Loin d’être un exposé définissant de façon détaillé ce qu’est l’Art ou l’urbanisme dans son ensemble, – d’autres plus professionnelles dans ces domaines seraient plus à même de définir clairement ces deux thèmes – il s’agit plutôt d’un regard empirique sur l’évolution de l’Art et de l’urbanisme, et comment en tant que royaliste nous concevons ces deux piliers de la Civilisation.
L’Art :
Quel objectif et quel rôle à l’art dans une civilisation ? Pour pouvoir définir clairement cet objectif, faisons une petite comparaison avec le principe qui régie tous les organismes gérant la sécurité en général. Sécurité ferroviaire, sécurité aéronautique, aéronavale, automobile, sécurité incendie…Etc. Quel est ce principe ? C’est ce que l’on appel plus couramment le fameux « risque zéro ». Tous ceux qui travaillent dans le domaine de la sécurité, se donnent pour objectif d’atteindre ce fameux « risque zéro ». Pourtant ils savent pertinemment que ce « risque zéro » n’existe pas, ou qu’il est impossible de le réaliser, sachant la faillibilité de l’homme et son imperfection, il est donc difficile de concevoir un niveau de sécurité aussi « parfait » !
Mais c’est justement parce qu’ils visent cet objectif quasi surhumain, qu’ils deviennent réellement performants et compétents dans le domaine sécuritaire. Ce qui n’empêche nullement malheureusement, les accidents en tout genre quel que soit leurs gravités.
Nous pouvons en conséquence, constater que ce qui est valable à l’échelle du domaine de la sécurité peut parfaitement l’être dans le domaine de l’art.
C’est ce que Gurdjieff enseigna à son disciple Ouspensky, en 1914, en lui expliquant qu’il existe une différence fondamentale entre « l’art réel» et «l’art subjectif ». L’art réel n’étant pas simplement l’expression de la sensibilité de l’artiste ; il est aussi objectif que les mathématiques et il produira toujours la même impression sur quiconque le contemple :
« Le Grand Sphinx d’Égypte est ce genre d’œuvre d’art, de même que quelques ouvrages d’architecture célèbres dans l’histoire, certaines statues de dieux et bien d’autres choses. Il y a des représentations de divinités et de divers êtres mythologiques que l’on peut lire comme des livres, non avec la pensée mais avec les émotions, pour autant qu’elles soient suffisamment développées. Au cours de nos voyages en Asie centrale, nous avons découvert dans le désert, au pied de l’Hindu Koush, une étrange sculpture que nous avons d’abord prise pour un dieu ou un démon. Au début nous avions seulement l’impression d’être en présence d’une curiosité. Mais au bout d’un moment, nous avons commencé à sentir que cette sculpture contenait beaucoup de choses, un vaste système cosmologique complet et complexe. Et lentement, pas à pas, nous nous sommes mis à déchiffrer ce système. Il était dans le corps du personnage, dans ses jambes, dans ses bras, dans ses yeux, ses oreilles, partout. Dans toute la statue, rien n’était laissé au hasard, rien n’était sans signification. Progressivement nous avons compris l’intention de ceux qui avaient façonné cette statue. Nous percevions leurs pensées, leurs sentiments. Certains d’entre nous pensaient voir leurs visages, entendre leurs voix. En tout cas, nous saisissions le sens de ce qu’il avait voulu nous transmettre à travers les années, et non seulement le sens, mais aussi toutes les sensations et les émotions qui l’accompagnaient. Cela, vraiment, c’était de l’art. » (1)
Voilà donc un objectif certain que l’on peut parfaitement donner à l’art et surtout à ceux qui le pratiquent. Faire en sorte à ce que toute personne qui contemplera une oeuvre ressente la même sensation, la même émotion allant dans le sens de ce que l’oeuvre impose émotionnellement.
L’objectif paraît tellement difficile à réaliser, et pourtant n’est-il pas l’équivalent du « risque zéro » chez ceux qui travaillent dans le domaine de la sécurité ? Ce fameux « risque zéro » qui poussent les chercheurs et les ingénieurs à se surpasser afin d’approcher au plus près de cet objectif humainement inatteignable, ce qui implique une limitation considérable des accidents et donc une vie plus sereine pour tous.
