Tout homme, dans une société traditionnelle, s’intègre dans l’ordre social. […] Lorsqu’il naît, l’homme n’est que potentialités. Il reçoit un héritage qui est très important : par le sang, il appartient à une lignée, à un clan, cela lui vaut des obligations ; par la race physique, il fait partie d’un peuple. Il lui reste à devenir et à assumer. Son existence est notamment ponctuée par des rites de passage qui marquent son évolution intérieure et l’accès à un groupe spécifique de la communauté. Cela peut-être, par exemple, les hommes adultes ou guerriers ou encore les prêtres.
La première naissance, que connaissent tous les hommes, est la venue au monde physique, la deuxième naissance l’intégration dans l’ordre traditionnel. Le nouveau venu devient un héritier, un témoin et un continuateur. Il est membre à part entière de sa communauté. Il en est co-responsable. L’héritage qu’il reçoit, spirituel, culturel et ethnique, il doit s’en montrer digne et le faire fructifier. Alors, il peut espérer parvenir à la troisième naissance qui donne accès au monde céleste et à l’éternité.
Christophe Levalois – Les temps de confusion – p23 et 24
C’est en effet ce qui distingue au premier abord l’homme traditionnel de l’homme moderne. L’homme traditionnel est avant tout un héritier. La tradition, signifie pour nous la transmission. Elle n’est pas la résultante d’une accumulation de faits hasardeux au fil des siècles. Elle est au contraire une transmission multiséculaire des expériences acquises et des pensées ayant fait leur preuve dans le temps et le développement de la civilisation. La Tradition n’est ni plus ni moins un mode de vie basé essentiellement sur l’analyse empirique des faits, des pensées, des expériences et des connaissances positives, excluant les principes mauvais. Rien à voir avec une quelconque forme de conservatisme figé et inadapté comme certain le considère. Le but de cette pratique multiséculaire étant d’élever l’homme, d’en faire un être transcendant afin qu’ici-bas sur terre, il puisse œuvrer paisiblement au développement de sa civilisation, sans jamais perdre de vue son objectif principal d’atteindre l’ère édénique de sa civilisation. L’homme traditionnel né, de ce fait, héritier de l’histoire du peuple auquel il appartient. A son tour il devra préserver cet héritage, le développer à son échelle et le transmettre également aux générations futures. Il a en conséquence, une grande responsabilité au regard de ses ancêtres, mais aussi vis-à-vis des générations futures…