Nous remercions vivement M. GRELIN, l’inventeur de la « Grelinette » et l’auteur (1) de cet article, de nous avoir communiqué son texte, qui par sa clarté et sa concision retiendra certainement l’attention du lecteur.
Le docteur Paul Carton aurait eu cent ans le 12 mars 1975. Né à Meaux, il mourut à Brévannes (Val-d’Oise), le 20 octobre 1947, après une vie extraordinairement remplie. Il laissait une oeuvre magistrale restée trop méconnue une trentaine d’ouvrages remarquables ignorés de beaucoup de médecins, de 1911 avec « La Tuberculose par arthritisme » à 1940 avec «Le Guide de la vieillesse ».
Tombé gravement malade alors qu’il est encore étudiant, il retrouve quasi providentiellement et par sa science innée de l’observation les vérités essentielles contenues dans l’oeuvre d’Hippocrate, vrai père de la Médecine dont il faut citer les maximes suivantes : « La santé dans l’homme est un état donné par la nature » – « Un homme ne tombe pas malade tout d’un coup et tout de suite. Les causes s’accumulent avant de se manifester par un effet morbide » – « Quand on est tombé malade, il faut changer de manière de vivre. Il est clair que celle qu’on suivait est mauvaise en tout, ou en grande partie, ou en quelque chose ».
Citons maintenant le docteur Carton :
« Toutes les maladies dérivent d’un vice spirituel occulte ignorance des conditions et des buts normaux de la vie, ambitions incompatibles avec les capacités mentales ou physiologiques personnelles, orgueil, crispation, révolte ».
Dans son livre de base qu’est « La cuisine simple », on peut lire : « Les meilleurs soins matériels, en effet, ne peuvent donner pleine satisfaction que s’ils s’exercent de concert avec les autres obligations qui régissent la vitalité, le tempérament et l’esprit. C’est pourquoi, entre autres, la formation religieuse de l’esprit est indispensable pour faire accepter les renoncements et comprendre les raisons de progrès spirituel qui se cachent derrière les disciplines diététiques qu’exige la pratique du régime hippocratique-cartonien ».
Dans son « Décalogue de la Santé » il définit « le rôle capital du vrai médecin » et conclut que « la réforme individuelle est la condition essentielle de la santé et de la paix ». « La paix et la santé ne peuvent être l’apanage que de ceux qui en connaissent les lois synthétiques et qui s’efforcent patiemment de les appliquer ».
Il ne se contente pas de soigner les corps mais il soigne aussi les âmes, ce qui nous oblige à citer le marquis André du Val, dans les remarques sévères faites à un homme qui ne veut connaître que le médecin : « Le génie de Carton, tributaire de l’observation synthétique de faits cliniques objectivement recueillis, classés et recoupés, l’élève par l’intelligence de ce qu’il touche et voit à celle de ce qu’il ne peut ni toucher ni voir. Du physique, il nous introduit au métaphysique. – Le matériel est le marchepied du spirituel. – Partout dans l’oeuvre du maître, on sent planer l’Esprit de Dieu et luire la lumière, faible ou puissante de l’Espérance impérissable… ». « Je considère la doctrine de Carton comme un corps de doctrine indivisible ». Et il explique par ailleurs les réactions diverses face à ses travaux « L’oeuvre de Paul Carton a suscité d’admirables et fidèles dévouements, des incompréhensions déconcertantes, des haines sataniques, des silences coupables, d’innombrables plagiats et une armée de démarqueurs ».
Dans la quatrième édition de sa brochure « Les Trois aliments meurtriers » en avril 1942, il termine ainsi le chapitre intitulé « Les leçons d’une récidive » dont il faudrait donner les sept pages qui constituent quasi un ultime message à méditer : « …en définitive, la saine et sainte simplicité devra être appliquée dans toutes les activités de la vie humaine. La culture prééminente et décisive des immunités naturelles, la clinique simple, la thérapeutique simplifiée d’une part et, d’autre part, la formation d’élites, directrices, instruites, et coopérantes dans le domaine politique et religieux seront les moyens essentiels à faire triompher, afin que s’établisse partout le règne de l’Ordre surnaturel et naturel, avec ses conséquences si désirables de Paix et de Santé».
Nul doute qu’après la période de dévergondage actuelle, pleine de confusions et de mensonges, il faudra bien « changer vraiment de vie » et reconnaître que « La vie humaine est soumise à des Lois. Rien n’arrive sans cause » qui sont des principes éminemment cartoniens. Il faut souhaiter que ce changement salutaire ne tarde pas trop…
Et c’est sur une ultime citation de Gustave Thibon que nous terminerons : « (A la lecture de ses ouvrages)… Ma première impression fut profonde, et mon humble expérience de la vie et des hommes n’a fait, depuis, que la renforcer. Je trouvai en Carton, non seulement un médecin, mais un homme, un de ces rares savants qui, bien qu’attachés à une discipline particulière, ne séparent jamais ce que Dieu a uni et dont la technique reste toujours animée et couronnée par la sagesse… Carton sait jusqu’à quel point l’esprit au vol rapide dépend de la chair fragile et douloureuse, et la précision, la minutie du savant s’allient toujours en lui à l’amour de l’apôtre… Soucieux de l’âme en fonction du corps et du corps en fonction de l’âme, Paul Carton aura été l’un des grands témoins de cette sagesse qui met la mesure au service de l’Unité ».
André-Georges HENRY (1)
« Aspect de la France » du 27-3-1975