République et démocratie

La démocratie d’apparence – 2

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II – A quoi sert la démocratie ?

Encore faut-il, une fois de plus, savoir de quoi l’on parle car la démocratie se présente tantôt comme un dogme, tantôt comme une pratique.

Utilité de la démocratie comme dogme ou comme idéologie ?
Au risque de paraître décidément provocateur et de choquer certains, nous sommes convaincus pour notre part qu’en tant que dogme à caractère sacré, en tant que religion des temps modernes, la démocratie non seulement ne sert rigoureusement à rien, mais encore risque d’avoir un effet franchement nocif en distillant dans le corps social des ferments de jalousie et de haine à l’endroit de ceux qui ont une position sociale supérieure.
En outre cette idéologie postule la supériorité de la quantité sur la qualité, de la masse sur l’individualité, du non-sens sur le sens, du relativisme absolu sur la recherche de la vérité. Elle postule aussi que la majorité a toujours raison et que la minorité doit nécessairement s’incliner, ce qui est contraire au développement de la civilisation, heurte le bon sens le plus élémentaire et risque de provoquer des régressions inacceptables. On sait aujourd’hui que la politique criminelle menée par Adolphe Hitler était soutenue, en tout cas dans ses débuts, par une large majorité d’allemands. Une majorité d’erreurs ne fera jamais une vérité !
Pour notre part nous voyons dans l’idéologie démocratique un système à la fois faux et pernicieux, une erreur intellectuelle fondamentale de l’homme moderne à l’instar du marxisme-léninisme et du national-socialisme, autres grandes idéologies matérialistes et réductrices de l’occident contemporain. Cette idéologie est en outre à l’origine du phénomène de confiscation du pouvoir par les oligarchies que nous avons évoqué dans notre première partie.
Si la divinisation de la démocratie est perverse, en revanche il n’en va pas de même de sa pratique bien comprise.

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Utilité de la démocratie comme pratique ?
Nocive en tant que philosophie universaliste, la démocratie est en revanche fort utile quand on la remet à sa place et qu’on la conçoit comme un mode d’exercice du pouvoir ou un mode d’organisation sociale parmi d’autres.
L’histoire européenne montre en effet que dans nos sociétés le pouvoir a été lié tantôt à l’hérédité (autrement dit à une idée de propriété familiale), tantôt à la compétence, tantôt enfin à l’élection. Le pouvoir est donc soit monarchique, soit aristocratique (au sens aristotélicien de l’élite), soit démocratique. Or il est indiscutable que la pratique démocratique a un effet positif dans un certain nombre de cas, ne serait-ce que parce qu’elle constitue un contrepoids aux autres sources du pouvoir.

La pratique démocratique constitue tout d’abord un instrument de contrôle de l’état de la société et une véritable soupape de sûreté lorsque les élites qui sont en charge de la nation s’égarent. L’absence de représentation électorale est probablement une des causes de la Révolution française puisque le Roi ne disposait d’aucun moyen pour connaître l’état véritable de l’opinion publique. Certains historiens estiment même que si le suffrage universel, qui est par nature conservateur, avait existé en France dès la fin du XVIIIe siècle, aucune des révolutions ultérieures n’aurait eu lieu.
C’est ce mécanisme d’auto-sécurité, cette soupape de sûreté qui a permis à la Grande-Bretagne au début des années 1980 de rompre avec les dérives dangereuses d’une sociale-démocratie délétère et au gouvernement de Mme Thatcher d’initier un spectaculaire redressement économique.
Mais encore faut-il que la soupape de sûreté soit encore en état de fonctionner, autrement dit que l’alternance ne soit pas fictive…

Deuxième avantage lié à l’introduction de mécanismes démocratiques dans la société, l’amélioration de la mobilité sociale. La faiblesse des sociétés aristocratiques tient souvent au fait qu’elles tombent dans l’immobilisme d’un système de castes sclérosé. A l’inverse le libre accès aux fonctions et la possibilité de promotion sociale rapide permet de faire émerger des talents individuels en grand nombre qui seraient restés figés et endormis dans un système dominé par les hiérarchies traditionnelles.
Les institutions électives et démocratiques, comme celles fondées sur la compétence individuelle, jouent donc un rôle d’accélérateur social. Au contraire l’hérédité des fonctions et des positions joue un rôle de stabilisateur social. Les deux présentent des avantages et des inconvénients ; il faut savoir les combiner comme ont su le faire les anglais pendant des siècles.

Troisième avantage, les pratiques démocratiques, du moins lorsqu’elles sont comprises de manière à la fois modérée et loyale, permettent l’implication des individus dans la vie publique et sociale. Dans la France du XVIIeme siècle, l’activité économique était faible et les progrès de l’instruction publique modeste. Une personne sur deux savait lire et écrire avant la Révolution et il y avait peu d’échanges. Avec la révolution industrielle et le développement économique, on entre dans des sociétés mobiles dotées d’un fort dynamisme propre qu’il n’est plus possible de gouverner « ex cathedra » à la manière d’un Richelieu ou d’un Louis XIV. C’est ce tournant de la modernité que la monarchie française a été malheureusement incapable de prendre.
L’utilisation d’institutions démocratiques adaptées aux circonstances et en particulier à l’échelle locale permet d’améliorer le fonctionnement de l’Etat par une sorte de processus d’autogestion dont on voit des exemples en Suisse. C’est autant de charge en moins pour l’Etat central qui est alors dispensé de l’obligation de tout régenter et qui peut se concentrer sur les grandes orientations de la nation.
Un autre avantage encore est de permettre à l’individu de s’impliquer dans un projet collectif qu’il fait sien, sans que celui-ci ne lui soit imposé de manière hiérarchique par les élites au pouvoir, puisque élites il y aura toujours quelque soit la forme de l’Etat.

Tous ces avantages sont réels. Mais il ne faudrait pas croire que seules les pratiques démocratiques sont vertueuses. Les pratiques aristocratiques peuvent l’être tout autant lorsqu’elles aussi sont intelligemment comprises : le dépassement de soi, le sens de l’honneur et du devoir, la générosité, le mépris de l’argent, l’élitisme et le raffinement des mœurs, l’originalité et la créativité individuelle apportent autant à la société que les pratiques démocratiques.
En vérité la folie de l’homme moderne est d’opposer ce qui devrait être complémentaire. Mais là n’est pas notre sujet et puisque nous avons résolu d’ausculter ici la démocratie. Voyons maintenant à quelles conditions elle peut fonctionner ?

Olivier Tournafond

La démocratie d’apparence

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Introduction :

La démocratie est devenue la grande affaire de l’homme occidental. Jadis l’homme se souciait du bien et du mal, de la divinité, de l’éternité de l’âme, du bien commun, de la justice, du progrès, etc… Aujourd’hui il se soucie essentiellement de la « démocratie ».

