La malédiction de la République
Publié dans Tribunes, le mercredi 2 janvier 2013
En France, toutes les Républiques finissent mal. Très mal même…
La Première République, c’est essentiellement la Convention et le Directoire. C’est la mise en place du régime des partis. Ce sont surtout les massacres de la Terreur, le Génocide de la Vendée, la persécution de la noblesse et du clergé, l’assassinat du Roi et de la Reine à la suite de parodies de procès qui préfigurent les grands procès de Staline. C’est la guerre civile, le chaos, la guerre contre l’Europe toute entière.
La Première République finit lamentablement dans la corruption et l’incompétence. Elle est soldée par le coup d’État du 18 brumaire et l’aventure napoléonienne.
La Seconde République, c’est encore une aventure, toujours sanglante mais totalement anarchique et ridicule celle-là. Elle se termine une fois de plus en guerre civile avec le coup d’État du Prince- Président, Louis-Napoléon Bonaparte. Elle ne dure que deux ans.
La Troisième République naît de la défaite et meurt dans la défaite. Par son impéritie, et toujours le régime des partis, elle expose la France à deux guerres mondiales horriblement meurtrières. Elle se lance dans l’aventure inconsidérée de la Colonisation, dont on nous demande aujourd’hui de faire repentance ! En 1940, peuplée d’hommes politiques dont la lâcheté le dispute à l’incompétence, elle disparaît dans le plus grand désastre militaire que la France ait jamais connu. Son rejeton, « l’État français », n’hésite pas à collaborer servilement avec l’occupant et à lui livrer les juifs.
La Quatrième République est un avatar de la Troisième. Connue pour son instabilité et son impuissance politique (toujours le régime des partis…). Elle s’enlise dans des guerres coloniales interminables. Elle prend fin par un nouveau coup d’État, celui du Général de Gaulle.
La Cinquième République fait illusion au départ, car elle est marquée par la forte personnalité de De Gaulle, vieux monarchiste au fond de lui et brillant homme politique. De Gaulle est lucide et attaché au bien commun, même s’il commet des erreurs graves. Il a compris que le poison venait du régime des partis. Il s’efforce de l’endiguer par l’élection du président au suffrage universel.
Hélas, quelques années après sa disparition, la logique implacable et démoniaque du régime des partis reprend le dessus et la descente aux Enfers recommence : Giscard, Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande, des dirigeants toujours plus démagogues, toujours plus impuissants, toujours plus médiocres, dans lesquels les Français ne peuvent se reconnaître.
La France décline régulièrement et sur tous les plans : économique, social, juridique, linguistique, militaire, diplomatique…
Mais surtout, la Cinquième République a placé sous les pieds des Français deux bombes à retardement dont le compte à rebours est déjà enclenché.
La première est l’immigration incontrôlable qui entraîne à terme une substitution de population.
La seconde est la dette publique monstrueuse.
Ces deux bombes à retardement nous mettent tous en danger de mort. Elles ont été amorcées par ces oligarques de la Cinquième République, de grands bourgeois arrogants, incompétents, cyniques, imbus de leur toute-puissance et d’un sentiment d’invulnérabilité.
Voilà où nous en sommes.
Maintenant que la Cinquième République n’est pas loin de tomber, faut-il vraiment rêver à une Sixième République, qui serait peut-être pire encore que les cinq précédentes ?
Ouvrons les yeux. Le régime républicain en France paraît maudit par les crimes monstrueux qui ont été commis en son nom il y a deux cents ans. Cette malédiction le poursuit de manière implacable comme le Vaisseau Fantôme de Wagner. Et c’est nous qui sommes à bord du vaisseau fantôme.
La République est sans doute un état politique satisfaisant pour les Suisses ou les Américains. On n’imaginerait pas une monarchie américaine ou un royaume de Suisse !
Mais la France elle, elle a été créée par les rois de France. Ils sont les auteurs de la Nation, elle est leur œuvre. La France n’était à l’origine qu’un salmigondis de peuples et de langues hétéroclites qui serait tombé en pièces sans la volonté politique constante et séculaire des rois.
Renoncer à la royauté, c’est renoncer à la France.
Olivier Tournafond
Professeur à l’Université de Paris XI