Charles Maurras dans « Mes idées politiques » avait définie la notion de civilisation en faisant une distinction entre les civilisations et LA Civilisation. Cette distinction, il l’avait défini par la maîtrise qu’un peuple pouvait avoir d’un « point de perfection et de maturité » ainsi que sa capacité à se fixer des limites :
« Mais, lorsqu’ils ont senti cette vanité des recherches, les Grecs n’ont pas voulu admettre qu’elle fût infinie. Ils ont cherché un terme à la course perpétuelle. Un instinct merveilleux, beaucoup plus que la réflexion, ou plutôt si l’on veut, un éclair de raison surhumaine ou divine leur a fait sentir que le bien n’était pas dans les choses, mais dans l’ordre des choses, n’était pas dans le nombre, mais dans la composition, et ne tenait nullement à la quantité, mais à la qualité. Ils introduisirent la forte notion des limites, non seulement dans l’art, mais dans la pensée, dans la science des mœurs. En morale, en science, en art, ils sentirent que l’essentiel ne tenait point aux matériaux, et, tout en employant les matières les plus précieuses, ils y appliquaient leur mesure. L’idée du « point de perfection et de maturité » domina ce grand peuple aussi longtemps qu’il resta fidèle à lui même. »
[…]
« Cette Civilisation tout en qualité s’appela seulement, dans ses beaux jours, la Grèce. Elle fut Rome qui la dispersa dans l’univers, d’abord avec les légions de ses soldats et de ses colons, ensuite avec les missionnaires de la foi chrétienne. Les deux Rome conquirent de cette sorte à peu près le monde connu et, par la Renaissance, elles se retrouvaient et se complétaient elles mêmes, quand la Réforme interrompit leur magnifique développement.»(2)
Pour Charles Maurras, c’est donc la Grèce qui aurait atteint ce point de perfection et de maturité, qui permet selon-lui de définir plus objectivement La Civilisation en comparaison des civilisations. Ce point de perfection et de maturité, n’est t-il pas par définition l’équivalent aux yeux du vieux maître de Martigues du « risque zéro » chez les ingénieurs de la sécurité et par conséquent, de l’objectif d’une émotion universelle dans la pratique de l’art ?
De façon hiérarchique, sachant que l’art est l’un des éléments essentiels dans le développement et l’élaboration d’une Civilisation, on pourrait, de ce fait, affirmer plus clairement que l’objectif d’émotion universelle doit être au service du point de perfectionnement et de maturité de La Civilisation.
L’Art aujourd’hui : le constat !
Depuis Marcel Duchamp qui en 1917 réussi à faire croire qu’un simple urinoir qu’il avait acheté, et ou il y avait inscrit : R. Mutt – 1917 à la peinture noir, était une oeuvre d’art, (3) force est de constater qu’un siècle plus tard, l’art dit « moderne » ou contemporain est bien loin des critères qui constituaient jadis l’art dans son ensemble.
Prenons le cas de la peinture. Bien loin du travail considérable de la chapelle Sixtine par Michel-Ange, Pablo Picasso a marqué le XXème siècle par son fameux cubisme. Lui qui avait commencé sa carrière d’artiste peintre avec le naturalisme, a fini, aux cotés de son ami George Braque, dans une interprétation du réel transformé en formes basiques proche du cube. Pour se donner un ordre d’idée du résultat, il vous suffit simplement de comparer par exemple, deux tableaux ayant un thème commun : La Guerre. Comparons les tableaux faits par Antoine-Jean Gros représentants les batailles Napoléoniennes, avec Guernica de Picasso, représentant la bataille ou plus exactement la destruction de cette petite ville Basque en 1937. Avec Antoine-Jean Gros, lorsque l’on regarde ses oeuvres, on sait rapidement de quoi il s’agit, de même que l’on peut rapidement se faire une idée de l’époque ou se déroule la scène ainsi que les personnages historiques qui s’y trouvent. Pour ce qui est de Guernica, très difficile d’avoir ces éléments pour conclure que ce tableau représente la destruction de cette ville en 1937 par l’aviation allemande, si ce n’est en lisant le titre de l’oeuvre…
Alors pourquoi avoir choisi cette voie du cubisme ?
Voici un aveu écrit de la main de Picasso lui-même expliquant ce qui l’a motivé à se lancer dans ce concept là :
« Dans l’art, le peuple ne cherche plus consolation et exaltation, mais les raffinés, les riches, les oisifs, les distillateurs de quintessence cherchent le nouveau, l’étrange, l’extravagant, le scandaleux. Et moi-même, depuis le cubisme et au-delà, j’ai contenté ces maîtres et ces critiques avec toutes les bizarreries changeantes qui me sont passées par la tête, et moins ils me comprenaient, et plus ils m’admiraient.
A force de m’amuser à tous ces jeux, à toutes ces fariboles, à tous ces casse-tête, rébus et arabesques, je suis devenu célèbre, et très rapidement. Et la célébrité pour un peintre signifie ventes, gains, fortune, richesse. Et aujourd’hui, comme vous le savez, je suis célèbre, je suis riche.
Mais quand je suis seul à seul avec moi-même, je n’ai pas le courage de me considérer comme un artiste dans le sens grand et antique du mot.
