La révolution antifrançaise de 1789, faisant suite au travail de sape entrepris depuis la Renaissance par des écrivains, des penseurs et les « philosophes », afin de détruire le catholicisme, rempart contre l’éclosion du capitalisme, détruisit les protections sociales ouvrières (corporations) afin d’asseoir le pouvoir de l’argent et de l’usure. C’est par le décret d’Allarde (2 et 17 mars 1791) et la Loi le Chapelier (14 et 17 juin 1791) que les révolutionnaires détruiront le système corporatif, qui servait de protection pour les ouvriers, et imposeront un libéralisme économique sauvage rejeté jusqu’alors par nos Rois. Les « sociétés de pensée » comprirent que pour permettre à l’argent de dominer, il fallait donc, à la différence de l’Angleterre, supprimer le Roi, garant des libertés populaires et protecteur social de son peuple. (En Angleterre le roi se lia aux Lords et à l’argent contre le peuple, ce qui explique le maintien de la Monarchie anglaise !)
Certes, il est vrai qu’en 1776 Turgot, alors contrôleur général des finances, obtint du roi Louis XVI la suppression des communautés de métiers, avec l’Édit de Turgot de 1776 supprimant les corporations. Il le justifiait ainsi : « La source du mal est dans la faculté même accordée aux artisans d’un même métier de s’assembler et de se réunir en corps. » Le roi Louis XVI ayant compris son erreur, car ayant été très certainement mal conseillé, revint sur cet Edit. L’Edit du roi enregistré au Parlement le 23 août 1776 annula donc l’abolition des corporations. Louis XVI se justifia ainsi devant Turgot : « En faisant cette création, nous voulons donner aux ouvriers un moyen de défense, nous voulons qu’ils puissent jouir en commun de leur intelligence, qui est le bien le plus précieux de l’homme ». M-H de Lacombe « Le suffrage universel et la représentation des intérêts » dans : Le Correspondant: Religion, Philosophie, Politique… Tome 69 – 1876 – p.623
Pas étonnant avec une telle réponse d’apprendre que Louis XVI fut le premier à utiliser le terme de « Justice sociale » !
Le vol du bien commun des ouvriers a donc été décidé par le décret d’Allarde du 2 -17 mars 1791, qui déclarait propriété nationale les biens corporatifs. Ce décret d’Allarde faisait aussi du libéralisme économique le fondement du nouveau régime de travail, de la production et du commerce.
Le 14 et 17 juin 1791, la loi « Le Chapelier » interdisait aux hommes de métier de s’associer en vue de « former des règlements sur leurs prétendus intérêts communs ». Cette loi calquée sur la logique de Turgot s’inspirait du Contrat social de Jean-Jacques Rousseau, dont Isaac le Chapelier reprit des passages entiers dans son exposé.
Privés de leur patrimoine, les corps de métiers ne pouvaient plus vivre.
L’historien Hippolyte Taine évalua à seize milliards de l’époque la valeur du patrimoine des métiers confisqué aux corporations. Somme énorme si l’on considère le chiffre peu élevé des effectifs ouvriers au moment de la révolution.
Rappelons également que sur le nombre total de guillotinés durant la période de la révolution ; 31% étaient des ouvriers ; 28% des paysans et 20% des marchands. Soit prêt de 80% étaient des « petites gens ». Le tout au nom de la Liberté et des Droits de l’Homme comme il se doit !