu’un sénateur est parmi nous ? Comment concevoir cette violence de l’État contre des jeunes qui s’engagent pour leur pays ?

Police Politique
Nous accusons Manuel Valls de détourner les forces de l’ordre de leur vocation première qui est la sécurité des citoyens, et d’utiliser ainsi le ministère de l’Intérieur à des fins purement idéologiques. Les soixante‐sept « salopards » tout à fait pacifiques furent placés en garde à vue dans le seul but de réprimer l’élan général contre le projet de Loi Taubira. Cette réaction excessive souligne l’hystérie gouvernementale au sujet d’une réforme qui, de son propre aveu, représente un véritable « changement de civilisation ».

Violence.
Nous accusons enfin Manuel Valls de mettre en danger la sécurité de notre pays en concentrant des policiers et des gendarmes mobiles face à des manifestants sympathiques. Nous dénonçons les excès dont nous avons étés les victimes; les jeunes filles molestées et les garçons brutalisés. De nombreux fonctionnaires des forces de l’ordre sont scandalisés par ces méthodes, qui les dégoûtent de leur vocation et éveillent leur liberté de conscience. Un vent de contestation se lève, et il risque de se changer en tempête.

Nous sommes le Peuple !
Vous êtes des idéologues, des penseurs d’un nouveau monde néolibéral qui ne se réalisera pas parce qu’il n’existe que dans votre esprit, dans votre vision égoïste de la civilisation, dans votre mépris du monde réel, enfermés que vous êtes dans vos dangereuses utopies. Vous essayez le passage en force des idées de Liberté et d’Égalité, au mépris de la liberté et de l’égalité réelle. Vous nous vantez le nouveau surhomme : « égalitarisé », « libéralisé », « androgyné », mais que pensez‐vous de l’homme qui veut rester lui‐même, unique et libre ? À votre impopularité grandissante, vous ne répondez que par votre ton dominateur et vous ne doutez de rien.

La vérité guidant le Peuple
C’est la vérité qui doit guider le peuple en politique, c’est‐à‐dire la conformité de la pensée avec le réel, avec le pays réel, le quotidien des français. Cette vérité que tous les manifestants portent avec paix et détermination. Nous respectons l’opinion des partisans du projet de loi, mais force est de constater que ses thuriféraires ont préféré l’affrontement au dialogue, la répression plutôt que la convivialité. Tout serait tellement plus simple pour François Hollande s’il acceptait la transparence et le référendum plutôt que les manigances et l’autisme.

Panique partout, Justice nulle part
L’égalité réelle c’est la justice, la considération de chacun à la mesure de son besoin. Que faites‐vous pour ceux qui ont le plus besoin de l’État ? Que faîtes‐vous pour le bien du peuple ? A la soif de liberté et de justice vous répondez par les menaces, les gardes‐à‐vue, les coups de matraques et les gazages. Ne savez-vous pas que la France a toujours refusé d’être réduite à un clan ou à un parti ? Qu’êtes‐vous sinon des chefs de clan qui divisent la France au lieu de la rassembler? Clan de la « France d’en haut » plongée dans les « affaires » mais aussi clan au service de lobbies minoritaires qui imposent leurs intérêts à la majorité de moins en moins silencieuse.

Nous sommes Légion
Nous les jeunes, nous avons conscience de l’issue fatale de votre politique. Nous avons conscience de l’extrême gravité de la situation de notre pays, et c’est pourquoi nous nous battons. La seule certitude que nous avons c’est qu’il n’y a qu’un seul moyen pour rassembler un peuple en politique ; la conformité de la pensée avec le réel. Nous nous battons contre cette absurde révolution anthropologique, qui achève de détruire tous les repères d’une société enracinée dans le réel, les repères indispensables à la construction d’un avenir stable et paisible pour tous. Nous nous insurgeons dans toutes les villes de France, nous désobéissons avec joie, sans haine et sans peur, parce que c’est le premier des devoirs face à un gouvernement qui bafoue les droits du peuple et conduit notre pays à la ruine à grand renfort d’illusions.