Dans la presse, dans les médias audiovisuels, à l’université, dans les partis politiques, dans les sphères du pouvoir, dans les clubs mondains, tout un chacun se gargarise de ce mot qui a évidemment perdu en signification ce qu’il a gagné en extension. Désormais la référence à la démocratie est quasi incantatoire ; il n’est pas rare de trouver le mot répété jusqu’à quinze fois dans un article politique ou juridique, comme au XVIIe siècle le mot « chrétien » dans la littérature officielle.
S’agit-il d’un phénomène de mode ? A ce stade il vaudrait mieux parler d’un phénomène à caractère religieux car on dépasse très largement en temps et en ampleur le simple phénomène de la mode. Or ce phénomène de société ne manquera pas de surprendre tout esprit critique épris à la fois de lucidité et de modération pour qui la démocratie n’est guère qu’un mode de gouvernement parmi d’autres. Mode de gouvernement qui a comme les autres ses avantages et ses inconvénients, mais dont on ne saurait attendre qu’il apporte à lui seul la solution aux maux de l’humanité. Car on peut être certain que le simple jeu des mécanismes démocratiques comme le suffrage universel ne permettra pas de résoudre les défis du XXIe siècle s’il n’est pas associé à d’autres mécanismes qui feront appel à l’intelligence, à la créativité, au courage et à la qualité des individus, donc à des valeurs qui découlent plutôt d’une vision aristocratique de la société et de l’homme, aristocratique au sens philosophique du terme évidemment…

(suite…)

Supprimer les partis

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Il fallait oser l’écrire et le justifier. Elle l’a fait. Elle, c’est Simone Weil dans une Note posthume parue sept ans après sa mort, en février 1950, dans la revue La Table Ronde (1). Ce texte peu connu vient d’être réédité par les éditions Climats et arrive à point au moment où nos institutions chancellent. André Breton, dans sa préface, souhaitait une grande diffusion à ce réquisitoire, préférant au terme « suppression » celui de « mise au ban », qu’il emploie dans son commentaire. Il y a, dit-il, dans la structure de tout parti une anomalie rédhibitoire : son immobilisme et sa discipline intérieure, où toute idée originale, qui ne va pas dans le sens du parti est réprimé. Au fond du problème il y a le mandat impératif : le candidat ne devrait avoir de compte à rendre qu’à ses électeurs et non à son parti.

Pour Alain, qui fut son maître, le mal de notre existence politique, c’est le parti. Par nature, il n’a pas de pensée ; il refuse la discussion. Ce mal est inhérent à tous les partis, mais le parti communiste l’a porté à son comble. Cela aboutit à la confusion de tous les partis, qui finalement finissent toujours par s’entendre.

S.Weil s’explique. Le totalitarisme, dit-elle, est le péché originel des partis : ils sont le mal à l’état pur. Jugement radical, diront certains ! Examinons ses raisons.

Quel est le critère du bien ? La Vérité, la Justice et en second lieu l’utilité publique. Nous dirions le Bien Commun. Or la démocratie, le pouvoir du plus grand nombre ne sont pas des biens. Ce sont des moyens. S.Weil, à tort ou à raison, pense que Rousseau a été mal lu. Pour lui le consensus devrait parvenir à indiquer la vérité et à dégager une idée de justice. Ces deux valeurs seraient plus fortes que le risque d’erreurs ou d’injustices que comporte le processus démocratique. On peut y parvenir par la raison, car la vérité est une, comme la justice aussi est une. Elle donne l’exemple de l’eau en repos « qui indique parfaitement le plan horizontal.»

Mais pour cela il y faut deux conditions. D’abord l’absence de passion collective. Si des individus passionnés troublent cet état d’équilibre (de l’eau), si 2, 4, 10 passions collectives saisissent le pays, les passions divergentes ne se neutralisent pas et la voix de la justice et de la vérité devient imperceptible. Ensuite que le débat porte sur un problème réel et non sur le choix d’une personne. Comment y parvenir ? « Les solutions, répond-elle, ne sont pas faciles à concevoir, mais il est évident…. que toute solution impliquerait d’abord la suppression des partis politiques »

Pour trois raisons : Le parti politique est une machine à fabriquer de la passion collective. Il est construit pour exercer une pression collective. Sa finalité, c’est sa propre croissance ; le parti devient sa propre fin : il doit toujours croître pour atteindre une majorité ; il s’agit pour cela de persuader par la propagande, par une sorte de dressage du peuple, que seule la position du parti exprime la vérité. C’est pour cela que « tout parti est totalitaire en germe et en aspiration » Chaque député se détermine en tant que socialiste, en tant que conservateur, et à la fin tout y devient relatif. « S’il n’y a pas de vérité, il est légitime de penser de telle ou telle manière. »

L’existence des partis rend impossible toute intervention hors des partis. Parler de doctrine d’un parti n’a aucun sens : une collectivité n’en a jamais, dit-elle. Elle va jusqu’à donner l’exemple des religions, où le terme de doctrine exprime la Vérité. Cette appréciation de S.Weil appelle évidemment quelque nuance.

Sa démonstration peut paraître subtile à première lecture. La note de S.Weil mérite d’être méditée et relue plusieurs fois pour en comprendre les nuances. Mais la malfaisance des partis est évidente, nous la constatons chaque jour. Elle conclut par une pointe de malice : « si on confiait au diable l’organisation de la vie publique, il ne pourrait rien imaginer de plus ingénieux » Sa note s’arrête là.

Alors, si la démocratie, fondée sur le jeu des partis, a contaminé toute la vie mentale de notre époque, comment en sortir ? Il faut aller dans L’enracinement pour trouver des amorces de solutions dans la reconnaissance des corps naturels de la société : la famille, le métier, la province. Ils sont les passages obligés de tout ré-enracinement.

Elle voyait dans le ré-enracinement sous ses multiples formes le mal qui rongeait la société, déracinement des provinces, destruction de la vie locale : « Quand on loue nos rois de France d’avoir assimilé les pays conquis, la vérité est surtout qu’ils les ont dans une large mesure déracinés»

Elle déplorait déjà en 39 le dépeuplement des campagnes, la disparition de la famille : « ce qu’on appelle de ce nom, c’est un groupe minuscule d’êtres humains ». « La profession ne compte pas non plus. La corporation était le lien entre les morts, les vivants, les hommes non nés dans le cadre d’un certain travail. » Elle regrettait que la nation se soit substituée à tout cela : la nation, c’est-à-dire l’Etat.

Ré-enraciner les hommes dans des structures décentralisées. Tout un programme. C’est ce que nous appelons le subsidiarisme, en quelque sorte un fédéralisme à la française.

Benjamin GUILLEMAINwww.alliance-sociale.org

L’immigration, une chance pour l’enfer ?

