La démocratie d’apparence – 2

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II – A quoi sert la démocratie ?

Encore faut-il, une fois de plus, savoir de quoi l’on parle car la démocratie se présente tantôt comme un dogme, tantôt comme une pratique.

Utilité de la démocratie comme dogme ou comme idéologie ?
Au risque de paraître décidément provocateur et de choquer certains, nous sommes convaincus pour notre part qu’en tant que dogme à caractère sacré, en tant que religion des temps modernes, la démocratie non seulement ne sert rigoureusement à rien, mais encore risque d’avoir un effet franchement nocif en distillant dans le corps social des ferments de jalousie et de haine à l’endroit de ceux qui ont une position sociale supérieure.
En outre cette idéologie postule la supériorité de la quantité sur la qualité, de la masse sur l’individualité, du non-sens sur le sens, du relativisme absolu sur la recherche de la vérité. Elle postule aussi que la majorité a toujours raison et que la minorité doit nécessairement s’incliner, ce qui est contraire au développement de la civilisation, heurte le bon sens le plus élémentaire et risque de provoquer des régressions inacceptables. On sait aujourd’hui que la politique criminelle menée par Adolphe Hitler était soutenue, en tout cas dans ses débuts, par une large majorité d’allemands. Une majorité d’erreurs ne fera jamais une vérité !
Pour notre part nous voyons dans l’idéologie démocratique un système à la fois faux et pernicieux, une erreur intellectuelle fondamentale de l’homme moderne à l’instar du marxisme-léninisme et du national-socialisme, autres grandes idéologies matérialistes et réductrices de l’occident contemporain. Cette idéologie est en outre à l’origine du phénomène de confiscation du pouvoir par les oligarchies que nous avons évoqué dans notre première partie.
Si la divinisation de la démocratie est perverse, en revanche il n’en va pas de même de sa pratique bien comprise.

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Utilité de la démocratie comme pratique ?
Nocive en tant que philosophie universaliste, la démocratie est en revanche fort utile quand on la remet à sa place et qu’on la conçoit comme un mode d’exercice du pouvoir ou un mode d’organisation sociale parmi d’autres.
L’histoire européenne montre en effet que dans nos sociétés le pouvoir a été lié tantôt à l’hérédité (autrement dit à une idée de propriété familiale), tantôt à la compétence, tantôt enfin à l’élection. Le pouvoir est donc soit monarchique, soit aristocratique (au sens aristotélicien de l’élite), soit démocratique. Or il est indiscutable que la pratique démocratique a un effet positif dans un certain nombre de cas, ne serait-ce que parce qu’elle constitue un contrepoids aux autres sources du pouvoir.

La pratique démocratique constitue tout d’abord un instrument de contrôle de l’état de la société et une véritable soupape de sûreté lorsque les élites qui sont en charge de la nation s’égarent. L’absence de représentation électorale est probablement une des causes de la Révolution française puisque le Roi ne disposait d’aucun moyen pour connaître l’état véritable de l’opinion publique. Certains historiens estiment même que si le suffrage universel, qui est par nature conservateur, avait existé en France dès la fin du XVIIIe siècle, aucune des révolutions ultérieures n’aurait eu lieu.
C’est ce mécanisme d’auto-sécurité, cette soupape de sûreté qui a permis à la Grande-Bretagne au début des années 1980 de rompre avec les dérives dangereuses d’une sociale-démocratie délétère et au gouvernement de Mme Thatcher d’initier un spectaculaire redressement économique.
Mais encore faut-il que la soupape de sûreté soit encore en état de fonctionner, autrement dit que l’alternance ne soit pas fictive…

Deuxième avantage lié à l’introduction de mécanismes démocratiques dans la société, l’amélioration de la mobilité sociale. La faiblesse des sociétés aristocratiques tient souvent au fait qu’elles tombent dans l’immobilisme d’un système de castes sclérosé. A l’inverse le libre accès aux fonctions et la possibilité de promotion sociale rapide permet de faire émerger des talents individuels en grand nombre qui seraient restés figés et endormis dans un système dominé par les hiérarchies traditionnelles.
Les institutions électives et démocratiques, comme celles fondées sur la compétence individuelle, jouent donc un rôle d’accélérateur social. Au contraire l’hérédité des fonctions et des positions joue un rôle de stabilisateur social. Les deux présentent des avantages et des inconvénients ; il faut savoir les combiner comme ont su le faire les anglais pendant des siècles.

Troisième avantage, les pratiques démocratiques, du moins lorsqu’elles sont comprises de manière à la fois modérée et loyale, permettent l’implication des individus dans la vie publique et sociale. Dans la France du XVIIeme siècle, l’activité économique était faible et les progrès de l’instruction publique modeste. Une personne sur deux savait lire et écrire avant la Révolution et il y avait peu d’échanges. Avec la révolution industrielle et le développement économique, on entre dans des sociétés mobiles dotées d’un fort dynamisme propre qu’il n’est plus possible de gouverner « ex cathedra » à la manière d’un Richelieu ou d’un Louis XIV. C’est ce tournant de la modernité que la monarchie française a été malheureusement incapable de prendre.
L’utilisation d’institutions démocratiques adaptées aux circonstances et en particulier à l’échelle locale permet d’améliorer le fonctionnement de l’Etat par une sorte de processus d’autogestion dont on voit des exemples en Suisse. C’est autant de charge en moins pour l’Etat central qui est alors dispensé de l’obligation de tout régenter et qui peut se concentrer sur les grandes orientations de la nation.
Un autre avantage encore est de permettre à l’individu de s’impliquer dans un projet collectif qu’il fait sien, sans que celui-ci ne lui soit imposé de manière hiérarchique par les élites au pouvoir, puisque élites il y aura toujours quelque soit la forme de l’Etat.

Tous ces avantages sont réels. Mais il ne faudrait pas croire que seules les pratiques démocratiques sont vertueuses. Les pratiques aristocratiques peuvent l’être tout autant lorsqu’elles aussi sont intelligemment comprises : le dépassement de soi, le sens de l’honneur et du devoir, la générosité, le mépris de l’argent, l’élitisme et le raffinement des mœurs, l’originalité et la créativité individuelle apportent autant à la société que les pratiques démocratiques.
En vérité la folie de l’homme moderne est d’opposer ce qui devrait être complémentaire. Mais là n’est pas notre sujet et puisque nous avons résolu d’ausculter ici la démocratie. Voyons maintenant à quelles conditions elle peut fonctionner ?

Olivier Tournafond

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