Nous ne lâcherons rien !
Nous ne revendiquons aucune attache politique, aucune idéologie : nous recherchons la vérité, et pour certains nous avons voté pour vous. Nous combattrons tant qu’il le faudra. Vous ne materez jamais la jeunesse de France, celle qui espère encore en la justice et le bien commun, celle qui est prête à ne rien abandonner et à tout donner pour ses valeurs. Vous pouvez user de l’intimidation, de la force et des abus de pouvoir, vous n’aurez pas notre liberté de penser ! Déterminés, on ne lâchera jamais et on ne vous lâchera pas !

Collectif des 67 « Salopards »
Eric Martin

La république contre la Civilisation

« Les longs souvenirs font les grands peuples. La mémoire du passé ne devient importune que lorsque la conscience du présent est honteuse. »

Charles de Montalembert

La France était en 1789, le pays le plus peuplé d’Europe, le plus développé, sa langue universellement reconnue, le pays riche, les sciences en pleine expansion, sa marine et son armée victorieuse en Amérique impressionnaient.

Vint la Révolution :
marianne riche2Les « penseurs » des « Lumières » mettent en place la République des coquins, un système pour la haute finance débarrassé des libertés sociales, ouvrières, familiales, régionales et associatives qui fleurissaient sous nos rois…
C’est cela la Révolution, les massacres se succèdent à un rythme effréné et c’est le peuple qui en paye le plus lourd tribut. La Terreur s’abat sur 28% de paysans et 41% d’ouvriers… La Révolution installe le pouvoir des nouveaux riches, on interdit aux ouvriers de s’associer, on pille les caisses des corporations, servant à aider les plus démunis et ancêtre des assurances sociales. On livre les femmes et les enfants, n’ayant plus les protections sociales, d’avant 1789 au capitalisme triomphant. On supprime les dimanches par la semaine de dix jours, dite du Décadi, invention révolutionnaire afin de mieux soumettre le monde ouvrier à l’esclavage industriel.
On vole, on pille et toute contestation populaire se termine dans un bain de sang. On instaure le livret ouvrier afin de fliquer les travailleurs pendant que sans relâche des députés royalistes catholiques se battent pour défendre et restaurer des horaires, des assurances, des protections convenables que la Révolution a détruit. La législation sociale prendra des dizaines d’années de retard. La République véritable dictature, interdit, supprime, impose, on dénonce ceux qui oublient la cocarde tricolore…
La France des rois avait des armées de professionnels qui respectaient une éthique et arrêtait les combats aux fêtes religieuses, on nommait cela la «Guerre en dentelle »…
Un fait nouveau apparait dans l’histoire de France, écoutons Anatole France:
« La honte des républiques et des empires, le crime des crimes sera toujours d’avoir tiré un paysan de la paix doré de ses champs et de sa charrue et de l’avoir enfermé entre les murs d’une caserne pour lui apprendre à tuer un homme ».
Et c’est la conscription qui pendant des années va faucher la jeunesse masculine, sans distinction de 18 à plus de 60 ans, faisant périr sur les champs de bataille du carnage : les poètes, les scientifiques, les écrivains, les artistes, les créateurs, les musiciens. C’est aussi une nouvelle forme de guerre totale et révolutionnaire, celle qui n’épargne plus ni femmes ni enfants ni âge, sans plus aucun code d’honneur. Les conséquences de cette idéologie allait nous faire subir 7 invasions (1792, 1793, 1814, 1815, 1870, 1914, 1940…)
Reprenons cette citation de Westermann, prise parmi de nombreuses autres, résumant bien cette période, fruit des « Lumières » :
« Il n’y a plus de Vendée ! Elle est morte sous notre sabre libre, avec ses femmes et ses enfants. Je viens de l’enterrer dans les marais de Savenay. J’ai écrasé les enfants sous les pieds de mes chevaux, massacré les femmes qui n’enfanteront plus de brigands. Je n’ai pas un prisonnier à me reprocher. J’ai tout exterminé…Les routes sont semés de cadavres. Il y en a tant que sur plusieurs points ils font des pyramides. »