(Article paru dans l’Action Sociale Corporative n°15)

collage maître chez nous

Un fait, certes, mais pas toujours un bienfait…

« Si le racialisme de Gobineau n’a pas fait école en France, c’est notamment du fait de l’incompatibilité du nationalisme français, incarné par l’Action française avec toute forme de matérialisme biologique »
P.A.Taguieff

« Quand il y a un problème, ne cherchez pas d’abord la solution, trouvez la cause. Je crois que cette crise est liée à votre gestion de l’immigration… »
Omar Bongo (entretien avec F. Pons, Valeurs Actuelles)

La première décennie de ce XXIème n’en a pas fini avec les inquiétudes issues de la fin du XXe siècle, et les nuages semblent, sur notre avenir, étendre leur ombre funeste… La crise et l’appauvrissement de notre société et de ses classes moyennes, les risques du terrorisme et des guerres qui se rapprochent, les dégradations environnementales, ou encore les injustices sociales, etc., n’enlèvent rien, bien au contraire, aux risques que font peser sur notre société les conséquences d’une politique de l’immigration, issue majoritairement du Tiers Monde. L’ambiance actuelle de « politiquement correct », véritable dictature d’une pensée dominante qui règne dans notre pays, gêne et empêche toute réflexion critique sur ce sujet et la condamnation morale n’est jamais loin quand on s’aventure sur ce terrain…
« Le phénomène de la banlieue est issu du progrès industriel dans l’Occident chrétien, qui a perdu le sens des solidarités, et aura rejeté les êtres à la périphérie, tout en multipliant les solitudes dans les cités tentaculaires. Bien sûr que dans l’hyper-ghetto que nous préparent les technocrates, ça sentira mauvais, et il sentira mauvais de s’y balader. » (Jean Edern Hallier, L’Idiot International, num.62, 1991).

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Pourtant chaque jour qui passe, légitime de nouvelles inquiétudes : n’est-ce pas la conséquence d’une défaillance politique de l’Etat qui refuse d’assumer ce qu’il a produit par ses lois et ses logiques économiques et « morales » ?
Ainsi naît dans la population, un sentiment de défiance, alimenté par un réflexe naturel et légitime que l’on ne peut maîtriser. Quand on devient minoritaire dans certains lieux ou que l’on voit ses repères remis en cause par des populations nouvellement arrivées, au moment où notre société doute d’elle-même et de ses valeurs originelles. Lorsqu’on lit les actualités malheureuses de certaines cités ou quartiers de banlieue, voir lorsque l’on subit directement une agression, un incendie de voiture ou des insultes à caractère ethnique et souvent directement « antifrançaises ». Certains argueront que les incidents dans les banlieues sont le fait de « jeunes », mais alors qui sont donc « ces Français qui n’aiment pas la France», qui font du trafic de drogue, brûlent voitures et les drapeaux français pour les remplacer par des drapeaux étrangers, possèdent un arsenal parfois équivalent à celui de la police, qu’ils planquent dans des cités dites « zones de non droit » ? Pourquoi ne s’intègrent-ils pas ?
« …l’enseignant a cessé d’être respecté…il n’enseigne pas l’histoire de France…les professeurs ne sont pas motivés, ils restent imprégnés des fruits de mai 68 : plus de repères, plus de limites, plus de valeurs…Fondamentalement ni les Français, ni parmi eux, les patrons ne sont racistes, mais les immigrés souffrent d’une image négative : il faut arriver à ce que ce soient les jeunes issus de l’immigration qui dénoncent les agissements déviants de leurs semblables. Je ne crois pas aux structures antiracistes… » (Rachid Kaci)
Qui sont ces Français qui bloquent certaines rues de Paris et d’autres villes de province pour faire la prière, qui, pour certains, imposent le voile intégral ou la burqa à leurs femmes, crient et chantent ouvertement « nique la France  » à tout bout de champs, tout en s’inspirant de la pseudo culture des ghettos américains ?
Qui sont donc enfin ces Français qui déclenchent de violentes émeutes à la moindre intervention policière ou après une défaite ou une victoire footballistique, qui crient vengeance pour la guerre d’Algérie et la période coloniale de la France ?

(suite…)

La république c’est le règne des médiocres

(Article paru dans l’Action Sociale Corporative n°13)

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On prétend que la république démocratique donne à chacun ses chances. Mais ce n’est pas vrai, car les conditions mêmes de la lutte électorale sont toujours plus favorables aux uns qu’aux autres.

Supposons qu’un homme ait toutes les qualités d’un grand homme d’Etat, mais qu’il n’ait ni la voix forte, ni l’esprit vif, ni l’art d’agir sur les foules par sa parole. Ses chances d’être élu sont faibles en regard de celles d’un beau parleur aux poumons robustes, à la voix forte, prompt à la riposte, habile à ménager les préjugés et à flatter les passions de ceux qui l’écoutent – au demeurant tout à fait incapable de discerner les intérêts du pays et d’aviser aux mesures utiles.

Prenons par exemple un homme très instruit et très cultivé, qui a passé sa jeunesse et une grande partie de son âge mûr à étudier la philosophie, l’histoire, le droit, l’économie politique, la sociologie, qui a suivi avec la plus grande attention l’évolution politique des nations les plus civilisées et celle de son propre pays, notant les faits importants et les comparant de manière à saisir sur le vif les effets bienfaisants ou malfaisants des mesures prises par les hommes d’Etat et des lois votées par les assemblées : peut-on croire qu’il puisse enlever les suffrages des masses contre un quelconque militant de la politique habitué à pérorer dans les réunions publiques, dans les comités électoraux, dans les syndicats d’ouvriers, de fonctionnaires ou d’instituteurs ?

La vérité, c’est que la république démocratique donne des chances très fortes à ceux qui parlent bien, qui savent toucher les foules et tenir à chacun le langage qui lui plaît, à ceux qui ont du bagout, de l’entregent, l’esprit d’intrigue et qui ne se font pas scrupule non plus de changer de langage, d’opinion et de conduite lorsque le vent a tourné.
Par contre, elle ôte leurs chances à ceux qui sont plus capables de bien faire que de bien dire, qui font plus de besogne que de bruit, qui ne sont ni des hâbleurs, ni des intrigants et qui disent en toute occasion non ce qui peut plaire au plus grand nombre, mais ce que, dans la sincérité de leur coeur, ils jugent vrai, utile ou juste. Favorable aux habiles menteurs, aux roués, aux malins, elle désavantage le mérite modeste, la valeur réelle, la compétence, l’amour désintéressé du bien public.

En somme, la république démocratique accroît sans mesure les chances des médiocres, qui peuvent faire beaucoup de mal et ne peuvent faire que peu de bien ; et elle diminue, au point de les rendre à peu près nulles, celles des hommes les plus capables de servir utilement leur pays.

André Joussain

La république a menti !

Bref aperçu de l’histoire officielle, nos ancêtres ont vécu la misère sous les princes, la Révolution les a libérés et la gauche émancipé par la législation sociale…
Travaillons avec notre intelligence et réfléchissons, comment imaginer à la vue des merveilles laissées par l’Ancien régime, ce qu’il en reste et malgré les nombreuses destructions de ce qui rappelais nos rois….

