Lors de la dernière Assemblée Générale des Jeunes Agriculteurs des Côtes d’Armor, le 20 Mars 2014 à Plérin, de nombreuses questions furent soulevées autour du modèle agricole breton et, plus particulièrement, sur l’organisation des filières agricoles et la problématique de l’interprofession. Celle-ci, aujourd’hui malmenée par la grande distribution, les lourdes normes environnementales et la complexité bureaucratique, empêche la juste reconnaissance de la place essentielle du producteur au sein de la filière.
De fait, les nouvelles gouvernementales sont préoccupantes. Les contraintes règlementaires, déjà pesantes pour l’ensemble de la filière agricole, semblent devoir encore s’alourdir dans quelques temps, la nouvelle Loi d’Avenir gouvernementale devant apparemment intégrer des dispositions pour la mise en place de certificats d’économie de phytosanitaires. Sans compter la révision de la PAC (Politique Agricole Commune) qui semble devoir créer davantage de problèmes que de solutions… Devant toutes ses problématiques, Nicolas Bortrel, membre du bureau des Jeunes Agriculteurs des Côtes d’Armor, continuait : « Il faut aussi aborder la question des prix ou des marges des producteurs et des distributeurs. Il faut retrouver une juste répartition de la valeur ajoutée. […]Peut-on être légitime à demander une simplification administrative quand on voit la complexité de nos structures et la difficulté à parler d’une même voix sur des problématiques communes ? »
C’est dans ces paroles que trouve tout son sens la solution corporatiste. En 1936, Henri, Comte de Paris, résumait ainsi le principe de la corporation : « C’est une association de producteurs limitée à une branche de la production qui a pour but et pour fonctions de gérer les grands intérêts de la branche de production intéressée, d’en protéger tous les membres ». C’est l’axiome élémentaire de la pensée corporatiste que d’organiser la profession pour que toutes les catégories sociales lui appartenant participent à sa réglementation et à sa protection 1.
L’application agricole paraît ici élémentaire et potentiellement salvatrice pour l’ensemble de la branche. Les normes applicables devraient inéluctablement passer par l’avis de l’ensemble de la corporation ; les relents bureaucratiques seraient inévitablement ôtés, pour adapter l’administration aux besoins des acteurs de la corporation ; l’Etatisme lui-même serait pondéré par ce corps intermédiaire qui viendrait protéger les acteurs de la profession des interférences de l’Etat.
“ Il appartient aux intéressés de créer eux-mêmes, dans leurs corporations respectives, les institutions qui leur conviennent. ”
Firmin BACCONNIER – A.B.C du Syndicalisme.
1 Etude sur le Corporatisme, URBVM, 2012