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La république contre la langue française

reconquête de notre langue

Si la préservation de la langue prend une véritable importance fondamentale dans la dialectique nationaliste fichtéenne, elle se trouve largement atténuée dans les rhétoriques françaises, notamment celle de Renan. Et pour cause : la langue française fit une apparition bien plus tardive que la langue allemande, et il fallut attendre l’Ordonnance de Villers-Cotterêts de François I° (1539) pour voir apparaître une véritable langue nationale, complétant administrativement les langues régionales afin d’améliorer les transferts de connaissances dans tout le pays.
Ces langues régionales furent rapidement remises en cause par les révolutionnaires de 1792 qui, loin d’y voir l’expression des particularités locales, y virent plutôt un obstacle à la diffusion (propagande) des idées révolutionnaires. Ainsi, pour s’opposer aux patois et idiomes féodaux, le décret du 2 Thermidor An II posa la langue française comme seule langue de toute l’administration, faisant entrevoir les prémices de la lutte républicaine contre les langues régionales. Lois Ferry en tête, les langues locales furent combattues et, hormis quelques rares exceptions (breton, catalan entre autres) bien peu subsistent encore réellement aujourd’hui.

Cette décrépitude des langues régionales, voulue et mise en œuvre par le jacobinisme républicain, a dramatiquement fragilisé l’unité de nos « républiques locales », comme le disait Maurras. Et aujourd’hui, l’unicité de la langue française et l’absence totale d’alternatives locales rendent encore plus dramatique l’actuelle déliquescence de notre langue nationale. Car si la langue de Molière était encore protégée par certaines lois, comme la Loi Toubon de 1992, les gouvernants socialistes semblent bien décidés à ébranler cette unicité française par pure anglophilie, laissant anglicismes et assimilés se répandre dans le quotidien français comme chienlit au printemps.
La dernière lubie en date, et non la moindre, reste la Loi Fioraso, adoptée le Mardi 28 Mai de cette année, qui prévoit des cursus universitaires complets dans la langue de Shakespeare, en sus bien sûr d’un renforcement de l’enseignement de la langue anglaise dans les milieux scolaires… alors que le niveau de maîtrise de français ne cesse de baisser. Ainsi, les multiples enquêtes PISA de l’OCDE montrent les lacunes grandissantes des jeunes français dans l’appréhension de la langue française. De 1997 à 2007, la proportion d’élèves en difficulté de lecture à l’entrée de la sixième est passée de 14,7 à 19%, dégradation surtout constatée dans les domaines du vocabulaire et de l’orthographe.

La république, en délaissant progressivement, mais sûrement, l’apprentissage de la langue française pour lui préférer la langue anglaise, s’élève contre l’un des plus importants piliers restants de notre Nation, son socle linguistique. Dans son maître-ouvrage, Communauté et Société (1887), Ferdinand Tönnies met sur un même plan la communauté et langue maternelle :
« La communauté linguistique est une matrice qui donne du sens au monde. »
Ainsi, au sein des communautés locales de l’Ancien Régime, l’utilisation d’une même langue assurait l’unité au sein des Provinces, perpétuant des cultures et traditions locales par la voie linguistique. Même au sein d’une société individualiste moderne, la cohésion nationale arrivait à persister grâce à la perpétuation de la langue française.
Aujourd’hui déjà, certaines catégories de métiers français ont préféré adopter un « franglais » aberrant à la langue nationale, et quelques mots anglais ont d’ores et déjà trouvé une nouvelle place dans les dictionnaires français. Ainsi, en 2013, c’est le mot « low-cost » qui est venu grossir les rangs des mots anglais contenus dans le Petit Robert…
Pourtant, pour pouvoir sereinement affronter l’avenir, la France a besoin d’unité, d’une réelle restauration nationale et n’y arrivera qu’en protégeant sa langue nationale, mais également en se battant pour une véritable résurgence de ses racines locales, de ses cultures et traditions provinciales autour du principe royal qui, seul, pourra renouer avec la France éternelle.