Comment ne pas rester interloqué à la vue des architectures en harmonie avec la nature où déjà avant l’heure et quelques siècle avant l’écologie on travaillait dans le respect de l’environnement. En admiration des meubles finement ciselés nommé par le nom d’un roi pour qualifier l’art de l’époque et dont on s’arrache encore aujourd’hui à prix d’or les créations. Ce temps rustique où existait déjà une ébauche de législation sociale populaire et spontanée, savamment occulté par nos professeurs républicains. Le souci constant de la justice sociale de nos rois avant la catastrophe révolutionnaire qui plongea le monde ouvrier dans la misère .Les objets, les jardins, la forêt des Landes, les documents restent un témoignage concret de la réussite et de l’harmonie du temps passé. Parchemins et archives, actes notariés, comptes rendus des Capitouls toulousains ou Parlements de provinces, rapport et comptes rendus des élections et divers votes populaires communaux, Etats Généraux, Minutes des procès et Conseils des rois, tout contredit l’histoire officielle d’une société misérable. Sous l’ancienne France…

Les ouvriers sous nos rois ont réalisés de mains de maître des chefs d’œuvre, dont une bonne partie fut détruite par la fureur destructrice de la Révolution …Toutes ces merveilles d’habileté dans les règles de l’art, de l’équilibre, de la beauté, de la connaissance, dans l’harmonie des formes n’ont pu être fabriqués par des ouvriers misérables et ignares…Certes les conditions de vie n’étaient pas gavés de matérialisme comme aujourd’hui. Certes les épidémies, la mort et la guerre rythmaient la vie populaire mais n’avons-nous pas ces fléaux ?
Certes la vie communautaire était dense alors que nous vivons dans un individualisme ravageur, créant la misère morale et sociale terrible. Les suicides et le mal vivre touchent aussi la jeunesse principalement, séparation des familles, abandon des vieux et suppression des naissances, souvent par confort sont notre lot quotidien. Faudrait-il rajouter une population gavée de calmants en guise de drogue, symptôme de l’échec cuisant de la société de consommation…

Sommes-nous mieux qu’avant ?

Certes on se déplaçait à cheval ou à pied et non en voiture, souvent d’ailleurs dans des bouchons interminables, mais qu’avons-nous fait du temps, pour vivre et apprécier les choses et les gens…
Les anciens ne bénéficiaient pas de nos découvertes, qu’il ne s’agit pas de remettre en cause mais intellectuellement, moralement et professionnellement n’ont-ils pas laissés des choses à nous apprendre. Il faut prendre le temps de se poser des questions. La tradition est critique et l’empirisme qui nous guide et demeure notre science dans l’observation et l’application nous montre des richesses oubliées qui feraient tant de biens dans notre société se liquéfiant. Cette science empirique démontre l’incontestable dégradation de la condition sociale depuis la Révolution. Le prolétariat et le paupérisme sont les conséquences des actes d’interdiction aux ouvriers de s’associer de 1791 avec la loi Le Chapelier. Les milliards accumulés pendant des siècles par les organisations ouvrières nommées Corporations et dilapidés, permirent à la République d’installer au pouvoir les parvenus financiers qui soumettront dans un véritable esclavage les enfants à partir de 5 ans, tout sexe confondu dans des rythmes de travail pouvant aller jusqu’à 15 heures par jour et nuit.

Tout cela dans les manufactures pour le succès du libéralisme économique venu d’Angleterre triomphant de l’ancien Régime…Les idées des « Lumières » utopiques sur lesquelles reposent notre société ont broyés tout ce qui représentait notre spécificité Française. Bref la misère ouvrière fut la conséquence de la fin de la Royauté protectrice, car peuple et roi font un…

Certes l’industrie existait sous nos rois, mines, manufactures et fonderies étaient gérés de manière artisanales, voir familiales mais dans le respect des ouvriers. On y découvre d’ailleurs des horaires de travail en 3×8. La vie des hommes était cadencée au rythme du respect familial et l’Eglise protégeait ce système. En aucune manière on aurait touché les repos, congés ou multiples fêtes religieuses. A. Decaux écrivait que nous avions alors autant de jours de congés qu’aujourd’hui…et Lafargue, l’anarchiste chantait le doux plaisir de la paresse durant la période des rois…
Les corporations qu’il fallait réformer et non détruire organisaient le travail dans une autonomie complète dont on a nul idée aujourd’hui.

A – Le corps de métier gérait la profession, préfigurant quelques siècles en avance le travail de qualité, dans le soucis aussi du consommateur. Nous qui vivons le siècle du gadget, produit en Asie, en série, de la pacotille sans soucis du consommateur…
B – Le corps de métier se souciait de ses travailleurs

La hiérarchie du maître au compagnon et à l’apprenti, le savoir-faire et le titre de noblesse ouvrière attribué par la possession de droits et privilèges du métier octroyant la participation dans l’organisation de la profession, la décision, les jours de repos, fêtes chômées, aides diverses pour maladie, décès ou apprentissages. Une législation sociale en devenir, gérée par métier et acceptée par le Roi, ne faisant que reconnaître et protéger un droit, né de l’usage, de la volonté populaire et sortie des coutumes librement consentis. L’ouvrier avait une existence décente, une formation professionnelle accomplie, un service social d’entraide et de secours aux familles. Une solidarité empêchait les abus et tout risque de prolétarisation, intolérable aux yeux de nos rois. Du XIIIème siècle à la Révolution, ce système a protégé le monde du travail et a pétri la France au point de la faire aimer du monde entier.
Turgot essaya, influencé par les théories de Quesnay de supprimer quelques corporations en 1776 mais sous la pression populaire, Louis XVI les rétablit aussitôt en disant : « Nous voulons donner aux ouvriers un moyen de défense, nous voulons qu’ils puissent jouir en commun de leur intelligence, qui est le bien le plus précieux de l’homme. » La République n’aura pas cet état d’âme.

1791, le 17 mars, la loi d’Allarde supprime les jurandes et maîtrises. Devant le risque du regroupement des métiers, intervient la loi Le Chapelier du 14 juin qui interdit les associations ouvrières « …sur leurs prétendus intérêts communs… ». L’ouvrier était ainsi livré sans défense au capitalisme émancipé par 1789, un siècle noir de régression sociale s’ouvrait à eux. Deux monstres allaient naître :

٠Le libéralisme économique sans frein
٠Le socialo-marxisme en conséquence des excès du premier, celui-ci ne remettra jamais en cause les racines du mal, les principes fondateurs de la République , héritière de la Révolution !!!

