Repenser l’Union Européenne

Drapeau Européen

L’idée d’une coalition entre les pays d’Europe n’est pas nouvelle, mais elle fut concrétisée le 9 Mai 1950, lors de la Déclaration prononcée par le Père de l’Europe : Robert Schuman. Mû par un sain désir de paix entre la France et l’Allemagne, cette coalition européenne a permis de protéger l’Europe d’une nouvelle Guerre et de se développer jusqu’à la fin des années 80. L’Acte Unique de 1986 puis le Traité de Maastricht de 1992 marquent le véritable changement dans la construction européenne, non plus motivée par des relations privilégiées entre les Etats, mais par un objectif bien plus critiquable : une volonté de créer une Europe Fédéraliste à l’image des Etats-Unis, en méprisant toute les particularités et identités nationales des pays européens.

Ce fédéralisme empreint de libéralisme se manifeste par une même ligne économique et financière (chrématistique commerciale) et une même ligne politique (supériorité du Droit Communautaire sur le Droit National), appliquant une vision holiste de l’Europe au détriment de l’épanouissement des Nations. La crise que la France traverse aujourd’hui, sur le plan économique comme sur le plan politique, peut en partie s’expliquer par sa soumission à l’Union Européenne, cet odieux abandon de la souveraineté politique française par nos dirigeants républicains.

Sur le plan politique, la France est soumise à l’application du Droit Communautaire, c’est-à-dire l’ensemble des règles de droit applicables au sein de l’Union Européenne. Cette soumission induit d’une part une impossibilité d’établir une véritable politique correspondant à la Nation française, mais également une application au forceps d’une politique étrangère à la culture française. De plus, par l’effet direct du Droit Communautaire (Arrêt Van Gend en Loos), certaines lois et traités s’appliquent directement aux citoyens européens en passant outre l’autorité des Etats…
La France applique donc la politique libérale de l’Union Européenne sans pouvoir véritablement réagir : libre circulation des biens et des personnes sans possibilité d’assimiler les milliers d’immigrants dans de bonnes conditions, lutte contre l’influence de l’Etat dans de nombreux domaines (écologie, finances, etc…), dogme de la « démocratie salvatrice » (obligation pour les Etats membres d’avoir un système démocratique), etc… La moindre réaction ou incartade est immédiatement sanctionnée par la cour de Justice Européenne, notamment lors des retards de transcription des directives européennes.

Par de nombreux points, l’Union Européenne empêche une véritable politique nationale par l’annihilation des fonctions régaliennes propres à l’Etat souverain et d’ailleurs, de l’aveu de son actuel président Herman Van Rompuy : « L’Etat Nation, c’est terminé. ». Il est simple de comprendre que pour de nombreux dirigeants libéraux européens, chaque individu européen doit être interchangeable et identique. La culture, l’Histoire et l’identité même d’un pays deviennent des données obsolètes, dans ce culte de l’homogénéité européenne…

Sur le plan économique, la crise de la France peut être expliquée par une chrématistique commerciale catalysée par un « laissez faire » Smithien. La chrématistique commerciale représente l’accumulation de la monnaie pour la monnaie, la maximisation des profits de quelques individus au détriment du reste de la Nation. De nombreux économistes et philosophes (Aristote, Saint Thomas d’Aquin, etc…) ont critiqué cette soif inépuisable d’argent. John Keynes, l’un des plus grands économistes de l’Histoire, a vivement critiqué cet appât du gain : « L’amour de l’argent comme objet de possession sera reconnu pour ce qu’il est, une passion morbide plutôt répugnante, une de ces inclinations à moitié criminelles, à moitié pathologiques, dont on confie le soin en frissonnant aux spécialistes des maladies mentales. »

L’Union Européenne n’est pas responsable de cette chrématistique commerciale, mais par l’application du « laissez faire » économique Smithien, les Etats européens ne peuvent plus moraliser le capitalisme actuel. Laxisme économique, perte de la quatrième fonction régalienne de l’Etat (Contrôle de l’économie) et maximisation irraisonnée des profits sont les sources de la crise économique qui a frappé le monde en 2008. Sauf que les Etats ne peuvent rien faire pour remédier à ce problème !

La mise en place d’une monnaie unique (et non pas seulement commune comme le conseillait tous les économistes) empêche la mise en place des solutions proposées par Keynes : impossibilité de dévaluer la monnaie, impossibilité pour l’Etat de reprendre les secteurs clés en main et donc de réinjecter efficacement de l’argent pour favoriser l’emploi, etc.… De même, le dogme de « la main invisible » d’Adam Smith est encore bien vivant et cause toujours autant de dégâts: l’interventionnisme des Etats est très limité, la fuite des capitaux et des entreprises ne peut être endiguée, etc.…

L’Union Européenne telle que nous la connaissons aujourd’hui n’est pas l’entraide et la coalition des pays européens dans la recherche du Bien Commun, elle est le paradigme de l’autodestruction des nations européennes. Il faut donc repenser l’Union Européenne, non plus comme des Etats-Unis d’Europe, mais comme une Union des Nations Européennes. Respectueuse des identités nationales, de la culture et de l’Histoire des pays européens, l’Union Européenne doit privilégier les échanges économiques et politiques entre les différents pays d’Europe, privilégier l’économie naturelle en combattant cette chrématistique commerciale, dans l’optique de l’épanouissement de tous les individus. Les pays d’Europe doivent retrouver leur souveraineté et l’exercice de leurs fonctions régaliennes, bases indispensables à toute politique cohérente…

Augustin DEBACKER

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