Gloire et honneur aux soldats français de 1914-1918 :

À l’aube de la Grande Guerre, l’Armée avait à sa tête bon nombre d’officiers ayant acquis leur grade non par mérite, mais seulement pour leur adhésion à la république. À l’instar de ce qui avait été opéré avec les armées révolutionnaires de la 1ère république, et avec des conséquences qui vont s’avérer être tout aussi désastreuses lors des premiers mois du conflit.

Dans les écoles de la république, les futurs sacrifiés à la déesse « Marianne » sont préparés psychologiquement à devoir mourir pour la patrie révolutionnaire.

« La Gaule n’était donc pas une patrie ; car une patrie, c’est un pays dont tous les enfants doivent mourir plutôt que de subir les lois de l’étranger. » Peut-on lire dans les manuels « d’histoire » d’Ernest Lavisse.

L’esprit revanchard à la défaite de 1870, enseigne aux jeunes générations que la patrie n’est faite que pour mourir pour elle ! On comprend mieux la résignation des futurs soldats du premier conflit mondial à mener une guerre d’usure dans des tranchées, en acceptant que la mort vienne les frapper sans broncher…

3 août 1914, l’Allemagne déclara la guerre à la France après l’avoir déclaré à la Russie deux jours auparavant. C’est le début de la 1ère Guerre mondiale. Fidèle à son principe rousseauiste du soldat citoyen, la république procéda à la Mobilisation Générale. Rappelons que dès les premiers jours de la guerre, la France paysanne fut atteinte de plein fouet par cet appel aux armes. Aussitôt après la déclaration de guerre, 30 % de la population active masculine est retirée en quelques jours des usines et des champs. Sur les 5 200 000 actifs masculins c’est entre 1 500 000 et 2 millions qui quittent leurs fermes et cela dans les premiers jours du mois d’août, en pleine moisson. On peut se demander pourquoi le gouvernement républicain procédait si soudainement à cette « levée en masse » puisque par ailleurs il croyait, comme la plupart des têtes pensantes de l’époque, que le conflit ne durerait que quelques mois.

Ce qui faisait dire à juste titre à Anatole France :

 « La honte des républiques et des empires, le crime des crimes sera toujours d’avoir tiré un paysan de la paix doré de ses champs et de sa charrue et de l’avoir enfermé entre les murs d’une caserne pour lui apprendre à tuer un homme»

Il faut voir, dans l’improvisation et le désordre qui marquèrent les premiers jours de la Grande Guerre, à la fois l’impéritie et l’incapacité du personnel politique républicain, à l’instar des « grands ancêtres» faisant face 122 ans plus tôt dans la plus complète anarchie aux conflits qu’ils avaient eux-mêmes provoqués.

Certains rétorqueront que c’était normal si la république procéda à la mobilisation générale étant donné que les Allemands faisaient la même chose ! Oui, mais c’est oublier que cette idée de « mobilisation générale » ou « levée en masse » fut donnée aux Allemands par Napoléon et ses Armées, lors de sa campagne d’Allemagne. La révolution de 1789 a ouvert la voie aux guerres d’usures où tous les citoyens devenant soldats, deviennent de facto de la chaire à canon !

Et comme nous ne sommes plus en Royauté avec des armées de métier, tous les citoyens « y passèrent » du poète au paysan comme du scientifique à l’écrivain. Sans oublier ceux qui y sont revenus complètement détruits psychologiquement et mutilés physiquement. Face au concept de mobilisation générale, le Comte de Chambord préconisait une armée de métier. Selon l’historien Daniel de Montplaisir :

« Le Comte de Chambord reprochait à la conscription : d’arracher des bras qui pourraient cultiver la terre et enrichir le pays ; de dépenser des sommes à l’équipement des conscrits qui seraient mieux employées à perfectionner les équipements lourds et les techniques de feu ; de dégoûter de jeunes citoyens pauvres de l’effort pour la patrie ; de renoncer à un acquis de la civilisation, à savoir le sacrifice consenti du militaire pour le civil. »

N’oublions pas que c’est toutes les forces vives du pays qui furent envoyées dans les tranchées. C’est donc avec ce qui restait et les quelques rescapés, nous vous laissons imaginer, que le pays a dû se reconstruire… Rien de bien attrayant pour forger des générations futures que de telles saignées. Comment expliquer aux femmes enterrant mari et enfants, que c’était indispensable au nom de la France, mais bien plutôt pour la gloire de la république ? Cet affaiblissement de la France s’est fait d’autant plus ressentir 20 ans plus tard parmi les élites de la IIIè république.

Lisez toutes ces listes de noms interminables des monuments aux morts, vous y trouverez fréquemment la répétitivité de certains noms de famille. Ce qui laisse imaginer qu’au sein d’une même famille, c’est un fils, un père, un frère, un oncle et un cousin qui périrent tous, laissant derrière eux, veuves et orphelins dans une souffrance inconsolable ! Mais telle est la logique de l’esprit de sacrifice qu’impose la patrie révolutionnaire qui n’exige que du sang pour sa gloire !