« La condition ouvrière s’est avilie, avec la mort des compagnonnages et l’interdiction du syndicalisme…La grande industrie et l’avènement de la machine achèveront la déchéance de la classe besogneuse, proie désignée des socialismes, d’abord utopiques à la façon de Cabet, plus tard scientifiques à l’école de Marx ».
René Sédillot dans son « Coût de la Révolution Française », livre mettant en relief l’existant, avant, pendant et après 1789, donne un bilan catastrophique pour la France.
A. Decaux parlait de 60 jours chômés en plus du dimanche, au XIIIème siècle, certains ouvriers avaient un mois de vacances. Peut être exceptionnels mais les semaines étaient de 4 jours au Moyen-âge, ce qui fait à la fin de l’année autant de jours qu’aujourd’hui. N’oublions pas que la Révolution républicaine supprima tout cela en instituant la semaine de 10 jours, dite du Décadi, suppression des dimanches, fêtes chômées etc.…plus d’associations avec à la clef, une extension des heures de travail infernale jusqu’à 15 heures de jour comme de nuit, sans distinction d’âge, à partir de 5 ans, ni de sexe…Il fallut attendre le dévouement social des royalistes pour voir imposer la première loi de 1841, interdisant le travail en dessous de 8 ans…

Attendre 1906 pour imposer le repos hebdomadaire supprimé par la République triomphante, alors que les royalistes réclamaient son rétablissement depuis la Révolution. La IIIème République bouda les réformes sociales déposées par les royalistes et attendit 14 ans avant de rétablir la liberté syndicale et donc 36 ans pour le repos hebdomadaire. Sédillot écrivait : « La Révolution aura fait reculer la législation sociale de trois quart de siècle. »
De 1792 à 1815, ce sera guerres, invasions, massacres et misères pour les débuts de la République. De première nation d’Europe dans tous les domaines, que sommes nous devenus ???
Nos rois avaient des siècles d’avance, en écologie, en régionalisme, en diplomatie et la francophonie…Et la démographie, du soucis d’épargner le sang des hommes par Louis XV et Louis XVI, nous sommes passés aux massacres sans fins des républicains et de Napoléon aux guerres d’enfer, n’épargnant plus ni hommes, femmes et enfants. Napoléon n’avait-il pas dit devant le charnier d’une de ces batailles, qu’une nuit de Paris remplacerait les morts !!!

L’Angleterre fut la grande victorieuse de 1789, écoutons E. Burke : « Les révolutionnaires se sont montrés les plus habiles artisans de ruine qui aient jamais existé au monde. Ils ont entièrement renversé…leur commerce et leurs manufactures. Ils ont fait nos affaires, à nous leurs rivaux, mieux que 20 batailles…n’auraient pu le faire.»

Frédéric Winkler

La république antisociale

marianne riche2

La révolution

« La France est le pays le mieux administré, le plus sûr, a les plus belles villes, les meilleurs routes, (…) la croissance la plus rapide d’Europe »
Un visiteur étranger.

Notre pays « jamais plus n’est redevenu la première puissance d’Europe »

L’abolition des privilèges,
nuit du 4 août

« Aucun de ces paysans, aucun de ces artisans qui, durant vingt ans de guerre , vont devoir répondre à la conscription ; qui actionneront les usines de la révolution industrielle, creuseront les mines, construiront routes, canaux, ponts, chemins de fer ; et qui, pour toute reconnaissance, seront réduits à la condition de prolétaires, aucun de ceux-là ne se doutent un seul instant que, cette nuit-là, disparaissent les vestiges du régime qui les avait libérés, responsabilisés, intégrés dans la vie économique, associés à la vie politique et qu’en même temps s’efface la trace du vieux principe de la loi des Wisigoths, grâce auxquels ils avaient participé à part entière au développement, ut quod laboravit nullo modo perdat. »
R. Delatouche

S’il faut parler de démocratie, jamais régime à cette époque n’y fut plus proche dans la nuit du 4 août 1789, les privilèges des provinces, des villes, des métiers sont spoliés…Ceux-ci permettaient à de petites structures de vivre mais la Révolution en a voulu autrement. La Révolution n’a nullement été pour le peuple mais préparée, financée, conduite contre celui-ci par les Puissances d’argent pour imposer comme en Angleterre sous l’œil horrifié de notre roi Louis XV, le mercantilisme sur une société d’esclaves…Ces idées seront importées par nos philosophes dits des « Lumières » conquis par le capitalisme naissant. Pour le triomphe de ces arrivistes, il fallut détruire, au nom de la Liberté abstraite, toutes les libertés réelles qui faisaient de la « douce France », ce pays tant envié des visiteurs étrangers. Les provinces furent détruites au profit d’un énorme gaufrier départemental, handicapant pour l’avenir notre territoire face par exemple aux puissants « länders allemands»… les communes refusèrent à 95% de fournir un état des biens communaux, biens qui appartenaient à tous…les merveilles, objets, monuments, meubles, musiques et œuvres d’art qui nous viennent de ce lointain passé sont d’une telle beauté et respirent un tel équilibre qu’il est inimaginable de penser qu’ils aient pu être fait par un peuple malheureux…

La Révolution a non seulement enlevé au travailleur la propriété de son état mais en dilapidant les biens corporatifs qui servaient de secours, elle l’a exproprié…Les associations ouvrières furent détruites par les lois d’Allarde, les ouvriers tentèrent alors de se regrouper comme les imprimeurs et les charpentiers. L’assemblée Constituante craignant que ceux-ci veuillent rétablir les anciennes corporations vota en toute hâte l’interdiction des groupements professionnels par la loi Le Chapelier.
Les entrepreneurs, quand à eux, purent librement se regrouper, écoutons Proudhon : « Ce qui a créé la distinction toute nouvelle de classe bourgeoise et de classe ouvrière, c’est le nouveau droit inauguré en 1789 ». L’assemblée Législative décréta la peine de mort pour les ouvriers désirant s’unir. Le prolétariat était né, au nom de la Liberté, des riches avec son cortège de souffrance et de misère. Les temps nouveaux de la République, inaugurant le nouvel esclavage économique était né. La durée du travail passa allègrement à 15, 16 voir 17 heures par jour…

Ecoutons Pierre Gaxotte : « Il connaît nos revenus et fait l’inventaire de nos héritages. Il sait si nous possédons un piano, une automobile, un chien ou une bicyclette. Il instruit nos enfants et fixe le prix de notre pain. Il fabrique nos allumettes et nous vend notre tabac. Il est industriel, armateur, commerçant et médecin. Il a des tableaux, des forêts, des chemins de fer, des hôpitaux et le monopole des téléphones. Il accapare la charité. Si nous appartenons au sexe masculin, il nous fait comparaître devant lui, nous pèse, nous mesure et examine le fonctionnement de notre cœur, de nos poumons et de notre rate. Nous ne pouvons faire un pas ou un geste sans qu’il en soit averti et sans qu’il trouve prétexte d’intervenir »

En France, c’est la liberté qui est ancienne, c’est le despotisme qui est nouveau, disait Madame de Staël.
La monnaie, que l’on nommait assignat, perdit 30 puis 50% de sa valeur en 6 mois.1793 et 1794, on réquisitionna les ouvriers, qui ne voulaient plus travailler pour presque rien et le Tribunal Révolutionnaire se chargea des récalcitrants. Les ouvriers refusèrent le nouveau calendrier révolutionnaire du Décadi, ayant supprimé dimanches et fêtes par le Décadi composé de 3 semaines de 10 jours. Ils se mirent en grève mais on était plus dans l’ancien Régime et ce fut 12000 condamnations à mort…Jusqu’au 27 juillet 1794, 9 Thermidor, les ouvriers monteront sur l’échafaud au nom des libertés perdues…

René Sédillot dans son admirable livre « Le Coût de la Révolution Française » dit : « S’il y a des perdants c’est paradoxalement à la base qu’il faut les chercher. La condition ouvrière s’est avilie avec la mort des compagnonnages et l’interdiction du syndicalisme… ». Le « flicage » sous l’Empire avec le livret ouvrier, laissant celui-ci au seul jugement de l’entrepreneur. On est loin de l’équité de l’Ancien Régime…

1830 après la Commune et ses 30 000 fusillés par le bourgeois Thiers, en 1831, les Canuts de Lyon se révoltent et c’est dans le sang que la République réprime « Il faut que les ouvriers sachent bien qu’il n’y a pas d’autre remède pour eux que la patience et la résignation » s’exclame le ministre de l’intérieur Casimir Périer.