Ce furent de grands peintres que Giotto, Le Titien, Rembrandt et Goya : je suis seulement un amuseur public qui a compris son temps et a épuisé le mieux qu’il a pu l’imbécillité, la vanité, la cupidité de ses contemporains. C’est une amère confession que la mienne, plus douloureuse qu’elle ne semble. Mais elle a le mérite d’être sincère. » (4)
Tout est dit : célébrité, ventes, gains, fortune, richesse. Voilà ce qui a motivé et ce qui motive encore aujourd’hui la plupart de ces « artistes » soumis au diktat de l’argent. On est loin d’une volonté à émerveiller le monde dans le sens antique du mot comme le souligne Picasso lui-même. On est loin de ce fameux point de perfection est de maturité à l’échelle de l’Art. On rétorque seulement que ces « oeuvres » ne laissent pas indifférentes ! Certes, mais une merde de chien en plein milieu d’un trottoir ne laisse pas indifférent non plus surtout quand on a marché dessus…
Pour justifier la grandeur artistique d’une toile d’art moderne, « les grands connaisseurs » dans ce domaine vous rétorqueront que tout est dans la subtilité et qu’il faut savoir interpréter ce que l’on voit ! En d’autres termes, la justification qui consiste à déclarer une peinture comme étant une oeuvre d’art, est basée essentiellement sur le baratin que les spécialistes font de cette oeuvre, ou sur l’imagination des uns et des autres. Mais ce que l’artiste à voulu exprimer (à défaut de le faire de façon clair net et précise) n’intervient pas véritablement, ou s’il est comme Picasso, il se contente de compter l’argent que son oeuvre lui a rapporté tout en s’amusant de ces grands experts qui travaillent à y voir et à y faire voir une oeuvre…
Qu’on nous fasse surtout pas croire qu’il y a un véritable message ou sens caché artistique à découvrir dans l’art abstrait quand on songe par exemple aux tableaux du singe Congo. Ce chimpanzé mort en 1964 et qui a produit à lui tout seul près de 400 tableaux dont l’un d’eux, sa toute dernière toile, fut acheté en 2010 pour la somme de 10 000 $ US par l’humoriste français Jean-François Derec. Faut-il donc voir dans les « oeuvres » de ce chimpanzé toutes les expressions possibles et imaginables résultant d’un esprit artistique selon les critères antiques qui constituent l’art véritable, ou seulement les gesticulations d’un macaque à qui on a donné un pinceau de la peinture et une toile ? Si l’honnêteté et le bon sens poussent à considérer les tableaux de ce singe selon ce dernier critère, alors pourquoi les vendre si cher si ce n’est pour des raisons d’argent facile ?
Plus récemment, ce même phénomène s’observe aussi sur les chevaux. Le cheval « peintre » Cholla, dont les « oeuvres » s’exposent à la Galleria Giudecca de Venise, s’adonne depuis 2004 à gesticuler la tête avec un pinceau à la bouche devant une toile ! Ses « oeuvres » se vendent entre 650 et 1550 euros.
La liste est longue de ces animaux que certains ont décrété être des artistes peintres tout en se frottant les mains sur l’appât du gain !
C’est un moyen comme un autre de se faire de l’argent avec des animaux esclaves. Des amuseurs publics en somme comme le disait si bien Picasso ! Mais certainement pas de l’art et encore moins des artistes !
L’exemple le plus flagrant qui montre bien a quel point l’art démuni de tout critères sérieux et transcendants est gangrené par l’argent, c’est l’acquisition en 2002 de « l’oeuvre » de « l’artiste » belge Marcel Broodthaers. Cette « oeuvre » est un perroquet vivant enfermé dans une cage, flanqué de deux palmiers et accompagné d’un magnétophone diffusant un poème « Moi je dis, moi je dis » et qui a coûté la modique somme de 210 000 euros au musée d’Art Moderne de Paris avec l’approbation du Conseil de Paris. Cette « oeuvre » daté de 1974 s’intitule : « Ne dites pas que je ne l’ai pas dit. » Une telle somme dépensée au nom de l’art moderne, n’aurait-elle pas était mieux à satisfaire les nombreux SDF qui sillonnent les rues de Paris…
Malheureusement la liste est encore très longue. Cela ne servirait à rien d’exposer ici toutes les aberrations que l’on rencontre souvent au nom de l’art dit moderne ou contemporain, ça serait bien trop long, et ce n’est pas l’objet de ce dossier.
Que se soit dans la sculpture, la peinture ou les Arts plastiques en général sans oublier aussi l’Art musical, il suffit d’observer ce qui se passe dans notre monde actuel à l’échelle de ces différents domaines, pour constater qu’il n’y a plus de réels critères qui régissent l’Art si ce n’est celui de l’Argent !!!
Le libéralisme économique dans toute sa splendeur, qui a déjà causé beaucoup de dégâts dans quasiment tous les domaines qui régissent la vie d’une nation : écologisme, Question Sociale, identités des peuples, monde du travail…etc.
Et dans cette liste, on peut maintenant rajouter l’Art et l’urbanisme.