« Autant dire que nous ne savons plus notre langue et qu’à force d’apprendre celle des autres peuples, nous avons laissé la nôtre vieillir et se dessécher. »
Rémy de Gourmont

Augustin Debacker

L’éternel jeu du chat et de la souris

(Article paru à l’origine dans l’Action Sociale Corporative n°23)

Chat et souris« C’est l’histoire d’un lieu nommé « Le pays des Souris ». Le pays des Souris était un lieu où vivaient et jouaient tous les petits rats, où ils naissaient et mouraient. Ils vivaient de la même manière que vous et moi. Ils avaient même un parlement et tous les 4 ans ils avaient une élection. Ils se rendaient aux urnes et votaient. Certains se faisaient même conduire en chariot, un avantage qu’ils n’obtenaient que tous les 4 ans, pour être exact. Comme vous et moi. Et à chaque élection, tous les petits rats prirent l’habitude d’aller aux urnes et d’élire un gouvernement. Un gouvernement constitué d’énormes et gros chats noirs. Maintenant, si vous pensez que c’est étrange que les souris élisent un gouvernement de chats, observez l’histoire du Canada durant les 90 dernières années et vous verrez qu’eux ne sont pas plus stupides que nous. Je n’ai rien contre les chats noirs. Ils étaient de bons compagnons. Ils conduisaient leur gouvernement avec dignité. Ils promulguaient de bonnes lois.

C’est à dire… des lois qui étaient bonnes pour les chats. Mais ces lois qui étaient bonnes pour les chats, n’étaient pas bonnes pour les souris. Une de ces lois disaient que l’entrée de la souricière devait être suffisamment grande pour qu’un chat puisse mettre sa main à l’intérieur. Une autre loi disait que les souris ne pouvaient se mouvoir qu’à certaines vitesses afin que les chats trouvent à manger sans trop d’effort physique.
Toutes ces lois étaient bonnes pour les chats, mais elles étaient dures pour les souris. Et lorsque les souris les trouvèrent de plus en plus difficiles, quand les souris ne purent plus les supporter, elles décidèrent qu’il y avait quelque chose à faire. Alors elles se rendirent en masse aux urnes. Elles votèrent contre les chats noirs. Et élurent des chats blancs. Les chats blancs firent une campagne géniale. Ils dirent : « Le pays des Souris nécessite plus d’avenir ». Ils dirent : « Le problème avec le pays des Souris ce sont les entrées rondes de la souricière. Si vous nous élisez, nous créerons des entrées carrées. »

Et c’est ce qu’ils firent. Et les entrées carrées furent deux fois plus grandes que les rondes. Et ainsi les chats purent y mettre les deux pattes. Et la vie devint plus dure que jamais. Et quand elles ne purent supporter plus, ils votèrent contre les chats blancs et élurent les chats noirs de nouveau. Pour plus tard revenir aux chats blancs… et de nouveau les noirs. Elles essayèrent même avec des chats moitié blancs, moitié noirs et appelèrent ça : coalition. Elles essayèrent même un gouvernement fait de chats tachetés. C’étaient des chats qui essayaient de parler comme des souris, mais qui mangeaient comme des chats. Vous voyez mes amis, le problème n’était pas la couleur des chats. Le problème est qu’ils étaient des CHATS. Et comme ils étaient des chats, naturellement, ils avaient des intérêts de chats et non de souris. Puis arriva de très loin une petite souris qui avait une idée. Mes amis, soyez attentifs à un humble compagnon qui a une idée. Elle dit aux autres souris ; « Regardez compagnons, pourquoi continuons-nous à élire un gouvernement constitué de chats ? Pourquoi n’élisons-nous pas un gouvernement constitué de souris ? » « Oohhh ! » dirent-ils. « C’est un communiste. »
Alors ils le mirent en prison. Mais j’aimerais vous rappeler que vous pouvez enfermer une souris ou un homme, mais vous ne pouvez enfermer une idée.»