Les Canuts seront avant, pendant et après la Révolution en compagnie des chanoines-comtes de la primatiale St Jean pour leur revendication que ce soit en 1744 ou en 1786.Cette noblesse était tellement lié aux ouvriers qu’ils en venaient quelquefois à l’épée pour venger ceux-ci. En 1790 lorsque les ouvriers eurent besoin d’aide, c’est aux chanoines-comtes qu’ils s’adressèrent et non aux assemblées révolutionnaires. La Fête de la Fédération vit à Lyon, défiler la bourgeoisie sous le drapeau tricolore et les ouvriers sous le drapeau du roi…On retrouve une similitude à Dijon entre les compagnons et les père Chartreux…Les canuts se retrouveront au coude à coude avec ces chanoines-comtes contre la Révolution lors de l’insurrection Lyonnaise de 1793…

En 1952, Yves Renouard (Le grand commerce des vins de Gascogne au Moyen-âge, revue historique, avril-juin1959) publia une étude dans lequel à l’appui de chiffres, la comptabilité des sorties de vin par la Gironde durant le 1er tiers du XIVe siècle était de 747 000 hectolitres, 850 000 environ en 1308-1309. En 1950 pour toute la France on avait 900000 hectolitres !

Sur les 1 200 000 soldats « désignés volontaires » de 1794, 800 000 désertent. Il faut dire que la levée en masse est nouvelle dans une France dont l’armée était de métier, composé dune bonne partie de régiments étrangers. Comme s’exclamait Anatole France sur la République, le crime des crimes est d’avoir enlevé le paysan à sa terre pour le faire tuer aux frontières…Sur les 400000 qui marcheront au feu, la gendarmerie au derrière, ce sera la boucherie…On est loin du peuple en armes.

La Révolution a rétrogradé la France. C’est seulement sous la Restauration de Charles X que la France retrouvera péniblement l’équivalence des échanges extérieurs de 1788 (Le sens de la Révolution Française ).La révolution a fait rater à la France la tête de l’expansion économique (D..W. Brogan) «Les Français se sont montrés les plus habiles (révolutionnaires) artisans de ruine qui aient jamais existé au monde. Ils ont entièrement renversé leur commerce et leurs manufactures. Ils ont fait nos affaires, à nous leurs rivaux, mieux que vingt batailles n’auraient pu le faire » disait le britannique E. Burke.

Les ouvriers se cachent dans la clandestinité pour avoir comme dit l’historien du monde ouvrier E.Coornaert, avec le roi en 1815, leur propre restauration dans le retour du compagnonnage.
« La vie renchérit, la hausse des subsistances entraîna les mêmes conséquences que la disette » disait l’historien communiste A. Soboul et il continu : « …les classes populaires sombrent dans le désespoir. Hommes et femmes tombent d’inanition dans les rues, la mortalité augmente, les suicides se multiplient.». Parlant des terres communales qui, sous nos rois, appartenaient à tous et que les communistes essayeront de copier, Soboul parle de « copropriété des terres ». Un autre historien communiste écrit que la Révolution : « a coûté très cher » A Rouen dans les quartiers populaires au début de l’an IV, la mortalité est multiplié par quatre et à Paris on a un excédent de 10000 morts sur les naissances…Même les révolutionnaires comme Jacques Roux s’exclament : «Sous le règne des Sartines et Flesselles, le gouvernement n’aurait pas toléré qu’on fit payer les denrées de première nécessité trois fois au dessus de leur valeur » Mais qu’importe on fait arrêter les ouvriers en grève comme suspect (F. Furet)
Second semestre 1793 et durant l’année 1794 ce sont les moissonneurs et les vignerons qui se mettent en grève, alors que le Lyonnais, la Lozère, la Normandie, la Bretagne et la Vendée se soulèvent…
Les campagnes s’exilent dans les villes et formeront le prolétariat nécessaire pour la République naissante.
Si on prend la Révolution, ne serai-ce que sur un des aspects économiques, que voit on :

٠Emprunt forcé sur tous les revenus (1793)
٠fermeture de la Bourse (juin 1793)
٠suppression des sociétés anonymes (août 93)
٠mise sous scelles des banques et maisons de change(sep 93)
٠réquisition des créances or sur l’étranger
٠confiscation des monnaies en métaux précieux (nov93)
٠taxation sur les blés (mai93)
٠loi sur l’accaparement (juill93)
٠taxation générale des denrées (sept 93)
٠taxation des salaires
٠réquisition de l’ensemble de la flotte de commerce
٠réquisition de l’ensemble du commerce extérieur (mai93)
٠réquisition des effets personnels des Français
٠réquisition des travailleurs…
٠établissement de cartes de pain, viandes, œuf…
٠réquisition universelle « des bras et des talents » (avril 94)
٠impôts des portes et fenêtres (décourager les constructions et développement des maladies dont la tuberculose…)

La Terreur s’abattit sur tous les producteurs. La guillotine, selon Donald Greer, supprima 28% de paysans et 41% d’ouvriers, artisans et commerçants…Pendant que les révolutionnaires feront de véritables razzias sur les biens des Français. La natalité, par les lois de successions nouvelles chuta brusquement et l’Etat fit main basse sur les biens des Français. La division des patrimoines encouragea la dénatalité et la disparition progressive de tout patrimoine familial. Les entreprises éclatèrent pour le plus grand profit de l’étranger et de l’empire anglo-saxon en particulier.
L’obligation du passeport ouvrier, du certificat de civisme et de la cocarde tricolore (21 sept 93) montrent combien la dictature s’installait. « Les femmes qui ne porteront pas la cocarde tricolore seront punies…». La Révolution puis la République furent vécues comme une occupation par le peuple de France. La loi des suspects et les dénonciations largement encouragés. On est massacré par simple suspicion comme les 600 malheureux transférés de Saumur à Orléans en novembre 1793. A Avrillé ce sera 2000 suspects qui seront massacrés à coup de crosse et de baïonnettes mais il serait trop long ici d’en faire la liste interminable…De 1793 à 1915, on entre dans la période des 6 invasions.
Le désastre du Traité de Paris sera en partie vengé vingt ans plus tard en 1783 par la défaite sur terre et sur mer de l’armée anglaise et cela reste pratiquement le seul exemple dans l’histoire. Nous avions redressé notre marine redevenu capable de battre l’Angleterre, celle-ci sera gâchée par Napoléon à Trafalgar en 1805.

