Dans « Révolte contre le Monde moderne » Julius Evola décrivait dans son chapitre sur l’âme de la Chevalerie :
« Au Moyen Âge, fleurirent d’ailleurs de nombreux traités où chaque arme et chaque objet utilisés par le chevalier étaient présentés comme des symboles de qualités spirituelles ou éthiques, symboles destinés à lui rappeler d’une façon sensible ces vertus et aussi à relier à toute action chevaleresque une action intérieure. »
C’est ce qu’implique pour nous la symbolique de la plaque des Camelots du Roi. Cette plaque est une succession de symboles. La colombe, symbole de paix, nous rappelant ce dont pourquoi nous nous battons. Dans la tradition chrétienne c’est aussi la colombe descendue du ciel, tenant en son bec une ampoule pleine d’huile sainte dont Clovis reçut l’onction. Par ce baptême, il s’assure le soutien de l’Église romaine, principale autorité survivante de l’Empire, en plus de la sympathie du peuple gallo-romain. C’est aussi l’un des symboles attribué à Jeanne d’Arc. Jeanne d’Arc eut un emblème, et cet emblème était une colombe. Nous le lisons dans un extrait des registres de l’hôtel de ville de La Rochelle, découvert par M. Quicherat et publié par lui, Revue historique, juillet-août 1877. La Pucelle, y est-il dit, « fit faire au lieu de Poictiers son estendart, auquel y avait un escu d’azur ; et un coulon blanc dedans icelui estoit. » « Lequel coulon tenoit un roole en son bec où avoit escript : De par le roy du ciel. » La devise de Jeanne d’Arc était : « De par le roy du ciel. » Et c’était bien la devise de l’enfant qui disait : « J’aimerais mieux filer près de ma pauvre mère, mais il faut que j’aille parce que mon Seigneur le veut ; » et encore : « Je viens de par Dieu, beau sire, pour vous dire que vous serez sacré et couronné à Reims, et serez lieutenant du roi du ciel » ; et ailleurs : « Donnez votre royaume au roi des cieux, après quoi le roi des cieux fera tout pour la France » ; et encore : « Glacidas, Glucidas, j’ai pitié de ton âme, rends-toi au roi du ciel » ; et aux Anglais : « Quittez ce royaume, de par Dieu et la Pucelle ! » C’était bien la devise de celle qui faisait broder sur son étendard le roi du ciel trônant dans les nuées ; de celle qui prenait pour cri le nom même du roi du ciel et de sa mère : « Jhésus-Maria » ; de celle, enfin, qui mourait en répétant : « Jhésus ! » le nom du roi du ciel ! Sur la plaque des Camelots du Roi, cette colombe tient dans son bec, une demi-couronne de laurier symbolisant l’honneur et une demi-couronne d’épine symbolisant le sacrifice, rappelant celui du Christ avec sa couronne d’épine sur la Croix. En dessous, la fleur de Lys nous rappelant que nous sommes soldat du Roi au service du Royaume de France avant tout. Deux épées s’entrecroisent derrière sur fond de blason bouclier, nous rappelant l’éthique chevaleresque comme pratique constante de notre combat. Les différentes couleurs qui étaient ensuite attribuées à ces plaques correspondaient à divers grades dans le cadre de la Fédération Nationale des Camelots du Roi. Cette organisation ayant été officiellement dissoute en 1936, ces différentes couleurs issues des grades n’ont plus vraiment de signification réelle en ce début du XXIème siècle. Il est plus intéressant de leur attribuer une couleur en fonction de la région ou on se situe. Cela rappel en quelque sort le combat régionaliste issu de la politique de décentralisation chère au royalisme.
Face à l’orgueil et à l’arrogance qui ont malheureusement durablement affaiblit le combat royaliste, nous y ajoutons une devise de nos ancêtres, émanant des chevaliers hospitaliers de Syrie :
Sit tibi copia, sit sapientia, formaque detur ; Inquinat omnia sola superbia, si comitetur.
( Que l’abondance, que la sagesse et la beauté te soient données ; l’orgueil à lui seul souille tout s’il t’accompagne. )
Nous rappelons aussi qu’un Camelot du Roi n’est à la retraite que quand il est mort. Quelque-soit les vicissitudes de la vie, lorsque qu’un militant royaliste décide d’être un soldat du Roi, il se doit de le faire par fidélité.
Dans une interview, M. Michel Michel a su mettre en évidence les défaillances que l’on rencontre assez souvent parmi les militants royalistes :
« M.M. – Parmi les royalistes, peu sont militants ou le restent. Et les militants sont des amateurs… Hélas ! Certes les amateurs aiment, d’où l’aspect sympathique de la plupart des royalistes ; mais ils ne se manifestent qu’autant qu’ils aiment ce qu’ils font, c’est-à-dire qu’ils fonctionnent au principe de plaisir. Certains, parfois vont un peu plus loin, par sens du devoir ; mais combien se conduisent en professionnels, c’est-à-dire acceptent de mener des tâches ennuyeuses, peu exaltantes, simplement parce qu’elles concourent efficacement à l’objectif fixé ?
On sait combien dans les associations les rapports entre permanents et bénévoles sont difficiles : les activités des uns et des autres ne sont pas sous-tendues par la même logique. Eh bien, les mouvements et groupes royalistes ne sont pratiquement composés que par des bénévoles.
Ah ! Combien je comprends Lénine qui en appelait à une organisation de révolutionnaires professionnels. (Il est vrai que les caisses noires, le soutien de l’État soviétique et les emplois de permanents n’ont jamais manqué aux apparatchiks des partis communistes.)
Les royalistes fonctionnent à l’enthousiasme, parfois c’est un dieu qui les habite, parfois ce n’est que de la « gonflette » ; il faudrait un peu de lest qui les stabilise dans une action prolongée.
Aussi, nos efforts devraient moins porter sur la multiplication des royalistes de sentiment (si la diffusion de convictions justes suffisait au salut public on pourrait être démocrate) que sur la transformation de beaucoup de ces royalistes de sentiment en « royalistes politiques » et de certains de ces « royalistes politiques » en comploteurs actifs. En termes maurrassiens cela s’appelle « la réforme intellectuelle et morale de quelques-uns ».
La réforme intellectuelle suppose de ne pas négliger les ressources de l’intelligence qui est seule susceptible d’amender le royalisme de valeurs et de sentiments. La réforme morale consiste à cultiver le courage, le sens du service, du dévouement et de l’abnégation. Elle relève plus de la « voie purgative » (passage obligé pour obtenir la sublimation de la volonté de puissance), que de l’exaltation du petit ego. La découverte de ce qui dans l’homme passe l’homme s’accompagne nécessairement de la conscience du caractère limité et contingent de l’individu et réciproquement.
Alors oui, dans cette perspective, l’action royaliste peut devenir le support d’une voie intérieure c’est-à-dire d’une pratique sacrificielle. »
Des royalistes professionnels, voilà ce dont nous devons être !