Discours de Tommy Douglas en 1944 au Canada.

Tommy DOUGLAS – Thomas Clement (Tommy) Douglas, né le 20 octobre 1904 à Falkirk (Écosse) et décédé le 24 février 1986 au Canada, est un ancien premier ministre de la Saskatchewan (1944-1961). Il a dirigé le premier gouvernement socialiste en Amérique du Nord, et il était le premier chef fédéral du Nouveau Parti démocratique.

La république n’est pas une « gueuse » !

(Article paru à l’origine dans l’Action Sociale Corporative n°23)

marianne corrompueMort à la gueuse ! A bas la gueuse ! Sus à la gueuse ! Voilà les slogans que l’ont pouvait entendre jadis de la bouche des royalistes à l’époque des débuts du combat contre-révolutionnaire. Aujourd’hui encore, il n’est pas rare d’entendre ou de lire cette expression de « Gueuse » pour définir la république de la part de nombreux royalistes voulant rester fidèle à ce qui leur semble être encore une injure. Pourtant avec du recul, et en faisant le bilan de ces deux siècles de république, il est très difficile de voir à travers marianne, l’image d’une gueuse proprement dite ! Sachant d’autant plus, que dans l’esprit des gens, l’expression « gueuse » aurait plus tendance à définir la France pauvre en général. Ceux qui parlent de la « France d’en bas » si chère à Raffarin, sont forcément au dessus du peuple, bref une sorte d’élite : la fameuse France dite d’en haut !

Alors que paradoxalement, s’il fallait désigner un personnage qui soit représentatif du royalisme en général, depuis les Guerres de Vendée à aujourd’hui, il y a de forte chance pour que ce personnage soit un paysan, un fils du Peuple, et donc par définition péjorative : un gueux ! Car il ne faut pas se leurrer ! La grande majorité de ceux qui ont combattu la république depuis la révolution de 1789, étaient plus proche du gueux que du bourgeois ou du noble voire du richissime ! Les paysans Vendéens et Chouans qui constituaient la grande majorité des combattants pour Dieu et le Roi en 1793, étaient des gueux ! Ceux qui furent envoyés se faire massacrer durant les guerres Napoléoniennes, étaient eux aussi des gueux. La république qui engendra le libéralisme économique avec sa loi Le Chapelier de 1791, qui transforma l’ouvrier en esclave prolétaire avec les conditions déplorables du XIXème siècle, est-elle par définition véritablement une gueuse ? Les vignerons qui ont été fusillés dans le sud de la France en 1907, ainsi que les ouvriers à Draveil en 1908, sous l’oeil républicain de Georges Clémenceau, eux par contre étaient des gueux !
Sans oublier tous ces français envoyés au massacre durant la Grande Guerre, qui chargèrent devant les mitrailleuses allemande, avec une mort quasi certaine, eux aussi étaient des gueux, et c’est du sang versé de ces gueux que la république se forgea un triomphe ! Les Camelots du Roi, de la création de la fédération en 1908 à aujourd’hui ceux qui sont dans la lignée, eux aussi pour la grande majorité, sont des gueux !