La Révolution et l’Empire favoriseront l’unité allemande en appliquant le principe des nationalités, cher à Rousseau et dont nous paierons chèrement l’utopie. Six villes principales subsistèrent au lieu de plus d’une cinquantaine d’avant. En 1806 une trentaine d’Etats remplacèrent les centaines de petites souverainetés…Le Traité de Westphalie nous ayant pourtant assuré la paix à l’Est. « En résistant à quelques milliers de Français vivants, il eut (Louis XVI) sauvé des millions de Français à naître» C. Maurras

Dans l’ignoble, il n’y a pas de fin. Les révolutionnaires levèrent une compagnie d’enfants à Rennes pour les obliger à exécuter les prisonniers enfin, les suspects. Il fallait recommencer autant de fois que les victimes n’étaient pas mortes comme à la foire…Il n’y a pas de limite à la cruauté et les ecclésiastiques paieront le prix cher, massacres, yeux crevés…Tout est bon. Pour imposer la République, il ne faut pas reculer jusqu’à éliminer plus de la moitié de la population s’il le faut, dit le conventionnel Jean Bon Saint André…Les massacres de 1792 où l’on laissa égorger et massacrer les filles de la Salpêtrière et les enfants à Bicêtre ainsi que d’autres à la Conciergerie au Châtelet. Il fallait imposer le contrat social de Rousseau coûte que coûte.

Carrier, l’inventeur des noyades de Nantes où l’on attachait souvent les couples nus avant d’être noyés dans des positions obscènes. N’avaient-ils pas dit qu’ils feraient un cimetière de la France plutôt que de ne pas la régénérer à leur manière. On tanne les peaux humaines durant la Révolution selon St Just, celles des hommes, sont d’une consistance meilleure que celles des femmes plus souples que celles des chamois. Le 6 novembre 1794, le citoyen Humeau s’était exclamé à Angers : «Le nommé Pecquel, chirurgien major au 4e bataillon des Ardennes en a écorché 32…» pour faire des culottes aux officiers supérieurs…Selon St Just, les têtes sont au bout des lances et l’on voit certains boire le sang, arracher des cœurs et les manger. Ne parlons pas des colonnes infernales républicaines dont la Vendée se souvient encore…Pensons au général Turreau dont le nom est gravé sur l’Arc de Triomphe, lui qui s’était vanté d’avoir exterminé hommes, femmes et enfants. Les populations, vieillards, femmes et enfants entassés dans les églises pour les y faire brûler, les Lucs se souviennent…Les républicains traversant les villages ou gisent aux entrées les femmes éventrés et comptant les bébés empalés sur les baïonnettes, au nom des droits de l’homme. Quand dira-t-on la vérité sur les cruautés et le fleuve de sang servant à asseoir ce régime indigne que l’on nomme République. Peut on en vouloir aux anarchistes de bouder la Marseillaise !

L’historien juif Israël Eldad s’était exclamé : « La dernière pierre que l’on arracha à la Bastille servit de première pierre aux chambres à gaz d’Auschwitz ». Les déportations massives de 1792 à 1794, suivirent selon Jean Dumont par la «Gestapo révolutionnaire » avec l’encouragement aux dénonciations. Cent livres de prime pour un prêtre dénoncé…Les conditions de détention furent horribles, pas de soins, du sommeil rarement et de la nourriture parfois. Ecoutons Jean Dumont : « Les pontons de Rochefort, véritables camp de la mort où périront 70% des prêtres déportés, sous d’affreux sévices…d’autres plus tard, déportés en Guyane, à Cayenne où jusqu’à 99% mourront de misère…tout à fait digne des camps d’extermination nazis qui comme les camps du goulag soviétique, n’auront qu’à suivre l’exemple fourni en gros et en détail par notre Révolution»

Les journalistes suivront ainsi que les écrivains et chansonniers n’appréciant pas le nouveau régime dont Ange Pitou. Puis les députés car les premières élections libres donnèrent une majorité royaliste élue par le peuple en 1797… On évalue aujourd’hui la Révolution à 600 000 victimes. Les colonnes républicaines de Grignon tuaient environ 2000 hommes, femmes et enfants par jour, selon son témoignage. En 1793-94, les juifs échappèrent de peu au massacre en Alsace et Lorraine par les sans culottes de Baudot…
La liberté utopique de Rousseau, martelé sur les mairies remplaça les libertés réelles vécues sous le roi.

Frédéric Winkler

La Patrie trahie par la République

(Article paru dans l’Action Sociale Corporative n°12)

visuel_bd-2« J’ai tourné autour de ce thème comme un maître-chien mis en présence d’un colis piégé. Difficile de l’aborder de front sans qu’il vous explose à la figure. Il y a péril de mort civile. C’est pourtant l’interrogation capitale. J’ai hésité. D’autant plus qu’en 1973, en publiant Le Camp des saints, j’ai déjà à peu près tout dit là-dessus. Je n’ai pas grand-chose à ajouter, sinon que je crois que les carottes sont cuites.
Car je suis persuadé que notre destin de Français est scellé, parce qu’« ils sont chez eux chez moi » (Mitterrand), au sein d’une « Europe dont les racines sont autant musulmanes que chrétiennes » (Chirac), parce que la situation est irréversible jusqu’au basculement définitif des années 2050 qui verra les « Français de souche » se compter seulement la moitié la plus âgée de la population du pays, le reste étant composé d’Africains, Maghrébins ou Noirs et d’Asiatiques de toutes provenances issus du réservoir inépuisable du tiers monde, avec forte dominante de l’islam, djihadistes et fondamentalistes compris, cette danse là ne faisant que commencer.