Cette Première Guerre mondiale c’est la fusion entre un recrutement général à l’esprit démocratique, fournissant des hommes à profusion, avec l’industrialisation de l’armement. Ce qui se traduisit par la présence de millions d’hommes sur les champs de bataille, équipés d’armements destructeurs fabriqués à l’échelle industrielle. Et pour ne rien arranger les choses, l’État-major adopta la doctrine de l’offensive à outrance. La mobilisation générale associée à l’industrialisation de l’armement et à la doctrine de l’offensive à outrance, fut un cocktail explosif qui se traduisit par dix millions de morts à l’échelle mondiale, dont 1,5 million de Français.

Depuis 1911, c’est à un certain Joseph Joffre que revint le titre de chef d’état-major général. Le site de l’Académie française précise :

« C’est son passé de franc-maçon qui lui valut d’être préféré pour ce poste au général Pau dont la tendance « cléricale » était notoire. »

Ce bon républicain franc-maçon qu’était Joffre, était aussi un fervent défenseur de la doctrine de l’offensive à outrance. C’est lui qui porte l’entière responsabilité des désastres des premiers mois de la guerre. La bataille des Frontières fut très symptomatique de cette politique. Durant tout le mois d’août 1914, c’est plus de 200 000 soldats français qui périrent au cours de cette bataille. Avec un sinistre record de 27 000 morts pour la seule journée du 22 août ! C’est la journée la plus meurtrière de l’histoire de l’Armée française.

Depuis 1870, la république n’a pas su moderniser efficacement son Armée. Durant les premiers mois de la guerre, les combats se firent à l’ancienne comme du temps de Napoléon. Les offensives s’effectuaient à la baïonnette ou sabre au clair à cheval, face aux mitrailleuses allemandes ! Les soldats français étaient équipés d’un képi et d’un pantalon rouge garance, les rendant très visibles pour les tireurs allemands. Leur uniforme n’avait absolument pas évolué depuis la guerre de 1870. Pourtant, la question du changement d’uniforme, et surtout de sa couleur, avait été posée avant-guerre, entre autres, par Adolphe Messimy, ministre de la Guerre en 1911, qui proposait une tenue camouflée dite « tenue réséda ». Mais sa proposition ne fit pas l’unanimité, et un autre ministre de la Guerre, Eugène Etienne, exprimait son rejet en ces termes : « Supprimer le pantalon rouge ? Non ! Le pantalon rouge, c’est la France !» Il faudra attendre août 1915 pour voir apparaître l’uniforme bleu horizon et fin 1916 pour qu’il soit généralisé. Un casque en métal plus protecteur qu’un simple képi fut également adopté, le fameux casque Adrian.

Les soldats Français ont payé chèrement l’épuration républicaine des officiers de l’Armée. Selon l’historien et officier d’infanterie Pierre Rocolle, c’est environ 162 généraux qui furent limogés du 2 août au 31 décembre 1914, des suites de leur incompétence.

Cette guerre meurtrière innova dans les techniques déployées pour exterminer l’adversaire. On y verra apparaître les gaz de combat, l’utilisation des lance-flammes, les premiers combats aériens et bombardements, mais également l’arrivée d’une nouvelle arme de guerre, le char d’assaut ! Ces quatre années de guerre furent parsemées de batailles sanglantes particulièrement meurtrières, comme la bataille de la Marne (1914), bataille de la Somme (1916), la bataille de Verdun (1916), etc. Le tout, au nom de la liberté et des Droits de l’Homme, ainsi que des principes humanistes dont se réclame l’idéologie républicaine.

Après avoir fait durer le carnage jusqu’à la fin de l’année 1918, malgré des propositions de paix depuis avril 1917 par l’empereur d’Autriche, vint enfin l’armistice le 11 novembre. Avant cela, les Américains entrèrent dans le conflit dès avril 1917, permettant ainsi à cette nation de s’occuper des affaires européennes pour longtemps… Sans oublier la révolution bolchevique en Russie en octobre 1917, ouvrant la voie à ce qui deviendra l’URSS et son désastreux régime soviétique !

Le 28 juin 1919, le traité de paix de Versailles est signé entre l’Allemagne et les Alliés, dans la galerie des glaces du Château de Versailles, là où fut proclamé le 2nd Empire Allemand en 1871.

Malgré la contribution tardive des troupes américaines, et ses pertes s’élevant à 117 000 morts contre 1 500 000 pour les Français, Wilson s’imposa en véritable chef de file. Il exposa une vision typiquement américaine de l’Europe avec ses fameux 14 points faisant office d’ossature politique de la future SDN. Attitude de la part des Américains qui perdurera malheureusement jusqu’à aujourd’hui.

Le maréchal Foch, après avoir lu le traité, qualifiait ce dernier ainsi : « ce n’est pas une paix, c’est un armistice de vingt ans ». L’avenir lui donna raison comme à Bainville…