Pourquoi qualifier encore aujourd’hui la république de «Gueuse», alors que du début jusqu’à la fin elle n’a eut de cesse de nous prouver le contraire ? On nous a enseigné qu’elle était un gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ! L’histoire comme l’actualité d’aujourd’hui nous montre bien qu’elle est et qu’elle a toujours été qu’un gouvernement du fric, par le fric, pour le fric, bref contre le peuple ! S’il fut un temps, le besoin de qualifier la république de Gueuse, certainement pour la dissocier de la majesté de la monarchie, cela passait aisément. Aujourd’hui, pour des raisons aussi bien historiques que de communications, il serait plus logique de la qualifier de bourgeoise décadente !
Car c’est bien ce qu’elle est avant tout ! Karl Marx lui-même le reconnaissait lorsqu’il qualifiait la révolution comme étant le coup d’état bourgeois de 1789 ! La république c’est la bourgeoisie d’affaire voltairienne qui l’a voulu et l’a engendré ! Les sans-culottes qui n’étaient qu’une minorité à l’échelle du pays ont toujours été au service de cette bourgeoisie, consciemment ou inconsciemment. Les rapports de police montrant que ceux-ci maintes fois étaient payés pour l’agitation…
Une chose est certaine, ils n’ont jamais été représentatifs du peuple français dans sa plus grande majorité ! Ce qui explique le fait que la république se soit imposée par le feu et le sang.

Alors restons fidèle à l’expression : appelons un chat, un chat, et qualifions la république pour ce qu’elle est : la bourgeoise ou la décadente, voire les deux, mais certainement pas une Gueuse !

P-P Blancher

Une vision dangereuse de la démocratie

Voyez le texte intéressant que me fait parvenir un de mes correspondants sur la démocratie. Il est extrait du journal intime d’Henri-Frédéric Amiel, philosophe et écrivain genevois qui l’a écrit vers 1888 :

democratie_dictature« La démocratie existe ; c’est peine perdue de noter ses travers et ses ridicules. Tout régime a les siens, et ce régime est encore un moindre mal. La supposition dans ce régime, c’est que tout le monde aime la vérité, cherche les lumières et se rend aux bonnes raisons. Il faut agir dans cette hypothèse. Tout doit être plaidé auprès de public, de la foule, de la multitude. La victoire n’est pas à celui qui a le plus de sagesse, mais qui sait le mieux persuader. Manier adroitement les apparences, c’était l’art des Sophistes ; c’est toujours le talent de ceux qui réussissent en démocratie. « Le sophiste est supérieur aux autres, non pas qu’il possède plus de vérité (toute opinion est aussi vraie qu’une autre), mais parce qu’il sait l’art de gagner les hommes à son avis, à ce qu’il lui est utile de leur persuader. Les Athéniens l’ont dit franchement ; l’orateur populaire est le maître des illusions agréables ; il est le magicien qui joue avec les passions et jongle avec les principes ; sa force se mesure avec succès. »

https://soundcloud.com/user5994089/le-vrai-sens-du-pouvoir-au

Voici ci-dessous mes observations sur ce texte :

« J’ai relu avec intérêt ce texte d’Amiel sur la démocratie. Vers 1888, quand il a été écrit, on partait de l’hypothèse de départ, nullement absurde à l’époque (on était en plein euphorie du progrès) que chacun recherchait au fond le bien et la vérité. D’où l’idée d’Amiel que si l’on y parvient au moyen de la persuasion et de la séduction, le but sera finalement atteint. C’était une gageure. Nietzsche en avait d’ailleurs montré par avance la vanité et la folie. Joseph de Maistre aussi avant lui et Maurras après lui, même si tout les oppose…
Plus d’un siècle plus tard, on peut vérifier que ce pari dangereux a été perdu. Ce n’était qu’une illusion et elle a eu des conséquences tragiques (les guerres et les révolutions du XXeme siècle). Bien mieux, elle risque d’en avoir de plus tragique encore à très brève échéance. Il faut maintenant se rendre à la raison et reconnaître qu’il y a eu au départ une fausse route, une erreur d’analyse gravissime de notre civilisation. Les hommes ne cherchent en général ni le bien, ni la vérité. Et la séduction se place naturellement du coté de l’erreur. Cette recherche du bien et de la vérité ne peut être que le fruit d’une organisation sociale rodée et équilibrée, consolidée par le passé et la tradition comme en Suisse. C’est une exception dans l’histoire, elle n’est aucunement naturelle. Dès lors, la démocratie risque fort de déboucher chez nous sur la tyrannie, l’oppression, les effusions de sang, les spoliations et la destruction finale de la civilisation. Je ne sais pas si il est encore temps d’enrayer la marche fatale vers l’abîme, mais tout ce que l’on peut se dire c’est que si l’on s’y mettait tout de suite, on pourrait peut-être encore corriger l’erreur de cap. Mais il faudrait s’y mettre tout de suite… »