La France n’est pas seule concernée. Toute l’Europe marche à la mort. Les avertissements ne manquent pas : rapport de l’ONU (qui s’en réjouit), travaux incontournables de Jean-Claude Chesnais et Jacques Dupâquier, notamment, mais ils sont systématiquement occultés et l’Ined pousse à la désinformation. Le silence quasi sépulcral des médias, des gouvernements et des institutions communautaires sur le krach démographique de l’Europe des Quinze est l’un des phénomènes les plus sidérants de notre époque. Quand il y a une naissance dans ma famille ou chez mes amis, je ne puis regarder ce bébé de chez nous sans songer à ce qui se prépare pour lui dans l’incurie des « gouvernances » et qu’il lui faudra affronter dans son âge d’homme…
Sans compter que les « Français de souche », matraqués par le tam-tam lancinant des droits de l’homme, de « l’accueil à l’autre », du « partage » cher à nos évêques, etc., encadrés par tout un arsenal répressif de lois dites « antiracistes », conditionnés dès la petite enfance au « métissage » culturel et comportemental, aux impératifs de la « France plurielle » et à toutes les dérives de l’antique charité chrétienne, n’auront plus d’autre ressource que de baisser les frais et de se fondre sans moufter dans le nouveau moule « citoyen » du Français de 2050. Ne désespérons tout de même pas. Assurément, il subsistera ce qu’on appelle en ethnologie des isolats, de puissantes minorités, peut-être une quinzaine de millions de Français et pas nécessairement tous de race blanche qui parleront encore notre langue dans son intégrité à peu près sauvée et s’obstineront à rester imprégnés de notre culture et de notre histoire telles qu’elles nous ont été transmises de génération en génération. Cela ne leur sera pas facile.
Face aux différentes « communautés » qu’on voit se former dès aujourd’hui sur les ruines de l’intégration (ou plutôt sur son inversion progressive : c’est nous qu’on intègre à « l’autre », à présent, et plus le contraire) et qui en 2050 seront définitivement et sans doute institutionnellement installées, il s’agira en quelque sorte je cherche un terme approprié d’une communauté de la pérennité française. Celle-ci s’appuiera sur ses familles, sa natalité, son endogamie de survie, ses écoles, ses réseaux parallèles de solidarité, peut-être même ses zones géographiques, ses portions de territoire, ses quartiers, voire ses places de sûreté et, pourquoi pas, sa foi chrétienne, et catholique avec un peu de chance si ce ciment-là tient encore.
Cela ne plaira pas. Le clash surviendra un moment ou l’autre. Quelque chose comme l’élimination des koulaks par des moyens légaux appropriés. Et ensuite ?
Ensuite la France ne sera plus peuplée, toutes origines confondues, que par des bernard-l’ermite qui vivront dans des coquilles abandonnées par les représentants d’une espèce à jamais disparue qui s’appelait l’espèce française et n’annonçait en rien, par on ne sait quelle métamorphose génétique, celle qui dans la seconde moitié de ce siècle se sera affublée de ce nom. Ce processus est déjà amorcé.

Il existe une seconde hypothèse que je ne saurais formuler autrement qu’en privé et qui nécessiterait auparavant que je consultasse mon avocat, c’est que les derniers isolats résistent jusqu’à s’engager dans une sorte de reconquista sans doute différente de l’espagnole mais s’inspirant des mêmes motifs. Il y aurait un roman périlleux à écrire là-dessus. Ce n’est pas moi qui m’en chargerai, j’ai déjà donné. Son auteur n’est probablement pas encore né, mais ce livre verra le jour à point nommé, j’en suis sûr…
Ce que je ne parviens pas à comprendre et qui me plonge dans un abîme de perplexité navrée, c’est pourquoi et comment tant de Français avertis et tant d’hommes politiques français concourent sciemment, méthodiquement, je n’ose dire cyniquement, à l’immolation d’une certaine France (évitons le qualificatif d’éternelle qui révulse les belles consciences) sur l’autel de l’humanisme utopique exacerbé. Je me pose la même question à propos de toutes ces associations omniprésentes de droits à ceci, de droits à cela, et toutes ces ligues, ces sociétés de pensée, ces officines subventionnées, ces réseaux de manipulateurs infiltrés dans tous les rouages de l’Etat (éducation, magistrature, partis politiques, syndicats, etc.), ces pétitionnaires innombrables, ces médias correctement consensuels et tous ces « intelligents » qui jour après jour et impunément inoculent leur substance anesthésiante dans l’organisme encore sain de la nation française.
Même si je peux, à la limite, les créditer d’une part de sincérité, il m’arrive d’avoir de la peine à admettre que ce sont mes compatriotes. Je sens poindre le mot renégat, mais il y a une autre explication : ils confondent la France avec la République. Les « valeurs républicaines » se déclinent à l’infini, on le sait jusqu’à la satiété, mais sans jamais de référence à la France. Or la France est d’abord une patrie charnelle. En revanche, la République, qui n’est qu’une forme de gouvernement, est synonyme pour eux d’idéologie, idéologie avec un grand « I », l’idéologie majeure. Il me semble, en quelque sorte, qu’ils trahissent la première pour la seconde.
Parmi le flot de références que j’accumule en épais dossiers à l’appui de ce bilan, en voici une qui sous des dehors bon enfant éclaire bien l’étendue des dégâts. Elle est extraite d’un discours de Laurent Fabius au congrès socialiste de Dijon, le 17 mai 2003 : « Quand la Marianne de nos mairies prendra le beau visage d’une jeune Française issue de l’immigration, ce jour-là la France aura franchi un pas en faisant vivre pleinement les valeurs de la République… »
Puisque nous en sommes aux citations, en voici deux, pour conclure : « Aucun nombre de bombes atomiques ne pourra endiguer le raz de marée constitué par les millions d’êtres humains qui partiront un jour de la partie méridionale et pauvre du monde, pour faire irruption dans les espaces relativement ouverts du riche hémisphère septentrional, en quête de survie.» (Président Boumediene, mars 1974.)
Et celle-là, tirée du XXe chant de l’Apocalypse : « Le temps des mille ans s’achève. Voilà que sortent les nations qui sont aux quatre coins de la terre et qui égalent en nombre le sable de la mer. Elles partiront en expédition sur la surface de la terre, elles investiront le camp des saints et la ville bien-aimée.»

Jean RASPAIL
dans Le Figaro n° 18619 du jeudi 17 juin 2004 :
“La Patrie trahie par la République”

La république couche avec le fric

Mercredi 14 juillet 2010, les jeunes royalistes de l’Alliance Royale, en partenariat avec les militants du Groupe d’Action Royaliste, ont déployé une banderole sur le Pont des Arts de Paris sur laquelle était inscrit « La République couche avec le fric ! Vive le roi ! »

Par ce slogan provocateur, les militants royalistes voulaient se faire un écho des lassitudes d’un certain nombre de leurs concitoyens vis-à-vis de la politique du gouvernement.

Lassitude vis-à-vis d’une classe politique qui va d’affaires en affaires, dont l’image est ternie par les différents scandales financiers et qui ne semble absolument plus se préoccuper des citoyens.

Lassitude vis-à-vis d’un Etat qui brade sa souveraineté au profit d’une Union européenne technocratique qui entend, au nom du principe de la libre concurrence, abolir les frontières pour livrer notre économie aux diktats des marchés internationaux et à la concurrence déloyale des pays émergents.

Lassitude envers une République qui ne protège pas les citoyens français contre les principaux maux modernes, insécurité, chômage, exclusion, immigration de masse, délocalisations, mais qui, en revanche, est au service des grandes puissances de l’argent.

Lassitude enfin en raison d’un sentiment général de défiance envers la mondialisation incontrôlée où l’argent devient la seule norme de référence, où toutes les valeurs morales et civiques disparaissent et, avec elles, notre vouloir-vivre ensemble.

Les royalistes voulaient, en ce 14 juillet, rappeler à leurs compatriotes que la République n’est pas une fatalité et qu’il existe une vraie rupture que les monarchistes entendent incarner.

Stéphane Piolenc

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