Olivier Tournafond

Oui à la distinction de l’Eglise et de l’Etat. Non à leur séparation !

Séparation Eglise et Etat2La distinction de l’Eglise et de l’Etat est juste car les deux institutions n’ont pas les mêmes missions. Il en est de même du pouvoir politique et de l’armée : la distinction est préférable à l’indistinction car les missions sont différentes.

Par contre, la séparation de l’Eglise et de l’Etat est une erreur majeure fondée sur l’hypocrisie. Y a-t-il une séparation juridique consacrée par une loi entre l’Etat et la Franc-maçonnerie ? Non, et pourtant beaucoup de ministres et de députés sont francs-maçons. Pire que tout, cette appartenance est secrète, ce qui n’est guère compatible avec la transparence exigée par la démocratie. La Franc-maçonnerie fonctionne comme un Eglise avec ses croyances et ses rites. On pourrait donc exiger une séparation de la Franc-maçonnerie et de l’Etat mais nous ne l’exigerons pas. Tout au plus, le secret maçonnique pourrait être levé, comme c’est le cas au Royaume-Uni pour des postes sensibles, comme ceux de ministres ou de magistrats. Les citoyens ont le droit de savoir qui exactement les dirigent ou les jugent.

La séparation de l’Eglise et de l’Etat n’est pas un dogme de la République : la preuve est qu’elle n’existe pas en Alsace et en Moselle. Elle date de 1905 : est-ce à dire que la République avant 1905 n’en était pas une ?

En réalité, la séparation de l’Eglise et de l’Etat a été conçue dans une perspective de dépérissement de la religion tenue pour inéluctable par l’idéologie officielle d’alors. La même année (1905), Lénine publiait un article sur le sujet et estimait que cette séparation tuerait à petit feu la religion en l’asphyxiant. La séparation est une persécution asphyxiante qui a pour but le dépérissement de la religion dans le corps social. Le mur de la séparation est mortifère. Il en est de même pour une langue. Un préfet me dit un jour que la République tolérait l’Alsacien, que l’on pouvait parler en privé. Mais elle l’interdisait dans la vie publique. Résultat : l’Alsacien est en train de disparaître.

La séparation, c’est l’emprisonnement : un prisonnier est séparé de la société en raison de son crime. Quel crime a commis l’Eglise ? Elle est considérée comme propageant une superstition qui empêche les hommes de faire usage de leur raison. Elle est considérée comme une menace pour la société, comme asociale. Son action charitable (écoles, hôpitaux, asiles, etc…) est considérée comme archaïque et doit être reprise par l’Etat.

Ainsi, l’un des barrages contre les excès de l’Etat s’effondre. On l’a bien vu avec les Etats totalitaires.
L’Eglise est un héritage historique et à ce titre, l’un des éléments essentiels de notre civilisation. De Gaulle citait le christianisme comme un élément essentiel de l’identité française au même titre que la langue française. On voit bien aujourd’hui que la laïcité a échoué à promouvoir la morale dans les jeunes générations. Les chiffres de la montée des crimes et des délits (de 1,5 millions en 1968 à 4,5 aujourd’hui) correspondent aux chiffres du déclin de la pratique religieuse. Le phénomène ne touche d’ailleurs pas que la France mais l’ensemble du monde occidental.

A l’heure où l’identité nationale est menacée par une immigration qui ne s’intègre guère à la Nation, il faut se demander s’il est intelligent de mutiler notre identité en la privant de sa dimension religieuse. Le christianisme n’est pas une religion de l’individu isolé et recherche la communion des âmes. Vouloir le séparer de la vie publique est le mutiler gravement dans son essence même. La France n’a rien à gagner à séparer la religion historique et majoritaire des Français de la vie publique de la Nation.

Certains diront : c’est arbitraire de vouloir enseigner la religion chrétienne à des enfants alors qu’ils ne peuvent juger de celle-ci comme des adultes. Le même argument pourrait être tenu contre la langue française : pourquoi imposer le Français aux enfants : s’ils pouvaient, ils préfèreraient peut-être parler l’Anglais. La langue relève du choix individuel comme le religieux. On voit l’absurdité pratique d’un tel raisonnement.

Un penseur laïc et agnostique Friedrich von Hayek, prix Nobel d’économie a écrit dans son livre « la prétention fatale ; les erreurs du socialisme » que le rôle civilisateur des religions a été déterminant dans la survie même des groupes qui les pratiquaient. En effet, écrit-il, la société de liberté repose sur la moralité. Or « les règles de la moralité ont été préservée contre le forte opposition des instincts, et plus récemment contre les assauts de la raison. Ici nous retrouvons le rôle de la religion ». (P 136 de l’édition anglaise : the Fatal Conceit, university of Chicago Press, 1988). L’utilitarisme rationnel ne fonde pas le comportement moral, bien au contraire. Dostoïevski fait dire à Rakitine, l’utilitariste des « Frères Karamazov », « les imbéciles sont là pour le profit des gens intelligents » : comment fonder une société viable sur un tel utilitarisme, qui est rationnel du point du vue du seul individu ? Hayek note que les religions qui ont survécu dans l’histoire défendaient la famille et la propriété privée. Les règles morales montrent leur caractère bienfaisant à long terme et la logique rationnelle à court terme s’y oppose logiquement. L’alliance de la raison et des instincts est mortelle pour toute civilisation, et notamment pour la notre. Les pays qui se sont séparés de la religion sont en train de disparaître démographiquement. L’œuvre de la sélection historique qui fait disparaître les sociétés sans religion ne cesse d’agir. Des tentatives de morales laïques de substitution ont été tentées notamment par Robespierre puis Lénine et Staline : le résultat a été catastrophique. La disparition de la religion dans l’espace public a permis à l’Etat de se croire « tout permis » comme Dostoïevski l’avait annoncé : ce fut le totalitarisme et la terreur.

La séparation de l’Eglise et de l’Etat va contre le principe de vie qui est un principe d’amour et de rassemblement. On a le choix : conserver une idéologie et des lois d’un autre âge qui conduiront au suicide de la société et de l’identité française ou abandonner la séparation de l’Eglise et de l’Etat au profit de la symphonie entre l’Etat et l’Eglise comme c’est le cas dans la tradition orthodoxe. Dans ce dernier cas, on sauvegardera les principes moraux sans lesquels une société est condamnée à moyen terme. Car comme l’ont montré des savants comme Burke, Hayek ou Gehlen, il y a plus de sagesse dans les traditions qui traversent les épreuves des siècles que dans la simple raison individuelle, laquelle est toujours tentée de justifier les instincts qui sont ceux du sauvage. L’économie de marché est plus efficace que la planification rationnelle. C’est pareil en matière de morale : la tradition est plus efficace que le raisonnement utilitariste d’un simple individu. La science elle-même nous conduit à choisir la réconciliation entre l’Etat et l’Eglise et permettre à cette dernière d’agir librement dans l’espace public.

Yvan Blot